Pèlerinage en Bourgogne-Beaujolais 2013 - Domaine de la Soufrandière

Depuis l’année 2010, cette seconde incursion de l’année en terre bourguignonne me donne l’occasion de retrouver des vignerons qui n’étaient pas disponibles lors de ma visite estivale mais aussi de partir un peu plus au sud pour tester quelques adresses dans le Beaujolais.
Le programme 2013, me fera commettre de coupables infidélités – à Jean-Marc Burgaud notamment – mais ma pile de gamays commençait à devenir monotone : le changement c’est maintenant !...hein, quoi, je l’ai dit ? Mais alors je ne l’ai pas dit fort…

La première journée sera beaujolaise et mâconnaise avec des visites au Domaine des Marrans à Fleurie, au domaine Richard Rottiers à Romanèche pour terminer par un nouveau rendez-vous à la Soufrandière à Vinzelles.
La seconde journée nous fera remonter vers le nord avec trois étapes bourguignonnes : Buisson-Charles à Meursault, Murat à Concoeur et Castagnier à Morey…routine quand tu nous tiens !!!
Hoppla, c’est parti !

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Vue sur le vrai moulin à vent de Romanèche avec de belles couleurs automnales.




Jour 1. : visite au domaine de la Soufrandière à Vinzelles

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Après le repas de midi à la brasserie Villa Cardinale de Fleurie, où on mange un menu du jour tout à fait honorable et où on trouve une carte des vins qui propose un large choix de crus locaux à des prix très sages, nous repartons en direction de Mâcon, pour la dernière étape vinique de la journée : Vinzelles et la Soufrandière…incontournable, évidemment !

Le grand chantier de la Soufrandière est terminé et les 3 frères Bret disposent maintenant d’une cave enterrée de 480 m² où ils pourront travailler avec la rigueur et la précision nécessaires pour élaborer leurs cuvées « haute couture ».
Bien évidemment cette quête d’excellence commence par une exigence maximale au niveau des pratiques viticoles : biodynamie sur la Soufrandière, bio sur 60% des parcelles Bret Brothers…avec comme projet d’arriver à 100% dans quelques années.

Sous un beau soleil d’automne, Jean-Philippe Bret, nous accueille et nous invite à une petite promenade sur les Quarts : l’occasion d’aller « respirer » le terroir du plus beau coteau de Vinzelles et surtout de voir la célèbre Coquette et Laurent son driver en plein travail dans les rangs de vigne…bucolique et vivifiant !

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Une parcelle du haut des Quarts

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Coquette au travail

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Buttage dans la parcelle du « Clocheton »

De retour à la cave, dont le volume permet des agencements très fonctionnels : espaces de stockage, chais à barriques, cuvier pour élevages longs…

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Une partie du stockage

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Une partie du chai à vin blanc

Pour se faire une petite idée du nouveau millésime nous goûtons 2 cuvées 2013 dont les fermentations ne sont par encore achevées : Viré-Clessé La Verchère et Pouilly-Vinzelles Les Quarts Millerandée montrent une matière bien mûre et une présence acide plutôt cinglante « les maturités sont très bonnes mais comme il y a beaucoup d’acidité malique, on ne pourra se prononcer définitivement sur les équilibres qu’après les malos ». Prudent mais quand même optimiste…

La suite de la dégustation est consacrée aux cuvées du millésime 2012 :

Mâcon Chardonnay : réduction fugace puis nez fruité discret mais très pur, pamplemousse et craie, attaque souple et ronde en bouche puis affirmation d’une belle tension acide, finale vive et précise mais pas trop longue.
Issu d’une vigne en bio certifié depuis ce millésime, ce vin a été élevé majoritairement en cuve inox (90%). Son tonus, son équilibre et sa belle empreinte minérale mettent le dégustateur de bonne humeur et lui donnent une furieuse envie de découvrir la suite de la série…ça tombe bien, c’est prévu au programme !

Mâcon Uchizy La Martine : nez très proche de celui du vin précédent avec une touche minérale un peu plus complexe, opulent et caressant en bouche, finale fraîche et sapide.
Issue d’une vigne située sur un coteau argileux et caillouteux exposé à l’est et élevée comme le Mâcon Chardonnay, cette cuvée allie avec bonheur richesse et minéralité…Même très jeune, la Martine est vraiment irrésistible !

Mâcon Cruzille : nez est raffiné et engageant sur les fruits blancs et la vanille, bouche très élégante, toucher suave, finale longue et discrètement épicée.
Elevée pour moitié en demi-muids et pour moitié en barriques cette cuvée issue d’une parcelle argilo-calcaire de vieilles vignes travaillée en bio, marque une rupture de style avec les deux précédentes mais la finesse et la gourmandise sont toujours au rendez-vous. MIAM !

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Viré Clessé La Verchère : nez discret, finement floral, sphérique et gras en bouche, finale qui développe une puissante tension minérale avec des amers très racés.
Cette cuvée issue d’un très beau terroir argilo-calcaire près du village de Viré est plus secrète que les précédentes mais son message vinique est bien plus profond. On entre dans la famille des vins de garde !

Saint Véran En Combe : nez fin et précis sur les agrumes frais, attaque vive et tranchante, milieu de bouche qui développe un joli gras, finale citronnée et minérale.
Provenant d’une vigne de 40 ans plantée sur un terroir argilo-calcaire riche en oxyde de fer ce Saint Véran très tonique peut s’apprécier pleinement dans sa jeunesse si on aime les vins vivifiants et tendus...les amateurs de matières plus patinées devront faire preuve d’un peu de patience.

Pouilly Loché Les Mûres : nez discret et raffiné avec des notes de boîte de craie et d’épices douces, ouche pleine, onctueuse et joliment balancé, retour épicé en finale.
Issu d’une parcelle de vieilles vignes (55 ans) sur un coteau riche en argiles rouges orienté au levant, ce vin stylé et très élégant montre que cette appellation méconnue qui vit dans l’ombre de son célèbre voisin (Pouilly Fuissé, bien sûr) peut engendrer de très belles cuvées qui peuvent à juste titre revendiquer leur place parmi l’élite mâconnaise.

Pouilly Fuissé Terres de Vergisson : nez encore très discret, bouche concentrée avec un toucher grenu et un très long sillage minéral en finale.
Cette cuvée à la minéralité très marquée est issue de l’assemblage de 2 parcelles : « La l’eau » au pied de la roche de Solutré et « Petite Croix », un petit dôme placé entre les deux roches. Secret, dense et prometteur…une belle expression du terroir !

Pouilly Fuissé Le Clos Reyssié : nez délicate et charmeur sur le miel et la bergamote, rond, gras et souple en bouche, très belle longueur aromatique en finale.
Suave et généreuse cette cuvée provient d’une vieille vigne (70 ans) située sur l’un des plus beaux terroirs de Chaintré…malgré sa noble origine ce Pouilly Fuissé étonne par sa gourmandise et son accessibilité précoce.

Les deux vins suivants sont encore en cours d’élevage en cuves inox, ils seront mis en bouteilles au printemps :

Pouilly Fuissé En Carementrant : nez citronné et finement minéral, bouche équilibrée, concentrée et bien en place, finale profondément saline.
Les vieilles vignes (60 ans) exposées au sud de ce beau terroir de Vergisson ont engendré un vin élégant et racé qui se montre déjà bien ouvert…MIAM !

Pouilly Fuissé La Roche : nez discret sur le pomelo et la pierre chaude, présence en bouche très harmonieuse qui fait penser à celle du vin précédent mais avec un surcroît de puissance minérale.
Issu de deux parcelles calcaires de vieilles vignes (50 ans) exposées à l’est, ce vin à l’aromatique encore très réservée possède une structure imposante taillée avec beaucoup de précision…Comme d’habitude ce Pouilly Fuissé « La Roche » est l’un des grands vins de garde de la gamme Bret Brothers.

Après cette belle série « Bret Brothers », Jean-Philippe nous invite à goûter les cuvées estampillées « Soufrandière » :

Mâcon Vinzelles Le Clos de Grand Père : nez fin et délicat, bouche très gourmande avec une matière juteuse, souple et soyeuse, finale nette et très glissante.
Même si son aromatique se montre encore un peu secrète ce vin élevé en cuve (80%) et en fûts (20%) est conçu pour apporter au dégustateur un plaisir simple mais intense…MIAM !

Pouilly Vinzelles : nez vif et fruité (groseille blanche), bouche qui rappelle la cuvée précédente mais montrant un supplément de profondeur tout en gardant une magnifique finale longue et salivante..
Issue des jeunes vignes (40 à 45 ans quand même) du climat des Quarts et élevée pour 70% en cuves et 30% en fûts cette cuvée a une buvabilité et une gourmandise qui transcende les millésimes…Attention produit hautement addictif !!!
RE-MIAM évidemment…
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Les trois vins suivants sont encore en cours d’élevage en cuves inox, ils seront mis en bouteilles au printemps :

Pouilly Vinzelles Les Longeays : nez légèrement réduit à l’ouverture puis belle évolution minérale (silex, pierre chaude), bouche droite et concentrée avec un toucher légèrement tannique et une belle longueur finale.
Ce climat voisin des Quarts se distinguait habituellement par sa capacité à produire des vins ouverts et gourmands dès leur plus jeune âge, mais sur le millésime 2012, mystère…ce cru affirme une minéralité dense et profonde qui ferait presque penser à un riesling alsacien (sur terroir calcaire bien sûr…).

Pouilly Vinzelles Les Quarts : robe encore un peu troublée, nez peu loquace, bouche qui marque les esprits par la densité de sa chair, la puissance de sa trame minérale et son allonge étonnante.
Avec son énergie exceptionnelle et sa structure encore un peu dissocié ce vin issu du plus beau terroir de Vinzelles aura encore besoin de temps pour se construire mais la promesse d’un vin d’exception est évidente.

Pouilly Vinzelles Les Quarts-Cuvée Millerandée : nez net et bien défini, pierreux et citronné, bouche dense, dotée d’une puissance rare, finale longuement aromatique et soutenue par de fins amers.
Cette cuvée est issue du coteau des Quarts mais elle est conçue à partir de fruits récoltés dans un partie où les raisins millerandent régulièrement.
Souvent plus secret et plus long à se mettre en place que Les Quarts, ce vin est déjà splendide aujourd’hui…et en plus l’avenir lui appartient. Que demander de plus ?

Pour finir, Jean-Philippe nous propose une petite cuvée surprise : nez raffiné sur les agrumes mûrs avec quelques nuances de truffe blanche et de craie, bouche sphérique avec un beau gras et une acidité puissamment tendue, finale très longue révélant de beaux amers.
La qualité de l’acidité nous met sur la piste du millésime…2010 ou 2008, la nature de la palette aromatique me fait plutôt pencher vers 2008…par contre pour l’appellation je sèche un peu. Complexe à souhait et plein d’énergie, c’est sûrement une bouteille de la gamme « Soufrandière » mais l’dentité de la cuvée reste bien mystérieuse pour moi…En fait c’est un Pouilly Vinzelles Les Quarts-Cuvée Millerandée 2008

Jean-Philippe Bret et sa bouteille mystère.

Pour mettre un point final à la série, nous goûtons le Beaujolais-Leynes Bien-venu In X-tremis 2012 : robe peu colorée, nez marqué par une forte réduction mais bouche superbe, juteuse, équilibrée avec une texture velouté et une belle allonge finale.
Issu d’un assemblage de deux parcelles de gamay exposées à l’est et au sud et situées près de Chaintré et de Saint Amour, ce vin à l’olfaction peu avenante nous régale par la qualité de sa présence en bouche…c’est la première fois que la cuvée rouge des Brothers me fait une si bonne impression dans sa jeunesse. Voilà qui est de très bonne augure pour l’avenir, surtout lorsqu’on sait que l’année prochaine on trouvera de nouvelles appellations beaujolaises dans la gamme du domaine

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La cave rouge des Bret Brothers : Bien-Venu mais aussi de nouvelles appellations…Patience !


Avec la réalisation de leur grand projet de cave enterrée, les frères Bret disposent aujourd’hui d’un outil professionnel ultra-performant dans lequel ils vont pouvoir continuer à peaufiner la qualité de leur production. Depuis 3 millésimes les cuvées de prestige bénéficient d’élevages longs en cuve, ce qui permet de réduire les filtrations et en 2012 et 2013 la vendange a été foulée avant la mise au pressoir pour extraire davantage de polyphénols dans les jus. Bien évidemment, pour les années à venir, les projets ne manquent pas à la Soufrandière : développement d’une gamme de vins rouges du beaujolais, exploitation de nouvelles parcelles sur Vergisson…on a hâte de voir ça !


Les vins de 2012 sont déjà très bien équilibrés et se distinguent par leur aptitude à exprimer la marque de leur terroir dès leur prime jeunesse : toutes les cuvées dégustées portaient des signatures bien lisibles qui leur donnaient une personnalité déjà bien affirmée...des nouveau-nés avec un caractère bien trempé, ça promet !

Comme chaque année, je repars de la Soufrandière conquis par la qualité des vins élaborés par les frères Bret et impressionné par l’énergie que ces vignerons déploient pour chercher à progresser encore et encore.
Avec des vignes toujours plus en harmonie avec leur environnement, des pratiques en cave destinées à exprimer la quintessence de la relation fruit/terroir, des élevages dans un parc de futaille arrivé à pleine maturité qui font grandir chaque vin sans le marquer, ces vignerons prouvent millésime après millésime que le vignoble du mâconnais peut engendrer des crus dignes de figurer parmi les très grands bourgognes.

Mille mercis à Jean-Philippe pour ces 3 heures de visite et d’émotions viniques partagées…et à l’année prochaine.

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Départ de la Soufrandière et dernière vue sur les vignes devant le domaine.

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