Dégustation club AOC - Blancs alsaciens élevés en fûts
Pour célébrer cette nouvelle année le club AOC a programmé une séance qui reste dans la logique habituelle avec deux thèmes que tout sépare puisque notre première série de bouteilles va nous emmener vers l’un des plus grands états des U.S.A. avant de nous faire faire le voyage retour en Alsace pour découvrir quelques blancs atypiques de notre vignoble.
Thème 1 : une petite série bicolore pour découvrir les vins du Texas
Thème 2 : une sélection de blancs alsaciens élevés en fûts.
La série texane a été composée par notre « flying winelover » qui a profité d’un séjour professionnel dans cet état pour visiter quelques domaines et dénicher les 6 bouteilles qui vont nous faire découvrir ces vins du nouveau monde.
La série de blancs travaillés en fûts a été constituée par mes soins avec des bouteilles venant de ma cave et de cette de Stéphane et par quelques flacons trouvés (difficilement) chez des cavistes locaux.
Tous les vins ont été débouchés juste avant le service et servis étiquette découverte.
Verres Royal Glass 400 ml
Soirée Club AOC du 11 janvier 2019 à La Wantzenau
En guise de mise en bouche :
Pfalz My white Wine makes you wanna dance 2013 – Domaine Bernhardt à Ellerstadt : nez qui « sauvignonne » assez puissamment, notes de groseille à maquereaux et de feuille de cassis, attaque en bouche très vive, matière étirée, équilibre austère avec une ligne acide acérée, finale sèche et coupante.
Dans cette logique d’ouverture culturelle qui va constituer le leitmotiv de notre soirée AOC, notre ami Stefan nous a servi (à l’aveugle bien sûr) cet assemblage de cabernet blanc (un cépage à base de cabernet sauvignon crée en 1991) et de sylvaner provenant du Palatinat.
Avec son expression aromatique et sa vivacité qui peuvent faire penser à un sauvignon, cette cuvée s’est quand même montrée un peu trop agressive pour moi…attention, ça coupe !
Thème 2 : des blancs alsaciens élevés en fûts commentés sans langue de bois
Pinot blanc La Croix du Sud 2016 – Domaine F. Schmitt à Orschwihr : nez fin et suave, registre floral et balsamique, matière étirée, équilibre bien droit, boisé parfaitement intégré, finale sur la résine et les fruits blancs.
(100% pinot blanc – vinification et élevage : 3 barriques, 1 neuve + 1 d’un vin + 1 de deux vins)
Auxerrois Barrique 2007 – Domaine Bliemrose à Rosheim : liégeux et très fatigué en bouche…bouteille probablement défectueuse.
(100% auxerrois – vinification et élevage : barriques)
Je passerai très vite sur le cas de la bouteille du domaine Bliemerose, victime malheureuse d’un bouchage défectueux, pour revenir vers le joli pinot blanc vinifié par Frédéric Schmitt, qui a montré une fois encore que ce vigneron d’Orschwihr maîtrise de mieux en mieux ce type d’élevage. MIAM !
Riesling Audace 2016 – Domaine Schoenheitz à Wihr au Val : nez très agréable sur le miel de forêt et le citron mûr, matière bien charnue tenue par une ligne acide vive et filante, finale sapide et bien tendue, sillage fruité et délicatement boisé.
(100% riesling – vinification et élevage : 2 barriques acacia + 1 feuillette mûrier)
Cette cuvée très originale créée par Adrien Schoenheitz associe un cépage rarement utilisé pour ce type d’élevage et des contenants en bois originaux…et le résultat final est plutôt réussi même s’il est évident que cette bouteille aura besoin de quelques années de garde supplémentaires pour donner la pleine mesure de son potentiel.
Voilà un pari « audacieux » qui a généré un vin très prometteur !
Traenheim 2014 – Domaine Mochel à Traenheim : nez assez austère, notes lardées/fumées très présentes sur un fond minéral racé (pierre chaude, silex), matière concentrée, équilibre très droit, acidité large et texture légèrement grenue, finale très monacale avec une belle tension et des amers salivants.
(assemblage : 70% pinot blanc + 30% pinot gris – vinification et élevage : barriques)
Argentoratum 2016 – Domaine Fritsch à Marlenheim : nez intense (presque trop) sur un registre floral très flatteur (rose, mauve, muguet), bouche lisse et gourmande, acidité souple et finale longuement aromatique.
(assemblage : 4 cépages nobles – élevage : barriques)
Même si ces cuvées d’assemblage proviennent toutes deux du vignoble de la Couronne d’Or, elles révèlent des caractères très différents : austérité et profondeur pour le Traenheim 14, légèreté et exubérance aromatique pour Argentoratum 16…mais avec comme point commun un boisé parfaitement intégré.
Pinot Gris Cuvée Justin 2015 – Domaine Schoech à Ammerschwihr : expression olfactive discret mais très raffinée, notes d’agrumes frais et de fleurs blanches sur un fond d’épices douces, matière charpentée et bien consistante en bouche, finale riche mais tenue par une belle salinité.
(100% pinot gris – vinification et élevage : barriques)
Pinot Gris Les Pucelles de César 2014 – Domaine J. Meyer à Blienschwiller : nez assez discret, notes d’ananas frais et d’épices, bouche élégante avec une structure très droite et un jus finement tannique, belle salinité et amers salivants en finale.
(100% pinot gris – élevage : demi-muids)
Créée par Jérôme Meyer, cette cuvée de pinot gris 2014 qui nous avait fait une très belle impression lors d’une première dégustation à Blienschwiller, s’est révélée un peu en deçà de mes attentes…sans pour autant démériter.
Mais il faut dire qu’il n’était pas facile de se faire remarquer face à une cuvée Justin 2015 en très grande forme…c’est pour moi la meilleure bouteille de la série !
Pinot Gris Barriques 2012 – Domaine Ostertag à Epfig : nez très évolué, notes de miel et de tabac « amsterdamer », bouche filiforme, acidité très souple, finale un peu déstructurée.
(100% pinot gris – vinification et élevage : barriques, chêne des Vosges)
Pinot Gris Cormier-Barriques 2001 – Domaine Loew à Westhoffen : nez complexe qui s’ouvre sur des notes de pain rassis et de céréales avant de laisser apparaître des arômes d’agrumes frais sur un fond légèrement mentholé, matière consistante en bouche, équilibre vif et stimulant, finale assez longue avec une belle sapidité.
(100% pinot gris – élevage : barriques)
La série du jour se termine par une déception et une bonne surprise : déception pour le pinot gris vinifié par André Ostertag que j’ai déjà bien mieux goûtée par le passé mais là je pense qu’il s’agit d’une bouteille défectueuse et bonne surprise pour la cuvée Cormier 2001 qui porte ses 17 ans et plus avec une très belle aisance…on en arriverait presque à regretter qu’Etienne Loew ait abandonné ce type d’élevage sur cette cuvée.
Pour conclure :
Même si certains domaines alsaciens utilisent des barriques et autres demi-muids depuis bien des années, ces contenants sont encore très rares dans les caves de notre vignoble…et pourtant je suis convaincu que les pinots (noirs, blancs ou gris) sont des cépages qui appellent des vinifications et des élevages en fûts.
Pour l’heure, les cuvées alsaciennes estampillées « barriques » ou « fûts de chêne » révèlent encore un niveau de qualité assez hétérogène mais cette petite série nous a fait découvrir quelques jolies bouteilles qui ont montré que ces pratiques méritent d’être développées dans le vignoble alsacien.
Si on oublie les 2 bouteilles victimes probables d’un mauvais bouchage, les vins dégustés ce soir ont révélé des profils certes un peu atypiques mais tout à fait avenants.
La belle tenue du pinot gris 2001 vinifié par Etienne Loew, nous a fait regretter de ne pas avoir pu goûter d’autres flacons plus âgés et a confirmé que ces cuvées élevées en fûts avaient absolument besoin d’un peu de temps pour exprimer leur classe et leur potentiel gastronomique.
Pour ce qui est de mon coup de cœur personnel de ce soir, je choisirai sans hésiter le Pinot Gris 2015 du domaine Schoech, un vin généreux et gourmand avec un boisé qui apporte un vrai plus à la structure sans pour autant dénaturer son jus fruité…c’est du joli travail tout simplement !
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