Dégustation au Théatre du Vin : quoi de neuf depuis février 2020 ?
Après une longue pause imposée par les mesures liées à la crise sanitaire, « L’Hydropathe », reprend ses activités vineuses en nous proposant une dégustation sur le thème suivant : « Quoi de neuf depuis février 2020 ? ».
En ce début d’octobre 2021, les hydropathes – ou « ceux à qui ’eau ne convient pas » – avaient rendez-vous au « Théâtre du Vin » pour retrouver Christophe Lasvigne et ses collaborateurs et partager quelques instants de gourmandise autour d’une série de vins sélectionnés pour illustrer le thème du jour.
Etant souvent indisponible le vendredi soir, je n’ai pu participer qu’à une seule soirée « hydropathique » jusqu’à aujourd’hui – c’était avec le vigneron savoyard Gilles Berlioz – autant dire que je n’ai pas eu envie de laisser passer cette occasion de refaire une dégustation en compagnie de l’équipe du « Théâtre du Vin ».
Hoppla, c’est parti !
Les « hydropathes » se retrouvent au « Théâtre du Vin »…
…un endroit où on ne risque pas de mourir de soif !
Discours de bienvenue et présentation du thème de la soirée par Christophe Lasvigne
Avant de déboucher les premières bouteilles, Christophe Lasvigne nous présente le thème de la soirée en évoquant les nombreux changements intervenus dans son entreprise depuis le printemps 2020 suite aux nombreuses restrictions liées à la crise sanitaire.
Malgré la satisfaction d’avoir vu son entreprise reconnue comme faisant partie des « commerces essentiels », la période COVID n’a pas été simple notamment du fait de la fermeture des restaurants avec lesquels « Le Théâtre du Vin » avait établi de nombreux partenariats.
Au sortir de cette période difficile, les réflexions de Christophe Lasvigne sur l’évolution de son entreprise ont généré une série de changements comme le développement de nouveaux réseaux de clientèle en France et à l’étranger.
Il a également étoffé son carnet d’adresses de vignerons et enrichi son équipe de collaborateurs.
Il y a eu également une redéfinition de la « politique générale » de l’entreprise avec une orientation vers des pratiques éco-responsables qui s’est encore accentuée tant au niveau du choix des vignerons partenaires qu’au niveau du fonctionnement des différents points de vente…si bien que le « Théâtre du Vin » est actuellement le seul caviste de France certifié AB par Ecocert.
Même si la dégustation s’est faites selon une forme classique qui voit se succéder vins effervescents, vins blancs et vins rouges, je vais vous proposer mes commentaires en regroupant les différents styles de vins.
Allez, on goûte !
Une bulle champenoise pour commencer
Champagne Brut Nature-Blanc de Blancs – EPC à Vindey : nez agréable avec une palette florale délicate accompagnée par de fines notes toastées, bouche bien fraîche avec une bulle assez vive et une présence saline sensible, finale sapide et salivante avec de beaux amers minéraux.
Le champagne EPG servi dans un verre Blida, une tradition champenoise retrouvée…mais je préfère quand même déguster dans une jolie flute !
EPC est la première start up champenoise qui met sur le marché des champagnes de vignerons en s’occupant de la partie marketing avec comme ambition de moderniser l’image du champagne.
Issue du des coteaux du Sézannais, cette cuvée 100% chardonnay produite par un vigneron du cru sur un millésime et affinée plus de 3 ans sur lattes, est un brut somme toute assez classique qui s’exprime sur la fraîcheur et la vivacité et se laisse boire avec une grande facilité.
Des vins sans alcool
Côtes de Thongue Equilibre zéro – Domaine de l’Arjolle à Pouzolles : nez très évanescent qui commence par sauvignonner (notes de groseille blanche) avant de révéler une palette miellée et florale très fugace, bouche souple et très légère, finale plate avec un petit retour aromatique sur la réglisse et la violette.
(viognier + sauvignon)
Côtes de Thongue Equilibre zéro – Domaine de l’Arjolle à Pouzolles : nez fruité plutôt engageant, bouche aqueuse et insipide, finale inexistante.
(merlot + grenache)
Elaborées par un domaine que j’ai visité en 2020, ces deux cuvées désalcoolisées à l’aide d’un procédé innovant (chauffe à 30° sous vide) ne m’ont vraiment pas convaincu : mais pourquoi perdre du temps et de l’énergie à créer ces produits sans grand intérêt gustatif ?
J’ai envie de dire que si on n’aime pas l’alcool dans le vin, il suffit de boire du jus de raisin !
Deux vins originaux produits en Alsace
VDF Pépin – Domaine Achillée à Scherwiller : nez discret sur le pamplemousse sur un fond fumé/épicé délicat, jus consistant et salin en bouche, finale sapide avec des amers assez marqués.
(riesling + pinot gris)
VDF Pépin – Domaine Achillée à Scherwiller : nez discret avec une palette fruitée et florale assez agréable, bouche charnue et structurée, tanins souples, finale vive et salivante.
(grenache + syrah + carignan + auxerrois + pinot gris)
Produits par un domaine viticole alsacien ces deux vins très originaux qui bousculent un peu la tradition régionale se sont laissé déguster avec plaisir ce soir sans pour autant susciter un enthousiasme débordant…
A côté d’une cuvée de blanc issue d’un assemblage de riesling et de pinot gris qui s’exprime avec un caractère « nature » plutôt bien maîtrisé, l’assemblage de cépages rouges nous a tous fait penser à un joli pinot noir alsacien.
Présentée comme une action de solidarité avec d’autres vignerons, la série « Pépin » de l’Achillée peut aussi être considéré comme une activité de négoce qui ne dit pas son nom…
Des vins 100% éco-responsables
Bugey Le Bugey blanc 2019 – Oé à Lyon : nez agréable avec de belles notes de fruits blancs mûrs et de miel, bouche bien gourmande avec un joli gras, finale légère et digeste.
(100% chardonnay)
Vaucluse Principauté d’Orange 2020 – Oé à Lyon : nez fin et complexe avec de beaux arômes de fruits rouges et d’épices, bouche corsée et bien construite, grain tannique soyeux, finale longue et délicatement poivrée.
(dominante grenache noir + marsellan)
Oé est une start-up lyonnaise qui a pour projet de commercialiser des vins « zéro pesticide » avec un système de conditionnement éco-responsable : utilisation des matières premières élaborées avec un impact carbone minimal, limitation des déchets en privilégiant des contenants recyclables ou réutilisables (bouteilles et caisses plastique consignées).
La gamme Oé compte actuellement 25 cuvées comme ce chardonnay assez atypique mais intéressant et ce rouge sud-rhodanien qui se livre à la dégustation avec une belle spontanéité.
Ceci dit, avec une cave constituée à plus de 90% de vins achetés chez le vigneron qui les a produits, il est évident que je ne vais pas devenir un client d’Oé dans les prochains temps.
Quelques vins plus classiques (quoique… !) pour finir
Anjou La Croisée des Chenins 2019 – Domaine de Montgilet à Les Garennes sur Loire : nez séduisant avec de belles notes amyliques et florales (acacia), bouche fraiche et gourmande, structure tendue, finale légère et salivante marquée par de belles nuances minérales.
(100% chenin)
Réalisée à partir d’un assemblage de chenins provenant de plusieurs parcelles, cette cuvée d’Anjou blanc qui se livre à la dégustation avec une belle franchise offre un rapport Q/P très intéressant.
Canon Fronsac Château Lamarche Canon 2017 – Vignoble Millaire à Fronsac : très beau nez avec une palette bien complexe, notes de baies noires, de tabac, d’épices et de craie sur un fond boisé assez présent, bouche pleine et bien mâchue, équilibre vif, tanins présents mais fins, finale un peu asséchante avec un sillage boisé/épicé.
(70% merlot + cabernet franc et malbec)
Produit par l’un des rares domaines en biodynamie de cette région, ce Canon-Fronsac qui m’a séduit par sa belle complexité aromatique et sa présence en bouche très classieuse pourrait presque me réconcilier avec les vins du bordelais…mais ce n’est pas encore pour demain !
VDF K de l’Arjolle 2018 – Domaine de l’Arjolle à Pouzolles : nez intense et très complexe, notes de cassis et de violette sur un fond légèrement fumé, bouche puissante, matière pleine et charnue, équilibre vif, finale longue avec de fines nuances végétales et fumées.
(100% carmenère)
La cuvée K de l’Arjolle est probablement le seul 100% carmenère du vignoble français mais cette dégustation qui confirme mes bonnes impressions ressenties l’année passées lors de ma visite au domaine, nous laisse à penser que ce cépage méconnu mérite de retrouver sa place dans notre vignoble : c’est un vin complexe, puissant et parfaitement digeste qui termine cette série en beauté.
Cette séance de rentrée des « Hydropathes » a permis à l’équipe du « Théâtre du Vin » de nous proposer une dégustation très originale qui nous a fait découvrir une série de bouteilles étonnantes pour nous donner un aperçu des nouvelles tendances qui animent le monde du vin d’aujourd’hui.
Ces vins originaux qui bousculaient, parfois très fortement, nos références gustatives habituelles, n’ont pas manqué de susciter des questions et des débats au sein de notre assemblée œnophile…mais c’était le but recherché.
Ceci dit, en termes de plaisir pur, je dois bien avouer que je suis un peu resté sur ma faim, même si je suis convaincu que ces « vins-concept » bien dans l’air du temps, vont faire avancer la réflexion sur les modes de production vinique vers des pratiques plus éco-responsables.
Merci à l’équipe du « Théâtre du Vin » pour cette dégustation « militante » qui nous a ouvert le champ des possibles en nous présentant ces approches novatrices du vin.
« Boire la vie du bon côté »…un conseil que me va bien !
Ajouter un commentaire