Après un début de printemps dédié au vignoble alsacien, mon programme d’échappées œnophiles se poursuit par le traditionnel périple sudiste qui va me faire voyager entre Languedoc et Vallée du Rhône pour rendre visite à quelques vignerons bien connus mais aussi pour découvrir de nouvelles adresses…histoire d’allonger encore un peu la liste de mes étapes viniques incontournables dans cette belle région.
Pour une fois, mon voyage aller vers Port Camargue sera direct – je ne vais quand même pas déranger des vignerons le dimanche ! – et mon programme vinique débutera le lundi par une visite dans les Costières de Nîmes au Château Mourgues du Grès.
La seconde journée sera languedocienne avec un déjeuner chez Olivier Bontemps à Béziers – un endroit idéal pour commencer une belle journée gourmande – et un après-midi qui me permettra de faire la connaissance de Julien Peyras, un vigneron de Paulhan qui produit des vins « zéro intrants » pour terminer, par une nouvelle rencontre avec les Supply-Royer à Arboras…étape évidemment indispensable !
Après une petite journée de transition pour récupérer un peu et rejoindre l’ami Cyril à Vallon Pont d’Arc, le dernier jour de mon périple me fera voyager une fois de plus autour des Dentelles de Montmirail en compagnie de mon guide préféré qui a prévu de visiter 5 domaines : Marcel Richaud, Elodie Balme, La Monardière, La Ferme Saint Martin et La Roche Buissière.
Hoppla, c’est parti !
Domaine Supply-Royer à Arboras
Après une visite passionnante – mais un peu plus longue que prévu – chez Julien Peyras, j’arrive chez mes amis d’Arboras avec une bonne demi-heure de retard…ce qui n’a pas manqué d’inquiéter le couple Supply-Royer, peu habitué à ce que leur visiteur du grand nord les fasse attendre !
Désolé les d’avoir ébranlé le mythe de cette ponctualité alsacienne qui me collait aux basques…je vais devoir être plus prudent dans la planification de mes futures tournées languedociennes !
Au dessus des toits d’Arboras, vue sur la garrigue et le vignoble des terrasses du Larzac.
Une porte de cave s’ouvre, encore quelques pas…
…et je suis dans la place pour commencer une belle dégustation !
Comme nous sommes attendus pour 20 heures dans un restaurant sur le plateau du Larzac – le « Café Larzac » à La Vacquerie et Saint Martin de Castries – nous passons directement aux choses sérieuses en allant voir comment se portent les nouveau-nés de 2017 du domaine Supply-Royer.
La Marsanne de Labade : fruité net et précis au nez, notes de fruits blancs et de pêche de vigne, bouche élégante, fraîche et longiligne, finale qui commence à révéler quelques nuances minérales.
Vendangée dès la mi-août, cette nouvelle cuvée qui vient de finir ses fermentations (soutirage prévu très prochainement) va enrichir la belle gamme de blancs du domaine.
C’est un vin vif, expressif et très prometteur…mais avec seulement 200 litres produits en 2017, je sais qu’il ne va pas y en avoir pour tout le monde.
La Roussane du Bramaïre : expression olfactive bien en place, palette complexe et assez flatteuse (fruits jaunes frais et boisé fin), matière plus dense et charpente plus solide que pour la marsanne, équilibre très dynamique, finale relevée par une présence saline sensible.
Face à ce petit nouveau encore un peu frêle, la cuvée de roussanne vendangée un peu plus tard (le 20 août), marque son ancienneté dans la cave Supply-Royer en développant une palette déjà bien épanouie et une matière noble et concentrée. MIAM !
Le Bourboulenc de Nega Saumas : nez qui s’exprime de manière assez surprenante, notes de gingembre frais et d’épices (poivre blanc), bouche très longiligne étirée par une acidité virevoltante et bien tranchante, finale profonde et minérale.
Une fois n’est pas coutume, « L’enfant terrible » de la famille est à la hauteur de sa réputation et « secoue » un peu le dégustateur par son caractère incisif et tranchant tout en libérant des arômes très surprenants mais fort agréables.
Le bourboulenc des Supply-Royer est un vin étonnant, parfois un peu caractériel…mais pour qui j’aurai toujours une infinie tendresse. MIAM !
Les Intillères blanc : nez marqué par une forte réduction, matière ample et charnue en bouche, texture légèrement tannique, finale nette et vive qui laisse deviner une présence saline naissante.
Cet assemblage de chenin et de bourboulenc provenant de la jeune vigne des Intillères a fermenté très lentement et ne se présente pas à nous avec une aromatique très avenante mais sa présence en bouche nous rassure totalement : le jus est très qualitatif et la trame minérale bien en place…ça promet !
Le Mourvèdre des Crouzets : nez discret, notes assez « terriennes » (pierre chaude, terre glaise), matière lisse et gourmande en bouche avec un fruité croquant bien expressif, finale longue et tonique, sillage agréable sur la pêche de vigne.
Malgré un nez peu loquace, également perturbé par une petite réduction, cette cuvée de mourvèdre 2017 montre une classe folle en bouche. MIAM !
Grenache du Badaïre : nez discret, fruité noble et complexe, matière riche et onctueuse en bouche, finale concentrée mais bien glissante.
De retour en 2017 – après une année « blanche » – le séducteur de la cave Supply-Royer refait son apparition dans la gamme des vins rouges du domaine et si on considère sa prestation du jour, on sait qu’il n’a rien perdu de sa superbe. MIAM !
La Syrah de Pey Cherres : nez peu expansif, fruité masqué par une petite réduction, matière riche et concentrée en bouche mais équilibre bien tonique, tannins veloutés, finale sapide et bien glissante.
Contrairement à son habitude cette syrah de Pey Cherres s’est montrée particulièrement facile d’accès aujourd’hui. Même si son expression aromatique n’est pas vraiment en place, on est séduit dès la première gorgée par son jus gourmand et digeste.
Grenache de Costas : olfaction très discrète, matière massive et concentrée en bouche, structure puissante avec des tanins assez virulents, finale fraîche et discrètement chocolatée.
Avec sa charpente très solide et son jus puissant, cette cuvée de grenache confirme millésime après millésime son titre de grand vin de garde dans cette belle gamme languedocienne.
Les Intillères : nez qui commence à se montrer, notes de myrtille et de bois de réglisse, matière charnue et musculeuse en bouche, ligne acide bien en place qui équilibre parfaitement l’ensemble, trame tannique serrée avec un grain très soyeux, finale longue et sapide.
Pour terminer cette série de 2017, je retrouve avec grand plaisir une cuvée d’Intillères étincelante et tout à fait fidèle à sa réputation de qualité et de précocité. MIAM !
Vous m’en mettrez un dans le coffre de ma Renault Espace S.V.P. !
Pour conclure cette belle dégustation, Eric débouche quelques bouteilles de 2016 mais il va falloir faire vite car l’heure du dîner approche :
Grenache de Costas : nez discret avec des notes de levure, d’amande amère et de banane, fruité plus expressif en bouche, matière puissante mais finale un peu alcooleuse.
Extrêmement généreuse comme à son habitude, cette cuvée de grenache ne s’est pas très bien goûtée ce soir à Arboras…mais fort heureusement j’ai pu redéguster ce vin le lendemain (tout seul) et le surlendemain avec mes amis ardèchois pour constater une évolution spectaculaire : l’aromatique est devenue très séduisante avec de belles notes de fruits rouges et de cacao amer et la bouche s’est harmonisée pour développer un jus intense et sapide. MIAM à retardement !!!
La Syrah de Pey Cherres : expression olfactive discrète mais très engageante, palette complexe et raffinée, matière douce et soyeuse, équilibre bien tonique, finale nette marquée par une belle présence minérale.
La syrah affirme son statut de « doyenne » rouge de la cave en révélant un profil très mature avec un jus parfaitement équilibré et d’une gourmandise presque irrésistible…il faut croire que l’âge aidant, cette cuvée tergiverse de moins en moins lorsqu’il s’agit de montrer ses qualités et son potentiel. MIAM !
Les Intillères : nez assez brouillon avec des notes fermentaires (banane) et végétales, bouche beaucoup plus convaincante avec une matière élégante tenue par une acidité fraîche et rectiligne, présence tannique d’une grande finesse, finale très sapide.
Un peu surprenante par son côté revêche au nez, la grande cuvée des Intillères nous rassure pleinement une fois prise en bouche : arômes raffinés, équilibre magique, texture caressante, finale suave et appétante…quel talent !
La Roussanne du Bramaïre : nez riche et très flatteur, palette particulièrement complexe, notes de miel floral, de résine, de cire, de citron confit…, matière concentrée avec un joli gras et une acidité puissante et bien traçante, finale très longue relevée par quelques beaux amers minéraux.
La série se termine en apothéose avec un blanc absolument magnifique : une aromatique ouverte et complexe, une structure raffinée, un équilibre parfait et une finale qui commence déjà à parler de son terroir…que dire de plus, sinon que cette roussanne est l’un des plus grands blancs languedociens que j’ai bu ces dernières années. MIAM !!!
La visite à Arboras s’est conclue comme d’habitude par un repas convivial avec le couple Supply-Royer, histoire de continuer à parler vin mais aussi des évènements qui ont marqué nos vies respectives durant cette dernière année…un beau moment d’échange et d’amitié que j’attends toujours avec impatience !
Bien qu’un peu moins stressant que 2016, le millésime 2017 n’a pas été simple et le choix de la date des vendanges a été primordial pour éviter des maturités explosives : « il ne fallait pas trop attendre pour garder un peu de fraîcheur dans les jus ». Pour ce faire les premières parcelles du domaine ont été vendangées lors de la seconde moitié du mois d’août…si j’avais su je serai allé couper quelques raisins dans le Languedoc cette année !
En 2017, les Supply-Royer ont réussi à élaborer des vins assez étonnants : malgré la sécheresse et la faiblesse des rendements, leurs cuvées ont vraiment très belle allure avec des matières riches et concentrées mais parfaitement digestes grâce à des structures acides/salines déjà bien dessinées…j’ai comme l’impression qu’on va pouvoir se faire plaisir très rapidement avec ces bouteilles !
Les 3 rouges de 2016 goûtés ce jour n’ont pas vraiment joué la carte de la séduction sur le plan olfactif mais une fois en bouche ils n’ont pas manqué de montrer leur classe et leur potentiel.
Je pense que ce sont des vins qui auront besoin d’encore un peu de temps pour se livrer pleinement mais les promesses entrevues lors de notre dégustation de l’année précédente sont bien devenues réalité aujourd’hui.
La roussanne a été le seul blanc 2016 qu’on a eu le temps de goûter mais cette cuvée nous à offert un véritable feu d’artifice gustatif…quel beau vin !!!
Mille mercis à Eric et Marie-Ange pour ces beaux moments en leur compagnie et à l’année prochaine bien sûr…ou peut-être avant en Alsace !
Le triangle des Intillères à la tombée du jour.
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