Un déjeuner à la Villa Lalique à Wingen sur Moder

pierre_radmacher Par Le 28/04/2019 0

Dans Bien manger dans le vignoble et ailleurs


Pour m’aider à surmonter le traumatisme du passage dans le monde du 3° âge mes amis du club AOC, ont eu la très bonne idée de m’offrir un joli chèque-cadeau à dépenser dans ce restaurant alsacien doublement étoilé situé dans le nord de l’Alsace.
Hoppla, c’est parti pour une belle escapade gourmande à la Villa Lalique.

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La Villa Lalique, dans son cadre bucolique à la sortie du village de Wingen sur Moder

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La Villa vue du parking et l’entrée du restaurant

La grande salle du restaurant est lumineuse et accueillante, le personnel ultra-professionnel est aux petits soins et ma table dressée à la perfection m’attend près d’une grande baie vitrée qui donne sur la forêt...je sens que je vais passer un très bon moment !

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Mon « terrain de jeu » du jour…

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…avec la vue sur une salle lumineuse et accueillante.

Pour l’apéritif, le sommelier Romain Iltis, me propose un verre de Muscat Les Princes Abbés 2017 du domaine Schlumberger : un nez floral très épanoui et séduisant en diable, un jus frais et croquant en bouche avec une petite richesse bien agréable mais vite compensé par une finale tonique et appétente.

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Quelques petites bouchées apéritives sous forme de clin d’œil à certaines spécialités alsaciennes…

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…et un œuf parfait « Tozasu » pour accompagner le verre de muscat d’Alsace.

Avec son expression ouverte et charmeuse et sa petite rondeur confortable en milieu de bouche, le muscat du domaine Schlumberger s’impose avec évidence dans sa fonction d’éveil papillaire tout en ouvrant également des perspectives d’accords gastronomiques plus larges face à cet œuf parfait vraiment parfait et sa mouillette aux saveurs complexes et originales.


Comme le menu « Signature » de la Villa Lalique compte une dizaine de plats et que je n’ai pas de chauffeur à disposition pour cette journée, je vais laisser le sommelier choisir les 3 verres de vins qui vont s’accorder le mieux avec les différentes créations gustatives du chef.

Pour accompagner les premiers plats, Romain Iltis me propose un verre de Riesling Grand Cru Rosacker 2016 du domaine Mader : un riesling vif et droit, tendu par une belle acidité citronnée et soutenu par une salinité calcaire bien marquée…et produite par un vigneron dont j’aime beaucoup le travail.

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La déclinaison de jeunes betteraves rouges

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Le caviar Gold, sériole à la crème de céleri, blinis au sarrasin.

Avec se structure élancée et sa trame acide/minérale de noble facture, le riesling a établi une synergie quasi-spontanée avec les arômes fins et acidulés des différentes déclinaisons gourmandes autour de ce légume racine rustique que le chef a littéralement magnifié.
Les arômes salins et iodés de la chair de poisson crue et des grains de caviar ont stimulé l’expression olfactive du riesling qui a également bien tenu en bouche grâce à sa profonde minéralité qui lui a permis de répondre aux puissants effluves marins de ce plat tout en laissant persister un sillage iodé délicat.


Pour la suite du repas ce sera un verre de Meursault Les Narvaux 2012 du domaine Girardin : un nez élégant et raffiné avec un fruit encore un peu dominé par des notes d’élevage (beurre, résine…), une bouche ample avec un gras « bourguignon » très charmeur et une ligne acide mûre qui porte la structure vers une finale longue, sapide et délicatement boisée

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La découpe de langoustines autour de fruits rouges

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Le rouget à la plancha, cuit et cru, vinaigrette ananas verveine

La douceur de la texture de la chair de langoustine s’est harmonisée parfaitement avec le gras du vin alors que les saveurs acidulées des petits fruits ont résonné avec la minéralité de sa finale mais je crois que c’est avec la tartelette à la fois acidulée, grillée et iodée que le mariage fut le plus abouti : le vin a gagné en expressivité et sa touche boisée s’est faite plus discrète en laissant se développer son caractère fruité et salin.
Avec l’assiette consacrée au rouget, l’accord fut spontané et évident : le moelleux de la chair du poisson et l’ambiance exotique de son accompagnement ont donné une belle complexité aromatique au vin tout en lui répondant de façon équilibrée et harmonieuse en bouche.


Pour accompagner les plats de viande, nous allons rester en Bourgogne avec un verre de Nuits Saint Georges 2013 du domaine Gouges : expression aromatique complexe et raffinée, notes de cerise rouge, d’épices douces sur un fond minéral sensible (graphite, terre humide), bouche longiligne, très élégante, jus gourmand, acidité souple et tanins fondus, finale bien sapide.

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La grillade de foie gras de canard au Baerawecka

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La poitrine de pigeon rôtie de la maison Thierry Laurent, gâteau Forêt Noire « Bollenhut », sauce café

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Le cappuccino de pommes de terre et truffe noire : le plat « signature » du chef

J’avais gardé un fond de verre de Meursault pour le tester avec la préparation au foie gras et grand bien m’en a pris car l’accord s’est avéré superbe…même sur les arômes épicés du baerawecka où le vin a pu montrer toute ses ressources.
Le Nuits Saint Georges n’a pas trop bien réagi face au foie gras seul mais avec le jus de pigeon comme trait d’union et le baerawecka comme exhausteur de saveurs l’accord s’est fait sans problème.
Face à la chair fondante de la poitrine de pigeon nappée de sa réduction au café, le vin a évolué en terrain conquis : du ton sur ton pour un accord superbe qui s’est encore affiné avec les parfums sucrés et acidulés de la « Forêt Noire ». MIAM !
Face à l’exceptionnel cappuccino tout en suavité et en finesse, le vin a tenu son rang de grand vin pour réaliser un très beau mariage…mais je pense qu’avec un cru de Nuits un peu plus évolué ou même un blanc de la Côte de Beaune de plus de 10 ans on n’était pas loin du Nirvana gustatif.


Pour la fin du repas, il n’y a plus eu de vin – 4 jolis verres…ça suffit – mais deux très belles propositions de dessert :

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L’instant douceur autour du pamplemousse avec un jus au sureau et des perles de basilic : un dessert fin, complexe et d’une fraîcheur réjouissante.

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La signature sucrée : la crêpe Suzette revisitée avec des arômes de mandarine d’une très belle pureté.

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Un café signé et une belle série de mignardises pour bien terminer ce magnifique repas.

Certes ce restaurant est un peu loin de la route des vins – d’ailleurs il est un peu loin de tout – mais le voyage vers Wingen-sur-Moder mérite d’être fait par tout gastronome œnophile : la cuisine du chef Jean-Georges Klein est remarquable de précision et d’originalité, le cadre somptueux, le service impeccable et la carte des vins tout à fait spectaculaire (2500 références) fait une large place aux vignerons alsaciens.

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La cave du restaurant…

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…les verres et les carafes signées Lalique…

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…les vins dans leur espace climatisé…

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…et le livre de cave.

Bref, voilà une adresse que j’ai vraiment envie de recommander car même si les prix des menus et des vins sont conséquents – mais on est dans un établissement doublement étoilé – on y passe un moment vraiment inoubliable. MIAM !!!

 

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