Vue des Dentelles
Je me ballade souvent autour des Dentelles de Montmirail et petit à petit je découvre ou redécouvre des appellations que j’avais un peu oublié ces dernières années. Gigondas en fait partie. Ces deux trois dernières années, j’ai bu de jolis vins de ce secteur et j’ai envie d’aller à la découverte de domaines dont j’ai goûté une ou deux bouteilles et qui m’ont interpelé. Le domaine de la Bouissière en fait partie. Je sais l’ami Laurent Garlin fan depuis longtemps et il m’avait fait goûter notamment une « Font de Tonin ».
Allez ni une ni deux, départ de bon matin pour rejoindre le village de Gigondas qui s’est bien embelli ces dernières années avec de belles ruelles et une restauration des bâtiments qui donne du caractère à l’ensemble.
Le domaine est tenu aujourd’hui par Thierry et Gilles Faravel avec environ 9Ha en Gigondas, 2.5 Ha en Vacqueyras, 5 Ha en Beaumes de Venise et 1.5 Ha en vin de pays. Les cépages sont ceux habituels ici soit essentiellement du grenache avec un peu de syrah et de mourvèdre et quelques vignes de merlot pour le vin de France. Une démarche respectueuse sans herbicide, sans engrais chimique ou insecticide. J’ai l’honneur d’être accueilli au caveau par « l’arrière grand-mère » (c’est comme çà qu’elle s’est présentée !) de la maison, en pleine forme de bon matin pour porter haut les couleurs !
Présentation de la gamme de vins dans le caveau du domaine de la Bouïssière
Vin de France 2015 (syrah 40%, merlot 40% caladoc 20%) : de jolies senteurs de fruité frais jaillissent du verre, ça sent presque le raisin qui vient d’être pressé. C’est tout en rondeur, presque un peu joufflu, avec des notes épicées très présentes. La marque du merlot ne me séduit pas forcément mais c’est une entrée de gamme réussie.
Vacqueyras 2015 (grenache 42%, syrah 50% mourvèdre 8%) : un nez assez puissant, aux parfums multiples, entre cerise et épices teinté d’un peu d’herbes de Provence. Il contraste avec la bouche qui est assez marquée d’une empreinte minérale avec une belle acidité et toujours cette saveur épicée qui domine l’ensemble. Je m’attendais à plus de rondeur et de chaleur sur un millésime comme 2015 alors que, et c’est tant mieux, on trouve une certaine fraîcheur. Très joli vin.
Gigondas 2015 (grenache 70%, syrah 30%) : là encore, le vin s’exprime tout de suite et de façon assez riche avec des notes poivrées, un peu de gelée de fruit rouges et encore cette empreinte sudiste d’herbes aromatiques diverses. Le vin est plein, dense, avec un très bel équilibre qui balance entre puissance et finesse. Une très belle réussite !
Beaumes de Venise 2013 (grenache 90%, syrah 10%) : curieux de trouver ce millésime encore qui effectivement fait plus évolué sur les fruits compotés même un peu confiturés teinté d’une note de cuir et de cerise Amarena. Un vin mûr mais non dénué d’une certaine fraicheur qui porte le tout. A boire à mon sens maintenant avec plaisir.
Gigondas La Font de Tonin 2014 (grenache 90%, mourvèdre 10%) : un vin dont l’élevage plus présent masque un peu le reste notamment le fruit. L’aération lui fait du bien avec l’apparition de senteurs de fruits à noyau, de cuir, et une touche vanillée. Les tanins sont encore serrés et le temps lui amènera le fondu qui lui manque encore. Je ne suis plus amateur de ce type de vin mais j’avoue que c’est bien fait.
Voilà un tour d’horizon de la production en vente actuellement au caveau. J’ai beaucoup aimé l’ensemble que je trouve très cohérent avec une identité affirmée : des parfums agréables, des bouches denses mais bâties sur des trames minérales et un support acide présent qui contre balance le côté solaire de ces latitudes. Hormis La Font de Tonin, pas d’élevage prégnant, le fruit est respecté, C’est très bien fait ! Je vais essayer de suivre la production de ce domaine de façon un peu régulière.
Le trou des Dentelles
Cyril Amelin - octobre 2017
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