Balade à Bandol - Visite au château Jean Pierre Gaussen

Depuis près de 30 ans mon intérêt pour le monde vinique m’a fait voyager, par la pensée et aussi bien évidemment physiquement dans la plupart des coins de France. Au gré des déplacements, des rencontres, des vacances, j’ai visité au fil du temps la quasi-totalité du vignoble Français avec la chance de voir souvent des paysages magnifiques et permis la rencontre des gens passionnés. Pourtant il me reste encore quelques endroits à cocher et notamment une appellation de très grande renommée : Bandol !
D’aucun diront qu’aller vers la côte d’azur est incontournable mais pour ma part, je n’ai aucune attirance pour ces lieux. J’ai la chance c’est vrai d’habiter déjà dans le sud de la France et j’ai mon compte de soleil annuel. D’autre part le littoral azuréen et de plus en plus l’arrière-pays est tellement urbanisé et fréquenté que je préfère utiliser mon temps libre à fréquenter des lieux plus reposants, plus « nature ». Mais les hasards de la vie sont ainsi faits que je me suis retrouvé à la Seyne sur mer pour quelques jours bon gré mal gré…j’ai pu donc enfin prévoir une visite dans ce vignoble réputé royaume du Mourvèdre et rendre visite à 3 domaines que j’avais coché pour 3 raisons différentes :
Le domaine Ray-Jane, un domaine historique de l’appellation
Le domaine Gaussen car j’avais promis de longue date à Mireille Gaussen que j’avais rencontré à Lyon d’aller à sa rencontre sur place
Le domaine des Trois Filles récemment crée et pas encore faisant partie des plus connus


Château Jean Pierre Gaussen à La Cadière d'Azur

Img 7998

Img 7996

J’ai croisé Mireille Gaussen il y a quelques années au salon de la Cugnette à Bron, un salon des vins très sympa ou je suis allé quelque fois. J’avais été séduit par les vins et j’avais promis que si un jour j’allais du côté de Bandol, je ferai un crochet par le domaine. Promesse tenue donc, enfin ! Ses parents, M. et Mme Gaussen ont commercialisé leurs vins depuis 1962, d’abord sur le nom de domaine de la Noblesse puis depuis 1999 sous leur patronyme. Le vignoble fait une douzaine d’hectares et évidemment le roi mourvèdre de Bandol y règne en maître. Un domaine traditionnel avec des élevages en cuve ou en foudre de chêne. S’il n’est pas le plus médiatique, il est connu et reconnu par les amateurs de vins de Bandol comme un des domaines phares dans l’art de donner toutes ses lettres de noblesse à l’appellation et au mourvèdre.
C’est donc avec grand plaisir que j’ai retrouvé Mireille Gaussen afin de déguster la gamme de vins disponibles

Img 7994

Vin de pays blanc 2020 : composé de clairette et Bourboulenc, le nez est joli, délicat, floral avec une bouche fraîche, assez dynamique. Voilà une bonne entrée en matière !
Bandol rosé 2020 : un assemblage de Mourvèdre et cinsault qui offre de belles senteurs d’agrumes et de fleurs. Le vin a du ressort, de l’énergie et du fond. On est clairement sur un rosé de gastronomie qui accompagnera des plats du sud voire une cuisine épicée.
Vin de pays Mont Caume rouge 2019 : j’avais pris un carton de ce vin il y a quelques années et je m’étais régalé. Il s’exprime sur les fruits noirs, les épices, la bouche serre un peu je trouve mais sans être asséchante. L’assemblage est fait de jeunes vignes de mourvèdre mais aussi de grenache et…de merlot et cabernet. C’est plutôt iconoclaste ici mais c’est pas mal réussi.
Bandol 2013 : dans un registre déjà assez évolué, sur le cuir, le fruit cuit, le pruneau, le vin se montre assez souple, de demi corps et assez agréable mais j’avoue ne pas être séduit par ce type d’évolution.
Bandol Longue Garde 2011 : ce sont les fruits noirs qui prennent le pouvoir avec une touche mentholée très agréable ensuite. Le vin est assez dense avec une grosse mâche mais très équilibré. Clairement un vin de repas d’hiver, il faudra être patient pour que l’ensemble se fonde et en profiter pleinement.
Bandol LG 2015 : je retrouve sensiblement les mêmes caractéristiques que le précédent mais encore un peu plus jeune, avec un côté épicé plus présent et une bouche il me semble un peu plus solaire. C’est très dense, très jeune et il faudra patienter je crois une bonne dizaine d’années afin que cette bouteille arrive sur son plateau de maturité.
Bandol LG 2016 : beaucoup plus accessible que les deux précédents, plus dans un registre de fruits rouges, de fraise écrasée, de poivre, avec une acidité un peu plus présente et une touche mentholée fraîche qui porte la finale. J’ai bien aimé ce vin.
Bandol LG 2018 : immédiatement expressif, séducteur en diable avec de jolies notes de fraises et une touche florale. La bouche est au diapason, riche mais très accessible, avec de la mâche mais sans raideur ni astringence. Un vin sphérique qui évolue sans cesse dans le verre vers les épices orientales, le chocolat. C’est diablement bon et il sera mon vin coup de cœur dans mon périple !


Finir une dégustation avec un coup de cœur est toujours un moment de vie qui marque dans un parcours d’amateur. J’avoue que ce cépage Mourvèdre n’est pas facile à appréhender pour moi et certainement pas facile pour les vignerons à amadouer. Les tanins sont très présents, carrés avec des mâches importantes. Ce 2018 réunis à mon sens tous les atouts de ce cépage sans les inconvénients. Je commence à comprendre aussi que ce sont des vins à attendre, pour que notamment les tanins se fondent. J’avoue sincèrement que les expressions d’évolution ne me séduisent pas vraiment, c’est d’ailleurs aussi certainement pour cela que ce 2018 m’a tant plus, dans sa jeunesse accessible. Ceci étant je ne suis que bien trop peu initié concernant les vins de Bandol pour en tirer de quelconques conclusions.
Merci à Mireille Gaussen pour son sourire, sa gentillesse et sa disponibilité. J’ai tenu ma promesse de venir un jour lui rendre visite, bien m’en a pris, c’était un très joli moment et à mon sens un passage obligé pour tout amateur qui veut découvrir ou approfondir la découverte des vins de Bandol.

Img 8001Un pied de mourvèdre du domaine Gaussen

Cyril Amelin - juillet 2021

Commentaires

  • Michel OTT

    1 Michel OTT Le 16/01/2022

    Bonjour M. RADMACHER,
    Toujours un plaisir de lire vos périples viniques !
    Je vois que Mme GAUSSEN vous a présenté une série de Longue Garde pour l'occasion. Peut-être qu'un millésime non estampillé LG permettrait d'aborder ce cépage sous une forme moins austère, tout du moins pendant sa phase de repli ... Cela dit, les quelques millésimes que j'ai pu goûter avaient de toute façon dépassé les 7-8 ans, je me garderais donc de conclure ...
    Salutations et remerciements pour vos partages d'expérience.

Ajouter un commentaire

Anti-spam