Pour effectuer ma dernière journée de vendanges en 2014, le domaine de l’Oriel s’est imposé à moi comme une évidence : je ne pouvais pas laisser passer ce millésime sans avoir coupé quelques raisins du côté de Niedermorschwihr !
Je n’oublie pas que c’est avec Claude et Sandrine Weinzorn que j’ai pu donner mes premiers coups de sécateur en janvier 2009 pour récolter des baies de gewurztraminers gelées…excusez du peu !
Depuis, je reviens chaque année passer une ou deux journées avec l’équipe de vendangeurs du domaine de l’Oriel, histoire de tester ma forme physique sur les pentes escarpées du Sommerberg ou du Brand.
Le soleil brille, il fait chaud et le programme de ce jeudi prévoit la récolte des rieslings sur les Grands Crus…plus d’hésitation possible, hoppla c’est parti !
Le Kougelhopf du Sommerberg, le Florimont un peu plus loin et Colmar à l’arrière-plan…on n’est pas bien là ?
Il est 8 heures, ça bouge déjà pas mal dans les rues étroites de Niedermorschwihr et au domaine de l’Oriel c’est le départ vers la première parcelle : les bottiches et les seaux sont sur le camion et les vendangeurs sont serrés sur les banquettes des camionnettes…direction le coteau du Florimont pour récolter les rieslings qui entreront dans la cuvée Grand Cru éponyme du domaine.
Claude Weinzorn assiste au début de la vendange puis retourne en cave pour préparer le pressoir, laissant la direction des opérations à son épouse.
Il n’y a pas besoin de trier car l’état sanitaire des raisins est impeccable mais il y a vraiment peu de fruits : « On n’oublie aucune grappe et on ramasse soigneusement tous les fruits qui tombent par terre ».
Attaque du Florimont sous l’œil de la patronne.
Ambiance magique dans le Florimont avec vue sur Niedermorschwihr et le Sommerberg
Les rieslings du Florimont…superbes !
Les grappes et les baies sont très petites mais la maturité est vraiment top et la dégustation des raisins révèle une matière suave avec une acidité fine et longue annonciatrice d’une belle empreinte minérale.
Les rangs du Florimont sont courts et la pente est moyenne…idéal pour un échauffement !
La fidèle « Bégo », mascotte de la vendange comme chaque année.
Peu de quantité mais une qualité exceptionnelle.
Sur cette petite parcelle de vieilles vignes (64 ans cette année) nous avons récolté des fruits parfaits mais avec un volume total de 3 bottiches et demie la quantité n’est hélas pas au rendez-vous.
Quelques heures plus tard le résultat après pressurage va confirmer ces impressions : 14° naturels et un jus délicieux mais 200 litres en tout et pour tout…une misère !
Avant d’attaquer la vraie « montagne », nous faisons une pause casse-croûte au pied du Florimont avec café, thé et gâteaux…on ne s’attaque jamais au Sommerberg avec le ventre vide !
Pause matinale sous le soleil.
Les parcelles de rieslings de Claude Weinzorn se trouvent presque toutes dans le second amphithéâtre du Sommerberg et dès la montée dans mon premier rang je sens que la journée va être compliquée…
Les porteurs ne sont pas vraiment à la fête sur les pentes du Sommerberg…
Une première parcelle dans le secteur du « Herrenberg »…ça monte !
Avec un piquet à la verticale, on peut prendre conscience de la pente…
…mais au bout de l’effort, des fruits splendides !
Il fait chaud, on a bien du mal à tenir debout sur ces coteaux vraiment abrupts mais quel plaisir de couper ces raisins : de petites baise dorées gorgées d’un jus qui nous laisse déjà deviner ces notes un peu exotiques qui font la beauté des vins du Sommerberg…j’avoue que j’en ai croqué quelques unes pour prendre un peu d’énergie dans la montée !
Tout compte fait je vais peut-être descendre sur les fesses !
Belle récolte !
La pause de midi se déroule au domaine où les vendangeurs partagent un repas tiré du sac ; en tant qu’invité du jour je mange à la table des patrons dressée sur leur terrasse face au Sommerberg – histoire de ne pas oublier qu’on y retourne dans pas longtemps – et comme d’habitude ils ont commandé leur plat du jour chez Jean-Philippe Guggenbuhl de la Taverne Alsacienne : au menu, bœuf Strogonoff et petits légumes accompagnés par une bouteille d’eau fraîche.
Le programme de cet après-midi demandera encore beaucoup d’énergie et une pleine maîtrise de notre sens de l’équilibre…des exigences peu compatibles avec une prise d’alcool. Soyons raisonnables !
La première parcelle de l’après-midi…un peu raide pour digérer, non !
Besoin de souffler au sommet…
…mais des raisins toujours aussi beaux.
La descente est plus simple par le chemin de randonnée qui contourne la parcelle.
Le départ de la parcelle du « Poulailler » avec une pente toujours aussi abrupte…
…où même les pieds de vigne perdent l’équilibre.
La journée se termine doucement et certains vendangeurs ont adopté la position assise pour couper les raisins.
Une superbe salamandre, visiteur rarissime sur le Sommerberg.
Notre terrain de jeu de la journée.
La récolte est normale au niveau de la quantité – au domaine de l’Oriel, les rendements sur le Sommerberg se situent toujours entre 30 et 40 hl/ha) – mais les premières mesures de densité au réfractomètre annoncent des potentiels très élevés sur chaque bottiche.
Une bottiche de raisins du Sommerberg au dessus de 14° potentiels comme toutes les autres…
De retour au domaine, Claude et Sandrine discutent longuement pour sélectionner les raisins qui entreront dans la « Cuvée Arnaud » : les richesses étant pratiquement égales dans chaque bottiche, ils décideront de prendre celles provenant des plus vieilles vignes.
Il faut repérer les bottiches sélectionnées sur le camion à l’aide du plan tracé au moment du chargement, faire un petit « Tétris » et glisser les contenants choisis vers l’avant du camion pour charger le pressoir.
Sandrine au repérage et Claude qui charge le pressoir.
Le premier jus qui coule dans la maie confirme totalement les prévisions : 14°7 et un goût d’une finesse absolue…une matière première d’exception !
Verdict à la craie sur l’inox du pressoir : 14°7 dans l’éclat du flash
Maintenant la balle est dans le camp du vinificateur…mais je crois sincèrement que les rieslings Sommerberg 2014 du domaine de l’Oriel feront parler d’eux dans les prochaines années.
Depuis le temps que je participe aux vendanges chez Claude et Sandrine Weinzorn je n’avais encore jamais eu l’occasion de couper des rieslings sur leur Grand Cru emblématique…c’est chose faite aujourd’hui !
Après une petite mise en train sur le Florimont j’ai passé quelques heures à grimper sur les pentes du Sommerberg sous un beau soleil d’automne et j’ai vraiment aimé faire ça même si j’avoue avoir été bien content de retrouver mon lit le soir pour donner un peu de repos à ma vieille carcasse que j’ai quand même un peu malmené durant cette journée.
La vendange du jour a été exceptionnelle en qualité : des raisins magnifiques et des premiers jus extrêmement prometteurs…il y a sans conteste de quoi sortir quelques vins d’anthologie. Au boulot Claude !
Pour déjouer les nombreux pièges de ce millésime compliqué le choix des dates de vendanges a été l’une des clés et je crois que les Weinzorn ont pris de bonnes décisions pour tirer le meilleur de leurs vignes.
Les raisins récoltés en ce début d’octobre vont donner des vins généreux et exubérants comme on a pris l’habitude d’en déguster au domaine de l’Oriel.
Les raisins vendangés plus tôt (pinots auxerrois, muscats, sylvaners et pinots noirs) qui ont nécessité un énorme travail de tri et dont j’ai dégusté les jus en début de fermentation (le 25 septembre), vont permettre à Claude de réaliser une gamme alliant gourmandise et légèreté avec des goûts parfaitement nets et des matières bien glissantes.
Aujourd’hui, tout est là pour réaliser une gamme hautement qualitative et très diversifiée…le seul problème sera la rareté de certaines cuvées. A bon entendeur… !
Avec un raisin comme ça on ne peut que faire du bon vin…non ?
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