Dégustation de rieslings Grand Cru Schlossberg chez Guy.

 

Après nous avoir conviés pour partager de grands pinots noirs – alsaciens et bourguignons – notre généreux mécène de Schirrhoffen a décidé de nous faire une revue de détail des rieslings nés sur le premier Grand Cru reconnu dans le vignoble alsacien.
Hoppla c’est parti pour une grimpette vinique sur le coteau du Schlossberg !


Comme toujours, la séance commence par un petit échauffement avec 4 bouteilles destinées à nous mettre les papilles d’équerre.

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Séance apéritive sur la terrasse baignée par un beau soleil printanier.

Crémant d’Alsace Brut Prestige – Domaine P. Ginglinger : expression olfactive fine et racée avec de belles nuances minérales, équilibre droit mais grande suavité en bouche, mousse légère, finale bien fraîche.
Riesling Cuvée Frédéric Emile 2008 – Domaine Trimbach : nez intense et terpénique, notes de cire et de résine, bouche puissante avec un gras imposant et une acidité immédiate et cinglante, finale qui claque, long sillage minéral et zesté.
Riesling Berg Roseneck 2009 – Domaine G. Breuer (Rheingau) : premier nez marqué par une réduction intense, palette aromatique qui s’ouvre progressivement, notes de citron vert et de fleurs avec une touche grillée, équilibre très droit en bouche, finale un peu légère.
Riesling Ancestrale 2014 – Domaine Von Bassermann-Jordan (Pfalz) : nez mûr, complexe et très flatteur, matière généreuse avec un moelleux bien intégré, ligne acide fine et rectiligne, finale très sapide.

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Elaboré à partir d’un assemblage  de pinot blanc et de chardonnay, le crémant du domaine Ginglinger sera la seule entorse faite au principe du « tout riesling » de cette longue série de vins blancs…mais bon, c’est une bulle qui se laisse boire avec beaucoup de plaisir et qu’il aurait été dommage de rater !
Avec son équilibre vif et tendu Frédéric Emile 2008 fait le job sans faillir…une référence incontournable pour étalonner des papilles de rieslingomanes !
Les deux invités allemands ont montré des profils très différents : le riesling du Rheingau m’a un peu déçu – trop austère à mon goût ! – mais la cuvée « Ancestrale » de Von Bassermann-Jordan a séduit par sa richesse aromatique et son accessibilité…et s’est accordé à merveille avec un tartare saumon-pamplemousse. MIAM !

 

Pour passer aux choses sérieuses nous nous installons au calme dans la salle à manger…attention, on se concentre !

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C’est parti pour une longue série de rieslings du Schlossberg.

Les vins sont servis étiquettes découvertes, seuls, 2 par 2 ou 3 par 3 en fonction des millésimes.


Riesling G.C. Schlossberg 2015 – Domaine Weinbach : nez agréable et très frais, notes florales sur un fond pierreux, matière riche et volumineuse tendue par une acidité véloce et filante, finale citronnée, bien tonique.
Ce premier riesling pourtant très jeune nous offre déjà un aperçu de l’équilibre particulier des vins du Schlossberg : la générosité est au rendez-vous – avec un effet millésime qui l’accentue un peu – mais la ligne acide immédiate et acérée du granit est en place en donnant beaucoup de vivacité à l’ensemble.

Riesling G.C. Schlossberg 2014 – Domaine Weinbach : nez plus fermé que le 2015, notes végétales nobles et nuances pierreuses, équilibre droit et silhouette élancée en bouche, texture légèrement granuleuse, finale très salivante.
Riesling G.C. Schlossberg 2014 – Domaine P. Blanck : complexe et charmeur, notes florales et délicatement miellées, bouche ample avec un joli gras, trame acide/saine qui monte en puissance progressivement, finale bien fraîche avec de beaux amers minéraux.
Les rieslings de 2014 nous présentent deux  interprétation très différentes de ce Grand Cru : vivacité et droiture et fine tannicité pour le Schlossberg signé Weinbach, élégance et douce harmonie pour le Schlossberg signé Blanck.
Voilà deux rieslings qui se complètent plus qu’ils ne se concurrencent…

Riesling G.C. Schlossberg 2013 – Domaine Weinbach : nez vif et un peu austère, notes de groseille blanche et fumé léger, présence expressive et épanouie en bouche, acidité fine et tendue, matière dense, finale étirée et délicatement tannique, long retour aromatique fruité et fumé.
Issue d’un millésime compliqué et généralement décrié, cette cuvée a pourtant une très belle allure même si ses éléments constitutifs très puissants demandent encore un peu de temps pour s’harmoniser.
Je pense que c’est une très belle quille en devenir !

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Riesling G.C. Schlossberg 2012 – Domaine Weinbach : nez fin et raffiné, palette florale et minérale, notes de rose sauvage et de pierre chaude, équilibre parfait en bouche, silhouette fuselée, salinité bien présente, finale fraîche et minérale avec de beaux amers.
Riesling G.C. Schlossberg 2012 – Domaine P. Blanck : expression olfactive très discrète mais laissant deviner une belle complexité, matière dense avec un gras sensible, milieu de bouche bien souple, structure qui se tend et s’étire progressivement, finale bien tonique.
Riesling G.C. Schlossberg 2012 – Domaine Bott-Geyl : nez assez fermé, notes pierreuses et fumé léger, structure très carrée en bouche, équilibre un peu austère, finale vive et tendue.
Riesling G.C. Schlossberg 2012 – Domaine A. Mann : nez riche et flatteur, fruité mûr et fines notes florales, matière ample avec un gras présent mais belle trame acide/saline, finale bien équilibrée, longue peristance aromatique.
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, 2012 est un millésime vraiment exceptionnel en Alsace et ce n’est pas ce joli quatuor qui va démentir cette affirmation.
Le riesling de Weinbach est simplement parfait aujourd’hui et celui de Blanck égal à lui-même avec son élégance incomparable, même si son expression aromatique aurait eu besoin d’un peu plus de temps pour se révéler…d’ailleurs, je l’ai regoûté le lendemain et sa palette exotique très épanouie m’a subjugué. MIAM !
Le riesling du domaine Mann était très proche du style de Blanck avec un soupçon de richesse en plus. Il n’y a eu que le Schlossberg du domaine Bott-Geyl que j’ai trouvé un peu en retrait par rapport au trois autres…mais bon, je conçois aisément qu’il est difficile pour un vin d’exister à côté d’une telle triplette !

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Riesling G.C. Schlossberg 2011 – Domaine Weinbach : nez riche et élégant, notes de citron confit et de pâtisserie (un peu tarte au citron en fait), matière très généreuse mais structure étirée, finale parfaitement sapide.
Riesling G.C. Schlossberg 2011 – Domaine A. Mann : complexe et expressif, notes de citron vert et de fleurs sur un fond minéral bien présent, matière fuselée, équilibre sec, finale fraîche et salivante, sillage épicé.
Riesling G.C. Schlossberg 2011 – Domaine Bott-Geyl : expression olfactive discrète mais très pure, palette minérale bien sensible, dense et bien droit en bouche, finale longue et saline, amers délicats et nuances grillées.
Riesling G.C. Granite 2011 – Domaine L. Barth : nez épanoui, notes de miel et d’abricot mûr, ample et rond en bouche, acidité qui se met en place assez tardivement, un soupçon de volatile en finale.
OK…2011 n’est pas le millésime du siècle en Alsace mais il faut quand même reconnaître que dans cette sélection 3 bouteilles sur 4 se tiennent remarquablement bien : le Weinbach est classieux comme à son habitude, le Mann brille par son énergie débordante et le Bott-Geyl étonne par sa profondeur minérale…au bout du compte il n’y a que le vin de Laurent Barth qui semble dans une mauvaise passe et nous déçoit un peu.

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Riesling G.C. Schlossberg 2010 – Domaine Weinbach : nez ouvert et raffiné, notes de citronnelle, d’amande fraîche et de beurre, matière ciselée, grande élégance, finale étirée mais débordante d’énergie, sillage vivifiant sur le citron frais et la pierre à feu.
Riesling G.C. Schlossberg 2010 – Domaine Bott-Geyl : fruité très mûr au nez, mirabelle, abricot…et même une petite touche de fruits rouges (fraise), matière ample et généreuse en bouche, acidité bien positionnée, centrale et filante, finale tonique avec une belle présence saline.
Voilà deux vins absolument splendides qui confirment que 2010 est l’un des plus grands millésimes du XXI° siècle en Alsace : ça devient une habitude mais une fois encore la cuvée du domaine Weinbach est au rendez-vous de l’exceptionnel – peut-être le plus grand vin de la série – mais il faut bien reconnaître que le riesling du domaine Bott-Geyl, qui joue sur un registre plus opulent, a été un challenger de très beau niveau dans ce duel. Double MIAM !

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Riesling G.C. Schlossberg 2009 – Domaine Weinbach : nez très discret, fruité mûr et notes épicées, matière concentrée, équilibre un peu lourd, finale marquée par l’alcool.
Riesling G.C. Schlossberg-Cuvée Sainte Catherine 2009 – Domaine Weinbach : nez complexe, notes d’agrumes bien mûrs avec une touche de sésame grillé, matière ample, volume imposant, grande puissance, finale assez pesante mais longueur aromatique impressionnante.
Sur ce duel familial placé sous le signe de la richesse et de l’opulence, la Cuvée Sainte Catherine issue de vieilles vignes plantées à mi-coteau, a remporté la mise en nous impressionnant par son énergie débordante. Ceci étant, il faut bien reconnaître que ces deux vins demanderont encore un peu de patience pour construire des équilibres plus fins…car pour l’heure ils pèsent un peu sur la langue !

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Riesling G.C. Schlossberg 2007 – Domaine Binner : nez surprenant sur les céréales, la mousse de bière et de petites notes miellées, matière riche et puissante en bouche, finale digeste avec un long retour aromatique sur les épices douces.
Riesling G.C. Schlossberg 1997 – Domaine P. Blanck : nez qui s’ouvre sur un registre proche de celui du vin précédent (céréales, mousse de bière), évolution vers une palette végétale très agréable, notes d’aspérule et de fougère, attaque douce en bouche mais la matière prend rapidement du volume et l’acidité se met en place pour tenir solidement la structure, finale fraîche et tonique.
Les deux bouteilles plus vieilles qui terminent cette série ont été de très belles surprises : le riesling du domaine Binner est encore insolent de jeunesse et celui du domaine Blanck m’a subjugué par sa complexité aromatique et sa vitalité.
Regoûté le lendemain ce dernier vin avait épuré sa palette en recentrant ses arômes sur des nuances minérales tout en gardant une tenue parfaite en bouche. MIAM !

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Pour nous rafraîchir le palais avant de passer à table, l’ami Guy nous sert encore 3 vins rouges à l’aveugle…il faut bien jouer un peu !

Pinot Noir 2004 – Domaine Bohn : nez discret, un peu austère, belle présence en bouche avec une matière assez puissante et des tanins serrés mais bien lisses, finale longue et délicatement épicée.
Echezeaux 2007 – Domaine F. Lamarche : complexe et très avenant au nez, notes de griotte bien mûre et légère touche boisée, matière ample, structure élégante et grande suavité, persistance aromatique très longue, sillage fruité et épice.
Clos des Lambrays 2000 – Domaine des Lambrays : palette assez évoluée au nez, fruit discret, épices et nuances tertiaires, bouche puissante, équilibre très dynamique, finale d’une longueur incroyable.
Comme à chaque fois Guy ne peut s’empêcher de déboucher quelques quilles de pinot noir pour clore une dégustation et si le cépage a été reconnu assez facilement les origines des vins ont pas mal posé de problèmes aux dégustateurs présents.
L’étonnant pinot noir de Bernard Bohn a étonné tout le monde par sa belle tenue en bouche mais personne – ni même Arthur Bohn – n’a su mettre un millésime et une appellation sur cette bouteille…mais je crois qu’on était quelques-uns à être partis en Bourgogne !
Les deux grands crus ont tenu leur rang sans pour autant écraser le petit poucet alsacien : l’Echezeaux a brillé par sa complexité et son élégance incomparables alors que le Clos des Lambrays a révélé une présence en bouche remarquable de force et de profondeur.

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L’après-midi se termine comme toujours par un déjeuner un peu tardif (16 heures passées) avec une assiette de charcuterie espagnole, une succulente bouchée à la reine, un plateau de fromages et un dessert à l’ananas…le tout arrosée par quelques vins piochés dans la série dégustée.

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La bouchée à la reine…

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…et quelques petites « douceurs » pour conclure mais que je n’ai plus la force de commenter !

 

- Tout d’abord mille mercis à Guy et à sa famille de poursuivre leur œuvre de mécénat vinique en organisant ces dégustations vraiment inoubliables.

- Une fois encore nous avons pu nous régaler avec une longue série de vins de très grande qualité.
Il faut dire qu’après avoir lu les commentaires très réservés que Stéphane a rédigés à l’issue de la session AOC de Barr consacrée aux crus du Schlossberg, je ne m’attendais pas à rencontrer autant de belles bouteilles dans la sélection proposée par Guy.

- Le Schlossberg est délimité sur un coteau granitique très pentu qui domine le village de Kaysersberg.
Avec plus de 80 hectares de superficie, le Schlossberg est le Grand Cru le plus vaste du vignoble alsacien et sa production vinique est assez hétérogène comme a pu le montrer la longue dégustation programmée au club AOC Barr (citée plus haut) mais pour cette après-midi l’ami Guy nous a offert un casting de premier choix : Weinbach, Blanck, Mann et quelques autres…les meilleurs sinon rien !!!

- J’ai toujours eu un petit faible pour les vins nés sur des terroirs cristallins et cette série n’a fait que confirmer cette dilection : les vins sont lumineux, expressifs et souvent très faciles à approcher quel que soit leur âge. Ils nous feraient presque oublier qu’ils sont également dotés d’un réel potentiel de garde comme pu nous le prouver le riesling 97 du domaine Blanck qui ne montrait absolument aucun signe de fatigue…épatant !!!
Ce fut une série avec quelques fluctuations mais d’un niveau moyen tout à fait exceptionnel...quand l’Alsace s’exprime à ce avec ce degré d’excellence, il m’arrive de me demander pourquoi je vais chercher ailleurs ???

- Les rieslings 2012 de Weinbach et de Blanck (surtout après l’avoir regoûté le lendemain) seront mes coups de cœur du jour…tout en affirmant que je serai prêt à trouver une place dans ma cave à chaque bouteille débouchée aujourd’hui…on revient quand tu veux Guy !

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Le casting du jour…attention les yeux !!!

 

NB : comme toujours Stéphane a été bien plus rapide que moi pour poster ses commentaires...vous les trouverez ICI

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