Gigondas

 
Gigondas vue d en bas
Gigondas vu d’en bas

J’ai pris l’habitude de partir en bordée plusieurs fois par an autour des dentelles et d’ailleurs Pierre sur le site a crée un onglet : « balade autour des dentelles ». Tout autour de cette sculpture rocheuse des villages dont les noms sonnent à l’oreille de l’amateur de vin, Gigondas, Vacqueyras, Baumes de Venise, Séguret, Sablet…….
Au pied de ce piton rocher qui culmine à plus de 700m, des vignes plantées un peu partout, ayant pris l’espace sur la garrigue. Gigondas est le village avec le plus de notoriété. Depuis 1971, il est un crû Côte du Rhône. J’avoue que je l’ai délaissé longtemps, préférant m’orienter vers Châteauneuf. Et pourtant, mes dernières rencontres avec les vins de ce crû m’ont donné souvent du plaisir, plaisir que je vais essayer de partager un peu ici avec les toutes dernières bouteilles ouvertes sur la fin de l’année 2017.

Gigondas vue d en haut
Gigondas vu d’en haut

 

Gigondas Combe Sauvage 2012 – Domaine Fontavin
Grenache, mourvèdre, syrah, cinsault et clairette rose avec une parcelle assez haute dans l’appellation soit à 350m d’altitude.
D’abord un peu fermé, anguleux, le vin va mettre du temps pour s’exprimer et s’arrondir. Très sudiste, tapenade, herbes de Provence, poivré. Le toucher de bouche est un peu sucré tout en gardant du ressort et de l’énergie. Les tanins marquent encore l’ensemble avec une sensation d’alcool sur la finale qui remonte mais le temps devrait peut être apporter la cohésion qu’il manque encore.
Je suis allé souvent au domaine, des vins de qualité à des prix corrects mais il me manque toujours un petit quelque chose pour être pleinement convaincu.

Gigondas 2007 – Domaine Palon
79% grenache, 15% syrah, 6% mourvèdre.
Je sais le millésime solaire et c’est effectivement la 1ère impression qui se dégage. Le nez est complexe, fait de pruneau, d’épices orientales, de poivre noir, de pâte d’amande. Les tanins sont très fondus, doux, avec un peu de chaleur qui s’exprime et des notes prononcées de poivre noir. L’alcool est présent mais bien intégré. Le vin me semble à maturité,  je pense qu’il lui manque un support acide pour pouvoir évoluer encore favorablement.
Je ne connaissais pas ce domaine qui se situe au pied des dentelles avec 7 Ha de terres sur l’appellation. Sur un millésime plus équilibré, je goûterais bien.

Gigondas Terre des Ainés 2007 – Domaine Montirius
Dans ce même millésime, le vin semble cette fois très évolué, du moins au nez, sur le cuir, le pruneau, voire un côté champignon qui confinerait presque à un côté vieux foudre. Paradoxalement, la bouche elle, ne manque pas de ressort même si l’on ressent le côté solaire de 2007 avec une pointe de sucrosité. Je me demande si le vin n’a pas été touché par un léger problème… à revoir donc.
Nous étions allés au domaine avec Pierre, et nous avions été charmés. Les vins, à un niveau de prix plutôt élevés dans l’appellation, me semble assez disparates en qualité avec des bouteilles superbes et d’autres en dessous de mes attentes.

Gigondas Héritages 2014 - Domaine Ogier
70% grenache, 20% syrah, 10% mourvèdre.
Très marqué entre fruits rouges et poivre, « duolithique ». C’est très très serré et l’on reste sur ce registre binaire fruité épicé qui laisse peu de place à une véritable approche de ce que pourrait être un vin de l’appellation
Un vin de négoce qui, comme bien souvent, n’a ni vice ni vertu…

Gigondas 2015 – Domaine du Cayron
74% grenache, 14% syrah, 6% cinsault et 2ù mouvèdre.
Très immédiat dans l’expression entre cassis frais et poivre qui laisse à penser à une prise de pouvoir de la Syrah pourtant pas majoritaire dans l’assemblage d’autant plus qu’à l’évolution des notes d’olives noires et de lard complètent cette impression. La bouche est très vivante, déliée, fraîche avec un support acide bien en place. Le vin est jeune, la bouche marque un peu avec une sensation végétale sur la finale (vendange entière ?) mais le tout est très cohérent même si 24h après, le vin en vidange s’est dissocié.
Je suis passé devant le domaine sans jamais goûter. Je n’attends pas forcément un Gigondas sous cette forme mais je trouve le vin plutôt bien fait.

Gigondas Adage 2015 – Domaine Montvac
70 % grenache, 25% syrah, 5% mourvèdre.
Tout d’abord masqué par un peu de fumé, le vin développe de délicieuses senteurs de gelée de fruits rouges, de cerises, d’épices, de poivre noir. C’est une farandole diverse et variée très agréable. C’est jeune, avec un jus encore serré, peut-être un poil extrait, mais bien né avec une touche glycérinée qui donne à l’ensemble un côté très savoureux avec pas mal d’énergie en finale. Le fond de verre affirme une identité très sudiste avec des senteurs d’herbes de garrigue.
20 fois je suis passé devant le domaine…sans jamais m’arrêter tout en me disant il faudra un jour que…bon en 2018, je mets mon clignotant, je le promets !

Gigondas 2015 – Domaine de la Bouissière
70% grenache, 30% syrah.
Le vin s’exprime tout de suite et de façon assez riche avec des notes poivrées, un peu de gelée de fruit rouges et une empreinte sudiste d’herbes aromatiques diverses. Le vin est plein, dense, avec un très bel équilibre qui balance entre puissance et finesse. Une très belle réussite !
Je suis allé au domaine récemment et je colle mes notes prises in situ. Une belle découverte et ce Gigondas 2015 est une grande bouteille !

Gigondas 2015 – Domaine de St Cosme
70% grenache, 14% syrah, 15% mourvèdre, 1% cinsault.
Le seul vin qui présente des notes d’élevage prononcées qui marquent le nez comme la bouche alors que la part de barrique semble assez faible. Pour le coup, une grosse aération lui fait du bien, avec des senteurs de vanille, de fruits noirs, de mûre. Jeune, encore ferme, avec un jus assez tonique, très agrume sur la langue, il reste très droit, compact mais donne le sentiment d’avoir les armes pour faire un bon vin d’ici 4/5 ans
C’est une maison importante de l’appellation et à mon avis incontournable pour en appréhender les contours. Je ne suis pas persuadé qu’un Gigondas appelle la barrique, le cépage grenache ne l’aime guère, mais j’avoue que c’est bien fait et j’aimerai goûter des vieux millésimes.

Bouteilles de gigondas

Voilà un petit tour d’horizon qui ne demande qu’à être complété et élargi mais déjà, sur les quelques bouteilles bues ces 2/3 dernières années, j’ai trouvé de l’intérêt à cette appellation avec une qualité d’ensemble de bon niveau avec souvent des marqueurs aromatiques assez sudistes, de garrigue. Plutôt solaire, les vins ne basculent pas dans la confiture ou les fruits cuits, on reste sur des trames assez droites voire compactes pour les vins jeunes. J’aimerais bien faire une dégustation de Gigondas de 10/15 ans afin de pouvoir appréhender un peu mieux leur potentiel.

 

Cyril Amelin - janvier 2018

Commentaires

  • Didier Dardenne

    1 Didier Dardenne Le 10/01/2018

    J'y passe une ou 2 fois par an depuis 15 ans. Mes préférés actuels, La Bouissière et domaine des Bosquets. Cette année je vais creuser sur Espiers (même propriétaire que Montvac) car j'ai eu un coup de coeur pour le Sablet 2015). J'ai eu et bu auparavant Cayron, Raspail Ay (beau 2005 le premier janvier), Moulin de la Gardette, Grappillon d'Or et quelques autres dont La Roubine qui sort de forts jolies bouteilles dans les meilleurs millésimes. Je partage votre avis sur l'élevage de Saint Cosme.

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