Sophro-dégustation : une autre façon de goûter le vin

Le vin, et par extension tout ce qui gravite autour, est un monde dans lequel on ne s’ennuie jamais, un monde où les rencontres amènent des expériences nouvelles et vice versa. C’est dans cet esprit de découverte et de partage que j’ai assisté le samedi 27 novembre 2021 à Alès à une sophro- dégustation organisée par Sandra Martinez dans sa cave Papilles au nez avec pour intervenante mon épouse Géraldine Amelin, sophrologue.

Pour planter le décor, je reprends mot à mot la présentation que Géraldine en a faite :
« Pourquoi la sophrologie avec la dégustation ?
Parce que la sophrologie est une approche psychocorporelle qui met particulièrement à l’honneur la sensorialité et le plaisir des sens. Nous rentrons en contact avec le monde par le biais de nos sens : le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue dans l’ordre d’apparition chez le fœtus puis le bébé.
Nous déployons ensuite notre propre sensorialité en fonction de notre manière d’être au monde, de nos expériences et de notre caractère.
Plus nous aiguisons nos sens, plus notre rapport au monde se précise et s’intensifie. Pour favoriser l’éveil à nos sens la sophrologie permet, par le relâchement et le fameux « lâcher prise », de sortir du mental analytique pour mieux se relier aux ressentis du corps.
La sophrologie c’est un retour au corps.
Être au plus près des sens nous ouvre tout un univers pour la dégustation. Nous ne sommes pas dans la tête qui veut comprendre, comparer et catégoriser mais dans le corps qui sent, qui découvre ou qui reconnaît, qui vibre ou pas.
Êtes-vous prêts à vous laisser surprendre ? »

Oui pour une douzaine de participants venant de tous horizons et de tous âges, prêts à aborder le vin après avoir mobilisé tous les sens que sont le toucher, la vue, l’ouïe, l’odorat et bien sur le goût en commençant par une séance de sophrologie durant laquelle nous avons pu nous mettre en condition d’éveil et de réception. De l’ancrage à la terre pour s’élever ensuite en toute conscience….

Voilà un programme de dégustation original pendant lequel Sandra après un exposé de présentation sur le vin en général et la dégustation en particulier, nous a servi tous les vins en verre noir d’abord puis en verre blanc afin de ne pas laisser un sens prendre le pouvoir sur les autres. Je me suis mis de côté afin d’écouter avec attention toutes les remarques des uns et des autres et les relater du mieux possible je l’espère. Une vraie dégustation participative !!!

1er vin : plutôt expressif, sur des notes d’agrumes et d’épices avec un côté solaire qui irrémédiablement nous incite à aller vers un blanc du sud. Certains décèlent une note d’élevage qui n’est pas prégnante mais bien réelle avec ce relent vanillé qui jaillit du verre. Les marqueurs olfactifs se retrouvent en bouche dans un équilibre plutôt réussi avec de jolis amers salivants en finale et une légère trace minérale que j’aurais aimé plus marquée pour donner un peu plus d’énergie à l’ensemble. Dans le verre transparent, on peut noter une belle couleur jaune aux reflets dorés qui m’interpelle et me fait penser à une macération pelliculaire.  Un joli vin qui a plutôt séduit son auditoire
Vin de France Cuvée trois cent vingt de Romain Pion en Minervois, 100% marsanne élevée 320 jours en fût avec une moitié en macération.

2ème vin : alors là ça pète dans tous les sens, c’est la fête du nez ! tout d’abord sur les petits fruits rouges comme la groseille, puis les agrumes avec un touche de poivre blanc qui dynamise l’ensemble. On peut s’interroger sur la couleur du vin…blanc ou rouge ?  La mise en bouche ne laisse quant à elle aucun doute, c’est acidulé, très petits fruits rouges avec une gourmandise, une sapidité de 1er ordre. Je ressens juste un trait végétal qui pour ma part marque un peu le vin et l’empêche de se délier et se livrer totalement. La découverte de la couleur vive et brillante confirme toutes nos impressions. Un vin plaisir !
Vin de France Gaga de toi-Gamay de Loire 41 par Ariane Lesné Goût à Goutte.

3ème vin : il se montre un peu plus renfrogné avec les petits fruits noirs qui doucement remontent en surface soulignés par une pointe légèrement florale. Le vin est un peu saturé en gaz et demande un secoué du poignet pour se libérer. On retrouve ces petits fruits noirs acidulés, accompagnés d’une astringence qui va gêner certains et d’autre pas. J’avoue avoir pensé vraiment à un cabernet franc de Loire d’autant plus avec cette finale réglissée. Plus le vin va s’aérer, s’oxygéner, plus il va être causant mais personne à part son géniteur présent à cette dégustation n’aurait pensé à…
IGP Cevennes Natur Ophile-Syrah de Simon Le Berre à Martignargues.

4ème vin : On change totalement de planète en mettant le nez dans le verre de celui-ci, olfactivement venu d’ailleurs c’est certain…. ou pas ! C’est bien mûr, avec un fruité noir qui évoque les fruits des bois comme la mûre ou la myrtille. On sent une présence solaire mais sans lourdeur, sans impression d’alcool. La couleur dévoilée est assez sombre et je m’interroge vraiment sur son pédigré et surtout son cépage.  Un vin plein, au profil gourmand et sudiste assumé mais qui garde un bel équilibre d’ensemble. C’est vraiment super bon et les sourires affichés confirment cette impression. Là encore je suis surpris quand l’origine est dévoilée…
Vin de France Les Boissières-Cinsault 2020 de Simon le Berre et Micha Martignargues.

J’avais déjà fait maintes et maintes dégustations à l’aveugle mais, la plupart du temps entre amateurs. On essaie alors souvent de découvrir l’origine du vin absolument pour gagner au jeu et on a tendance à souligner les défauts plus que les qualités en oubliant parfois que boire du vin doit rester un plaisir et non une compétition. La mise en condition par le biais de la sophrologie nous a permis de nous détendre déjà en posant tout ce qui peut parfois peser au quotidien et en mobilisant tous nos sens. C’était très intéressant d’écouter les impressions des uns et des autres, mélange de novices, amateurs et professionnels et surtout venant de tous horizons avec des origines diverses et variées qui ont enrichit ce moment. Le vin a vraiment ce pouvoir de réunir les êtres, de faire de la différence une véritable richesse et de les inciter à être dans le partage. Une belle soirée prolongée par le succulent buffet de Colette qui là encore nous a fait voyager en découvertes de saveurs et de textures.

Merci à Sandra pour son accueil dans sa cave pleine de joie, de Géraldine qui a su nous porter vers un ailleurs et de tous les participants à cette soirée qui ont contribué à voyage multi culturel et multi sensoriel.

Cyril Amelin - décembre 2021