Dégustation de crus bourguignons 2014 chez Guy.


Après sa récente virée en terre bourguignonne, notre ami Guy a invité quelques chanceux à goûter ses dernières acquisitions viniques. Toujours confronté à des problèmes de surpopulation dans son coin cave, il décidé de mettre en œuvre des mesures préventives en choisissant de déboucher quelques flacons dans leur prime jeunesse.
Bref, on convoque quelques copains pour vider les bouteilles avant de les encaver…une solution comme une autre pour gérer le manque de place !
Hoppla c’est parti !


Après un apéritif qu’on a pu prendre sur la terrasse – parce qu’il faisait encore assez beau et que Stefan avait mis sa fourrure polaire – nous nous installons autour d’une table joliment dressée pour découvrir les derniers coups de cœurs bourguignons de notre hôte.

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Décor « vintage » sur la terrasse pour goûter quelques vins blancs…

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…et notre table au chaud pour la suite de la dégustation

Les vins sont dégustés et commentés à l’aveugle mais mes notes sont plutôt succinctes…ambiance détendue et festive oblige !
Je vais quand même essayer de partager quelques impressions :

A.O. Wachau Loibner Riesling Federspiel 2012 – Domaine Knoll à Unterloïben : notes minérales et zestées au nez, matière étirée, équilibre tendu, finale austère mais grande salinité.

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A.O. Pfalz Riesling Ruppertsberger Hohenburg 2012 – Domaine Bürklin-Wolf à Wachenheim : olfaction séduisante et expressive, palette complexe sur le citron confit, l’ananas frais et la fleur de sureau, riche et bien juteux en bouche mais avec une ligne acide fine et persistante, finale fraîche et digeste, retour long sur l’ananas frais.

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Les vins proposés à l’apéritif nous emmènent dans les vignobles de nos voisins proches avec un riesling autrichien finement ciselé mais encore un peu fermé et un riesling du Palatinat jovial et exubérant.
Voilà deux cuvées remarquablement bien travaillées face auxquelles de nombreux rieslings alsaciens risqueraient de faire pâle figure…mon chauvinisme légendaire a été mis à rude épreuve ce soir !


Chambolle Musigny 1° Cru Les Charmes 2014 – Domaine Clerget à Vougeot : notes métalliques discrètes à l’ouverture sur un fond fruité très délicat (petits fruits rouges frais), structure allongée en bouche, mâche tannique fine mais présente, finale sapide, très beau sillage floral (violette).
Vosne- Romanée 1° Cru Les Petits Monts 2014 – Nathalie Vigot à Vosne Romanée : nez peu engageant, notes végétales et terreuses, matière assez carrée en bouche, belle consistance mais acidité incisive et tannins trop saillants, finale austère.

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Le Chambolle de Clerget n’a pas forcément apprécié d’être débouché trop jeune mais on y décèle facilement un vrai caractère de grand vin de terroir qui aura besoin d’au moins 5 année de garde pour donner la pleine mesure de son talent.
En ce qui concerne le Vosne, je serai un peu moins optimiste : brouillé voire un peu brouillon aujourd’hui, il ne m’a pas donné l’impression de pouvoir s’harmoniser dans le temps…mais je suis prêt à me faire surprendre.


Chambolle Musigny 1° Cru Les Sentiers 2014 – Domaine Sigaut à Chambolle : olfaction assez expressive, palette complexe avec un fruité frais et un élevage parfaitement dosé, élégance absolue en bouche, équilibre parfait entre la richesse, l’acidité et les tanins, finale fraîche, nuances fruitées et boisé subtil.
Bonnes Mares 2014 – Domaine Castagnier à Morey : nez séduisant, fruité bien mûr, discrètes nuances épicées, bouche riche et puissante, acidité solide et structurante, finale fraîche, belle intensité et grande longueur.

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Avec cette seconde doublette de toute beauté, tout le monde a senti qu’on entrait dans la cour des très grands.
Tout en délicatesse et en harmonie, le Chambolle exprime la finesse de son terroir et révèle un travail en cave d’une remarquable justesse…bravo M. Sigaut !
Malgré un côté charmeur et accessible, le Bonne Mares affirme sont statut avec véhémence en développant un volume et force impressionnants…pas de doute c’est une « grosse cylindrée »taillée pour une longue garde !


Clos de Vougeot 2014 – Domaine Castagnier à Morey : nez raffiné, fruité discret et fines nuances de torréfaction, matière ample et consistante en bouche, trame tannique serrée mais avec un grain d’une grande finesse, longue persistance aromatique en finale.
Clos de Vougeot Musigni 2014 – Domaine Gros Frère & Soeur à Vosne : nez charmeur avec une palette expressive et sensuelle sur les fruits rouges bien mûrs (cerise burlat) et un fine touche de violette, bouche simplement parfaite avec une chair gourmande, un équilibre précis et une texture caressante, finale fraîche, rémanence fruitée d’une grande longueur.

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Le final orchestré par Guy nous a permis de nous régaler avec deux vins splendides nés dans l’un des Clos les plus célèbres du monde.
Comme lors de notre
session AOC d’avril 2016, la cuvée Musigni du domaine Gros a écrasé la concurrence…un pur nectar !
Face à cette bouteille quasiment parfaite, le Clos de Vougeot du domaine Castagnier a fait une belle impression sans pourtant arriver à rivaliser avec son adversaire du jour, mais le potentiel est là…très prometteur !


Après un premier tour consacré à la dégustation à l’aveugle de ces crus bourguignons, nous passons à la phase gastronomique en savourant un délicieux bœuf bourguignon mitonné par nos hôtes.
Nous avons regoûté les vins avec le repas et nous avons pu vérifier comment chaque cuvée allait réagir face à ce grand classique de la cuisine bourguignonne : j’ai particulièrement apprécié la belle tenue des deux vins de Jérôme Castagnier et d’Hervé Sigaut mais bon, une fois encore c’est le Clos de Vougeot de Gros qui a véritablement illuminé notre table de ce soir.

Pour accompagner le plateau de fromages, Guy nous propose quelques surprises alsaciennes :

Riesling 1977 – Domaine Weinbach à Kaysersberg : déviant sur le plan aromatique et très fatigué en bouche…paix à son âme !

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Riesling Grand Cru Rosacker 2005 – Domaine Sipp-Mack à Hunawihr : un beau calcaire à pleine maturité…MIAM !
Sylvaner Grand Cru Zotzenberg 2010 – Domaine A Seltz à Mittelbergheim : un grand sylvaner, charnu, plein et minéral, un très beau vin qui m’avait déjà fait forte impression lors de notre soirée AOC au domaine et que je n’ai évidemment pas reconnu…une humiliation de plus, mais je m’y suis habitué !!!

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Pour terminer le repas et tenir compagnie à la tarte aux fruits de saison, nous découvrons deux cuvées moelleuses :

A.O. Pfalz Rieslaner Auslese 2014 – Dr. Von Bassermann-Jordan à Deidesheim : un vin juteux, alliant vivacité et rondeur, un équilibre incroyable (9,5°- 9,8 g A.T. – 149 g de SR) et une buvabilité exceptionnelle…il n’y a pas qu’en Mosel qu’on trouve ce genre de pépite !

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Pinot Gris Altenbourg 2012 – Domaine Weinbach à Kaysersberg : deuxième déception de la soirée avec un vin de ce grand domaine de Kaysersberg. Le vin manque cruellement d’expressivité et d’énergie. Certes il a souffert dela comparaison avec l’exubérante cuvée de rieslaner mais je pencherais plutôt pour un problème de bouteille…il faut croire que ce n’était pas la soirée du Clos des Capucins !

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Tout d’abord mille mercis à Guy et à sa famille d’avoir organisé impeccablement cette soirée où nous avons pu nous régaler avec des crus bourguignons somptueux et quelques belles surprises blanches d’Alsace ou d’ailleurs.

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La joyeuse tablée en fin de repas…

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…et quelques unes des victimes sacrifiées.

Comme (trop) souvent, 2014 a été présenté comme un très bon millésime par la presse spécialisée (16 et 17/20 pour la RVF, « excellent millésime » pour le Figaro Vin…), même si des voix au discours moins convenu relativisent un peu ce classique enthousiasme général (comme mon ami Patrick Essa).
Grâce à notre ami, nous avons pu nous faire une petite idée personnelle en découvrant quelques pépites de la Côte de Nuits nées en 2014.
A mon grand étonnement, la plupart de ces grands vins se sont montrés facilement accessibles – hormis le Vosne de Nathalie Vigot – avec des équilibres dynamiques et des matières au potentiel très prometteur…c’est décidé, cet automne j’organise un pèlerinage en Bourgogne !

Pour perpétuer la tradition des coups de cœur du jour, je citerai 3 bouteilles qui m’ont particulièrement marqué.
Il y a tout d’abord le Clos de Vougeot du domaine Gros, une bouteille grandissime, certes très attendue mais largement à la hauteur de sa réputation. J’ai également été impressionné par la force et la profondeur du Bonnes Mares de Castagnier mais je ne peux pas finir sans citer l’incroyable sylvaner Zotzenberg 2010 d’Albert Seltz, un grand cru alsacien qui a réussi à nous impressionner après ce défilé de stars bourguignonnes.

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