Dégustation de vieux vins au domaine Bernard Bohn

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La nuit est tombée à Reichsfeld

Lors de mon dernier passage au domaine – une visite rapide, histoire d’acheter quelques quilles de crémant pour arroser mon anniversaire – Arthur Bohn m’annonce qu’il projette d’inviter quelques amateurs de vins pour une soirée consacrée à de vieux flacons alsaciens et qu’il serait heureux de me compter parmi ses invités.
Malgré une météo du jour un peu alarmiste qui prévoyait des chutes de neiges sur la plaine d’Alsace, je n’ai pas hésité à modifier mon emploi du temps du week-end pour partir en direction de Reichsfeld et participer à ce petit happening gastronomique organisé au domaine Bohn.
Hoppla c’est parti !

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Le caveau est prêt pour la dégustation.

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Le buffet est en place

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Arthur Bohn en compagnie de Nicolas Riotte, le boucher-traiteur de Rombach le Franc, qui a livré ce beau buffet…la soirée peut commencer !


Crémant d’Alsace Extra-Brut Millésimé 2007 – B. Bohn à Reichsfeld : nez discret, fruits jaunes compotés et épices, sec et vineux en bouche, bulle très fine, présence épicée qui s’intensifie, sillage aromatique long, notes de fruits secs et amers très appétants.

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Déjà goûté à l’occasion de ma récente visite au domaine en compagnie de Claude Weinzorn, ce crémant au caractère original bien affirmé fait toujours son effet…voilà une soirée qui commence bien !


Crémant d’Alsace 1985 – B. Bohn à Reichsfeld : nez bien frais, presque juvénile, notes de raisin mûr et de rhubarbe, bouche légère avec une mousse très fine mais évanescente, finale salivante avec de beaux amers.

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Sur lattes depuis plus de 30 ans cette cuvée dégorgée en direct ce soir a vraiment étonné tout le monde par son énergie et sa jeunesse.

Bernard Bohn a commencé à s’intéresser de près à la vinification des crémants après une formation en Champagne en 1982 et ces deux bouteilles peuvent être considérées comme des bornes qui marquent son cheminement dans le monde des bulles.


Sylvaner Vieilles Vignes 1999 – B. Bohn à Reichsfeld : première bouteille avec une aromatique marquée par un petit « liège » mais avec une présence fraîche et longiligne en bouche ; seconde bouteille avec une pointe d’oxydation et une matière plus ample et plus large en bouche.

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Ces deux bouteilles de sylvaner 1999 dont on devine encore la belle prestance originelle apportent la preuve que les effets d’un bouchage défaillant s’amplifient au fur et à mesure que le temps passe…Dommage !


Muscat Grand Cru Goldert 1985 – Cave de Pfaffenheim : nez délicat, notes de chlorophylle sur un fond floral discret, présence sensuelle en bouche, finale fraîche avec un sillage « Hollywood » assez long.

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Muscat Grand Cru Eichberg 1988 – P. Ginglinger à Eguisheim : olfaction marquée par des notes de torréfaction (pain grillé, caramel brulé), volume et densité en bouche, finale nette qui laisse apparaitre de beaux arômes mentholés.

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Ces deux vieux muscats sont encore bien en forme pour leur âge même si je reste persuadé que ce cépage est plutôt destiné à produire des vins de fruit et de gourmandise qui doivent être bus dans leur jeunesse…ceci dit, je dois reconnaître que le Goldert 1985 était vraiment sublime !


Riesling Grand Cru Winzenberg 1993 – H. Metz à Blienschwiller : nez finement muscaté et petites notes d’évolution (herbes sèches), droit, longiligne et très frais en bouche.

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Riesling Schieferberg 2002 – B. Bohn à Reichsfeld : nez complexe, agrumes et miel d’acacia, bouche ample, structure assez large, finale franche avec des amers minéraux et un long sillage aromatique sur la bergamote.

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Riesling 1987 – B. Bohn à Reichsfeld : nez discret mais assez complexe, marmelade d’orange, cire d’abeille…, attaque souple en bouche, matière fluette mais acidité droite, finale légèrement camphrée.

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Riesling Grand Cru Wiebelsberg 1982 – A. Gresser à Andlau : nez fin et très aérien, belle notes de menthe fraîche, structure élégante et bien déliée en bouche, finale pointue et saline, long sillage minéral.

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Riesling 1980 – E. Rentz à Zellenberg : nez peu expressif, petites notes miellées, acidité puissante en bouche, matière un peu grossière, finale tonique avec une petite astringence.

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La dégustation d’une quintette de rieslings d’âge vénérable – 14 ans pour le plus jeune et 36 ans pour le plus vieux – nous a permis de vérifier quelques hypothèses sur la tenue de ces vins face au temps.
En premier lieu on a pu voir que les rieslings alsaciens n’avaient pas peur de vieillir : les cinq vins se tenaient encore debout avec une certaine prestance même si les grands vins de terroir ont nettement dominé les cuvées génériques…normal !
Nous avons également constaté que les rieslings nés sur des terroirs granitiques s’affinent dans le temps en révélant davantage leur caractère minéral mais il me semble cependant que ce Winzenberg et ce Wiebelsberg avaient dépassé leur apogée depuis quelques temps.
Pour finir, le riesling Schieferberg 2002 qui a survolé les débats prouve que ce beau terroir de Reichsfeld mérite amplement sa reconnaissance comme 1° Cru.


Chassagne Montrachet 2000 – O. Leflaive à Puligny : nez complexe, notes de cuir et de terre humide sur un fond floral délicat, matière dense, tannins présents mais assez souples, finale digeste avec une fine amertume.

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Pinot Noir Clos du Val Saint Grégoire 1999 – A. Meyer à Zimmerbach : nez évolué mais assez agréable, fruité discret, notes de rose fanée, très léger et filant en bouche, finale simple mais belle buvabilité.

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Pinot Noir 1992 – B. Bohn à Reichsfeld : nez assez complexe mais pollué par un soupçon de liège, matière assez légère droit mais charpente encore très solide, finale courte marquée par une petite amertume.

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Corton 1997 – P. Marey à Pernand Vergelesses : nez évolué, palette raffinée, notes de cuir et évocations minérales intenses (terre glaise, graphite), matière concentrée, structure très solide, acidité puissante, finale longue mais un peu trop rustique à mon goût.

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La petite série de pinots noirs nous propose un match amical Bourgogne/Alsace que les deux crus de la Côte de Beaune remportent très facilement…bon, il faut reconnaître que le duel n’était pas très équilibré avec une doublette de pinots noirs génériques alsaciens opposée à un Grand Cru un peu austère mais d’une profondeur minérale impressionnante et un Chassagne vinifié avec une grande expertise, flatteur et équilibré à souhait.


Tokay d’Alsace 1981 – Cave de Turkheim : olfaction discrète, ample et gras en bouche, fine présence tannique, finale bien fraîche.

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Pinot Gris Carte Blanche 1993 – B. Bohn à Reichsfeld : nez mûr et riche, notes de gelée de coing, raisin de Corinthe, pain d’épice et fine touche grillée, matière puissante et concentrée en bouche, finale longue sur les épices douces (cannelle, girofle) mais petite sensation de chaleur alcooleuse.

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Ces deux vins  montrent que la patine du temps apporte vraiment un supplément d’âme aux pinots gris alsaciens.
C’est vrai que je suis souvent très critique face aux cuvées réalisées à partir de ce cépage mais là je m’incline…je vais peut-être reconsidérer ma position et acheter quelques pinots gris pour les faire vieillir…


Gewurztraminer 1988 – B. Bohn à Reichsfeld : nez intense et très complexe, matière épaisse, volume imposant mais équilibre sec, finale sapide avec des amers salivants et un sillage long sur le poivre et le bois de réglisse.

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Ce gewurztraminer né sur lun terroir argilo-limoneux brille par sa complexité aromatique et étonne par l’énergie qui se dégage de sa présence en bouche…pour moi c’est l’un des plus beaux vins de la soirée !


Les Larmes de Vénus 1998 – B. Bohn à Reichsfeld : nez très jeune, notes de raisin de Corinthe et de figue séchée, beaucoup de gras et de générosité en bouche, finale longue et sapide avec une ligne acide bien en place.

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Cet assemblage de riesling, pinot gris et gewurztraminer travaillé comme un vin de paille a apporté sa petite touche de folie douce à cette dégustation.
Voilà une goutte précieuse à siroter comme une vieille eau de vie.

 

Pour conclure :


- J’avoue ne pas être un grand fan d’antiquités viniques et ceux qui me connaissent se doutent bien que c’est plus la curiosité que le goût personnel qui m’a poussé à braver une météo très hivernale pour passer cette soirée dans ce petit village du bout du monde.
Ceci dit, dans cette série de flacons nés pour la plupart au siècle dernier, j’ai trouvé quelques pépites qu’il aurait-été dommage de rater comme le riesling 2002 et le gewurztraminer 1988.
Ces deux vins vinifiés par Bernard Bohn ont montré que les terroirs de Reichsfeld étaient capables d’engendrer des vins d’exception.
Pour être complet, je citerai également le crémant de 1985 et le muscat de 1985, deux vins trentenaires étonnants de fraîcheur que je n’attendais vraiment pas à ce niveau…Bluffé !!!

Merci à Arthur Bohn et à tous ceux qui ont contribué à l’organisation de cette soirée pleinement réussie : une sympathique assemblée d’amateurs du bien-vivre, un buffet généreusement garni et une belle série de bouteilles…
Que demander de plus ? Rien…si ce n’est la date de la prochaine !

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Photo souvenir de la soirée avec Arthur entouré de la reine des vins d’Alsace et de sa première dauphine.

 

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