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Petite virée oenophile avec Claude Weinzorn - Domaine Bohn
Cela faisait longtemps que le grand Claude, mon copain vigneron du domaine de l’Oriel, m’avait proposé de faire ensemble un petit périple oenophile dans le vignoble bas-rhinois. Sachant que Claude réfléchit depuis quelques temps à une possible transformation de ses espaces de travail, j’ai donc établi un programme destiné à lui faire rencontrer quelques vignerons dont j’apprécie les vins depuis fort longtemps et dont je savais qu’ils venaient d’effectuer des travaux de restructuration et de construction dans leurs caves.
La première étape du jour nous conduira au domaine Pfister à Dahlenheim, la deuxième au domaine Bohn à Reichsfeld et la dernière au domaine Bechtold récemment installé à Kirchheim.
Voilà une petite virée qui s’annonce conviviale et instructive à la fois…Hoppla c’est parti !
Visite au domaine Bohn à Reichsfeld
La deuxième étape de notre petite tournée nous conduit à Reichsfeld, petit village caché au fond d’une vallée, où nous attend Bernard Bohn pour nous faire visiter son nouveau caveau et nous permettre de découvrir quelques nouvelles créations viniques.
Bienvenue au caveau du domaine Bohn…
…avec sa table ronde tout à fait originale…
…et son coin bar qui nous attend !
Comme l’heure de l’apéritif a sonné depuis quelque temps, Bernard nous invite à nous installer au bar pour goûter quelques vins :
Crémant d’Alsace Extra Brut Nature 2007 : robe jaune franc avec des reflets orangés, nez intense, épices et petits fruits rouges frais, bulle fine assez virulente à l’attaque mais qui se fond très vite dans une matière bien vineuse, finale saline, amers salivants et long sillage sur les fruits secs et les épices.
(50% chardonnay sur schiste + 50% pinot noir sur grès – élevé 8 années sur lattes et dégorgé en novembre 2015 – 0 dosage).
Avec sa personnalité atypique et son caractère très marqué, cette cuvée de crémant est toujours un peu déstabilisante à la première gorgée mais très vite on entre dans son univers particulier et on commence à rêver à des accords gastronomiques d’une grande richesse.
D’un abord surement moins évident que le 2004 ou le 2005 (légèrement dosés), ce crémant 2007 m’a d’abord interpellé puis a fini par me convaincre…mais je pense que cette bouteille est destinée à un public de connaisseurs à l’esprit très ouvert !
Sylvaner Indigène 2014 : aromatique riche et évolutive, notes de froment, de cône de houblon, de cire d’abeille…, bouche d’une incroyable complexité aromatique et structurelle, acidité souple et fine trame tannique très sensuelle, finale longue et très saline.
(vigne de sylvaner de 70 ans sur terroir de schistes – macération de 1 mois avec 50% de raisins entiers – élevage sans SO2 en barriques de plus de 5 ans – pas de filtration, pas de collage, sulfitage léger (2g) à la mise).
Surprenant mais absolument magnifique…voilà les premiers mots que m’inspire cette nouvelle création vinique de Bernard Bohn.
Avec sa complexité aromatique inouïe et son expression pleine de vitalité et de minéralité cette cuvée « Indigène » rend un hommage mérité à un cépage dont on a eu le tort d’oublier qu’il pouvait générer de très grands vins de terroir. MIAM !
Schiefferberg 2015 : couleur rose pâle, nez un peu brouillon avec un fond très minéral, bouche ample et charnue, tannins présents, finale très saline.
(assemblage riesling + pinots gris – terroir de schistes – pas de SO2)
Dégusté en cours d’élevage, cet assemblage réalisé pour permettre à ce terroir de schistes de donner sa pleine mesure n’a pas réussi à me captiver.
Bernard semble satisfait et confiant quant à l’évolution de cette cuvée encore en construction mais en ce qui me concerne, je n’ai pas trouvé la grille de lecture adéquate pour l’apprécier…ceci dit, je suis impatient de goûter le produit fini !
Riesling Oberhagel 2010 : aromatique séduisante, notes florales et délicatement miellées, équilibre sec mais présence très caressante en bouche, finale longue et sapide, sillage sur le citron mûr et les épices douces.
La marque d’élevage qui dominait l’expression de ce vin à sa sortie s’est parfaitement intégrée et la synergie du riesling et du bois se révèle par de superbes effluves floraux et par une texture très sensuelle en bouche. MIAM !
Comme lors de la première étape chez Mélanie, notre feuille de route déjà bien malmenée nous oblige a mettre fin prématurément à cette dégustation au grand dam de Bernard qui nous aurait bien servi deux ou trois canons supplémentaires mais il est plus de midi et demie et Jean-Victor Kalt nous attend dans son restaurant à Erstein pour 13 heures…nous ne sommes pas en avance !
Construit dans le prolongement du chai pour remplacer l’ancien coin-dégustation du domaine, le nouveau caveau est une vraie réussite qui conjugue esthétique et fonctionnalité : chaleureux, original et très accueillant c’est un endroit où il fait bon se poser pour siroter un bon verre de vin.
Notre club A.O.C. a d’ailleurs déjà eu l’occasion de profiter de ce bel espace de convivialité lors d’une réunion mémorable organisée à Reichsfeld en février 2014.
Fidèle à ses convictions, Bernard Bohn défend ses terroirs de schistes et de grès en les laissant s’exprimer dans des vins parfois déstabilisants mais toujours sincères. L’amateur qui se rend au « bout du monde » pour aller faire une visite à ce vigneron sera toujours surpris mais jamais déçus par les vins qu’il va découvrir.
Mille mercis à Bernard pour son accueil et bravo pour son travail.
Un fût en châtaignier (à gauche) et un demi-muid en merisier (à droite)…une nouvelle cuvée expérimentale de pinot noir en cours ?
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