Ah ce pèlerinage bourguignon…indispensable parenthèse qui rend l’imminence de la rentrée des classes beaucoup plus légère !
Année après année je me dis qu’il serait temps de réfréner le rythme de mes achats de vin : ma cave et mes gamma-GT qui débordent de concert devraient pourtant me pousser à davantage de continence mais c’est impossible !
J’aime trop ces moments d’échange et de convivialité dans la pénombre d’une cave avec des vignerons qui jouent de la pipettes et du tire-bouchon pour remplir nos verres et nous présenter le fruit de leur travail de l’année.
Notre duo de 2012 s’est enrichi de deux éléments supplémentaires avec le retour de Stefan (participant en 2011) et l’arrivée de Christine, l’épouse de Martial désireuse de compléter sa formation vinique en bonne compagnie.
Le programme de cette année est dense comme d’habitude : quatre domaines déjà connus – certains depuis peu, d’autres depuis très longtemps – avec Murat, Marchand, Chicotot et Carillon, et deux nouvelles adresses avec Rebourgeon-Mure et Perrault.
Hoppla c’est parti !
Jour 1. : domaine Nicolas Perrault à Dezize les Maranges
La dernière étape de cette première journée bourguignonne nous emmène plus au sud pour notre seconde « étape-découverte » du pèlerinage 2013 puisque nous avons rendez-vous à Dezize les Maranges, chez Nicolas Perrault.
La qualité de la production de ce jeune vigneron nous a été vantée récemment par l’ami François, notre « flying dégustateur » du club AOC, nous avons donc décidé de quitter le grand axe nord-sud de la route des vins pour nous rendre dans ce charmant petit village, voisin de Santenay notre point de chute pour la soirée…ça c’est de l’organisation !
Dezize les Maranges
Arrivés avec une demi-heure d’avance sur l’horaire du rendez-vous (qui c’est qui frimait avec la prétendue qualité de son organisation ?!!!), nous profitons d’une petite éclaircie pour nous promener dans les vignes qui jouxtent le village : nous passons d’abord près du 1°Cru « La Croix aux Moines » puis nous traversons le vaste lieu-dit « La Fussière », un autre terroir classé 1° Cru sur le ban de Dezize les Maranges.
Le Clos de la Fussière qui a donné son nom au 1° Cru de Maranges
Début de véraison pour les pinots du Clos d la Fussière.
A notre retour au village, Nicolas Perrault nous accueille en nous invitant à faire une visite complète de ses installations professionnelles. Le cuvier est une vaste bâtisse cistercienne datant du XV° siècle avec des murs et une charpente d’époque.
Ancien mais spacieux, le cuvier du domaine Perrault
Charpente et murs du XV° siècle.
Nicolas Perrault qui travaille comme chef de culture au Château de la Crée à Santenay est revenu au domaine parental l’année dernière lorsque son père a décidé de prendre sa retraite.
Pour l’heure, il continue de travailler à Santenay tout en commençant à réaliser une série de cuvées à son nom sur les 4 hectares de vignes qu’il a soigneusement sélectionnés dans le patrimoine parental (les autres parcelles sont données à louer).
Nicolas Perrault multiplie ses efforts et ses investissements pour pouvoir vinifier des raisins de grande qualité : viticulture très proche du « bio », vendanges manuelles en cagettes, table de tri, égrappoir (pour certaines cuvées)…
Hormis le Bourgogne P’tit Nicolas (100% en cuve), les différentes cuvées du domaine Perrault sont élevées en pièces bourguignonnes dans une autre cave climatisée naturellement par une source. Le transport des vins se fait essentiellement par gravité : « de la vendange à la mise, mes jus ne sont pompés qu’une seule fois ».
La cave d’élevage…
…avec sa source pétrifiante qui climatise le lieu.
La cave contenant le dernier millésime n’est pas bien pleine : « 2012 est bon sur le plan de la qualité mais avec quelques orages de grêle sur le secteur et une coulure très importante, les rendements ont été très faibles ».
La dernière étape de cette visite se déroule dans un sympathique caveau de dégustation aménagé sous les voûtes d’une autre cave.
Le caveau de dégustation…
…et notre comité d’accueil.
La cuvée de blanc de 1°Cru La Fussière étant épuisée, nous dégustons les 5 cuvées rouges en vente actuellement au domaine :
Bourgogne Le P’tit Nicolas 2012 : le fruit rouge est net et croquant au nez et en bouche, la matière très gourmande garde une belle fraîcheur grâce à une acidité assez nerveuse et une petite pointe de CO2.
Elevé en cuve ce pinot noir facile et plaisant est le vin de copains par excellence : un plat de charcuterie, une miche de campagne et une tablée de convives au gosier pentu mais éduqué…et la fête commence !
Santenay 2011 : le nez possède un fruité charmeur avec une petite touche lactée, la bouche est dense et savoureuse avec une finale nette, sapide et finement boisée.
Issu de parcelles de terres légères situées en haut de coteau et exposées au sud-est, ce Santenay a été élevé durant 14 mois en fûts (25% de neufs). Encore un peu marqué par l’élevage sur le plan aromatique, ce vin séduit sans difficulté avec sa mâche veloutée et son sillage long et classieux. MIAM !
Maranges 1° Cru Le Clos des Rois 2011 : le nez offre une palette fruitée délicate avec un boisé discret déjà bien intégré, la bouche est riche et concentrée avec des tanins fins et serrés, la finale toujours bien digeste prolonge des notes de fruits rouges et de poivre.
Issue d’un terroir classé 1° cru de Maranges, très calcaire et exposé au sud, cette cuvée a été vinifiée en vendange entière. On y perçoit une structure tannique plus granuleuse et une expression aromatique un peu plus complexe, mais comme pour le Santenay, on sent un vin déjà très harmonieux et parfaitement accessible.
Maranges 1° Cru Le Clos des Loyères 2011 : le nez s’ouvre sur des arômes de torréfaction (café) qui dominent un peu une palette fruitée et finement épicée, en bouche la chair assez généreuse enrobe une structure tannique dense mais très mûre, la finale bien tendue est déjà marquée par une minéralité profonde et racée.
Situé au dessus du Clos des Rois, le Clos des Loyères est un terroir plus froid qui engendre des vins solidement charpentés et taillés pour une plus longue garde. Ceci dit, même si le style de ce vin diffère du précédent, il ne reste pas moins très facile à apprécier dès aujourd’hui…élégance et gourmandise !
Maranges 1° Cru Le Clos Roussot 2011 : le nez est discret mais très complexe sur la cerise noire, le noyau et l’amande fraîche, en bouche le vin charme les papilles par son volume, sa la rondeur et son grain tannique dense et très envahissant, la finale est longue et sapide.
Issu d’une parcelle plus argileuse mais avec un très petit rendement, ce Clos Roussot est un pur bonheur : opulent, parfaitement sphérique et déjà très facile à approcher, c’est une grande cuvée…MIAM !
Un brelan majeur de 1°Crus du domaine Perrault.
Après avoir quitté le domaine familial en 2004, Nicolas Perrault a décidé de revenir sur les terres de son enfance pour s’installer dans les locaux laissés libres par son père et y produire une série de cuvées qu’il signe de son nom.
Sur ces terroirs qui ont la réputation d’engendrer des vins demandant une longue garde pour patiner la rusticité de leurs trames tanniques, ce vigneron a choisi de faire mentir cette idée reçue : son travail à la vigne et en cave lui permet de réaliser une série de cuvées dont les solides charpentes sont enveloppées de matières mûres et généreuses.
Son Santenay et ses Maranges possèdent, dès leur plus jeune âge, des touchers de bouche très flatteurs et des textures juteuses et gourmandes tout en affirmant de très beaux potentiels de garde.
Coup de cœur général pour cette très belle gamme de vins rouges à des prix angéliques mais aussi pour ce jeune vigneron plein d’énergie et de courage que nous suivrons évidemment dans les prochaines années.
Merci à Nicolas Perrault pour son accueil et bon vent pour la suite…
La partie ouest de la Fussière
Comme les années passées notre point de chute pour le soir à Santenay : une adresse hautement recommandable pour son bon rapport Q/P et sa carte des vins qui fait vraiment la part belle aux crus du secteur (la photo date de 2012…cette année, pluie et pas de terrasse !
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