Quelques jolis flacons dégustés à Strasbourg
Ce petit compte-rendu est destiné à partager avec vous un instant de convivialité où de très belles bouteilles ont été débouchées et dégustées à l’aveugle chez un amateur passionné, en compagnie de quelques jeunes cavistes locaux.
Voici les notes prises durant la soirée.
Les victimes du soir
Les différents vins ont été servis, goûtés, commentés et évalués à l’aveugle…et quelques victuailles (tartines, foie gras, charcuteries italiennes, fromages et gâteau à la framboise) fournies par les invités ont agrémenté cette longue dégustation.
C’est parti !
Champagne Brut Nature – Pinot d’écureuil 2023 – Gaspard Brochet : un nez brioché et crayeux, une bouche ample avec un joli gras, structurée par une acidité ciselée et traçante et une salinité sensible, une bulle très fine mais évanescente, une finale tonique stimulée par des amers nobles…une cuvée 100% pinot noir, rare (459 bouteilles produites) et « classieuse » mais avec une effervescence vraiment trop légère.
Champagne Extra Brut – Les Pierrières 2023 – Ulysse Collin : un nez complexe et raffiné avec des notes de noisette grillée, de brioche et de bois de santal, une bouche magnifique d’équilibre et de vinosité avec une mousse crémeuse mais stimulante, un rebond final d’une longueur impressionnante avec une persistance saline et minérale très salivante…un blanc de blanc de toute beauté qui a fait l’unanimité autour de la table. Très grand champagne !
V.D.F. Ryôkan 2018 – Thomas Popy : un nez intense et évolutif avec des notes d’allumette craquée à l’ouverture (réduction pour moi, autolyse pour les cavistes…) suivie par de beaux arômes floraux et citronnés sur un fond pierreux, une bouche puissante avec un jus dense et bien gourmand, structuré par une acidité longue et intense, une finale de longueur moyenne avec des amers minéraux et un beau sillage fruité et balsamique…un superbe chardonnay jurassien produit par un vigneron que je ne connaissais pas. Merci Max pour cette découverte !
Meursault Vieilles Vignes 2020 – Domaine Buisson-Charles : un nez élégant et retenu qui laisse deviner de belles notes de citron frais te de craie sur un fond subtilement boisé, une bouche ample soutenue par une acidité mûre et large, une finale fraîche et saline stimulée par de beaux amers minéraux…un grand chardonnay bourguignon qui nous a fait voyager du Chablisien jusqu’en Côte de Beaune, j’aurai du reconnaître la patte de Patrick et de Louis dans la finesse de cet équilibre mais une fois n’est pas coutume, j’ai été très mauvais dans cet exercice !
V.D.F. Les Nourrissons 2011 – Stéphane Bernaudeau : un nez ouvert et riche avec des notes de coing mûr, de pain grillé et de miel de châtaignier, une bouche puissante avec un jus concentré tenu par une acidité tranchante et une salinité intense, une finale longue et sapide…une cuvée rarissime réalisée à partir d’une très vieille vigne de chenins sur schistes, un vin dont j’ai vite identifié le cépage mais sans pour autant avoir une idée de la provenance.
Ceci dit, je n’avais encore jamais entendu parler de ce vigneron…comme quoi, malgré une longue expérience de picoleur compulsif, je me rends compte qu’il me reste encore beaucoup de choses à apprendre dans le domaine du vin. Tant mieux !
Saumur La Charpenterie 2017 – Domaine du Collier : un nez discret qui s’ouvre avec quelques notes fermentaires avant de développer une belle palette miellée et crayeuse, une bouche puissante et volumineuse structurée par une forte tension acide, une finale droite et salivante stimulée par une délicate amertume…encore un superbe chenin ligérien vinifié de main de maître par le fils de Charly Foucault, le talent serait-il héréditaire !
Pouilly-Fuissé Le Clos de Monsieur Noly 2007 – Domaine Valette : un nez intense et complexe qui délivre des notes de citron confit et d’épices sur un fond balsamique assez marqué, une bouche puissante, ultra concentrée, portée par une acidité massive mais bien mûre, finale parfaitement sapide et d’une longueur inouïe…un chardonnay absolument sublime qui nous a emmenés dans le vignoble jurassien avant que l’un des dégustateurs nous suggère ce domaine du Mâconnais. Bon sang mais c’est bien sûr, c’est le style « Valette »…mais c’est surtout la plus belle quille de la soirée pour moi.
Chambolle-Musigny 1er Cru Les Amoureuses 2012 – Jérôme Castagnier : un nez riche et chaud avec des notes de prune et de poivre sur un fond fumé délicat, une bouche généreuse et profonde structurée par une fine trame tannique et une présence saline sensible, une finale étirée par une acidité vive avec un long sillage fumé et épicé…une cuvée de négoce vinifiée par Jérôme Castagnier, un vin qui a dérouté l’assemblée par son côté massif et chaleureux – tout le monde était parti plein sud – un premier cru de Chambolle à qui on a reproché (à juste titre) un manque de finesse et d’élégance.
V.D.F. Priez Saint Christophe 2014 – Michel Grisard : un nez complexe avec des notes de prune, de ketchup et de poivre sur un fond végétal noble, bouche assez généreuse mais solidement charpentée par une acidité centrée et une maille tannique serré mais d’une grands finesse, finale très sapide avec un beau sillage poivré qui m’a paru un peu court…une cuvée de mondeuse rare élaborée par un vigneron légendaire dont j’avais souvent entendu parler mais dont je n’avais encore jamais dégusté de vin et même si j’ai mis une petite réserve sur cette finale un peu en retrait par rapport à l’énergie ressentie en milieu de bouche, j’ai été ravi de pouvoir « toucher au mythe Grisard ». Merci Max !
Columella 2019 – The Sadie Family : un nez intense avec des notes de fruits noirs et d’épices sur un fond un peu alcooleux, une bouche puissante et volumineuse avec un jus consistant étiré par une acidité très cinglante et tenu par une trame tannique serrée mais bien mûre, finale longue et digeste, sans excès de chaleur…un rouge d’Afrique du Sud avec beaucoup de caractère, réalisé à partir d’une assemblage qui fait une large place à des cépages sudistes bien connu (carignan, cinsault, grenache, mourvèdre, syrah).
Mes connaissances sur ce vignoble de l’hémisphère sud sont faméliques et j’avoue ne pas avoir la bonne grille de lecture pour analyser et évaluer correctement ce vin…mais ça reste une très belle découverte.
Côtes du Jura Les Insolites - Savagnin En Chalasse 2015 – Domaine Labet : un nez fin et séduisant avec des notes de pâte d’amande et d’épices douces sur un fond fumé/minéral discret , une bouche ample avec une chair opulent structurée par une puissante charpente acide/saline, une finale longue marquée par les épices et de légères nuances oxydatives…un savagnin ouillé élevé durant un septennat dans les caves de l’un de mes domaines préférés du Jura, un vin complexe et concentré mais parfaitement digeste avec cette petite pointe oxy qui le rend tout à fait irrésistible pour moi. J’adore !
Côtes du Jura. Les Singuliers – Chardonnay du Hasard 2015 – Domaine Labet : une nez évolué mais très élégant avec des notes d’épices et de sous-bois sur un fond oxydatif délicat, une bouche puissante, concentrée et sapide, une finale bien tonique avec une persistance aromatique d’une longueur vraiment exceptionnelle…un chardonnay élevé sous voile durant 6 années, le Jura dans ce qu’il peut produire de plus grand !
Bourgueil Grand Mont 2009 – Domaine du Bel Air : un nez sur la baie et la feuille de cassis, une bouche dense, structurée par une acidité vive et des tanins saillants, finale assez austère mais avec une belle longueur fruitée et épicée…un Bourgueil de haute tenue qui ne m’a pas fait oublier ma relation compliquée avec le cabernet franc.
Une série de grands flacons analysés par des connaisseurs aux papilles bien affutées dans une ambiance studieuse et conviviale…il aurait fallu être très difficile pour ne pas être enthousiasmé par cette soirée de dégustation !
Merci à Paul pour son accueil et merci à tous les participants pour ces belles bouteilles.
On a bien travaillé ce soir !
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