Pèlerinage Bourgogne/Beaujolais 2017 - Visite au domaine Nicolas Maillet


Malgré une conjoncture de moins en moins favorable – avec la courbe d’évolution de mon salaire qui se décroche de plus en plus de celle de l’évolution du prix des vins – j’ai quand même décidé de reconduire pour une année de plus mon traditionnel pèlerinage en terre burgonde.
Cette promenade entre les vignobles du Beaujolais et de la Côte de Nuits, que je réalise depuis près de 30 ans, est durablement inscrite dans mon programme annuel et je ne veux pas penser au jour où je serai obligé d’abandonner cette bonne habitude…allez, on y va !
Comme toujours mon périple va me faire rencontrer quelques vignerons déjà bien connus et d’autres dont je vais visiter le domaine pour la première fois…histoire d’allonger encore un peu plus ma longue liste de belles adresses viniques dans cette région.
Le premier jour sera plutôt « bourguignon » avec deux haltes en Côte de Beaune, au
domaine Buisson-Charles et au domaine Parigot, et une halte en Côte Châlonnaise, au domaine Tupinier-Bautista.
Pour les deux jours suivants je serai rejoint par mon ami Cyril l’ardèchois pour bourlinguer de concert entre Beaujolais et Mâconnais avec un programme bien chargé qui nous conduira chez Guenaël Jambon, au domaine de Forétal, au domaine des Marrans, au domaine de la Soufrandière et chez Nicolas Maillet.
Ma tournée 2017 se terminera par une dernière halte sur le chemin du retour au domaine Castagnier à Morey Saint Denis.

Hoppla, c’est parti !

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Le vignoble du mâconnais en automne.

 


Jour 3 : visite au domaine Nicolas Maillet à Verzé

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Après une belle nuit à La Soufrandière (merci aux Brothers pour leur hospitalité) et un début de matinée au pied de la Roche de Vergisson pour une session de vendanges tardives, nous nous retrouvons dans le village de Verzé pour une première rencontre avec Nicolas Maillet, un vigneron que l’ami Cyril a rencontré à l’occasion du Salon des Vins d’Hurigny et dont il a beaucoup apprécié les vins.
C’est parti pour ma dernière journée bourguignonne !

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Le vignoble de Verzé vers le nord…

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…et vers le sud.

Nicolas Maillet qui est avec les frères Bret l’une des chevilles ouvrières de l’association des Artisans Vignerons de Bourgogne du Sud et comme leur Salon des Vins se tiendra au Château d’Hurigny dans quelques jours, notre visite n’a pas été simple à organiser…mais après quelques ajustements dans nos plannings respectifs nous avons réussi à trouver un petit créneau pour découvrir in-situ les vins produits par ce vigneron.

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Le coin-dégustation aménagé dans un coin de la cave de stockage du domaine.

Au niveau viticulture, Nicolas Maillet reconnaît être particulièrement exigeant quant à la « qualité du matériel végétal » et lorsqu’il décide de replanter une parcelle où de remplacer un pied mort ou fatigué, c’est avec des plants sélectionnés de façon drastique aussi bien pour le porte-greffe que pour le greffon.
Les vignes du domaine sont travaillées en biodynamie – non revendiquée pour l’instant mais label bio Ecocert depuis 2011 – et les vendanges sont exclusivement manuelles.

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Un outil révélateur de pratiques biodynamiques : un dynamiseur avec une cuve en cuivre.

Nicolas Maillet recherche les fermentations longues « qui permettent aux vins de gagner en complexité » et pour ceci il effectue des débourbages assez poussés sur les jus avant de les laisser fermenter à leur rythme sous l’action exclusive de levures indigènes : « la durée de mes phases de fermentation varie de 10 à 18 mois ».
A l’exception d’une cuvée de Pouilly Fuissé (cuvée négoce) qui est travaillée à la bourguignonne, tous les vins du domaine sont élevés en cuves.
La gamme actuelle propose 8 références : 6 cuvées de blanc et 2 de rouge.

Allez, on goûte !

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Nicolas Maillet qui nous sert la première « tournée » du jour

 

Bourgogne Aligoté 2016 : expression aromatique pure et très élégante, attaque bien vive en bouche avec un jus frais mais très gourmand, finale sapide qui révèle une belle présence saline.
« En étant vigilant sur le choix des plants, on se rend compte que l’aligoté est un cépage qui peut produire de très beaux vins »…cette remarque de Nicolas Maillet trouve sa justification avec cette cuvée absolument magnifique.
C’est pour garder cette qualité exceptionnelle que ce vigneron va choisir du matériel végétal de première qualité pour replanter cette vigne qui date de 1928 : « Des porte-greffes adaptés au sol et des greffons issus d’une sélection massale sur une vigne centenaire de Bouzeron appartenant à Aubert de Villaine »...cela s’appelle mettre toutes les chances de son côté pour continuer à nous régaler avec  une cuvée d’aligoté d’un niveau qualitatif vraiment incroyable. MIAM !!!
(NB : ce vin a fait une très belle impression à l’occasion de la
dégustation du club A.O.C. en novembre)

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Mâcon Igé 2016 : nez assez expressif avec un caractère fruité bien mûr, matière ronde et suave en bouche, ligne acide qui monte en puissance progressivement pour donner beaucoup de tonus à la finale.
Ce chardonnay issu d’une vigne située en bas de coteau sur un sol assez profond montre d’emblée un côté ouvert et charmeur tout à fait assumé même si en fin de bouche on retrouve une présence acide très appétante et un joli goût de revenez-y.


Mâcon Verzé 2016 : aromatique fraîche et complexe, notes de fruits blancs, de citron vert sur un fond minéral discret, bouche vive et tendue, structure oblongue très élégante, finale profonde avec une présence saline intense.
Avec cette cuvée issue d’une vieille vigne de chardonnay située en haut de coteau sur un sol calcaire très pierreux, on pénètre dans l’univers des vins de terroir au caractère minéral bien trempé.
Voilà un Mâcon blanc qui fait honneur à son appellation. MIAM !

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Mâcon Verzé Le Chemin Blanc 2016 : expression aromatique très proche de celle du vin précédent mais matière plus concentrée et structure minérale plus puissante, silhouette longiligne, finale vive avec une très belle salinité.
Née sur une parcelle de vielles vignes (85 ans) située sur le ban de Verzé, cette cuvée m’a vraiment impressionné par sa densité et sa présence minérale d’une force peu commune. Grand vin !

Pouilly Fuissé 2014 : olfaction encore un peu marquée par l’élevage (nuances lactées), notes fruitées bien mûres en fond, matière généreuse mais bel équilibre entre un gras raffiné et une acidité fine mais bien tendue, finale longue et rafraîchie par un joli sillage citronné.
Cette cuvée négoce a été conçue à partir de raisins provenant du secteur « Sur la Roche » de Vergisson, a bénéficié d’une vinification et d’un élevage en barriques. Après 2 années de maturation ce Pouilly Fuissé révèle un style nettement plus « bourguignon » et demandera encore un peu de patience pour se livrer pleinement.

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Pour terminer Nicolas Maillet nous propose de goûter l’une de ses cuvées rouges.

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Un verre de rouge pour clore une belle dégustation.

Mâcon Verzé 2015 : fruité précis sur des fruits noirs bien mûrs, jus très gourmand en bouche, silhouette svelte, équilibre frais, finale franche et appétante.
Réalisée à partir de gamay sur terroir calcaire, cette cuvée a été élevée pendant 1 an en fûts (pas de bois neuf) avant d’être assemblée et affinée en cuve durant 3 à 4 mois
Remarquable par son côté accessible et digeste ce très beau mâcon rouge est un vrai « canon » qu’on rêve de déboucher pour une tablée de copains. MIAM !

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Cette première visite au domaine Nicolas Maillet m’a permis de rencontrer un vigneron comme je les aime : authentique, proche de sa terre et de ses vignes, respectueux de la nature, vigilant dans le suivi de ses vins mais peu interventionniste en cave…bref, un véritable artisan-vigneron dont le nom mérite de figurer dans le carnet d’adresse de tout amateur de grands vins du mâconnais.

Sur ses parcelles de vignes travaillées en biodynamie Nicolas Maillet récolte des raisins parfaitement équilibrés qui lui permettent de réaliser des vins d’une grande pureté avec des équilibres frais et des trames minérales très profondes.
Mes coups de cœur du jour seront décernés au superbe Bourgogne Aligoté 2016, certes un peu atypique mais surement l’un des plus beaux qu’il m’ait été donné de boire jusqu’à ce jour, et au Mâcon Verzé Le Chemin Blanc 2016, un grand vin de terroir qui aura encore besoin d’un peu de temps pour donner la pleine mesure de son talent mais qui se laisse (hélas) déjà boire avec un énorme plaisir.

Mille mercis à Nicolas Maillet pour son accueil.

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