Soirée dégustation chez Guy - Pinot noir et riesling

Comme c’est à Schirrhoffen que ce groupe de picoleurs émanant du club AOC avait effectué la dernière soirée festive avant le confinement, notre ami Guy a voulu célébrer la fin de cette triste période en invitant ces bons vivants à une nouvelle réunion conviviale autour d’une série de belles quilles prélevées dans sa cave.

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C’est l’été, la table est mise sur la terrasse.

Une fois n’est pas coutume, nos agapes vont être arrosées par une série de belles quilles provenant des deux vignobles fétiches de notre hôte : l’Alsace et la Bourgogne.

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Apéro !!!

Crémant Constellation – Domaine Muré à Rouffach : nez bien « champenois » avec de jolies notes d’amande et de brioche au beurre, bouche avenante avec un jus bien frais, une bulle très fine et des amers salivants en finale

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Issu d’un assemblage sur le principe de la solera ce crémant confirme une fois de plus que la famille Muré maîtrise l’art de la bulle alsacienne…la garantie d’un apéritif réussi !

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Côte de bœuf, carré d’agneau et brochettes au filet de bœuf…végétariens s’abstenir !

Esprit « club AOC » oblige, les 4 premiers vins rouges sont servis en carafe et dégustés à l’aveugle, histoire de voir si les grandes cuvées alsaciennes peuvent tenir tête aux crus bourguignons.

Pinot Noir Clos de la Faille 2011 – Domaine Albert Mann : nez légèrement évolué avec un fruité mûr mais très classieux soutenu par un boisé très fin, bouche longiligne, très élégante avec des tanins fondants, finale nette et bien fraîche.
Vosne-Romanée Clos des Réas 2009 – Domaine Gros-Guenaud : nez sur les fruits rouges frais (griotte, groseille) et boisé bien fondu, bouche svelte et racée, étirée par une ligne acide assez vive, finale intense et d’une grande longueur.

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Bon, la première doublette présentée à l’aveugle en carafe m’a offert une nouvelle occasion de me ridiculiser en plaçant le pinot noir alsacien du côté de la Côte de Nuits mais il faut bien reconnaître que ce Clos de la Faille 2011 avait vraiment belle allure…d’ailleurs je ne suis pas sûr qu’on trouve beaucoup de bouteilles de cette qualité sur ce millésime en Bourgogne.
Face à cette bombinette alsacienne, le célèbre Clos des Réas 2009 a tenu son rang avec facilité en dévoilant un profil suave et classieux qui a fait l’unanimité autour de la table. Voilà une série qui commence très fort !

Mazis-Chambertin 2007 – Domaine Tortochot : nez discret mai très racé, palette complexe sur les fruits noirs et les fleurs (violette, rose sauvage…), bouche puissante avec une matière concentrée structurée par une charpente acide/tannique très élégante, finale très classieuse avec un long retour aromatique sur les épices et la violette.
Pinot Noir Harmonie-Bollenberg 2009 – Domaine Zusslin : nez pur et frais, notes de petits fruits rouges sur un fond minéral sensible (craie humide), jus très dense en bouche, acidité vive et longue, finale sèche avec un beau retour minéral.

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La seconde doublette était un peu plus facile à décrypter puisque les bords tuilés de la robe du Mazis trahissaient assez clairement son âge…et comme nous avions une liste des probables sous les yeux ce ne fut pas trop difficile.
Ceci dit, ce Grand Cru bourguignon nous a vraiment éblouis par la noblesse de sa prestance et la qualité de son expression aromatique.
A côté de cette célébrité, la petite bombinette alsacienne du domaine Zusslin a fait bien plus que de la figuration…un duel au sommet !

Pour nous récompenser d’avoir accepté de nous ridiculiser une fois de plus en participant à ce petit jeu, notre ami Guy nous offre deux cartouches supplémentaires :
Bonnes-Mares 1994 – Domaine Fougeray de Beauclair : nez discret et complexe sur les baies de cassis et les épices douces sur un fond légèrement fumé, vouche assez impressionnante avec une matière dense, une structure puissante et une grande persistance finale.
Clos de Vougeot 2011 – Domaine Castagnier : nez dur les fruits rouges frais et la ronce sur un fond minéral très marqué, bouche solidement constituée, équilibre très droit, finale longue mais un peut trop austère

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Issu d’un millésime qualifié de « petit » (ce qui est assez rare en Bourgogne), la cuvée de Bonnes Mares nous a donné un joli récital gustatif ce soir…comme quoi une belle origine peut faire des miracles même si les conditions climatiques ne sont pas optimales.
La cuvée de Clos de Vougeot qui s’était montrée assez décevante lors de précédentes dégustations, semble être sur une pente ascendante mais j’ai bien peur qu’elle ne parviendra pas à lisser complètement sa structure trop anguleuse…2011 restera un millésime compliqué dans cette région.

Pour accompagner le plateau de fromages, notre ami a décidé de déboucher quelques blancs alsaciens d’âge vénérable :
Riesling Grand Cru Geisberg 1983 – Domaine Kientzler : nez très fringant avec de belles notes de chlorophylle, bouche longiligne, équilibre très droit, finale nette et sapide.
Riesling Grand Cru Froehn 1991 – Domaine Becker : nez séduisant, palette florale et miellée, bouche ample avec du gras et un petit grip tannique, finale bien tonique.
Gewurztraminer Grand Cru Schlossberg 1986 – Domaine Sick : nez fatigué dominé par des notes oxydatives, bouche assez agréable, souple et légère, finale un peu vacillante.

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Même s’ils s’expriment d’une manière fort différente – vif et frais pour le Geisberg, rond et suave pour le Froehn, ces deux rieslings trentenaires (ou presque pour le 91) sont encore d’une jeunesse étonnante.
Le gewurztraminer a nettement moins bien supporté les 3 décennies en cave…il est certes encore buvable mais il est évident que sa maturité optimale est dépassée depuis longtemps.

Riesling Grand Cru Hengst 2011 – Domaine Josmeyer : nez citronné et zesté, bouche puissante avec un jus concentrée, une acidité centrée, une légère pointe de CO2 et une finale longue sur les agrumes frais et les zestes.

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Rien de tel qu’un riesling de la maison Josmeyer pour recadrer des papilles surmenées par cette belle série de quilles !
C’est un vin pur, vif et stimulant débouché dans la force de l’âge. MIAM !


Une fois n’est pas coutume, nous avons encore passé de jolis instants d’amitié et de gourmandise du côté de Schirrhoffen…mille mercis à Guy et Christine pour cette soirée organisée comme toujours avec une précision millimétrée.

Nous avons pu constater que nos grands rouges alsaciens étaient en mesure de rivaliser avec les crus bourguignons au niveau de la qualité…mais aussi au niveau des prix lorsqu’on s’adresse à des grands noms comme Mann ou Zusslin !
Ceci dit, en cherchant bien, je suis sûr que notre vignoble recèle quelques pépites rouges bien plus accessibles, capables de tenir la dragée haute à l’élite bourguignonne…je pense notamment aux « Rocailles » de Michel Ginglinger, au « Rubis » de Mathieu Ginglinger, au « Sundel » de Christian Beyer, aux « Roches rouges » de Bernard Bohn…et bien d’autres…

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