Pour notre session AOC d’avril, nous resterons en France avec deux thèmes toujours bien différenciés qui vont nous emmener vers le sud pour faire une halte au pied du géant de Provence et goûter quelques vins rouges d’appellation Ventoux avant de remonter vers le nord pour une étape dans un vignoble que je visite très régulièrement depuis de longues années afin de découvrir (ou redécouvrir) les grandes appellations du Mâconnais.
Les deux séries de vins ont été composées par mes soins avec des vins du Mâconnais prélevés pour la plupart dans ma cave personnelle et des vins du Ventoux achetés chez des cavistes locaux ou chez des vignerons présents au salon des Vignerons Indépendants de Strasbourg.
Les cuvées de rouge ont été débouchées et transvasées dans des bouteilles numérotées cinq heures avant la dégustation et servies deux par deux à l’aveugle.
Les bouteilles de blanc ont été débouchées au moment de la dégustation et servies deux par deux étiquettes découvertes.
Verres Spiegelau-Cremona 460ml
Soirée Club AOC du 1 avril 2022 à La Wantzenau
Mise en bouche :
Côtes du Jura Chardonnay de la Vallée 2019 – Domaine Courbet à Nevy sur Seille : nez très discret, palette florale délicate, bouche souple et assez légère, finale fraîche, délicatement acidulée mais un peu courte.
Nous avons rencontré ce vigneron très récemment lors du salon « Le Nez dans le Vert » et j’avais beaucoup apprécié la pureté et l’élégance des 3 vins dégustés à cette occasion mais j’avoue que ce soir, je suis un peu passé à côté de cette cuvée qui m’a semblée un peu pâlotte ce soir.
L’Effervescence-Brut Nature – Domaine Vintur à Carpentras : nez assez agréable avec une palette florale discrète, bouche vive et longiligne, équilibre sec et bulle virulente, finale courte et sèche.
(85% bourboulenc + 15% roussanne)
La seconde mise en bouche du jour nous offre une transition vers le premier thème avec une cuvée effervescente produite par un domaine appartenant à un amateur de vin britannique…c’est une bouteille sans vice ni vertu mais qui est loin d’avoir les qualités suffisantes pour concurrencer nos crémants alsaciens.
Thème 2 : promenade vinique entre les deux roches du Mâconnais
Mâcon-Verzé 2019 – Domaine N. Maillet à Verzé : nez fringant et très agréable, notes de fruits blancs frais sur un fond floral très élégant, bouche longiligne, équilibre vif avec une présence saline sensible, finale citronnée et minérale.
(Elevage : cuve)
Mâcon-Cruzille Au Quin Château 2018 – Domaine des Vignes du Mayne à Cruzille : nez expressif avec une palette sur les fruits blancs mûrs, le pomelo et la pierre à fusil, bouche ample une chair bien gourmande et une texture légèrement grenue, finale tonique et bien salivante avec une belle persistance sur les agrumes.
(Elevage : cuve)
Les deux premières bouteilles nous proposent des versions très épurées d’un chardonnay du Mâconnais avec un Mâcon-Verzé de Nicolas Maillet, pur et ciselé comme à son habitude et un Mâcon-Cruzille vinifié par Julien Guillot, une cuvée née sur un terroir d’altitude, remarquable d’énergie et de complexité…ça commence très bien !
Viré-Clessé Quintaine 2019 – Domaine Guillemot-Michel à Quintaine : nez discret avec une palette fruitée et florale bien fraîche, bouche longiligne mais avec une belle densité et un gras délicat, finale très tonique avec un retour fruité et minéral persistant.
(Elevage : cuve béton)
Saint-Véran Les Pommards 2018 – Domaine Barraud à Vergisson : nez ouvert et flatteur, notes de citron mûr et de poudre de craie sur un fond fumé/grillé très classieux, bouche ample et charnue avec une texture légèrement grenue, finale fraîche et salivante avec un long sillage balsamique et minéral.
(Elevage : fûts de 300 litres avec 20% de bois neuf)
La deuxième doublette nous présente deux très beaux vins avec la cuvée emblématique du domaine Guillemot-Michel toute en élégance et en pureté mais encore un peu sur la retenue et une cuvée de Saint Véran qui commence à se livrer en développant un jus très harmonieux soutenu par une belle minéralité calcaire et un boisé noble.
Ce sont deux belles bouteilles qui auraient mérité encore 2 à 3 années de garde pour qu’elles révèlent tout leur potentiel.
Mâcon-Chaintré 2015 – Domaine Valette à Chaintré : nez expressif et complexe, notes de fleurs blanches et de craie sur un fond beurré/lacté très suave, bouche ample avec un jus consistant structuré par une acidité mûre et une puissante salinité, finale fraîche et légèrement tannique avec une longue persistance fruitée et minérale.
(Elevage : fûts de chêne)
L’avant dernière étape de cette dégustation nous emmène dans l’univers des vins naturels avec ce Mâcon-Chaintré élevé longuement et non sulfité, qui révèle une aromatique épanouie et une présence en bouche vibrante…un vin qui bouscule pas mas de codes esthétique mais qui se boit remarquablement bien.
Pouilly-Vinzelles Les Quarts 2014 – Domaine La Soufrandière à Vinzelles : nez ouvert et raffiné avec des notes de citron vert, de craie et de bois de réglisse sur un fond légèrement fumé, bouche longiligne, équilibre bien droit avec salinité très marquée, finale tonique avec un léger grip tannique et une longue persistance épicée et minérale.
(Elevage : fûts de chêne)
Pouilly-Fuissé La Roche 2010 – Bret Brothers à Vinzelles : nez riche et un peu évolué, notes de fruits blancs mûrs et d’amande grillée sur un fond beurré/lacté assez sensible, bouche suave mais assez légère, finale fraîche et digeste mais un peu courte.
(Elevage : fûts de chêne)
Nous terminons cette série par deux vins produits par l’un de mes domaines préférés du Mâconnais : un magnifique Pouilly-Vinzelles 2014 né sur le coteau magique des Quarts et un Pouilly-Fuissé 2010 né sur l’un des plus beaux terroirs de Vergisson.
Si le Pouilly-Fuissé s’est dégusté avec plaisir tout en laissant une impression de fatigue surprenante, le Pouilly-Vinzelles nous a offert une finale en apothéose…un grand vin entré dans sa phase de maturité optimale. MIAM !
Dès ma première étape dans le Mâconnais au début des années 80 – c’était au domaine Besson à Solutré – je suis tombé sous le charme des paysages et des vins de cette région.
Depuis ce temps, j’ai visité un grand nombre de domaines comme Les Deux Roches ou Larochette-Manciat qui ont fait partie de mes adresses incontournables jusqu’à ce que je découvre le travail des frères Bret et celui de leurs amis des « Artisans Vignerons de Bourgogne Sud ».
J’ai toujours apprécié la qualité de ces vins blancs accessibles et gourmands mais pleins d’énergie et capables de bien se tenir dans le temps…et même s’ils n’échappent pas complètement à l’inflation tarifaire qui touche la production vinique bourguignonne, ils proposent quand même encore de très jolis rapports prix/plaisir.
La courte série de ce soir, nous a fait faire un petit tour d’horizon des principales appellations de ce vignoble – il ne manquait que le Pouilly Loché…pas facile à trouver en Alsace – et, si on excepte la petite déception au sujet du Pouilly-Fuissé 2010, on peut dire que ces vins ont fait une très belle impression générale : des bouteilles qui affirmaient des styles très différents mais qui se sont toutes bien goûtées...y a pas à dire, le Mâconnais est une région bénie pour tout amateur de grands chardonnays !
Ajouter un commentaire