Programmées régulièrement et depuis très longtemps dans mon planning annuel, certaines escapades viniques ont acquis le statut de pèlerinage. A l’instar de mes virées en terre bourguignonne ou beaujolaise, ce petit périple en pays sud-rhodanien que je réalise pour la troisième année consécutive avec mon ami Cyril, commence à mériter largement sa place parmi ces rendez-vous incontournables de mon carnet de voyage œnophile.
Partis de Vallon Pont d’Arc au petit matin, nous avons projeté une demi-journée de visites autour du massif des Dentelles de Montmirail avec deux étapes classiques à Beaumes de Venise et à Suzette et une découverte du côté de Châteauneuf du Pape.
Domaine de Fontavin à Courthezon
La dernière étape prévue par l’ami Cyril a été sélectionnée après la lecture de plusieurs commentaires élogieux publiés sur le net et qui mettaient en avant la qualité du travail et de la production de cette famille vigneronne de Courthezon. Il n’en fallait évidemment pas plus pour que deux oenophiles en goguette rajoutent une étape dans leur promenade estivale à travers les vignobles sud-rhodaniens…
Après une recherche aussi longue qu’infructueuse pour situer le domaine de Fontavin à l’aide de notre GPS, nous avons opté pour un guidage par téléphone et nous sommes arrivés à destination vers midi moins le quart.
L’entrée du caveau du domaine de Fontavin…enfin !
Hélène Chouvet, qui a rejoint le domaine parental en 1996 nous reçoit dans son caveau qui par bonheur est ouvert jusqu’à 12H30, ce qui nous laisse le temps de nous faire une première idée sur les vins produits au domaine sans empiéter trop longuement sur la pause de midi de notre hôtesse.
Elégante présentation de la gamme du domaine
Apéro au Châteauneuf…why not ?
Côtes du Rhône rosé 2012 : le fruité est délicat au nez comme en bouche (fraise et framboise), la matière est agréable, ronde et soyeuse avec une finale qui manque un peu de tonus à mon goût.
(80% grenache + 10% syrah + 10% cinsault)
Issu d’une saignée sur des jus provenant de différentes parcelles entre Courthezon et Bédarrides, ce rosé précis et bien juteux est un peu lourd pour moi mais laisse une belle impression de maitrise et suscite l’envie de découvrir la suite de la gamme.
Côtes du Rhône rouge 2010 : le nez est discret, fin et particulièrement charmeur avec des arômes de fruits mûrs et d’épices douces, la bouche est bien posée avec une texture suave et un équilibre gourmand et digeste.
(75% grenache + 10% mourvèdre + 10% syrah + 5% cinsault)
Issue de terroirs diversifié (argilo-calcaires, caillouteux, sableux), cette cuvée de Côtes du Rhône est un pur bonheur : savoureuse, équilibrée elle donne une belle impression de plénitude et de sérénité…le tout pour un prix d’une angélique douceur. Premier MIAM !!!
Vacqueyras Tradition 2012 : le fruité est beau (fruits rouges mûrs) et d’une grande pureté, la bouche est assez corsée avec des tanins souples et une finale longue et sapide.
(75% grenache + 25% mourvèdre)
Malgré sa mise récente cette cuvée provenant de vignes centenaires situées sur des terrasses sablonneuses au pied des Dentelles de Montmirail révèle une personnalité déjà très aboutie : un vin concentré qui a su garder une structure élégante et digeste…on en redemande !
Gigondas Combe Sauvage 2011 : le nez est ouvert et intense sur les fruits noirs bien mûrs et les herbes de garrigue, la bouche est dense et charnue avec une structure ample et sphérique, la trame tannique veloutée confère une grande douceur à la matière et la finale fraîche et aromatique prolonge des arômes fruités et réglissés et anisés (rouleau de réglisse).
(75% grenache + mourvèdre, syrah, cinsault, clairette rose)
Située en altitude (350 m) sur des éboulis calcaires et des marnes noires des Dentelles, cette « Combe Sauvage » a engendré un vin qui ne l’est pas du tout : charpenté mais très avenant, riche et concentré mais parfaitement équilibré, ce Gigondas est déjà magnifique aujourd’hui même si son origine et sa constitution lui confèrent un potentiel de grand vin de garde…personnellement je ne suis pas sûr de lui laisser le temps de vieillir, hélas !
Châteauneuf du Pape Tradition 2010 : le nez est riche, intense évolue continuellement en délivrant des arômes de fruits rouges et noirs compotés, de bâton de réglisse, d’herbes aromatiques et un léger fumé, la bouche volumineuse et concentrée trouve un équilibre très digeste grâce à une acidité fine et délicate qui se tend progressivement et une trame tannique dense mais très soyeuse, la finale est longuement aromatique avec des notes fruitées, épicées et une fine touche mentholée.
(grenache + syrah)
Ce vin est issu d’un assemblage de raisins provenant de terroirs bien différents : argiles rouges et galets roulés autour de Courthezon, grès et sables autour de Bédarrides. Egrappée à 100% et élevée pour 25% en demi-muids, cette cuvée Tradition montre déjà une plénitude étonnante dans sa définition aromatique et sa tenue en bouche. Excellent !!!
Châteauneuf du Pape David et Goliath 2010 : après une ouverture marquée par des notes d’élevage (vanille, caramel) le nez développe une palette très gourmande sur des fruits noirs confits et des épices douces, la bouche est puissante, concentrée avec une matière opulente structurée par une charpente tannique d’une grande finesse, la finale très longue laisse persister des notes de bois noble et d’épices.
(grenache 95%)
Elaborée à partir de vieux grenaches récoltés sur des terroirs de galets roulés et élevés plusieurs mois dans des demi-muids de chêne français, cette cuvée confidentielle haut de gamme est encore bien jeune pour être appréciée à sa juste valeur. Mais la richesse du jus, la qualité de l’élevage et la complexité de la palette aromatique nous laissent aucun doute sur l’avenir de ce vin : il est condamné à devenir très grand !
« David et Goliath » fait référence au nom des demi-muids où le vin de 2010 a été élevé. Pour 2012, on reste très biblique avec Rebecca, Moïse et Rachel.
Muscat de Beaumes de Venise 2011 : l’olfaction est intense et typée avec des notes de raisin mûr, de mile et de fleurs, la bouche est riche, très moelleuse avec une palette qui s’épanouit, se complexifie et laisse un sillage aromatique très persistant en finale.
(muscat à petits grains)
Pour mettre un point final à cette superbe série, ce muscat plantureux (plus de 100 g de SR) né sur les terroirs sablonneux situés au pied des Dentelles tombe à point nommé…un vin expansif et gourmand MIAM !
- la famille Chouvet cultive 45 hectares de vignes sur 8 communes différentes autour de Courthezon. En conversion depuis 2008, l’ensemble de la production du domaine de Fontavin est labellisée bio à partir du millésime 2011 : les vignes sont travaillées sans produits chimiques de synthèse, les parcelles sont enherbées ou labourées selon leur situation et les vendanges sont manuelles sur 80% de la superficie.
En 2012 la mention « vin biologique » apparaît sur les étiquettes : c’est la validation officielle de pratiques saines et naturelles en cave (pas d’intrants, pas de collage, filtrations réduites, baisse des doses de SO2…).
La plupart des cuvées sont élevés en cuves béton, les demi-muids ne sont utilisées que pour le Châteauneuf du Pape (25% dans la cuvée tradition et 100% dans la cuvée David et Goliath).
Une petite partie du chai avec plusieurs types de contenants…mais sur l’ensemble de la surface c’est la cuve béton qui domine.
- Malgré la rapidité de notre visite au domaine de Fontavin (près de 45 mn quand même !) nous avons été séduits par la qualité de l’accueil et par le très haut niveau général des cuvées proposées dans leur gamme actuelle.
Par manque de temps nous avons choisi de limiter notre dégustation aux cuvées rouges et nous avons beaucoup apprécié ces vins stylés mais très abordables qui affirmaient des identités propres bien marquées par leur terroir tout en partageant une nature très gourmande.
- Mon traditionnel « coup de cœur » ira tout naturellement à l’ensemble de la gamme rouge du domaine de Fontavin : depuis le Côtes du Rhône, séducteur absolu après deux ans de garde, jusqu’à la grands cuvée « biblique » de Châteauneuf du Pape au potentiel exceptionnel, chaque bouteille mérite de figurer en bonne place dans la cave d’un amateur de vins rhodaniens.
Pour être complet, il me faut relever l’exceptionnel rapport Q/P de l’ensemble de la gamme proposée par ce domaine et prévenir aussi mes amis alsaciens que ces vignerons seront présents au « Salon des Caves Particulières de Strasbourg ». A bon entendeur…
Et pour y aller sans vous perdre…
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