Visite 2013 au domaine Salel-Renaud à Faugères
Découvert l’année passée ce couple de jeunes vignerons qui s’est établi dans le petit village de Faugères produit une série de vins qui révèle avec éclat la richesse et la valeur de ces terroirs de la montagne ardéchoise, encore largement méconnus et sous-estimés à l’heure actuelle.
Après une première visite qui m’avait permis de déguster une gamme homogène et de très haut niveau, il était évident pour moi que je ne pouvais pas terminer mon séjour estival en Ardèche sans avoir rencontré une nouvelle fois Elise Renaud et Benoît Salel. C’est parti !
Planzolles…village perché sur la route entre Lablachère et Faugères
Arrivé à destination, la vue sur la vallée de l’Ardèche est toujours aussi belle !
Après mon « jeu de piste » réalisé avec beaucoup de difficultés en 2012, Faugères n’a plus de secrets pour moi et je retrouve sans hésiter la maison de l’oncle du couple de vignerons où nous avions fait connaissance l’année passée…mais comme les cuves et les barriques ont envahi la totalité de la superficie de la cave, Elise et Benoît m’invitent à déguster leurs vins dans leur maison d’habitation située un peu plus haut dans le village.
La maison Salel-Renaud à Faugères
Le problème du manque d’espace qui avait déjà été évoqué l’année passée devient vraiment de plus en plus préoccupant pour ces vignerons « Nous avons colonisé chaque mètre carré disponible sur ces deux maisons…mais ce n’est vraiment pas pratique ». Leurs projets de construction d’une cave et d’une maison d’habitation qui les rapprocheraient de leurs vignes et leur donneraient un peu plus d’espace, n’avancent que très lentement, car ils ne trouvent pas de bien à acheter : « L’ardéchois ne vend pas facilement sa terre…en plus avec la pression immobilière actuelle, tous espèrent toucher le gros lot un jour… ».
J’espère sincèrement que cette situation se débloque rapidement…ces jeunes vignerons enthousiastes méritent de pouvoir exprimer leurs talents de vinificateurs dans des conditions plus faciles !
La gamme de cette année s’est enrichie de plusieurs nouvelles cuvées et se compose maintenant de 3 vins blancs, 1 vin rosé, 4 vins rouges et 2 vins moelleux.
Cette série de bouteilles est complétée par 3 cuvées (blanc, rosé, rouge) baptisées « Le Canichet » et conditionnées en BIB.
Piqueberle 2011 : le nez est très élégant avec un bouquet floral bien complexe, la bouche assez grasse tapisse les papilles avec beaucoup de volupté, la finale est nette et finement acidulée.
(95% grenache + 5% syrah et merlot)
Cette cuvée de rosé très légèrement teinté conçue à partir d’un pressurage direct de raisins noirs, garde un côté réservé sur le plan aromatique (surtout pour ce type de vin) mais révèle une présence en bouche qui laisse facilement envisager quelques associations culinaires très intéressantes.
Un rosé suave mais vineux…très gastronomique !
Galinette 2012 : le nez est très charmeur sur la pêche blanche et les fleurs, la bouche est bien déliée avec une structure légère et souple et de beaux arômes de violette qui s’épanouissent, la finale est bien digeste.
(55% viognier + 25% roussane + 20% vermentino)
Le nom de cette cuvée m’évoque un personnage de Pagnol mais en fait, « galinette » signifie tout simplement « coccinelle » en occitan. Assemblage issu de parcelles de jeunes vignes (roussane et vermentino replantées en 2010) et d’une parcelle de viognier (nouveau fermage), ce vin blanc frais à l’aromatique assez sophistiquée se livre cependant avec simplicité et facilité.
Une des deux cuvées sélectionnées par « Le Point » du 27 juin, consacré aux meilleurs vins d’été…Mérité !
Qué sa quo 2012 : la palette est complexe et harmonieuse, florale et finement vanillée, la bouche est riche avec un toucher très onctueux, la finale est franche et longuement aromatique.
(100% viognier)
Vinifiée et élevée à la bourguignonne durant 10 mois en barriques, cette cuvée, qui a déjà bien digéré sa mise récente, se pose avec volupté en bouche tout en conservant une petite pointe tonique très agréable en finale. MIAM !.
Imagin’aïre 2012 : le nez assez discret livre de belles notes de fruits jaunes avec une petite pointe d’élevage, la bouche est pleine de chair et d’énergie, la finale marquée par une petite pointe de fraîcheur prolonge une palette qui séduit par sa grande complexité.
(100% roussane)
Cette cuvée rare issue d’une parcelle gréseuse en terrasses située à Faugères montre une très belle harmonie sur ce millésime : les sols très pauvres de grès très clair qui réverbèrent le rayonnement solaire produisent des raisins souvent très mûrs mais comme le dit Benoît Salel « cette vigne que nous avons replantée en 2008 commence à trouver son équilibre »…très belle réussite !
Les terrasses des « Imagin’aïre ».
Mescladis 2011 : le nez est superbe, ouvert et évolutif il propose une palette sur les fruits rouges (fraise, bigarreau) et les fleurs (iris, pivoine), la bouche est équilibrée et particulièrement juteuse, la finale est glissante, sapide et joliment florale.
(80% gamay + 20% grenache)
Sur ce millésime cette cuvée qui laisse une large place au gamay – « un super cépage, qui réussit très bien en Ardèche » - a été élevée presque exclusivement en cuve se livre dès à présent avec simplicité et gourmandise en nous offrant un pur moment de plaisir.
Voilà la deuxième bouteille sélectionnée par « Le Point »…Coup de cœur pour moi aussi !
Trefol 2011 : le nez est fin et discret sur les fruits noirs bien mûrs et le épices, en bouche la matière est très large avec une trame tannique un peu plus saillante mais toujours bien veloutée qui soutient une finale longuement aromatique.
(55% merlot + 25% syrah + 20%grenache)
Avec des jus élevés durant 13 mois en barriques (de 1 à 2 vins pour les merlots et les syrahs et de 3 à 4 vins pour les grenaches), Tréfol entre dans la catégorie des vins plus ambitieux qui se laissent approcher avec un peu moins de facilité dans leur prime jeunesse. Ceci dit, avec ce 2011 plein de chair et d’énergie positive, la tentation de commettre un infanticide vinique est vraiment grande…
Trefol 2009 : le nez est discret avec un fruité mûr, de petites notes vanillées et une légère touche alcooleuse, la bouche est généreuse mais l’équilibre reste assez digeste, la finale est agréable mais avec une pointe de chaleur.
Issu d’un millésime solaire cette cuvée qui semble avoir quelques difficultés pour trouver son équilibre se goûte cependant sans déplaisir. A boire à table avec un plat fort en saveurs…
Jeux Interdits 2011 : le nez est fin, élégant et complexe (fruits noirs, épices, herbes de garrigue, réglisse…), la bouche est splendide, ample, charnue, sphérique avec une finale longue et digeste.
(100% syrah)
Issue d’une très belle parcelle de syrah plantée en haute densité sur un coteau schisteux très pentu cette micro-cuvée est simplement magnifique. Elevée durant 18 mois en barriques (l’une neuve, l’autre de 1 vin) elle a donné naissance à 600 flacons précieux et terriblement raffinés…Très grand vin !
Le Temps qui Reste 2011 : le nez est discret et beaucoup moins sauvage que lorsque j’ai dégusté cette cuvée en cours d’élevage l’année passée, la matière est riche, solidement charpentée et la finale s’affine en proposant une jolie fraîcheur et une complexité aromatique naissante.
(100% chatus)
Issu d’un cépage local qui représente l’identité du vignoble ardéchois, cette cuvée dont la rusticité contraste assez fortement avec le soyeux très classieux du vin précédent se déguste pourtant avec bonheur en ce moment…mais je reste persuadé que « Le Temps qui Reste » est avant tout un vin de garde.
Grains d’Ambre 2011 : le nez est fin et complexe sur le coing frais, l’abricot confit, les fleurs blanches et le miel, la bouche est moelleuse avec un toucher très onctueux et un petit côté acidulé qui donne de la fraîcheur à l’ensemble.
(100% viognier)
Des grains légèrement botrytisés ramassés durant la première quinzaine de novembre, ont généré une cuvée riche (13° - 90 g SR) mais digeste qui se démarque par une palette aromatique très complexe…un essai bien transformé, bravo !
Granyuls 2011 : le nez est un peu étrange, dominé par des notes de fruits blancs (banane, poire…), la bouche est beaucoup mieux en place avec une matière riche et une structure très élégante, la finale qui présente une fine trame tannique est bien fraîche et longuement aromatique.
(100% grenache)
Vendangés bien mûrs ces grenaches ont été mutés sur grains (à 1035 de densité) pour réaliser ce vin original encore un peu confus au nez mais dont la présence en bouche ravit les papilles. Joli !
Le binôme de « petites douceurs » du domaine Salel-Renaud
- Conformément à mes attentes cette nouvelle visite à Faugères a confirmé l’excellente impression ressentie lors de mon premier passage chez Elise et Benoît en 2012. C’est avec beaucoup de plaisir que je suis la trajectoire de ces vignerons enthousiastes et courageux qui s’investissent sans compter pour mettre en lumière la qualité des terroirs ardéchois.
Comme je l’ai souligné plus haut, ces vignerons ne travaillent pas dans des conditions optimales mais leur motivation reste intacte et leurs talents conjugués font merveille à la vigne comme en cave.
Ceci dit, je pense que lorsque leurs projets de construction auront pu se réaliser et qu’ils pourront enfin exercer leur métier dans des espaces de travail plus fonctionnels leur production fera un nouveau bond qualitatif…bien évidemment, c’est tout le mal qu’un amoureux des vins d’Ardèche comme moi leur souhaite !
- Leur gamme de vins qui s’est enrichie de plusieurs nouvelles cuvées donne une image bien complète de ce que le vignoble ardéchois peut produire de beau et de bon.
Pour les vins blancs toujours aussi expressifs sur le plan aromatique, j’ai constaté avec plaisir que sur ce nouveau millésime les équilibres avaient gagné en finesse et en fraîcheur : « nous vendangeons un peu plus tôt et nous bâtonnons beaucoup moins nos vins en cours d’élevage »…Sage décision !
Face aux vins rouges, le sentiment laissé par ma dégustation de l’année passée s’est vraiment confirmé : les Salel-Renaud nous régalent avec une série de cuvées hautement qualitatives, qui les place sûrement parmi les meilleurs producteurs ardéchois.
- Au niveau du tarif il n’y a pratiquement pas eu de changement par rapport à 2012 : les prix vont de 5,20 euros pour le rosé jusqu’à 22,50 euros pour le magnifique « Jeux Interdits », qui sera d’ailleurs ma cuvée coup de cœur de cette année.
Merci à Elise et Benoît pour ce sympathique rendez-vous vinique et bonne chance à eux pour leurs projets futurs.
A l’année prochaine…
Terrasses et châtaigniers près de Faugères…ambiance « montagne ardéchoise »
Commentaires
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- 1. Coline THIBAUT Le 11/11/2016
Merci pour vos vins délicats, parfumés et plein de poésie, un pur bonheur.
L'Ardèche peut être fière du travail et du talent de ses viticulteurs.
Bonne continuation et plein succès pour vos futurs projets.
Une ardéchoise authentique qui vous apprécie.
Coline Thibaut-
- pierre_radmacherLe 15/11/2016
Bonjour Coline, Ce n'est pas moi qu'il faut remercier...je ne suis que le rédacteur de cet article qui parle du domaine Salel-Renaud
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- 2. Poupon Le 06/09/2016
Pour etre alle a Faugeres pour la 3 eme fois nous avons subit une forte augmentation des tarifs et malgré un chèque de plus de 500 e pas un sourire ni un remerciement de la patronne.Heureusement que les anciens sont plus sympa.Le succes monte à la tête quelques fois. L'annee prochaine nous choisirons un autre vigneron. -
- 3. simon Le 18/02/2016
Bonjour Benoit
bon souvenir du salon off.Je déguste tes vins surprenants?Vraiment une découverte!
On passera te voir début Mars.
à bientôt
Simon -
- 4. dutour Le 16/12/2015
apres avoir deguste que sa quo en restaurant sur tours-37 peut on esperer trouver ce breuvage a la vente chez des cavistes en indre et loire?
cdlt-
- pierre_radmacherLe 25/12/2015
Bonjour, Je ne peux pas répondre à votre question. Je vous suggère de prendre contact directement avec les vignerons. Domaine Salel & Renaud La Charrière 07 230 FAUGERES Tél Fixe 04 75 39 48 19 Tél Portable 06 63 96 11 92 @ : elise.rd@free.fr @+ Pierre
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- 5. Christine Chabanne Le 30/10/2015
Bonsoir,
J ai déguster le temps qu'il reste"un bon vin et de plus Ardèchois.j 'aimerai en acheter? -
- 6. Rigaud Ressayre Le 13/08/2014
Bonjour,
Etant vigilant au respect du vin et des détails.
Nous avons mangés dernièrement chez Vincent et Michèle ( très bien) est fut très étonné que l'on nous propose un Chatus, portant le nom de 'Le Temps qui Reste' sans notification apposé: Chatus ce qui nous laisser un doute, je penses qu'il serait plus sage de mettre Chatus sur vos bouteilles,
le 'Qué sa quo 2012' vous avez noté Viognier, donc le cépage est précisé.
Vous pouvez comprendre que l'on peux vous annoncer un vin et consommer tout autre cépage ! cela c'est déjà vue...
Veuillez accepter mes salutations.
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