Ah ce pèlerinage bourguignon…indispensable parenthèse qui rend l’imminence de la rentrée des classes beaucoup plus légère !
Année après année je me dis qu’il serait temps de réfréner le rythme de mes achats de vin : ma cave et mes gamma-GT qui débordent de concert devraient pourtant me pousser à davantage de continence mais c’est impossible !
J’aime trop ces moments d’échange et de convivialité dans la pénombre d’une cave avec des vignerons qui jouent de la pipettes et du tire-bouchon pour remplir nos verres et nous présenter le fruit de leur travail de l’année.
Notre duo de 2012 s’est enrichi de deux éléments supplémentaires avec le retour de Stefan (participant en 2011) et l’arrivée de Christine, l’épouse de Martial désireuse de compléter sa formation vinique en bonne compagnie.
Le programme de cette année est dense comme d’habitude : quatre domaines déjà connus – certains depuis peu, d’autres depuis très longtemps – avec Murat, Marchand, Chicotot et Carillon, et deux nouvelles adresses avec Rebourgeon-Mure et Perrault.
Hoppla c’est parti !
Jour 2 : domaine François Carillon à Puligny
Malgré quelques tergiversations liées à un malentendu sur nos emplois du temps respectifs nous avons finalement réussi à organiser cette rencontre avec François Carillon…ultime visite de notre pèlerinage bourguignon 2013.
Après 23 années de fidélité à ce domaine (P…23 ans !!!), il était parfaitement inconcevable que nous quittions la Bourgogne sans une halte à Puligny.
Rentré de vacances il y a quelques jours à peine, François Carillon a repris le travail sur les chapeaux de roue pour préparer les vendanges 2013 : ultime bâtonnage des cuvées de Puligny villages 2012 le lundi, soutirage le mardi pour assembler les vins dans une cuve inox où ils s’affineront encore jusqu’au printemps.
Nous commençons la dégustation dans le cuvier pour découvrir les deux vins de 2012 qui y séjournent.
Bourgogne blanc : le nez développe des arômes de fruits à chair blanche, la bouche est gourmande avec une acidité fine et souple qui tient une finale franche et très délicatement vanillée.Issue de plusieurs parcelles autour du village de Puligny cette cuvée générique commence doucement à affirmer son style : direct, charmeur, accessible mais avec un équilibre impeccable…Voilà une entrée de gamme parfaitement réussie qui promet une suite enchanteresse !
Puligny Villages : la robe est trouble mais le nez exprime des arômes fruités très agréables, la bouche pleine et charnue est structurée par une très belle acidité mûre et déjà bien longue.Malgré sa récente « trituration » cette cuvée village est pleine de belles promesses : un jus dense et énergique structuré par une charpente acide de grande classe. MIAM !
Après cette mise en bouche nous repartons vers la cave à barriques où les premiers crus du domaine terminent leur phase d’élevage en fûts.
Comme dans les autres domaines bourguignons, la cave de François Carillon est bien moins remplie que les années précédentes…
Puligny 1° Cru Les Champs Gain : le nez est fin avec un fruité très pur et une petite pointe vanillée, en bouche la matière est ample avec une acidité mûre et bien large, la finale longue et tonique étire un sillage finement épicé.
Issu d’une parcelle durement touchée par la grêle (84% de perte) cette cuvée a été extrêmement compliquée à réaliser. « En plus de la perte directe, il a fallu trier les fruits pour éviter des goûts végétaux »
J’ai envie de dire : mission accomplie M. Carillon car ce vin solidement tendu propose une expression aromatique impeccable…Chapeau
Puligny 1° Cru Les Folatières : le nez est assez expressif sur la mie de pain, les fruits blancs et le citron, la bouche est volumineuse et très tonique avec une finale tendue et délicatement épicée (poivre blanc).
Sur cette parcelle la grêle a également détruit une grande partie de la récolte : au lieu des 12 pièces habituelles, le millésime 2012 a permis la production de 3 pièces ½ de vin…une misère, d’autant plus que la qualité de ce Folatières est superbe !
Puligny 1° Cru Les Referts : le nez est assez expressif avec des notes citronnées et pierreuses très pures, la bouche est concentrée, pleine de vie et d’énergie positive, la finale solidement tendue déploie une longue rémanence citronnée.
Légèrement moins touchée que les autres parcelles (50% de perte quand même…) la vigne des Referts a produit un Puligny d’un classicisme absolu : alliant chair, gras et tension minérale, ce premier cru est taillé pour défier le temps.
Puligny 1° Cru Les Combettes : le nez développe des arômes de citronnelle et de craie humide, la bouche marque le palais par la puissance de sa matière et le ciselé de sa structure acide et minérale, la finale prolonge de belles notes vanillées et épicées.
Viril et sensuel à la fois, ce Combettes manifeste une classe absolue dès son plus jeune âge…déjà grand mais encore plein de belles promesses. MIAM !
Puligny 1° Cru Les Perrières : le nez vif et précis sur les agrumes frais et la pierre chaude, en bouche, la matière dense et sèveuse montre une présence envahissante, la finale tendue et puissante trace une ligne droite d’une grande longueur.Egalement grêlé à 50% en 2012, la parcelle des Perrières à permis à François Carillon de réaliser un vin majestueux disposant d’une force peu commune.
J’ai le sentiment que ce cru de Puligny fera date sur ce millésime…d’ailleurs j’espère bien que malgré la pénurie annoncée je pourrai en mettre quelques bouteilles en cave (appel du pied très grossier…même pas honte !)
Chassagne Montrachet 1°Cru Les Macherelles : le nez surprend par son attaque florale complexe et intense avant de revenir sur palette plus classique avec des notes d’agrumes et de pierre chaude, en bouche la matière est gourmande avec un toucher gras et voluptueux mais la finale se tend fortement en prolongeant de superbe arômes floraux et fruités.Alliant puissance et gourmandise ce vin qui affirme son style Chassagne avec beaucoup de classe s’est fait sa place dans la gamme Carillon en y apportant un peu de diversité tout en gardant cette exigence qualitative qui a fait le renom du domaine. Superbe cuvée !
Comme d’habitude, nous avons osé déranger François Carillon dans cette période une peu critique entre retour des vacances et préparation de vendanges et comme d’habitude il a bien voulu nous accorder une paire d’heures pour nous parler de son travail et de ses projets sans oublier de nous présenter une large partie de sa gamme de vins.
Après un millésime particulièrement difficile, François montre un optimisme prudent pour 2013 « Nous sommes moins touchés que l’année passée par les caprices climatiques mais je ne serai tranquille que quand les raisins seront rentrés ». Avec une surface viticole qui s’est agrandie d’environ 4 hectares (en Bourgogne générique, Puligny et Chassagne) et des locaux de plus en plus spacieux et fonctionnels, il peut résolument voir l’avenir avec sérénité : « Nous espérons quand même avoir un peu plus de vin en 2013 qu’en 2012 »…nous aussi !
François Carillon pensif mais confiant pour 2013…
La dégustation en cours d’élevage des blancs 2012 a révélé une grande homogénéité qualitative sur toute la gamme produite et pourtant ce n’était pas gagné d’avance : « Ce fut l’un des millésimes les plus difficiles que j’ai connu : une petite récolte et des matières extrêmement compliquées à travailler »
Et pourtant, au bout du compte nous retrouvons des vins juteux, riches et puissants qui ont l’architecture minérale des 2010 et l’expressivité gourmande des 2011…leur seul défaut – et il est de taille – sera leur rareté.
A l’heure actuelle, le Puligny Folatières et le Chassagne Macherelles s’imposent comme coups de cœur parce qu’ils présentent un caractère plus ouvert que les autres cuvées mais Perrières et Combettes s’annoncent immenses : en l’absence du Chevalier Montrachet (les 60 litres récoltés sur la parcelle sont passés dans les cuves de 1°Cru…Perrières et Combettes d’ailleurs !) ces deux vins trôneront à coup sûr au sommet de la gamme Carillon.
Merci à François pour son accueil…et vivement l’année prochaine !
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