Après un début de printemps dédié au vignoble alsacien, mon programme d’échappées œnophiles se poursuit par le traditionnel périple sudiste qui va me faire voyager entre Languedoc et Vallée du Rhône pour rendre visite à quelques vignerons bien connus mais aussi pour découvrir de nouvelles adresses…histoire d’allonger encore un peu la liste de mes étapes viniques incontournables dans cette belle région.
Pour une fois, mon voyage aller vers Port Camargue sera direct – je ne vais quand même pas déranger des vignerons le dimanche ! – et mon programme vinique débutera le lundi par une visite dans les Costières de Nîmes au Château Mourgues du Grès.
La seconde journée sera languedocienne avec un déjeuner chez Olivier Bontemps à Béziers – un endroit idéal pour commencer une belle journée gourmande – et un après-midi qui me permettra de faire la connaissance de Julien Peyras, un vigneron de Paulhan qui produit des vins « zéro intrants » pour terminer, par une nouvelle rencontre avec les Supply-Royer à Arboras…étape évidemment indispensable !
Après une petite journée de transition pour récupérer un peu et rejoindre l’ami Cyril à Vallon Pont d’Arc, le dernier jour de mon périple me fera voyager une fois de plus autour des Dentelles de Montmirail en compagnie de mon guide préféré qui a prévu de visiter 5 domaines : Marcel Richaud, Elodie Balme, La Monardière, La Ferme Saint Martin et La Roche Buissière.
Hoppla, c’est parti !
Domaine Marcel Richaud à Cairanne
Après un jour de transit qui m’a conduit de mon appartement à Port Camargue jusqu’à Vallon Pont d’Arc et qui s’est conclu par un repas festif savamment arrosé chez mes amis ardéchois, je pars direction de la vallée du Rhône en compagnie de mon guide attitré pour un très long « Périple autour des Dentelles » qui va commencer par une halte chez une valeur sûre de la région : le domaine Marcel Richaud à Cairanne.
Ciel bleu et mistral –comme souvent – à Cairanne avec les Dentelles et le Ventoux à l’horizon.
Il est 10 heures du matin, le caveau est déjà ouvert et Claire Richaud est à pied d’œuvre pour nous faire goûter les cuvées actuellement disponibles au domaine.
Le caveau du domaine Richaud prêt à accueillir les visiteurs.
Dress code marin pour Cyril et Claire Richaud…la dégustation peut commencer.
Cairanne blanc 2016 : nez discret, palette fraîche et raffinée, notes florales (lilas) et citronnées, matière assez riche avec un joli gras, finale tonique et appétante.
(35% clairette + 31% bourboulenc + 12% roussanne + 10% vermentino + 6% viognier + 3% grenache blanc + 3% marsanne).
Il y a deux ans j’avais goûté la version 2014 de cette cuvée qui m’avait semblée un poil trop généreuse mais là, j’ai été immédiatement conquis par la finesse et la vivacité de ce très joli vin blanc. MIAM !
Côtes du Rhône Terre de Galets 2016 : fruité ouvert et complexe au nez, notes de pêche blanche, de prune bien mûre et d’épices provençales, jus équilibré et bien glissant, tanins veloutés, finale sapide avec un retour aromatique bien long sur les fruits et les herbes de garrigue.
(40% grenache + 30% carignan + 25% syrah + 5% mourvèdre).
Toujours très sociable dès son plus jeune âge cette cuvée d’entrée de gamme est un petit bijou de gourmandise et de buvabilité…voilà une bouteille à encaver sans compter pour accompagner les agapes estivales à venir. MIAM !
Cairanne 2016 (sans SO2) : fruité pur et expressif au nez, jus gouleyant avec une texture très douce, finale fraîche et glissante.
Cairanne 2016 : nez plus discret, palette complexe sur les fruits noirs (prune, myrtille), la réglisse et les épices, jus dense, équilibre frais et précis, finale tonique avec un sillage caractéristique sur les herbes de garrigue.
(51% mourvèdre + 30% grenache + 14% syrah + 5% carignan)
Comme toujours la cuvée « phare » du domaine Richaud nous est proposée en deux versions : l’une sans sulfites ajoutés qui brille par sa finesse et sa pureté, l’autre vinifiée plus traditionnellement qui est déjà très bien en place et qui nous séduit par sa complexité et son équilibre…deux vins finalement très différents mais qui se complètent merveilleusement !
Rasteau 2016 : nez discret sur les fruits noirs (quetsche, cassis) et les épices douces (cannelle), jus épais et concentré en bouche, trame tannique vivre et serrée, finale intense et assez virile.
(grenache + syrah).
Cette cuvée que je déguste pour la première fois est impressionnante de puissance mais pose un vrai contraste avec le style svelte et élégant des autres vins de la gamme.
Si à l’heure actuelle, ce vin est encore un peu « too much » pour moi…il est évident qu’il a toutes les qualités requises pour supporter les quelques années en cave qui lui permettront de s’assagir un peu.
Cairanne L’Ebrescade 2015 : nez marqué par une petite réduction à l’ouverture, l’aération révèle une palette complexe et raffinée avec des notes de fruits rouges et noirs sur un fond floral très élégant, matière concentrée et bien structurée en bouche, équilibre frais et digeste, finale très ciselée avec un long sillage épicé.
(38% mourvèdre + 32% syrah + 30% grenache).
Avec une année d’élevage supplémentaire, la cuvée « mythique » du domaine Richaud est déjà parfaitement en place et nous régale par sa texture veloutée et son équilibre harmonieux.
C’est un grand vin qu’on pourra surement garder de longues années en cave mais comme il se goûte tellement bien aujourd’hui que cela risque d’être difficile pour bon nombre d’amateurs. MIAM !
La sélection du jour
Cette fois ci je n’aurai pas laissé passer un lustre avant de refaire une nouvelle visite chez les Richaud puisque mon dernier passage à Cairanne ne remonte qu’à 2016…mais deux ans suffisent amplement pour entamer dangereusement ma petite réserve de vins du domaine dans ma cave.
Autant dire que j’ai été ravi d’apprendre que Cyril avait choisi de commencer ce périple par une nouvelle halte au caveau de ce domaine.
Cette nouvelle dégustation de quelques références signées Richaud, j’ai senti une vraie évolution au niveau des équilibres recherchés dans les vins : ils restent méridionaux dans leurs expressions aromatiques tout en présentant des matières plus digestes et des équilibres plus frais.
Ce style plus accessible est obtenu grâce à une gestion très précise des maturités et à un travail particulièrement soigné en cave : la vendange est rafraîchie, les vinifications se font avec un contrôle très strict des températures, les extractions sont dosées avec mesure et les durées de fermentation sont plus courtes.
J’ai beaucoup apprécié l’accessibilité et la buvabilité des vins dégustés ce matin et dès la première gorgée de Cairanne blanc (un vin que je trouvais toujours un peu trop lourd à mon goût) j’ai été conquis par l’élégance et la fraîcheur de son jus fruité…des qualités que j’ai retrouvé avec grand plaisir dans la gamme rouge du domaine (sauf peut-être dans le Rasteau).
Comme en 2016, j’aurai beaucoup de difficultés à isoler un coup de cœur dans une offre vinique qui présente une telle homogénéité qualitative, mais en termes de rapport Q/P, je crois qu’il faut absolument citer la cuvée « Terre de Galets » : un vin fait pour apporter de la joie et de la gourmandise, un vin de fête, un vin de copains…un vin indispensable tout simplement !
Milles mercis à Claire Richaud pour son accueil toujours aussi sympathique.
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