Eichberg et Pfersigberg au Salon des Vins Blancs de Strasbourg
Invité par la Gestion Locale des Grands Crus d’Eguisheim pour déguster une cinquantaine de vins de l’Eichberg et du Pfersigberg présentés à l’occasion du « Salon des Vins Blancs », je n’ai pas hésité à abandonner l’idée d’un bain de soleil printanier pour aller me faire flatter les papilles à l’ombre du Palais des Congrès de Strasbourg.
L’entrée du Palais des Congrès.
C’est vrai qu’il fait très beau, c’est vrai que le Palais des Congrès de Strasbourg en plein chantier n’a pas l’air très accueillant mais les vignerons d’Eguisheim qui ont choisi de consacrer un week-end pour faire connaître un peu mieux les grands vins nés sur leurs deux terroirs classés, méritent largement qu’on les soutienne dans cette belle initiative.
L’indispensable carnet de dégustation fourni par les vignerons.
Considérant les limites de mon endurance papillaire et le nombre très important de bouteilles proposées à la dégustation, j’ai été contraint d’établir une stratégie personnelle pour réussir à goûter le plus sérieusement possible tous ces vins :
ce sera Eichberg le samedi et Pfersigberg le dimanche avec comme autre contrainte de ne pas dépasser les 10 mots par vin dans mon carnet de notes.
Hoppla, c’est parti !
Le stand de dégustation des Grands Crus d’Eguisheim avec Mathieu Ginglinger et Hervé Gaschy.
Eichberg
Ce Grand Cru que j’ai étudié en détail en compagnie de Michel Ginglinger génère des vins qui allient opulence et finesse mais qui demandent souvent une garde conséquente pour s’exprimer pleinement.
Dans la sélection proposée, j’ai particulièrement apprécié :
- le riesling G.C. 2012 du domaine Emile Beyer : équilibre sec, matière ample et intense salinité en finale.
(13°25 – SR : 2,9 g/l – AT : 6,1 g/l)
Grand vin de garde.
- le riesling G.C. 2007 du domaine Paul Gaschy : palette raffinée et complexe, milieu de bouche assez riche, finale étonnamment légère et digeste.
(14°9 – SR : 8 g/l – AT : 5,8 g/l)
Vin opulent et généreux qui entre dans sa phase de maturité
- le riesling G.C. 2010 du domaine Zinck : aromatique fin et complexe, notes florales et pierreuses, profond et salin en bouche.
(13° - SR : 5 g/l – AT : 7,65 g/l)
Vin qui commence à montrer sa classe mais qui demande encore un peu de patience.
- le pinot gris G.C. 2010 du domaine Kuentz-Bas : nez de fruits blancs bien mûrs, poire confite, voluptueux, généreux mais bien sapide en bouche.
(14°3 – SR : 13,6 g/l – AT : 7 g/l)
Vin riche et digeste, un modèle d’équilibre.
-le gewurztraminer G.C. 2010 du domaine Pierre Henri Ginglinger : flatteur, agréablement floral au nez, tendre et raffiné en bouche, finale discrètement épicée.
(12°85 – SR : 31,6 g/l – AT : 5,25 g/l)
Classique mais irrésistiblement gourmand.
-le gewurztraminer G.C. 2010 du domaine Paul Schneider : aromatique florale très séduisante, matière équilibrée avec une belle énergie, finale fraîche et longue.
(13°9 – SR : 35 g/l – AT : 5,7 g/l)
Franchise et puissance encore un peu contenue, vin de présent et d’avenir.
Un petit quatuor de Grands Crus Eichberg.
Pfersigberg
Ce Grand Cru que j’ai étudié en détail en compagnie de Christian Beyer est réputé pour son aptitude à produire des vins assez exubérants mais d’une grande élégance qui s’ouvrent un peu plus vite que ceux de l’Eichberg, même s’ils savent aussi vieillir avec bonheur.
Dans la sélection proposée, j’ai particulièrement apprécié :
- le riesling G.C. 2012 du domaine Paul Ginglinger : olfaction délicate sur le miel et les fleurs, bouche énergique, finale très suave sur l’orange amère.
(13°1 – SR : 6 g/l – AT : 7,6 g/l)
Un vin d’une grande élégance qui se laisse approcher avec facilité malgré sa jeunesse évidente.
- le riesling G.C. 2010 du domaine Paul Ginglinger : belle évolution aromatique sur les agrumes et la minéralité, large et citronné en bouche, finale très vive.
(12°6 – SR : 6 g/l – AT : 9,5 g/l)
Un riesling droit et tendu qui s’exprime avec noblesse et classicisme.
- le pinot gris 2011 du domaine Pierre Henri Ginglinger : palette florale très séduisante, matière concentrée bien juteuse, finale digeste.
(13°77 – SR : 22,7 g/l – AT : 5,58 g/l)
Une silhouette callipyge mais du style et de la classe.
- le pinot gris 2010 du domaine Paul Schneider : olfaction qui charme par sa sensualité, bouche ample, matière gourmande, finale tonique.
(13°8 – SR : 32 g/l – AT : 7,3 g/l)
Matière puissante assez virile mais grande suavité dans l’expression aromatique : un vin masculin et féminin à la fois !
- le gewurztraminer G.C. 2012 du domaine Léon Baur : délicatesse et grande élégance au nez (palette florale complexe), matière dodue mais belle sensation d’équilibre au palais, pointe saline en finale.
(13°12 – SR : 30,2 g/l – AT : 4,59 g/l)
Des fleurs et une présence minérale qui commence à s’affirmer...un gewurztraminer prometteur !
- le gewurztraminer G.C. 2012 du domaine Emile Beyer : nez discret et complexe, puissant et riche en bouche, finale saline avec une belle rémanence aromatique.
(13°5 – SR : 48 g/l – AT : 4,3 g/l)
Un vin très jeune et plein d’énergie positive, qui est en train de construire un équilibre étonnant autour d’une belle trame minérale.
- le gewurztraminer G.C. 2011 du domaine Paul Gaschy : nez expressif et charmeur sur l’ananas frais et les fleurs, matière opulente et sensuelle, finale étonnamment légère avec un long sillage sur le sucre d’orge.
(12°3 – SR : 58 g/l – AT : 4 g/l)
La friandise absolue de la série !
- le gewurztraminer 2010 du domaine Pierre Henri Ginglinger : des arômes de rose sauvage très voluptueux qui flattent les sens, très bel équilibre en bouche, pas de puissance excessive mais grande élégance.
(12°99 – SR : 28,8 – AT : 5,52 g/l)
Délicat et sensuel, tout en douceur…une caresse !
- le gewurztraminer 2011 du domaine Christian Hebinger : nez original mais très agréable sur les agrumes et les épices (gingembre, poivre rose), matière équilibrée et très tonique, finale finement épicée.
(14°3 – SR : 36 g/l – AT : 5,1 g/l)
Une expression de gewurztraminer un peu atypique dans une série très florale mais très belle réussite.
Un petit quatuor de Grands Crus Pfersigberg.
Pour conclure :
- Bien que n’étant pas forcément très à l’aise face à de si longues séries de vins, j’ai quand même apprécié cet exercice qui m’a permis de faire un tour très complet et très instructif de la production viticole sur les deux terroirs classés d’Eguisheim. Si je devais identifier quelques constantes caractéristiques de ces Grands Crus, après la dégustation de plus d’une vingtaine de références de chaque origine, il me semble que les vins du Pfersigberg se distinguent par leur côté très avenant avec une matière élégante et longiligne qui peut cependant dégager une belle puissance alors que ceux de l’Eichberg sont plus réservés (surtout dans leur prime jeunesse) mais donnent une impression de force et de concentration plus marquée…
- Dans l’absolu, je dirai que l’ensemble des échantillons présentés était d’un bon niveau qualitatif et que ma sélection, très subjective (comme toujours…) comprend les cuvées qui m’ont plus particulièrement marqué lors de cet exercice, pour lequel, je l’ai déjà dit, je ne suis pas spécialement formé…
En ce qui concerne les rieslings : qu’ils proviennent de l’Eichberg ou du Pfersigberg, ils semblaient presque tous encore un peu jeunes pour être pleinement appréciés mais les 2010 et les 2012 sont extrêmement prometteurs.
Pour ce qui est des pinots gris, je me suis surpris à me laisser séduire par un grand nombre de cuvées : serait-ce moi qui change où y a-t-il une vraie évolution dans la conception des vins issus de ce cépage…affaire à suivre !
Quant aux gewurztraminers, il est évident que ce cépage trouve sur ces coteaux autour d’Eguisheim un terroir où il se plaît particulièrement bien...ce fut un réel plaisir de siroter ces nectars !
- Hélas, avec la météo très estivale et ce Palais des Congrès qu’un énorme chantier défigurait pas mal, je crains que cette manifestation n’ait pas connu le succès qu’elle aurait mérité…c’est bien dommage !
Pour être complet, je parlerai également de l’intervention de David Lefebvre, invité à l’occasion du « Salon des Vins Blancs » pour une conférence-dégustation sur le thème de la minéralité dans les vins, histoire de mettre un contenu plus rationnel derrière un terme devenu polysémique et passe-partout dans la sphère œnophile.
Précis, passionné mais très pédagogique, David nous a délivré un message clair et argumenté sur cette notion. Bravo !
David en conférence…pour plus de détails sur le contenu de son intervention vous pouvez aller voir sur mon BLOG ou dans le dernier numéro du « Rouge et Blanc ».
- Merci à tous ceux qui m’ont permis de vivre ces beaux moments viniques.
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