Dégustation club AOC - Vacqueyras et Gigondas

Pour continuer notre formation œnophile en restant dans le même esprit qu’en octobre, le programme AOC a encore prévu d’aborder 2 thèmes très différents ce soir puisque nous partirons d’abord dans les vignobles du sud avant de revenir vers le nord dans la plaine du Rhin…mais côté allemand.

Thème 1 : les rouges de Vacqueyras et de Gigondas, un duel amical à l’ombre des Dentelles de Montmirail.

Thème 2 : les weissburgunder allemands, une découverte de la version germanique du pinot blanc

Les deux séries ont été constituées par François qui a généreusement pioché dans sa collection de bouteilles glanées ça et là durant les nombreuses escapades vinique que lui impose son métier.

Les vins blancs ont été débouchés juste avant le service et les rouges ont été ouverts 1 heure avant leur dégustation.
Toutes les bouteilles sont présentées étiquettes découvertes et servies 2 par 2.

Verres Spiegelau Expert

Soirée Club AOC du 23 novembre 2019 à La Wantzenau

En guise de mise en bouche :

Baden Weissburgunder Muschelkalk 2017 – Weingut Enderlé&Moll à Ettenheim : nez plutôt discret, pomme bien mûre et coing, matière en demi-corps, acidité fondue, texture légèrement tannique, amers persistants en finale.

Cette mise en bouche qui se situe en plein dans le thème de la seconde série est un pinot blanc allemand franchement marqué « nature » : le nez reste assez agréable mais la bouche est d’une austérité fort déplaisante…c’est le genre de vin qui a tendance à faire regretter l’absence de sulfites !

Thème 1 : les deux grandes appellations sud-rhodaniennes feront-elles dans la Dentelle (de Montmirail) ?

AOC Vacqueyras Les 2 Monardes 2016 – Domaine La Monardière à Vacqueyras : nez discret, notes réglissées et épicées sur un fond végétal noble, matière charnue, structure svelte et très élégante en bouche, finale tonique avec une trame tannique persistante mais un peu rustique.
(60% grenache + 30% syrah + 10% cinsault et mourvèdre – Terroir : safres et marnes sableuses – Elevage : 18 mois, 50% cuve + 50% fûts de chêne)
AOC Vacqueyras Les Restanques de Cabassole 2015 – Domaine Roucas Toumba à Vacqueyras : nez mûr et complexe, notes de cerise rouge et de fraise bien mûre sur un fond sanguin et épicé, matière ample, chair très dodue, toucher velouté, finale puissante mais serrée par une maille tannique un peu trop ferme.
(60% grenache + 27% syrah + 10% mourvèdre + 3% cépages blancs – Terroir : argilo-calcaire et galets roulés – Elevage : 18 mois en fûts de 500 litres pour le grenache et le mourvèdre et en barriques pour la syrah)
Cette série commence par une doublette bien agréable mais pas tout à fait convaincante.
Le 2016 de La Monardière, sûrement encore un peu jeune pour être apprécié à sa juste valeur, s’exprime moins bien que le remarquable 2015 dégusté ce printemps lors de mon passage au domaine…petite déception personnelle.
Ma première rencontre avec un vin du domaine Roucas Toumba fut une belle surprise même si j’aurais apprécié un peu plus de douceur dans la finale…mais là aussi, j’ai l’impression que ce 2015 a été débouché trop jeune.


AOC Vacqueyras Cuvée Azalaïs 2015 – Domaine Le Sang des Cailloux à Sarrians : nez qui s’ouvre sur des notes grillées/fumées avant de délivrer des arômes tertiaires peu avenants, matière longiligne, équilibre bien frais, finale encore très serrée avec un long sillage poivré et fumé.
(70% grenache + 20% syrah + 10% cinsault, mourvèdre et carignan – Terroir : argilo-calcaire et galets roulés – Elevage : 12 mois, 100% foudres)
AOC Vacqueyras La Cuvée 2012 – Domaine du Prat Sura à Vacqueyras : nez plus évolué, palette séduisante avec des notes de confiture de mûres sur un fond floral très raffiné, matière ronde et suave en bouche, équilibre très digeste, finale longue et intensément fruitée.
(60% grenache + 40% syrah – Terroir : argilo-calcaire et galets roulés – Elevage : 14 mois, 1/3 en cuve béton et 2/3 en pièces bourguignonnes avec 20% de bois neuf)
Précédé par une solide réputation de qualité, la cuvée du domaine Sang des Cailloux s’est montrée plutôt décevante ce soir avec son aromatique déjà très évoluée (fatiguée ?) et sa trame tannique trop agressive…étonnant pour un 2015, non !
Pour nous faire oublier cette petite déconvenue, la superbe cuvée du domaine du Prat Sura nous a régalés avec son jus riche et digeste et sa très belle expression aromatique. MIAM !

Le quatuor de Vacqueyras du soir

AOC Gigondas 2012 – Domaine La Bouïssière à Gigondas : nez très raffiné, notes florales (violette) et épicées (poivre Sechouan), attaque fraîche et montée en puissance progressive pour développer une matière concentré et structurée, finale intense et tendue avec une persistance tannique un peu mordante.
(70% grenache + 25% syrah + 5% mourvèdre – Terroir : éboulis calcaires du quaternaire – Elevage : 24 mois, 1/4 en cuve et 3/4 en foudres avec 25% bois neuf)
AOC Gigondas La Tour Sarrazine 2012 – Domaine Le Clos des Cazaux à Vacqueyras : nez assez évolué, notes de prune bien mûre et nuances tertiaires assez marquées, matière souple, équilibre léger et digeste, finale très agréable sur les herbes de garrigue.
(70% grenache + 15% syrah + 15% mourvèdre – Terroir : calcaires très rocailleux – Elevage : 24 mois, 1/4 en cuves inox et béton)
Le premier duel amical entre vins de Gigondas a donné un résultat très serré entre une cuvée du domaine La Bouïssière qui développe une très belle aromatique mais révèle une dureté peu avenante en fin de bouche et une cuvée du Clos des Cazaux un peu moins sexy au nez mais d’une parfaite gourmandise en bouche…j’ai une petite préférence pour le second.

AOC Gigondas 2008 – Bertrand Stehelin à Gigondas : nez fruité complexe, notes de prune, d’abricot sec et de noyau de cerise, attaque très douce, milieu de bouche plus riche, finale acidulée tenue par des tanins un peu secs, petite sensation de chaleur alcooleuse .
(70% grenache + 25% syrah + 5% mourvèdre – Terroir : éboulis calcaires du quaternaire – Elevage : 24 mois, 1/4 en foudres)
AOC Gigondas Le Pas de l’Aigle 2007 – Domaine Amadieu à Gigondas : nez élégant et complexe, notes de fruits noirs et de garrigue, attaque souple, matière pleine et voluptueuse en bouche, finale sapide, retour aromatique fruité et épicé très long.
(grenache + syrah – Terroir : éboulis calcaires et marnes du crétacé – Elevage : 24 mois en barriques de chêne de l’Allier)
Cette dernière doublette nous présente deux vins de plus de 10 ans qui ont offert un joli récital à nos papilles : à côté d’un 2008 séducteur mais un peu déséquilibré en finale le sublime 2007 a fait l’unanimité au tour de la table…un grand Gigondas dégusté au meilleur de sa forme, c’est diablement bon !

Le quatuor de Gogondas du soir

Pour conclure :
Ce petit voyage vinique dans l’un des plus beaux paysages de France – et donc du monde, bien évidemment ! – m’a fait vraiment plaisir ce soir même si je dois bien reconnaître que ces rouges puissants et charpentés ne se goûtent pas toujours très bien sous nos latitudes septentrionales…d’autant moins d’ailleurs que la plupart des bouteilles de cette série ont été débouchées bien trop tôt.
Le choix de présenter les différentes bouteilles selon leur millésime nous a fait déguster les 4 Vacqueyras en premier, 4 vins encore bien jeunes mais plutôt agréables, suivis par 4 Gigondas de très belle facture mais qui ont pu bénéficier d’une durée d’affinage plus conséquente.

En ce qui concerne le coup de cœur du soir, un choix s’impose avec évidence : il sera pour le magnifique Gigondas 2007 du domaine Amadieu, une grande bouteille parfaite à l’heure actuelle mais qui tiendra encore de longues années avant de décliner.
Mais il faut également relever l’excellente prestation du Vacqueyras 2012 du domaine du Prat Sura, surement le meilleur rapport Q/P de la série.
Ces deux belles quilles qui étaient les plus âgées dans chaque appellation, témoignent à coup sûr de la qualité du travail de ces vignerons sudistes mais confirment également que les vins nés dans cette région ont toujours besoin de quelques années en cave pour s’exprimer pleinement.

Merci à l’ami François pour cette jolie sélection.