Dégustation club AOC - Primlitivo et Zinfandel
Le dernier thème de la séance d’octobre nous avait déjà conduits hors de nos frontières et ce ne sont pas les deux sélections de vins de cette soirée qui vont me guérir de mon mal du pays puisque nous allons partir pour la Californie, l’Italie et l’Allemagne avec :
- une série de Primitivos et de Zinfandels
- une série de rieslings du Rheingau.
Bien évidemment ce sont nos deux « militants » pour l’ouverture internationale qui ont conçu ces deux séries : Stefan a collecté les Primitivo et François nous a procuré les rieslings allemands et les Zinfandels californiens.
Les rouges ont été débouchés et goûtés 6 heures avant la dégustation et servis 2 par 2, d’abord les Primitivos puis les Zinfandels…la différence de style étant trop importante pour risquer de les servir côte à côte.
Les vins blancs ont été débouchés (ou plutôt décapsulés) juste avant la dégustation et servis 2 par 2 à l’aveugle.
Hoppla, c’est parti !
Verres Spiegelau Authentis 01
Soirée Club AOC du 6 novembre 2015 à La Wantzenau
En guise de mise en bouche :
Ambre 2011 – P.H. Ginglinger à Eguisheim : nez complexe et charmeur, palette sur les agrumes mûrs, la boîte de craie et une fine touche exotique avec peut-être une point de volatile, matière en demi-corps, assez large, acidité souple, finale bien tenue avec un sillage sur l’ananas, les épices et un boisé fin.
Conçue à partir d’un assemblage à parts égales d’auxerrois et de pinot gris vinifié et élevé à la bourguignonne dans des demi-muids, cette cuvée originale m’avait déjà bien plu lors de ma récente visite au domaine P.H. Ginglinger.
Malgré quelques réserves émises par des puristes très exigeants – un peu sensibles à la volatile et gênés par un petit manque de profondeur - les dégustateurs présents ce soir ont été conquis par ce vin dont il faut aussi relever l’excellent rapport Q/P.
Le club A.O.C. au grand complet.
Thème 1
Primitivo et Zinfandel…Was esch des ???
I.G.T. Salento Primitivo Torcicoda 2012 – Tormaresca : nez assez intense, palette sur les fruits rouges frais avec une petite touche végétale, matière un peu carrée en bouche, équilibre frais et finale digeste avec une fine amertume.
I.G.T. Salento Primitivo Terredelgrico 2011 – Apollonio : nez surprenant, notes de viande marinée, de bouillon Kub sur un fond cacaoté, puissance et volume en bouche, équilibre riche, finale assez tannique et marqué par une chaleur excessive.
Ces deux premiers vins donnent le ton et annoncent une série de vins généreux et fougueux qui ne laisseront personne indifférent : Torcicoda propose un équilibre riche tout en laissant une impression de sapidité en finale mais Terredelgrico est résolument « too much » à mon goût…à la limite de la caricature !
I.G.T. Puglia Primitivo Prima Mano 2012 – A Mano : nez riche et bien mûr, notes de fruits rouges à l’eau de vie, touche vanillée, bouche séduisante, matière douce, structure sphérique, tannins fins et soyeux, sillage minéral en finale (notes de terre humide).
D.O.P. Primitivo Di Manduria Sessantanni 2012 – San Marzano : nez exubérant et démonstratif, torréfaction, boisé, fruits rouges confits, matière puissante et concentrée qui laisse une impression de sucrosité, acidité assez vive, pas encore intégrée, finale assez tendue.
Le premier vin de cette doublette joue sa partition sur la finesse et la séduction et se laisse déguster avec facilité et plaisir….Petit MIAM !
Conditionné dans une bouteille si lourde que sa la manipulation demande un échauffement des bras pour éviter la contracture, le Primitivo di Manduria se complaît dans des excès qui le rendent presque ridicule.
A.V.A. Cienega Valley Old Wine Company Zinfandel 2012 – Gimelli Vineyards : nez intense et un peu monolithique sur la framboise très mûre, matière puissante en bouche mais équilibre relativement frais, finale fruitée avec une pointe de chaleur sur la liqueur de framboise.
A.V.A. Sonoma County Dry Creek Valley Zinfandel 2011 – Preston of Dry Creek Vineyards : nez plus complexe, fruits noirs et élevage fin, très opulent en bouche, jus concentré structuré par une acidité franche et puissante, finale relativement fraîche avec un sillage délicatement boisé.
On quitte l’Italie et on traverse l’océan et le continent américain pour retrouver deux cuvées de la côte ouest des Etats Unis. Le premier vin procure un plaisir un peu régressif en évoquant une grenadine un peu chargée…près de 15° quand même ! Le second, réalisé à partir de raisins issus de l’agriculture bio, semble un peu plus complexe et plus sérieux et se livre à nous avec une certaine élégance.
Ceci dit, ces deux vins sont d’un abord engageant et se boivent avec facilité mais leur richesse excessive fatigue rapidement…on n’a pas vraiment envie de se resservir un second verre !
A.V.A. Napa Valley Black Chicken Zinfandel 2012 – Robert Biale Vineyards : nez agréable assez équilibré entre le fruité (framboise) et un boisé fin, attaque souple en bouche mais belle montée en puissance avec une matière qui gagne en volume et en force, la finale retombe assez vite.
A.V.A. Sonoma County Rockpile Zinfandel 2007 – Rockpile Winery : nez plus retenu, boisé discret, épices, cerise noire confite…un peu « Cherry Coke », matière bien joufflue, trame tannique bien serrée mais veloutée au toucher, impression de sucrosité qui persiste jusqu’en finale.
La cuvée Black Chicken est pour moi le vin le plus équilibré de cette courte série mais la finale est un peu fuyante pour un vin de ce niveau…dommage !
Avec le Zinfandel 2007 on entre dans le monde des vins bodybuildés fabriqués pour en mettre plein la vue mais qui me fatiguent très vite...je n’ose à peine imaginer comment cette cuvée se goûtait dans sa jeunesse !
Crljenak Zlatan 2007 – Plenkovic (Croatie) : notes de torréfaction (café moulu) et fruité bien mûr au nez, matière juteuse assez généreuse mais équilibre plus digeste, petite touche minérale qui rafraîchit l’ensemble et qui donne un caractère léger et glissant à la finale.
Le mot imprononçable est le nom du cépage d’origine croate dont l’ADN est le même que celui du Primitivo ou du Zinfandel. Cette belle découverte qui porte un nom de cuvée qui évoque une star suédoise du ballon rond termine une série de la plus belle manière qui soit : finesse, équilibre et digestibilité…des caractères que j’ai eu du mal à trouver dans les vins de cette série.
Pour conclure :
- Nos deux spécialistes des vignobles étrangers nous ont composé une série alliant originalité et cohérence intellectuelle avec 8 cuvées nées dans des contrées géographiquement très éloignées mais réalisées à partir d’un même cépage : le primitivo des Pouilles et le Zinfandel californien.
Une fois encore, ma culture vinique s’est un peu enrichie…merci à François et Stefan, grâce à eux je me coucherai un peu moins bête ce soir.
- Au niveau des bouteilles goûtées ce soir, j’avoue ne pas avoir été conquis : avec leurs expressions aromatiques exacerbées et leurs matières richissimes ces vins impressionnent au premier abord mais finissent vite révéler un côté excessif qui fatigue le dégustateur en le dissuadant le plus souvent de reprendre une seconde gorgée.
Je sais je suis dur, mais je n’arrive vraiment pas à aimer ces vins…tant pis pour moi et tant mieux pour mon portefeuille !
- S’il fallait mettre en avant quelques vins – je ne parlerais pas de « coup de cœur », le terme n’est pas approprié dans ce cas – je citerais en premier lieu la surprenante cuvée Zlatan, la meilleure bouteille de cette série, et le Primitivo Prima Mano 2012, un vin équilibré, d’un abord agréable et où on pressent de réelles perspectives d’évolution positive.
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