Profitant du passage en Alsace de Pierre-André Delmas, la séance de rentrée de notre club œnophile s’est déroulée selon une forme tout à fait inédite puisqu’elle a été animée par ce vigneron du Roussillon qui nous a parlé de son domaine avant de nous faire découvrir quelques vins de sa gamme actuelle.
Y a pas à dire, cette saison AOC 22/23 commence de la meilleure façon qui soit !
Après une présentation rapide de son domaine, Pierre-André Delmas nous a servi ses vins un par un, étiquettes découvertes.
Verres Spiegelau-Cremona 460ml
Soirée Club AOC du 15 septembre 2022 à La Wantzenau
Thème 1 : les vins du Roussillon viennent en Alsace avec Pierre-André Delmas
Pierre-André Delmas invité dans le repaire habituel du club AOC
Après une carrière professionnelle bien remplie – notamment en tant qu’ingénieur aéronautique – Pierre-André Delmas et son épouse ont décidé de créer leur domaine viticole en 2007.
Ils se sont installés à Salses-le-Château puis à Rivesaltes et exploitent aujourd’hui 9 hectares de vignes situées sur les derniers versants des Corbières maritimes.
Les vignes sont travaillées en viticulture biologique dès 2007 et en biodynamie depuis 2012.
Les premiers essais de vinifications « naturelles » datent de 2011 et depuis 2014/2015 tous les vins du domaine sont produits sans intrants et avec un sulfitage minimal (souvent en deçà des doses préconisées pour le label « nature »)
La gamme actuelle du domaine compte 24 références…et nous allons avoir le privilège d’en déguster quelques-unes ce soir.
Les vins blancs
VDP des Côtes Catalanes Marie Delmas-Muscat Sec 2021 : nez expressif et fringant avec de belles notes muscatées, bouche légère, équilibre bien droit, finale florale stimulée par une délicate amertume.
(50% muscat à petits grains + 50% muscat d’Alexandrie – élevage : cuve)
Côtes du Roussillon Marie Delmas-Blanc 2021 : nez agréable et complexe avec des notes fruitées et anisées sur un fond légèrement épicé, bouche ample avec un joli gras, finale très suave avec un long sillage anisé et poivré
(grenache blanc + grenache gris + maccabeu – élevage : fûts de 500 l non neufs)
Avec leurs expressions aromatiques très séduisantes et leur équilibres bien balancés en bouche, les deux premiers blancs de la série témoignent d’une belle maîtrise des vinifications et des élevages : un muscat très charmeur et léger à souhait et un blanc d’assemblage qui révèle un caractère sudiste affirmé mais qui reste très digeste en bouche…voilà une série qui commence bien !
Côtes du Roussillon Dona Lisa 2015 : nez intense et expressif avec des notes de citron confit, de pâte d’amande et d’épices orientales, bouche ample et charnue, texture onctueuse, finale sapide avec une belle présence minérale et une longue persistance épicée.
(100% grenache gris – élevage : pièces bourguignonnes en chêne de l’Allier))
Côtes du Roussillon 100 pour Sang Blanc 2018 : nez élégant et complexe avec des notes fruitées, épicées et toastées, bouche puissante et volumineuse avec du gras, finale sèche avec un long sillage réglissé, épicé et vanillé.
(100% grenache gris – élevage : pièces bourguignonnes neuves en chêne de l’Allier)
Réalisés à partir de raisins récoltés sur une parcelle de vignes centenaires ces deux vins blancs ont été vinifiés et élevés en barriques de 500 litres durant 12 mois pour la cuvée Dona Lisa et durant 24 mois (et en bois neuf) pour la cuvée 100 pour Sang.
Même si leur équilibre très sudiste a un peu de mal à séduire un incorrigible « rieslingomane » comme moi, ces deux cuvées travaillées avec beaucoup de maîtrise et d’ambition m’ont impressionné par leur plénitude et leur classe.
VDF Ceci n’est pas un Rancio : nez complexe sur la pomme mûre, la pâte d’amande et les épices douces, bouche généreuse avec un jus consistant, finale sèche avec une très belle persistance aromatique.
(100% grenache gris)
VDF Ceci n’est pas un Rancio : nez discret mais avec une palette d’une grande complexité, bouche ample et charnue structurée par une acidité très large, finale longue et intense avec un beau sillage épicé (curcuma, safran) et minéral.
(bourbes sélectionnées de tous les cépages du domaine – élevage : sous voile en barriques durant 5 années).
Même s’ils nous emmènent assez loin des codes esthétiques de la région, les deux derniers blancs présentés ce soir par Pierre-André Delmas ont été très bien accueillis pas noter assemblée : la cuvée élaborée par une macération courte (8 à 9 jours) de grenaches gris éraflés est une petite friandise qui se laisse boire avec plaisir et facilité dès aujourd’hui alors que la cuvée qui a passé 5 années sous voile nous propose une version très raffinée d’un vin oxydatif…MIAM !
Les vins rouges
Côtes du Roussillon Villages Marie Delmas 2018 : réduction intense mais assez fugace à l’ouverture puis développement d’une palette fruitée bien fraîche, attaque souple et soyeuse, milieu de bouche un peu plus serré, finale avec des tanins assez astringents et un sillage sur les herbes de garrigue.
(grenache + syrah + mourvèdre – élevage : cuve et barrique pour la syrah)
Côtes du Roussillon Villages Symbiose 2017 : nez agréable avec un fruité bien mûr relevé par une belle palette épicée, bouche puissante avec un jus riche et bien charpenté, finale très sapide avec un sillage très agréable sur les herbes de garrigue et le poivre.
(100% grenache – élevage : cuve)
Côtes du Roussillon Villages M 2014 : nez complexe et très raffiné, notes de petits fruits rouges et d’herbes de garrigue sur un fond épicé/vanillé délicat, bouche puissante et solidement bâtie, toucher très soyeux, finale fraîche et sapide avec un long sillage épicé.
(60% grenache + 30% syrah + 10% mourvèdre – élevage : fûts de 500 l)
A côté d’une cuvée « Marie Delmas » qui a fait quelques manières avant de s’ouvrir (un peu), les deux cuvées suivantes nous ont offert un joli récital aromatique avec une partition sudiste affirmée tout en parvenant à conserver de très beaux niveaux de buvabilité. Double MIAM !
Côtes du Roussillon Villages PAD 2015 : nez intense et racé avec des notes d’épices et d’herbes méridionales, bouche très puissante avec un jus très sanguin et d’une grande concentration, finale tonique et d’une longueur exceptionnelle avec une belle persistance épicée/grillée/vanillée.
(100% syrah – élevage : fûts neufs de 500 l)
Malgré quelques années de vieillissement, cette dernière cuvée de rouge qui parle haut et fort au nez comme en bouche, ne semble pas prête à abandonner ce caractère fougueux qui le fait paraître plus jeune qu’il n’est…en ce qui me concerne, c’est le genre de vin qui m’impressionne au premier contact mais que finis toujours par trouver « too much ».
Les vins doux
Muscat de Rivesaltes L’Or : nez intense et séduisant avec des notes d’agrumes confits, de vanille et de caramel, bouche douce et suave avec un jus très consistant, finale longue et digeste.
(50% muscat à petits grains + 50% muscat d’Alexandrie – élevage : fûts de chêne)
Rivesaltes Ambré 2013 : nez complexe et raffiné avec des notes de fruits secs légèrement torréfiés, d’épices douces et de tabac blond, bouche puissante et intensément aromatique, finale très sapide avec une longueur majuscule.
(100% grenache gris – élevage : fûts de chêne)
Avec ces deux dernières cuvées, Pierre-André Delmas nous rappelle que les vins doux naturels sont une spécialité de cette grande région viticole en nous présentant un muscat très épanoui et d’une parfaite buvabilité et un rivesaltes ambré millésimé d’une classe folle...et un autre double MIAM pour finir !
Fin de réunion festive avec des plateaux préparés par Adrien de « L’ancienne Laiterie d’Osthoffen » accompagnés par quelques bouteilles alsaciennes apportées par les convives.
Avec sa formule totalement inédite cette soirée de rentrée du club AOC nous a permis de vivre un joli moment de culture vinique en compagnie d’un vigneron passionné et passionnant qui a su faire preuve d’un grand sens pédagogique pour partager ses connaissances et ses convictions avec nous.
Bravo et merci à Pierre-André Delmas !
Bien que travaillés sans intrants les vins du domaine Mas Delmas sont remarquables de pureté et de précision.
Les blancs sont séduisants et bien digestes même s’ils gardent cet équilibre typiquement sudiste qui peut déstabiliser un amateur de vins structurés par des trames acides comme on en trouve en Alsace, en Bourgogne ou en Pays de Loire.
Les rouges expressifs et généreux tout en restant élégants et classieux. Ils sont construits pour bien se tenir dans le temps et sont souvent mis sur le marché après quelques années de vieillissement comme les cuvées « Symbiose » 2017 ou « M » 2014, mes deux coups de cœur du soir.
Les cuvées de liquoreux, élevées avec une grande maîtrise, nous offrent des versions très abouties de grands VDN du Roussillon.
Merci à David d’avoir organisé cette rencontre.
Ajouter un commentaire