Visite au domaine André Carl à Dambach
TOURNEE D’ETE EN ALSACE : DAMBACH ET NIEDERMORSCHWIHR
J’étais en train de reprendre mes notes à propos de ma dernière visite au domaine Emile Beyer avec la ferme intention de terminer mon article avant de partir en vacances, lorsque l’ami François m’appelle pour me proposer une nouvelle petite escapade dans le vignoble alsacien en compagnie de l’ex-sommelier de L’Astrande, un célèbre 3 étoiles parisien.
Bien évidemment j’ai accepté et c’est ainsi que nous avons eu le plaisir de passer une très belle journée en compagnie d’Alexandre, œnophile curieux et cultivé, installé depuis peu au Japon avec son épouse.
Comme l’emploi du temps de notre invité était particulièrement contraint nous avons organisé un parcours réduit en ciblant les crus granitiques de Dambach et de Niedermorschwihr : la première halte sera destinée à prendre contact avec un vigneron susceptible de travailler à l’export avec le Japon et la seconde sera consacrée aux deux vignerons emblématiques du Sommerberg.
Hoppla c’est reparti !
Le village de Niedermorschwihr vu du coteau du Sommerberg…je ne m’en lasse pas !
Domaine André Carl à Dambach
En règle générale, une halte à Dambach me conduit immanquablement au domaine Beck-Hartweg mais sachant que les vins de Florian étaient déjà diffusés au pays du soleil levant, nous avons essayé de frapper à d’autres portes pour trouver notre premier point de chute de la journée.
C’est ainsi que sur les conseils d’Eric Kamm – que nous avions sollicité mais qui est également déjà exporté au Japon – nous nous annonçons au domaine André Carl.
C’est Olivier Carl, jeune vigneron actuellement à la tête de ce domaine familial de 6 hectares, qui nous accueille et nous invite à le suivre dans son caveau pour notre première dégustation de la journée.
Olivier Carl et Alexandre en grande discussion…la journée œnophile est bien lancée !
Crémant Brut : olfaction délicate, citron et fleurs printanières, très suave en bouche (dosé à 6/7 g), bulle vivifiante et finale appétante.
(80% auxerrois + 15% pinot blanc + 5% riesling – 2014).
Crémant Brut L’instant R : expression aromatique flatteuse et bien complexe, ample et gourmand en bouche, bulle très fine, finale digeste avec un beau sillage sur les agrumes frais.
(100% riesling – 2014)
Après un premier crémant classique mais rudement bien fait – le genre de « bulle » qu’on pourra siroter sans retenue durant tout l’été – la cuvée 100% riesling a étonné tout le monde par sa tenue et son équilibre…j’en veux !!!
Sylvaner-Vieilles Vignes 2015 : expression aromatique mûre et charmeuse, bouche ample avec un joli gras, acidité très souple, finale douce et légère.
Peut-être un peut atypique à cause d’un équilibre plutôt riche ce sylvaner issu d’une parcelle de vigne plantée dans les années 70 sur un terroir granitique, est une pure friandise.
Mon expérience de dégustateur m’a appris qu’on pouvait considérer le sylvaner comme le révélateur de la qualité du travail d’un vigneron alsacien…autant dire qu’avec cette cuvée pleinement réussie, la gamme de vin d’Olivier Carl s’annonce très prometteuse…j’ai hâte de goûter !
Malgré le peu de temps qui nous reste pour découvrir la suite de la production du domaine, Olivier Carl nous propose de déguster 2 cuvées « nature » encore n cours d’élevage :
Riesling 2015 : nez très perturbé, arômes fermentaires peu engageants, bouche superbe avec une matière ample structuré par une acidité large et une finale longue et déjà très saline…on croque du grain de sel !
Sylvaner 2015 : nez beaucoup plus agréable, beaux arômes d’agrumes frais et petite touche fermentaire, matière longiligne, solidement tendue par une acidité vive et tranchante, amers nobles en finale, sillage sur le pamplemousse.
La qualité des fruits de ce millésime et (peut-être) l’influence de ses voisins proches ont donné envie à Olivier Carl de réaliser deux cuvées sans soufre…attention les « natureux » sont contagieux !
J’ai très vite oublié l’expression aromatique un peu dissuasive de ce riesling né sur le terroir de graves de Scherwiller, pour ne retenir que son exceptionnelle présence en bouche et je suis resté sous le charme d’un sylvaner prometteur, plein d’énergie et de minéralité.
Riesling Tradition 2014 : nez fin avec de belles notes florales, matière longiligne en bouche, amers nobles et persistants, finale salivante.
Riesling Vieilles Vignes 2014 : toujours de belles notes florales au nez mais la présence minérale est plus sensible, matière dense, acidité bien tendue, présence saline intense en finale
La cuvée « tradition » est un vin très bien travaillé qui se livre avec une vraie spontanéité tout en révélant une structure très cohérente alors que la cuvée « vieilles vignes », originaire du vignoble de Diefenthal, montre davantage de densité et une minéralité plus intense...voilà deux rieslings bien complémentaires.
Gewurztraminer 2015 : nez floral (jasmin) et finement épicé, ample et gras en bouche, équilibre bien sec, finale intense – peut-être un peu chaleureuse – sillage aromatique long, notes grillées, nuances de gingembre et d’épices douces.
Pinot Gris 2015 : nez ouvert et charmeur, floral et fruité (melon), joli gras en bouche, équilibre plutôt sec, finale nette et digeste, retour aromatique fruité très agréable.
Issues d’un millésime chaud, les deux cuvées aromatiques du domaine Carl respirent la générosité tout en gardant des équilibres frais et digestes…voilà deux bouteilles qui ne manqueront pas d’inspirer quelques beaux accords gastronomiques. MIAM !
Une partie de la gamme du domaine Carl…avec le label BIO pour les 2015.
Cette dégustation imprévue et impromptue au domaine André Carl fut la première belle surprise de cette journée dans le vignoble alsacien : Olivier Carl nous a proposé une série de vins de très belle facture offrant un rapport Q/P particulièrement avantageux avec notamment un superbe crémant « L’instant R » qui justifie à lui seul une visite au domaine.
Ce jeune vigneron possède quelques belles parcelles sur les coteaux granitiques autour de Dambach-la-Ville et travaille avec beaucoup de conviction pour les mettre en valeur : ses pratiques culturales vertueuses viennent d’être officiellement validées par l’attribution du label BIO pour les vins du millésime 2015.
Sa carte ne propose pas de Grand Cru : le domaine exploitait une vieille vigne de sylvaner sur le Frankstein mais Olivier Carl à décidé de l’arracher afin d’y planter du pinot noir « pour répondre à la demande du marché » mais peut-être aussi parce que les terroirs granitiques de ce secteur sont propices à la genèse de grands vins rouges…ses voisins Florian Beck-Hartweg (sur le Frankstein) ou Jean-Paul Schmitt (sur le Rittersberg) en apportent la preuve chaque année.
Commentaires
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- 1. Legrand Le 18/09/2016
Étant un inconditionnel du vin Carl je ne peux que le féliciter de la qualité du gout et du professionnalisme qu Olivier nous démontre
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