Enzo Vizari et les grands vins italiens à l'U.G.V.

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Après Reinhard Löwenstein invité le mois dernier pour nous parler des grands vins allemands, c’est au tour d’Enzo Vizari de nous emmener à la découverte de l’Italie et de ses crus d’exception.
Devant un auditoire de près de 300 personnes, ce passionné transalpin nous a présenté 8 vins soigneusement sélectionnés pour nous donner un petit aperçu de l’excellence vinique italienne.

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Le grand salon de l’Orangerie de Colmar et les tablées d’amateurs de l’UGV.

Après une minute de silence très émouvante en mémoire de Laurence Faller, Enzo Vizari commence sa conférence en se présentant à nous avec beaucoup d’amabilité et de simplicité.

Ce cadre dirigeant italien ne se revendique pas comme un professionnel du vin mais comme un amateur éclairé dont le goût et la culture œnophile se sont construits tout au long de sa vie.

En 2000, Enzo Vizari a décidé de se consacrer exclusivement à son amour des bonnes choses et a abandonné sa fonction de président du syndicat des patrons italiens (l’équivalent du MEDEF en France) pour devenir directeur éditorial d’un guide des vins italiens et d’un guide gastronomique italien.
Il reconnaît volontiers posséder une « grande cave » mais ne se reconnaît pas en tant que collectionneur de vin « Je ne suis pas un collectionneur de vins, je suis un buveur de vins. Je collectionne surtout des bouteilles vides… ».

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Enzo Vizari avec la direction de l’U.G.V.

Pour nous emmener en voyage à travers le vignoble italien Enzo Vizari nous propose une sélection de 4 vins blancs et de 4 vins rouges.

Pour les blancs :

Franciacorta – Cà del Bosco – Cuvée Annamaria Clémenti Riserva Brut 2005
Présentée en magnum cette cuvée effervescente née dans les vignobles de Lombardie (près du lac d’Iséo) a passé 7 année sur lattes avant d’être dégorgée et mise sur le marché. L’expression aromatique est complexe et raffinée (miel, pain d’épices, citron, brioche…), la bouche séduit par sa vinosité et l’onctuosité de sa mousse mais manque peut-être un peu de tonus en finale.
(55% chardonnay + 10% pinot noir + 35% pinot noir)
Une très belle « bulle » qui peut rivaliser sans peine avec les grandes cuvées de champagne…ça commence fort !

Alto Adige – Terlano – Pinot Bianco Riserva Vorberg 2009
Issu des terroirs d’altitude près de la frontière autrichienne (500 à 800 mètres) ce vin blanc très avenant (également servi en magnum) nous gratifie d’une aromatique complexe et racée (notes florales puis fruitées) et flatte les papilles par sa présence souple et gourmande en bouche.
(100% pinot blanc)
Un blanc gouleyant avec beaucoup de fond qui m’a fait penser à un grand auxerrois alsacien…MIAM !

Ribola – J. Gravner – Anfora 2006
Provenant de la région du Frioul ce vin très original délivre des notes d’épices à l’ouverture avant de dévier assez vite vers un registre très particulier avec des notes de camphre et une pointe de volatile bien marquée. La bouche est ample, dense avec une salinité intense qui laisse une belle impression tannique en finale.
(100% ribolla gialla)
Un vin vinifié nature et élevé dans des contenants en terre cuite qui n’a pas manqué de segmenter l’assemblée de dégustateurs…Etonnant !

Trebbiano d’Abruzzo – Valentini – Blanc 2011
Né sur les penrtes des Abruzzes ce vin présente un nez fin et racé sur le citron vert, les zestes d’agrumes et une touche légèrement fumée. Longiligne et incroyablement élégant en bouche, il évolue longuement en se complexifiant sur le plan aromatique et structurel.
(100% trebianno)
Présenté par Enzo Vizari comme le plus grand blanc italien, ce vin superbe s’est montré digne de sa réputation…Excellent !

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Pour les rouges :

Barolo – G. Mascarello – Monprivato in Castaglione Felletto 2009
Ce vin à la robe très claire possède un nez intense et d’une profonde beauté (fraise et framboise bien mûres, épices douces) et une bouche remarquable par sa chair lisse et goûteuse, son équilibre impeccable et sa finale qui s’élargit pour monopoliser longuement le palais.
(100% nebbiolo)
Défini comme assez atypique par les amateurs de vins italiens présents dans la salle, ce vin assume avec beaucoup de classe la force de sa matière et de son expressivité sans pour autant devenir provocateur…pour moi (qui ne suis pas très familiarisé avec les crus transalpins), c’est le plus grand vin de la soirée !

Barbaresco – Roagna – Asili Vecchie Vigne 2008
Ce vin rarissime (1400 bouteilles produites) présente un nez discret avec de belles notes d’orange sanguine, d’herbes de garrigue et d’épices. En bouche, l’attaque est pointue, la matière dense et charpentée s’appuie sur une trame tannique très ferme, la finale tendue et austère laisse persister longuement un sillage aromatique sur les agrumes et els épices.
(100% nebbiolo)
Je mesure pleinement le privilège d’avoir pu déguster cette rareté mais je n’ai pas été vraiment convaincu par cette bouteille dont la virulence des tanins m’a un peu agressé…cela confirme hélas mon incapacité (malgré des efforts répétés) à pénétrer le mystère des grands rouges italiens. Hélas !

Brunello di Montalcino – Poggio di Sotto – Rouge 2006
Le nez se montre ouvert et charmeur avec un fruité bien mûr et des notes d’amande sur un fond frais et tonique, la bouche possède une matière dense soutenue par une acidité vive et une très belle trame tannique, la finale est longue et assez virile.
(100% sangiovese)
Cette cuvée dont  l’édition 2007 a été classée meilleur vin d’Italie en 2013 par le B.I.W.A. (d’ailleurs le précédent est classé deuxième sur ce même millésime…) est encore un peu jeune aujourd’hui mais son potentiel est évident. L’aromatique est déjà bien en place mais la matière en bouche est encore un peu rugueuse. Patience !

Etna Rosso – Contrada Guardiola – Passopisciaro 2011
Né sur les pentes de l’Etna à des altitudes incroyables (entre 800 et 1000 mètres), ce vin séduit par son expression fruitée très gourmande mais étonne par sa puissance en bouche avec sa matière concentrée, son acidité puissante et sa présence tannique mûre mais très solide. La finale revient sur plus de douceur avec un long sillage aromatique sur la framboise.
(100% nerello mascalese)
Ce vin étonne par le contraste entre son expression aromatique toute en douceur et sa matière pleine d’une énergie presque tellurique…quoi de plus normal que ce cru né sur un volcan possède un tempérament de feu !

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L’instant de convivialité qui clôt cette soirée nous permet de déguster quelques spécialités transalpines réalisées par Alberto Bradi, le chef cuisinier italien étoilé au Michelin.

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Les antipasti version Alberto Bradi…MIAM !

Comme d’habitude, pour accompagner ces succulentes bouchées nous sélectionnons quelques vins parmi ceux que les convives avaient apportés pour cette soirée. En ce qui me concerne ce sont les bouteilles de mes voisins de table qui m’ont fait une très belle impression : le pinot blanc Croix du Sud 2010 de Frédéric Schmitt, fin, élancé, élevé avec une maîtrise parfaite et le pinot noir Hommage à Gérard 2007 du Domaine de l’Oriel, conditionné en magnum, ce vin commence à donner sa mesure dans un registre très bourguignon…et 2 MIAMS pour finir.


Une fois encore, l’UGV a réussi à organiser une rencontre de très haut niveau autour de la culture vinique, avec un thème particulièrement intéressant qui m’aura permis d’approfondir un peu mes connaissances (très faibles au demeurant…) sur le vignoble transalpin.
Il faut dire qu’Enzo Vizari nous a gratifiés d’une série exceptionnelle de 8 bouteilles rares glanées aux quatre coins de l’Italie pour nous proposer un petit panorama de l’excellence vinique de ce pays.
J’ai beaucoup apprécié la gentillesse, la simplicité et la belle humanité de cet amateur éclairé qui a partagé la soirée avec nous…Grazie mille signor Vizari !

En ce qui concerne les vins, je mesure la chance que nous avons eu de pouvoir goûter quelques-uns des plus grands crus italiens, mais, comme souvent avec les vins de ce pays, je n’ai pas été pleinement conquis.
Certes, les blancs sont originaux et réalisés avec une grande maîtrise mais je n’ai trouvé aucun flacon pour lequel je délogerai l’une de mes grandes bouteilles d’Alsace ou de Bourgogne dans ma cave.
Pour les rouges, si j’excepte le sublime Barolo, j’avoue ne pas avoir été conquis par ces vins trop puissants et vraiment trop virils. Je commence à croire que je ne suis vraiment pas fait pour comprendre l’esthétique de ces solides  gaillards transalpins mais je ne désespère pas encore…quoique !!!

Avec plus de 300 convives présents pour cette soirée l’UGV a connu un réel succès mais la gestion d’un groupe aussi nombreux a demandé une organisation un peu plus structurée de la deuxième partie de soirée et le côté convivial et riche en échanges informels qui m’avait séduit lors de l’édition strasbourgeoise m’a un peu manqué ce soir…dommage mais c’est la rançon du succès !

Mille mercis à ceux qui ont œuvré pour la réussite de cette soirée.

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