Pèlerinage Bourgogne/Beaujolais 2017 - Visite au domaine Buisson-Charles


Malgré une conjoncture de moins en moins favorable – avec la courbe d’évolution de mon salaire qui se décroche de plus en plus de celle de l’évolution du prix des vins – j’ai quand même décidé de reconduire pour une année de plus mon traditionnel pèlerinage en terre burgonde.
Cette promenade entre les vignobles du Beaujolais et de la Côte de Nuits, que je réalise depuis près de 30 ans, est durablement inscrite dans mon programme annuel et je ne veux pas penser au jour où je serai obligé d’abandonner cette bonne habitude…allez, on y va !
Comme toujours mon périple va me faire rencontrer quelques vignerons déjà bien connus et d’autres dont je vais visiter le domaine pour la première fois…histoire d’allonger encore un peu plus ma longue liste de belles adresses viniques dans cette région.
Le premier jour sera plutôt « bourguignon » avec deux haltes en Côte de Beaune, au domaine Buisson-Charles et au domaine Parigot, et une halte en Côte Châlonnaise, au domaine Tupinier-Bautista.
Pour les deux jours suivants je serai rejoint par mon ami Cyril l’ardèchois pour bourlinguer de concert entre Beaujolais et Mâconnais avec un programme bien chargé qui nous conduira chez Guenaël Jambon, au domaine de Forétal, au domaine des Marrans, au domaine de la Soufrandière et chez Nicolas Maillet.
Ma tournée 2017 se terminera par une dernière halte sur le chemin du retour au domaine Castagnier à Morey Saint Denis.

Hoppla, c’est parti !

Img 1681
Le vignoble du mâconnais en automne.

 

Jour 1. : visite au domaine Buisson-Charles à Meursault

Je sais qu’en vous proposant le récit d’une nouvelle visite au domaine Buisson-Charles je vais finir par passer pour un radoteur ou peut-être même pour un obsédé mais lorsqu’il s’agit de commencer un long périple vinique je suis toujours content de pouvoir choisir une maison où on est bien reçu et où on goûte du très bon vin.
Meursault attends moi, j’arrive… !!!

1 76
Meursault qui émerge des brumes automnales.

Il est 10h30, le vignoble de Meursault émerge peu à peu d’une brume matinale et j’arrive rue de la Velle en découvrant un grand chantier entre la maison Buisson-Charles et la propriété voisine : ça y est, Catherine et Patrick Essa ont décidé de pousser les murs pour gagner quelques précieux mètres carrés qui leur permettront de travailler de façon plus confortable et plus efficace.
A la fin des travaux de restructuration le domaine pourra bénéficier d’un grand espace de stockage et d’une extension de leur cave enterrée qui est déjà fonctionnelle aujourd’hui.

Après une rapide visite des nouveaux espaces professionnels en cours d’aménagement, Patrick m’invite à le suivre dans la cave pour notre traditionnel tour d’horizon de la gamme du domaine Buisson-Charles.

2 71
La voûte centrale de la cave Buisson-Charles…

3 70
…et l’extension 2017.


Comme les vins de 2016 terminent leur phase d’affinage en attendant la mise Patrick a préparé la dégustation en prélevant une série d’échantillons sur cuve.

4 2 4
Il y a une jolie ronde autour de l’indispensable crachoir…

4 1 4
…et Patrick est prêt à servir ses vins…les choses sérieuses vont commencer !


Bourgogne Hautes Coutures : nez très frais, notes de fruits blancs et de pierre, matière longiligne tendue par une acidité minérale très solide, finale précise et épurée.
Issue d’une seule parcelle sur le lieu-dit « Les Combes » près de Puligny, cette cuvée Hautes Coutures 2016 m’a étonné par son caractère droit et minéral qui se révèle beaucoup plus précocement que d’habitude.
Après la destruction par le gel des deux autres parcelles (situées sur Meursault) qui entrent normalement dans l’assemblage de ce Bourgogne blanc, le domaine ne dispose aujourd’hui que de 5 pièces de cette très belle cuvée d’entrée de gamme…autant dire qu’il n’y en aura pas pour tout le monde !


Meursault Vieilles Vignes : expression olfactive très proche de celle de la cuvée de bourgogne, fruité discret et minéralité très présente, matière plus dense tenue par une arête acide puissante, finale vive et ciselée avec de beaux amers qui stimulent la salivation.

4 4 2

Là aussi le gel du printemps 2017 a frappé durement les parcelles où sont récoltés les raisins qui entrent dans l’assemblage de cette cuvée : les vignes côté Puligny n’ayant quasiment rein produit, ce Meursault provient presque exclusivement du lieu-dit « Les Pellans » avec des rendements ridiculement bas, 18hl/ha…une misère !
Au bout du compte nous avons un très beau vin qui partage beaucoup de caractéristiques avec la cuvée précédente mais qui développe une matière plus concentrée et une structure plus solide…on monte dans la gamme et ça se sent !


Meursault Tessons : nez discret, notes d’amande fraîche et nuances minérales raffinées (plâtre, terre glaise), matière élancée, équilibre très droit, finale sculptée avec une grande précision, long sillage minéral.

4 3 3

Tessons est l’une de mes cuvées fétiches du domaine et ce n’est pas cette édition 2016 qui va me faire changer d’avis : la matière est longiforme, l’équilibre est très précis et la trame minérale omniprésente donne de solides garanties pour une bonne tenue face au temps qui passe…pas de doute, c’est déjà un grand vin !


Meursault 1° Cru Les Cras : nez ouvert et bien complexe, notes de fruits blancs, de résine et de poudre de craie, très belle présence en bouche, matière étirée, équilibre droit, finale longue et saline.
Meursault 1° Cru Charmes : nez élégant et particulièrement séduisant, palette florale sur un fond minéral (notes de silex), matière concentrée avec un joli gras et une ligne acide qui apporte beaucoup de tenue et qui affine la silhouette, finale très sapide avec des nuances minérales persistantes.
Meursault 1° Cru Bouches Chères : nez fin et discret, notes pierreuses et iodées, équilibre très vertical, matière charnue qui révèle une mâche tannique délicate, finale longue et fraîche avec un très beau retour aromatique minéral.
Meursault 1° Cru Goutte d’Or : nez d’une pureté absolue qui évoque l’eau de roche avant de délivrer de petites notes briochées très suaves, bouche somptueuse, équilibre parfait, matière ample et profondément minérale, finale précise et très digeste.

Comme toujours, les quatre cuvées de premiers crus sont installées au sommet de la pyramide qualitative du domaine Buisson-Charles – d’autant plus facilement que la concurrence de Chassagne et de Puligny n’existe pas en 2016 – et chaque bouteille occupe sa place en affirmant sa personnalité : un Cras lascif et sensuel, un Charmes séduisant et voluptueux, un Bouche Chères austère et minéral et un Goutte d’Or magnifique de pureté et de noblesse…ne me demandez surtout pas de choisir !!!

5 66
L’édition 2015 du carré d’as murisaltien du domaine Buisson-Charles


Chablis Grand Cru Vaudésir : nez frais et vivifiant, palette expressive sur le citron et la pomme granny-smith sur un fond délicatement crayeux, matière élancée, équilibre précis avec une acidité mûre mais filant droit, finale pleine d’énergie où on sent une intense présence saline.
Avec son caractère bien trempé et sa minéralité qui s’affirme de façon très précoce le Grand Cru chablisien du domaine Buisson-Charles affirme de mieux en mieux son style et son identité dans cette cave largement dédiée aux grands blancs de la Côte de Beaune.
Patrick affirme qu’il prend beaucoup de plaisir à vinifier cette cuvée…et ça se sent !


En raison du gel de printemps, le domaine n’a pas pu acheter de raisins pour ses cuvées de Chassagne et de Puligny qui avaient trouvé leur place dans la gamme Buisson-Charles…nous terminons donc ce tour de cave par la dégustation de quelques cuvées de rouge.

Bourgogne : nez très agréable avec de belles notes de cerise mûre soutenues par un boisé très fin, matière ample, belle concentration, trame tannique assez dense mais avec un grain très fin.
Après une version 2015 qui a fait beaucoup parler d’elle, le bourgogne 2016 du domaine Buisson-Charles avait fort à faire pour exister…mais après avoir dégusté ce jus fruité, équilibré et remarquablement bien structuré je suis tout à fait rassuré. C’est un très beau vin !

Volnay 1° Cru Santenots : nez séduisant et complexe, notes de fruits noirs (mûre, cassis) avec de fines touches fumées, matière opulente structurée par une acidité très droite, grain tannique très sensuel, finale généreuse et expressive.
A l’instar du vin précédent, ce Santenots 2016 a la lourde tâche de succéder à une cuvée d’anthologie…mais la dégustation du jour qui nous met en présence d’un jus pur, profond et caressant nous rassure pleinement : le volnay 1° Cru 2016 du domaine Buisson-Charles est d’une qualité exceptionnelle avec un caractère plus ouvert et plus accessible qui me fait penser qu’on pourra surement le déboucher avant le 2015. MIAM !

6 1 8
Patrick qui joue de la pipette dans sa nouvelle cave.


Corton Clos du Roi : olfaction assez mutique où on devine un registre terrien/minéral racé, matière dense et serrée, jus fruité très concentré, finale longue et austère.
Ce Corton est l’un des nouveaux-venus dans la cave Buisson-Charles et complètera la gamme du domaine pour le millésime 2016.
Pour l’heure, l’esthétique sombre et monacale de ce Grand Cru ne lui donne pas un caractère très accessible mais en bouche le vin révèle une vraie personnalité qui ne laisse aucun doute sur son potentiel.

6 2 7
Voilà probablement la première photo d’une future star du domaine Buisson-Charles : Corton Clos du Roi 2016


Pour finir, Patrick décide de me fait découvrir le Volnay 1° Cru Santenots 2017, un nouveau-né extrêmement prometteur avec un nez encore perturbé par des notes fermentaires mais présence vraiment spectaculaire en bouche : matière riche et puissamment structurée, une aromatique expressive sur les petits fruits rouges (belles notes de framboise) et une finale intense et tonique avec des tanins bien mûrs.
J’ai comme l’impression que ce magnifique Santenots annonce encore un grand millésime au domaine Buisson-Charles…et j’espère pouvoir vérifier ça l’année prochaine !


Après près de 10 visites au domaine Buisson-Charles, j’ai de plus en plus de mal a rédiger une conclusion qui ne reprendrait pas l’une ou l’autre remarque déjà publiée par le passé…mais bon je me lance.

Je vais être « obligé » de louer une fois encore l’impeccable qualité des vins dégustés aujourd’hui car comme toujours, chaque cuvée est une merveille de pureté et de finesse : les maturités parfaites et les élevages d’une justesse exemplaire permettent aux différents terroirs murisaltiens de se révéler avec une grande précision.
Les cuvées parcellaires montrent des structures élégantes et déjà bien typées, les cuvées d’assemblage (bourgogne et meursault) étonnent par leur style étiré et minéral assez inédit – très « pulignesque » en fait – mais j’aime tout autant et les vins rouges séduisent par la beauté de leur fruit et de leur texture.
MIAM général et enthousiaste !!!

Les violentes gelées du printemps 2016 qui ont frappé durement certains secteurs de la Côte de Beaune ont eu un impact considérable sur les rendements si bien que la plupart des cuvées de négoce du domaine n’ont pas pu être produites sur ce millésime.
La gamme 2016 est donc moins large que d’habitude mais 2017 nous fera vite oublier cette petite déception puisque 4 nouvelles appellations viendront enrichir l’offre vinique du domaine Buisson-Charles : Corton Bressandes, Corton Perrières, Volnay Champans et Puligny Folatières…j’ai hâte de goûter tout ça l’année prochaine !

Merci à Patrick et à Catherine pour leur accueil.

7 68
Dernier coup d’œil sur Meursault et ses vignes avant la poursuite de ma tournée bourguignonne.

 

Commentaires

  • LES SENTIERS

    1 LES SENTIERS Le 13/11/2017

    Bonjour Pierre,
    J'ai un doute dans ta dégustation à propos des Tessons : tu parles du 2015 ou du 2016 ?
    Bien amicalement.
    Christian
    pierre_radmacher

    pierre_radmacher Le 15/11/2017

    Bonjour Christian, Je n'ai dégusté que les 2016 chez B.C. et un Santenots 2017. @+ Pierre
    pierre_radmacher

    pierre_radmacher Le 15/11/2017

    ...et j'ai corrigé ma faute de frappe dans mon article.

Ajouter un commentaire

Anti-spam