Eric Zwiebel à l'Université des Grands Vins

Cela faisait quelques années que je n’avais plus participé à une soirée dégustation de prestige organisée par l’U.G.V. – la dernière c’était en 2017 avec une session consacrée au Château Cheval Blanc – il était donc grand temps que je reprenne ces bonnes pratiques pour continuer à développer ma culture vinique.
Pour mon retour sur les bancs de l’Université, je vais avoir le plaisir d’assister à une session dirigée par Eric Zwiebel, meilleur sommelier d’Angleterre en 2004, qui va nous faire voyager en nous présentant une série de vins « coup de cœur » glanés dans les vignobles du monde.
Hoppla c’est parti !

Le grand caveau du domaine Rolly-Gassmann avec d’un côté l’exposition de minéraux…


…et de l’autre, un grand espace aménagé pour accueillir les 80 participants à cette session de l’UGV


Une table préparée pour la dégustation.


L’équipe de l’UGV qui débouche les bouteilles de la soirée…


…et Eric Zwiebel vérifie la qualité de chaque vin.

La séance débute comme d’habitude par un petit discours de Pierre Gassmann pour nous présenter le thème de la soirée ainsi que l’intervenant qui va animer cette dégustation de prestige.

Pierre Gassmann ouvre la séance…


…devant un auditoire composé de 80 amateurs de vins.

Avant de servir le premier vin, Eric Zwiebel nous expose brièvement sa trajectoire professionnelle et sa façon de concevoir le métier de sommelier.
Il nous décrit également sa manière de sélectionner ses vins en associant toujours des critères objectifs qui se rapportent aux qualités intrinsèques de chaque vin et des critères plus subjectifs relatifs aux hommes qui les élaborent et aux lieux qui les voient naître.

Eric Zwiebel est au micro…la dégustation commence.

Hélas, mes allergies printanières qui altèrent fortement mes perceptions olfactives sont en avance cette année, je ne vais donc avoir beaucoup de mal à décrire les arômes des différents vins…j’enrage !!!
Heureusement, il me reste le goût et le toucher de bouche pour profiter un peu de ces belles bouteilles mais pour parler des palettes aromatiques je vais être obligé de m’appuyer sur les commentaires de mes voisins de table…ceci dit, avec « maître » Thierry Meyer d’un côté et Foulques Aulagnon du CIVA de l’autre, je suis plutôt bien entouré.

Reserve Blend Rosé – Exton Park Vineyard (Hampshire-Angleterre) : robe rose clair, nez sur les petits fruits rouges et la pêche de vigne, bouche très tonique avec un jus gourmand tenu par une ligne acide acérée, mousse très fine, finale bien salivante avec un long sillage sur le pamplemousse.
(70% pinot noir + 30% pinot meunier – 36 mois sur lattes).

Issu de jeunes vignes plantées sur un terroir très crayeux (comparable aux terroirs champenois), ce rosé effervescent du Hampshire tout en élégance et en fraîcheur se laisse boire avec facilité et plaisir…une bien jolie mise en bouche !

Riesling Graacher Domprobst Spätlese 2018 – Weingut W. Schaefer (Mosel – Allemagne) : nez assez discret mais très complexe, notes de citron confit, d’ananas frais et d’herbes à tisane, bouche expressive avec un jus très riche contrebalancé par une acidité mordante, la balance gustative est bien équilibrée mais l’ensemble semble encore un peu dissocié, finale vive avec une longue persistance sur les fruits exotiques
(100% riesling)

Produit par un petit domaine qui exploite 4,5 hectares de vignes sur les coteaux schisteux aux pentes vertigineuses qui bordent la Moselle, ce riesling exprime à merveille le style mosellan – un faible degré alcoolique (7,5°), une sucrosité importante et une très forte acidité – mais semble avoir encor besoin d’un peu de temps pour s’harmoniser malgré sa belle buvabilité actuelle.

Grüner Veltliner Lamm 2019 – Schloss Gobelsburg (Kamptal – Autriche) : nez très complexe avec des notes de citron vert, de gingenbre et de poivre blanc sur un fond végétal noble, bouche longiligne; très élégante avec un joli gras, finale sapide avec un petit grip tannique et des amers minéraux.
(100% grüner veltliner).

Née sur un terroir en voie d’être classé « 1er Grand Cru », cette cuvée de grüner veltliner a fait très forte impression ce soir : malgré sa jeunesse elle révèle déjà une belle plénitude et un vrai caractère gastronomique…pas de doute, c’est un grand vin !

Assyrtiko 2021 – Gaïa Wines (Santorin – Grèce) : nez très racé avec des notes de fruits blancs sur un fond balsamique très élégant (résine, cire), bouche ample avec du gras et une structure acide très solide et une présence minérale très tactile, finale longue et fraîche avec une belle persistance boisée/épicée/fumée.
(100% assyrtko).

Réalisée à partir d’un cépage autochtone de l’île de Santorin, cette cuvée pleine d’énergie et de vivacité porte déjà la marque minérale de son terroir volcanique.
C’est un vin qui se goûte très bien dans sa jeunesse mais qui pourra encore vieillir quelques années en cave pour s’affiner et développer son potentiel gastronomique.

Saint Joseph Blanc 2020 – Domaine J.C. Marsanne à Mauves : nez discret avec des notes de fruits blancs mûrs, de brioche au beurre et de miel, bouche suave avec un centre assez rond, texture très caressante, finale digeste avec des amers nobles et un long sillage anisé/épicé.
(100% marsanne).

Les seuls vins français de cette série sont produits par un petit domaine familial établi à Mauves qu’Eric Zwiebel a découvert lors de l’une de ses récentes tournées dans le vignoble rhodanien.
C’est un vin d’une grande élégance avec son jus bien gourmand soutenu par un élevage qualitatif (12 mois en fûts de chêne), son très joli gras et sa finale très sapide…un très joli vin à boire dès aujourd’hui pour le plaisir ou à déboucher à table pour tenir compagnie à une poularde à la crème.

Bikaver Ivan Volgyi 2018 – Domaine Sebestyén (Szekszard – Hongrie) : nez complexe avec des notes de poivron et de cerise acidulée sur un fond végétal délicat, bouche assez dense avec une structure très carrée mais un grain tannique très soyeux, finale très digeste avec des amers nobles.
(assemblage : kékfrankos + kadarka + cabernet franc + merlot).

Je ne connais pas le pourcentage de cabernet franc présent dans cet assemblage de 4 cépages mais je l’ai repéré dès le premier coup de nez malgré une acuité olfactive défaillante…et comme toujours je n’ai pas aimé cette expression aromatique même si j’ai été sensible à qualité de la présence en bouche de ce vin.

Saint Joseph Rouge 2019 – Domaine J.C. Marsanne à Mauves : nez discret et très complexe avec des notes de cassis, de réglisse et de poivre sur un fond floral délicat (violette), bouche bien charnue avec une structure sphérique, tanins veloutés, finale fraîche et sapide avec une belle persistance boisée/épicée.
(100% syrah).

Ce petit « bonus » offert par J.-C. Marsanne, nous a vraiment régalé tant par la complexité de son expression aromatique que par la qualité de sa présence en bouche…voilà une adresse que je vais noter dans mon carnet de visites viniques à faire prochainement…d’ailleurs, à l’heure où je publie cet article, j’ai déjà eu le temps de passer à Mauves pour rencontrer ce vigneron (CR à suivre)

Marathefiko Barba Yiannis 2018 – Domaine Vouni Panayia (Chypre) :  nez discret et très complexe avec des notes fumées et poivrées complétées par quelques fines nuances animales, jus très corsé en bouche, structuré par une trame tannique très fine et une acidité longue et pointue, finale très tonique relevée par de beaux amers.
(100% marathefiko).

Née sur une vigne située en altitude et produite par l’un des domaines phare de ce vignoble, ce vin rouge corsé et solidement bâti se goûte assez facilement tout en montrant de belles potentialités gastronomiques.

Vino Nobile di Montepulciano 2018 – Poderi Sanguineto (Toscane – Italie) : nez fin et complexe, notes de fruits rouges mûrs, de tabac blond et d’épices douces, bouche très élégante, juteuse et suave, finale longue et tonique avec un sillage raffiné sur le cuir et les épices.
(80% sangiovese + 10% canaiolo + 10% mammolo)

Comme je ne suis pas un grand amateur de vins italiens, ce n’était pas forcément la bouteille que j’attendais le plus dans cette série mais au bout du compte j’ai très bien goûté cette cuvée de rouge de Toscane qui m’a impressionné et séduit par sa finesse et sa complexité.

Zinfandel Geyserville 2019 – Ridge Winery (Californie – USA) : nez intense et flatteur avec des notes de cassis confit, d’épices orientales et de vanille, bouche pleine et bien gourmande avec une texture onctueuse et un très beau développement aromatique, finale riche et sapide sur les épices et la violette.
(76% zinfandel + 16% carignan + 6% syrah + 2% alicante).

Cette « bombinette » californienne remarquable de profondeur et de concentration s’est livrée à la dégustation avec une belle spontanéité en flattant nos papilles par son aromatique très exubérante et par sa présence très caressante en bouche.
C’est un vin certes un peu démonstratif mais au bout du compte on a quand même beaucoup de plaisir çà le boire !

Vina Tondonia Reserva 2010 – Lopez de Heredia (La Rioja – Espagne) : nez complexe et séduisant avec des notes fruitées bien mûres sur un fond épicé/boisé très délicat, bouche dense et charnue avec des tanins fondants et une finale intense mais très digeste avec un long retour épicé et mentholé.
(70% tempranillo + 20% grenache + 10% graciano et marzuelo).

Contrairement aux rouges italiens qui ne me conviennent que très rarement, les rouges espagnols arrivent très régulièrement à m’enthousiasmer par leur côté riche et généreux et leur belle buvabilité comme cette superbe cuvée produite par un domaine emblématique de la Rioja. J’adore !!!

Grasevina Izborna Berna Bobica 2017 – Domaine Krauthaker (Kutevo – Croatie) : nez très pur avec des arômes intenses d’agrumes mûrs et d’ananas rôti, bouche puissante avec un jus très concentré tendu par une acidité assez pointue, finale salivante sur les fruits et les épices.
(100% grasevina).

Nous terminons par une petite friandise venue de Croatie, un liquoreux équilibré et digeste, produit à base d’un cépage très répandu en Europe Centrale, le grasevina encore appelé welschriesling en Autriche…une bouteille qui se suffit à elle-même mais qu’on pourra également déboucher à table pour accompagner un plat aux saveurs aigres-douces (tajine de poulet au citron – sauté de porc à l’ananas) ou un dessert aux fruits.

Il est temps de conclure...et de passer à table !

Le dîner présenté en verrines a été préparé par la Maison Baubon
Au menu :
- pain bio artisanal de « L’Instant Gourmand »,
- saumon Mowi fumé, crème au citron jaune, courge craquante et feuilles de câprier
- poulet fermier farci à la sauge, crème au romarin, éclats de marrons, mousseline de panais au citron et carottes confites
- crémeux au miel, compote de pommes caramélisées, biscuit feuillantine et ganache chocolat blanc/vanille.

Ces gourmandises ont été accompagnées par les vins de la soirée et par quelques autres bouteilles apportées par les convives ou prélevées dans les réserves de l’U.G.V. mais comme j’étais fatigué par les efforts consentis pour profiter de la dégustation…et que je devais reprendre la route ce soir, j’ai fait l’impasse sur cette partie. Désolé !

Bon appétit !

Malgré ce petit handicap saisonnier qui me prive de temps en temps d’une partie de mes sensations olfactives j’ai quand même beaucoup apprécié cette soirée de dégustation avec l’U.G.V.
Le sommelier Eric Zwiebel nous a emmenés en voyage dans les vignobles du monde avec une très belle sélection de bouteilles.

J’ai beaucoup aimé son approche holistique des vins : chaque bouteille qu’il nous a servie ce soir lui rappelait un paysage, un vigneron, un sol, une anecdote, des émotions…bref, elles contenaient bien plus que du vin !
Certes, il nous a également proposé quelques analyses organoleptiques pour nous aider à apprécier et à comprendre ces différentes cuvées mais on a bien senti à travers ses commentaires que son rapport aux bouteilles présentées ce soir ne se limitait pas à la qualité de leur contenu…et ceux qui me suivent depuis quelques temps comprendront facilement que j’ai été particulièrement séduit par cette manière de voir le vin.

Mes coups de cœur du soir iront en premier lieu à la cuvée de Grüner Veltliner 2019, un grand vin blanc qui a conquis ma tablée de dégustateurs par la finesse de son aromatique et la précision de son équilibre en bouche.
J’ai également beaucoup apprécié, la fraîcheur gourmande de la cuvée de Saint Joseph blanc 2020 du domaine Marsanne.
Pour ce qui est des cuvées de rouges, c’est le superbe Zinfandel californien 2019 de la Ridge Winery qui monte sur la plus haute marche de mon podium personnel suivi de près par la bouteille de Rioja 2010 du domaine Lopez de Heredia, deux vins expressifs et généreux mais d’une parfaite digestibilité.

Bravo et merci à Eric Zwiebel ainsi qu’à tous ceux qui ont œuvré pour nous permettre de vivre ces beaux moments de formation et de gourmandise.