- Accueil
- Dégustations
- Dégustations ici et là
- 2019
- Le salon des Vins de la région de Molsheim - Edition 2019
Le salon des Vins de la région de Molsheim - Edition 2019
Le traditionnel salon des vins d’Alsace de la région de Molsheim qui se tient tous les 1er mai dans le grand salon de l’Hôtel de la Monnaie fête sa 79ème édition en 2019.
C’est une manifestation destinée à mettre en lumière les vins nés dans ce vignoble qui ne se trouve qu’à quelques kilomètres de la capitale alsacienne et qui regorge de beaux terroirs et de vignerons talentueux…bon, je viens à peine de décharger les cartons de bouteilles collectées lors de mon périple dans les terres du sud et j’ai une montagne de notes de dégustation à mettre au propre mais pas question de rater cette occasion de découvrir quelques nouvelles pépites viniques.
Hoppla, c’est parti !
Le vignoble de Molsheim sous un beau soleil printanier….
…et les rues de la cité remplie de badauds venus profiter de la braderie.
Le programme de cette année nous propose de découvrir une sélection de vins présentés par 20 exposants regroupés dans la grande salle de l’Hôtel de la Monnaie
Le début d’après-midi est assez calme au salon des vins de Molsheim…
…mais l’incontournable Laurent Bessot s’active déjà sur une nouvelle œuvre picturale réalisée avec ses fameuses peintures au vin rouge.
Pour me mettre dans l’ambiance et réveiller mes papilles, je vais assister à la conférence-dégustation animée par François Goepp qui nous propose un regard nouveau sur le sylvaner, ce cépage injustement mésestimé.
Par ici l’entrée !
Le public est en place…
…la sélection de bouteilles est prête…
…et François Goepp ouvre la séance.
La séance commence par quelques mots de présentation pour nous rappeler les origines et les caractéristiques de ce cépage.
« Le sylvaner est un cépage originaire d’Autriche qui est fortement implanté en Allemagne et qui a trouvé sa place en Alsace au cours du XVIII° siècle ».
« Le sylvaner est un cépage naturellement prolixe qui exige beaucoup de travail de la part du vigneron »…notamment pour limiter son rendement, condition sine qua none pour réussir à faire un grand vin.
Sylvaner L’intrépide 2017 – Domaine Thierry-Martin à Wangen : nez discret et complexe, notes de groseille blanche et de fleurs printanières, attaque vive et franche en bouche, matière assez consistante, finale très « claquante ».
(terroir argilo-calcaire)
Ce premier sylvaner plein d’énergie porte vraiment bien son nom : c’est un vin droit et fringant qui sera très à son aise en compagnie de spécialités alsaciennes comme la choucroute, la tourte ou une belle salade mixte.
Sylvaner 2017 – Domaine Arbogast à Westhoffen : nez vif et fruité sur le citron frais, bouche ample, équilibre très droit, finale bien tenue avec de beaux amers minéraux.
(terroir marneux, sols assez lourds)
Avec son expression aromatique très stimulante et sa présence en bouche un peu plus consistante, ce sylvaner pourra être servi avec des préparations culinaires un peu plus raffinées comme des poissons de rivière (sandre, truite) en sauce crémée.
Sylvaner 2017 – Domaine Fritsch à Marlenheim : nez séduisant sur le miel de fleurs et les fruits secs, bouche légère et guillerette, finale sapide avec une présence minérale très salivante.
(terroir calcaire dans le bas du G.C. Steinklotz)
Ce sylvaner bien marqué par la force minérale issue de son terroir calcaire possède une finesse et une droiture qui lui confèrent des possibilités gastronomique très larges : on peut l’associer à des préparations à base de poisson cru mais aussi à des plats de poissons et viandes blanches à la crème.
Sylvaner Grand A du petit Léon 2018 – Domaine Schmitt à Bergbieten : nez complexe et raffiné, notes de fruits jaunes sur un fond minéral qui commence à se faire remarquer, ample et profond en bouche, jus riche avec un joli gras, finale longue et très saline.
(terroir marno-calcaro-gypseux)
Né sur le Grand Cru de Bergbieten, ce vin que je connais et apprécie depuis de très longues année a fait une très forte impression parmi les dégustateurs : voilà un sylvaner qui montre que ce cépage est également un très beau révélateur de terroir.
C’est un grand vin, capable de se bonifier durant quelques années en cave mais qu’on pourra servir dès maintenant sur des poissons nobles ou des crustacés.
Sylvaner Lerchensand 2017 – Domaine Ansen à Westhoffen : nez expressif et complexe, notes de fruits jaunes bien mûrs, de noyau et d’écorce pilée, matière consistante et assez mâchue en bouche, équilibre sec, finale droite avec des amers salivants.
(terroir marneux)
Travaillé de façon « nature » ce sylvaner au caractère un peu atypique se montre très plaisant tout en nous ouvrant des horizons gustatifs assez inédits.
C’est un vin qui pourra se prêter à de nombreux accords gastronomiques, notamment sur des alliances terre-mer, sur des préparations aux champignons (morilles, cépes) ou sur certains fromages comme le comté.
Sylvaner Frohnberg 2016 – Domaine Kumpf-Meyer à Rosheim : nez très fin, notes citronnées et florales avec de petites touches grillées, bouche étirée, acidité vive et bien large, finale longue et très saline.
(terroir argilo-calcaire)
Le dernier vin est également un sylvaner vinifié « nature » mais son expression révèle un caractère un peu plus classique qui lui donne un très beau potentiel gastronomique…voilà une bouteille capable d’accompagner un repas de l’apéritif au plateau de fromages en passant par un plat de viande blanche ou de poisson en sauce
De retour dans la grande salle de l’Hôtel de la Monnaie, je vais essayer de gérer au mieux le temps qu’il me reste pour rencontrer un maximum de vignerons…et pour tenir le rythme je vais utiliser une technique déjà appliquée lors d’une autre salon (c’était lors de « Millésime Alsace 2016 ») : je ne vais goûter qu’un vin par domaine en demandant au vigneron de choisir le vin qu’il va me servir.
Le public est nettement plus nombreux en fin d’après-midi.
Domaine Neumeyer à Molsheim
Riesling Finkenberg 2016 : nez délicat, palette florale très élégante, bouche longiligne, équilibre vif, finale bien sapide, sillage aromatique sur le pamplemousse et les zestes d’agrumes.
Riesling Grand Cru Bruderthal 2017 : nez expressif et tonique sur les fruits blancs et le citron frais, bouche étirée, acidité large, touche un peu granuleux, salinité très impressive en finale.
Muscat Ottonel 2017 : nez ouverte et charmeur avec une très belle palette florale, bouche légère et déliée mais finale bien tenue avec une longue persistance aromatique.
J’ai été très touché par la disparition de Gérard Neumeyer, un vigneron qui m’a guidé avec beaucoup de gentillesse lors de ma découverte du Grand Cru Bruderthal et que j’avais toujours plaisir à rencontrer, notamment à l’occasion de ce salon.
C’est donc tout naturellement que j’ai commencé ma tournée chez Jérôme Neumeyer, qui assure aujourd’hui la gestion ce domaine familial.
J’en ai profité également pour faire une première entorse à la règle que je m’étais fixée en dégustant 3 vins choisis par Jérôme. C’est ainsi que j’ai pu apprécier un riesling Finkenberg 2016 très virevoltant, un riesling Bruderthal 2017 remarquable de profondeur et un muscat au charme ravageur…une triplette très réussie. Bravo !
Domaine Romain et Jérémie Fritsch à Marlenheim
Pinot Noir STZ 2015 : nez sur les fruits rouges frais avec de légères nuances fumées, bouche très élégante, structure souple, trame tannique très fine, finale légère et gouleyante avec un joli retour frais et fruité.
Né sur le coteau calcaire du Grand Cru Steinklotz, ce pinot noir élevé en foudre séduit par sa gourmandise et sa très belle buvabilité. MIAM !
Domaine Thierry-Martin à Wangen
Auxerrois 2016 : nez vif et séduisant, matière généreuse en bouche avec un centre légèrement moelleux, finale nette et digeste avec un sillage acidulé très rafraîchissant.
Voilà un auxerrois qui s’exprime de façon plutôt classique mais qui révèle un caractère à la fois gourmand et fringant qui pourra séduire un grand nombre d’amateurs du genre.
Même si d’habitude je recherche des vins un peu plus secs, j’avoue ne pas être resté insensible au charme de cette jolie bouteille.
Domaine Daniel Ansen à Westhoffen
Argentoratum 2017 : olfaction très réservée mais qui laisse deviner une belle complexité sous-jacente, bouche fraîche avec un joli gras, finale longue et sapide.
Réalisée à partir d’un assemblage de rieslings (dominant), de gewurztraminers et de sylvaners pressés et vinifiés ensemble, cette cuvée spéciale de la Couronne d’Or signée par Daniel Ansen est encore un peu jeune pour être appréciée à sa juste valeur mais ces premières impressions me semblent très prometteuses.
Domaine Mochel-Lorentz à Traenheim
Crémant Emotion : nez très raffiné sur le beurre frais, la poudre d’amante et la brioche à la vanille, matière ample avec du gras, bulle vive et fine, finale tonique et sapide.
Cette cuvée 100% chardonnay, réalisée avec les premiers jus de 2011 et dégorgée en 2018 est un crémant d’Alsace de haut niveau qui pourra tenir la dragée haute à pas mal de blancs de blancs champenois.
Domaine Mochel à Traenheim
Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten-Cuvée Henriette 2018 : nez encore un peu brouillé mais bouche superbe avec une chair consistante structurée par une acidité bien large, finale puissante avec une salinité marqué et de beaux amers minéraux.
Ce riesling Grand Cru prélevé sur cuve a encore quelques grammes de sucre à digérer (une petite douzaine) mais montre déjà des qualités remarquables avec une matière pleine d’énergie et de minéralité qui nous promet de belles émotions à venir. MIAM !
Domaine R. Schmitt à Bergbieten
Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten 2017 : expression aromatique délicate et complexe, bouche déjà bien posée, matière ample équilibrée par une acidité mûre et une profonde salinité, finale fraîche avec un joli sillage sur les herbes aromatiques.
Une fois encore ce très beau terroir de l’Altenberg de Bergbieten à permis à Julien Schmitt de réussir une cuvée de riesling remarquable d’équilibre et de profondeur. Même si ce vin est encore un peu jeune pour se livrer pleinement aujourd’hui, il se laisse approcher sans faire de manière en révélant déjà une belle trame minérale. MIAM !
Domaine Bechtold à Kirchheim
Muscat Obere Hund 2015 : nez intense et ouvert, palette florale complexe, jus fruité puissant en bouche, finale intense avec de beaux amers salivants.
Je connais bien cette cuvée née sur un coteau très pentu orienté au couchant mais je suis toujours aussi étonné par sa présence très « musclée » en bouche
Ce muscat expressif au nez et solide en bouche reste l’une de mes références favorites sur ce cépage.
Domaine Kumpf-Meyer à Rosheim
Je suis de Marne 2016 : nez très complexe, bouche puissante avec une chair généreuse et une structre acide saline puissante, finale longue et tonique.
Cet assemblage de rieslings, pinots gris et gewurztraminers récoltés sur le terroir marno-calcaire du Bruderthal, se goûte remarquablement bien en nous montrant qu’une vinification « nature » peut donner naissance à des vins qui tiennent vraiment la route. Joli !
Domaine P. Heitz à Molsheim
Riesling Grand Cru Bruderthal 2016 : nez expressif, notes d’agrumes frais et de craie sur un fond délicatement zesté, structure fuselée en bouche avec un centre joliment galbé, finale fraîche avec un sillage stimulante sur les zestes d’agrumes.
Cette petite tournée s’achève par un vigneron que je ne connaissais pas et qui me présente un très joli riesling avec une personnalité très séduisante : c’est un vin plein de fruit et d’énergie, qui se laisse siroter avec une facilité déconcertante.
Pour conclure :
Comme il ne faut pas trop travailler le 1° mai, je vais refaire mon paresseux en commençant par une autocitation datant de l’année 2017 :
« Le salon des vins de Molsheim reste une manifestation intéressante pour qui veut connaître un peu mieux ce vignoble situé à une petite demi-heure de voiture de Strasbourg. On y trouve des terroirs hautement qualitatifs et de plus en plus de vignerons de grand talent qui travaillent dur pour les mettre en valeur »…rien de plus à ajouter cette remarque est plus que jamais d’actualité.
La dégustation commentée par François Goepp nous a permis de goûter quelques très belles cuvées de sylvaner et ma petite tournée dans la grande salle de l’Hôtel de la Monnaie m’a donné l’occasion de rencontrer une série de jeunes vignerons qui privilégient de plus en plus des pratiques viticoles vertueuses et qui élaborent des vins dont le niveau qualitatif progresse d’années en année…bref, cette année encore, j’ai senti que le vignoble de la Couronne d’Or était pleinement mobilisé pour tirer sa production vinique vers l’excellence. Bravo à tous !
Ajouter un commentaire