Dégustation club AOC - Vins rouges de montagne

Pour cette soirée de reprise – après la réunion festive de septembre – nous revenons à une configuration de séance plus classique avec deux thèmes viniques bien différenciés :

- les vins rouges des montagnes alpines
- les vins blancs du vignoble nord-rhodanien.

La série de rouges a été constituée avec des bouteilles dénichées par François et quelques vins que j’ai trouvés à l’occasion de ma tournée estivale dans les Alpes.
C’est également François qui a fourni la majeure partie des vins blancs et j’ai été chargé de compléter la série par 3 bouteilles achetées chez un caviste (« Le Théâtre du Vin »).

Les rouges ont été débouchés une heure avant dégustation et servis étiquettes découvertes seuls ou en doublettes issues du même secteur.
Les blancs ont été débouchés au moment de la dégustation et servis étiquettes découvertes du vin le plus léger au vin le plus concentré.

Verres Spiegelau Authentis 01

Soirée Club AOC du 6 octobre 2017 à La Wantzenau


En guise de mise en bouche :

AOC Alsace Traenheim 2014 – Domaine Mochel à Traenheim : nez discret et raffiné, fines notes florales, matière fusiforme, équilibre sec, élevage noble et bien intégré, finale vive et tendue.

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La cuvée d’assemblage du domaine Mochel (70% pinot blanc + 30% pinot gris) a eu besoin de beaucoup de temps pour se révéler pleinement – en fait, je l’ai regoûtée en fin de séance – mais je reste convaincu que cette bouteille a de beaux jours devant elle…et le magnifique 2005 dégusté au domaine est là pour le prouver !



Thème 1
Faut-il se méfier de la montagne quand elle voit rouge ?

AOC Valais-Martigny Champortay-Gamay  2016 – G. Besse à Martigny : nez agréable, notes de fruits rouges sur un fond plus austère, graphite et cendre froide, matière longiligne et souple, finale fluide et glissante, retour aromatique fruité et minéral (mine de crayon).
(100% gamay – élevage en cuves et en fûts)
AOC Valais-Martigny Champortay-Dôle 2016 – G. Besse à Martigny : nez plus complexe, notes de fruits rouges et noirs, présence minérale discrète, attaque franche, matière en demi-corps, toucher soyeux, grain tannique très fin, finale fraîche et équilibrée.
(assemblage gamay et pinot noir – élevage en cuves et en fûts)

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Voilà deux vins qui méritent plus que tous les autres le titre de « vin de montagne » puisqu’ils sont nés sur les pentes redoutables qui dominent la ville de Martigny.
Les deux s’expriment de façon assez originale avec des nuances minérales très prégnantes et une présence équilibrée et glissante en bouche. L’assemblage pinot noir/gamay de la cuvée Dôle est un peu plus vineux et plus profond que la cuvée monocépage à base de gamay seul qui séduit par sa gourmandise et sa légèreté.


AOC Vin de Savoie Mondeuse  2016 – B. Lupin à Frangy : fruité pur et discret au nez, bouche souple et suave, finale juteuse avec un gain tannique sensible mais bien velouté.
(100% mondeuse éraflé à 50% – élevage en barriques de plusieurs vins)

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Avec cette cuvée née sur un coteau de moraines glaciaires de la vallée des Usses on se trouve surement près de la limite septentrionale de culture de ce cépage mais comme nous l’a confié Bruno Lupin « le terroir de Frangy n’est pas propice à la réalisation de grands vins rouges de garde » et cette mondeuse fruitée et digeste remplit parfaitement son rôle de vin de copains qu’on pourra servir pour accompagner une planchette de salaisons savoyardes.


AOC Vin de Savoie Mondeuse 2015 – Domaine Giachino à Chapareillan : nez complexe et charmeur, notes de myrtille et de violette, matière concentrée, équilibre frais, trame tannique fine mais qui se serre un peu en finale, beau sillage aromatique sur la résine et la violette.
(100% mondeuse – élevage en fûts durant 12 mois)
AOC Vin de Savoie Mondeuse-Cellier des Crays 2011 – A. Berlioz à Chignin : nez qui s’ouvre sur des notes peu agréable de betterave rouge et de cornichon, arômes végétaux un peu plus avenants après oxygénation (herbe, sous-bois), équilibre frais en bouche, matière assez charnue mais les saveurs restent difficiles à apprécier, finale plutôt courte…mais on ne s’en plaindra pas !
(100% mondeuse en vendange entière – élevage 10 mois en demi-muids)

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Les deux mondeuses nées dans le secteur de la cluse de Chambéry nous ont montré des visages très différents ce soir.
La cuvée 2011 porte les stigmates d’une vendange limite en termes de maturité et le choix d’une vinification en raisins entiers a accentué l’impression de verdeur laissée par ce vin.
A côté de cette bouteille vraiment difficile a goûter la mondeuse 2015 a vraiment fait des étincelles avec un jus mur et généreux et une expression aromatique d’une belle complexité. MIAM !


AOC Vin de Savoie-Arbin Mondeuse 2014 – C. Jacquet à Arbin : olfaction discrète qui s’ouvre progressivement en révélant une palette très végétale (herbe fraîche, livèche), matière longiligne et bien tendue, finale courte et rustique.
(100% mondeuse – élevage en cuves)
AOC Vin de Savoie-Arbin Mondeuse La Belle Romaine 2015 – Château de Mérande à Arbin : nez élégant avec une palette délicate sur les fruits noirs et la poudre de craie, matière charnue, belle concentration mais équilibre tonique, tanins saillants qui assèchent un peu la finale.
(100% mondeuse semi-éraflée – élevage 10 à 12 mois en cuves)

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La doublette issue d’un terroir réputé pour cette appellation a fait un effet mitigé et pour tout dire un peu décevant : le vin de Céline Jacquet est plombé par une expression aromatique marquée par la sous-maturité et la cuvée du Château de Mérande a surement été goûtée trop jeune pour être vraiment appréciée au meilleur de sa forme…dommage !


IGP Isère-Balmes Dauphinoises Persan 2011 – N. Gonin à Saint Chef : nez tertiaire pas très avenant, palette résolument « fermière » (entre étable et poulailler), bouche bien plus agréable, matière svelte, équilibre digeste, finale bien gourmande.
(100% persan éraflé à 100% - élevage en cuve)

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Cette cuvée originale vinifiée à partir d’un cépage autochtone (éraflé à 100%) est pénalisée par une présence aromatique « nature » assez désagréable…c’est d’autant plus regrettable que la matière en bouche était plutôt bien balancée.
Nicolas Gonin a choisi de limiter la  protection de ses vins (très peu de SO2) et cette bouteille en « souffre » cruellement aujourd’hui…Hélas !



Pour conclure :

Cette série qualitativement très hétérogène nous a permis d’enrichir un peu notre culture vinique mais en terme de plaisir il faut bien reconnaître de beaucoup de ces rouges montagnards nous ont laissés sur notre faim.
A côté des deux vins suisses un peu simples mais très proprement vinifiés nous avons découvert 5 cuvées de mondeuse dont une seule nous a vraiment convaincus…c’est peu !!!
L’intrus isérois, servi pour élargir encore un peu plus notre univers gustatif, n’a pas vraiment relevé le niveau mais nous a permis de sentir les effets d’une vinification nature mal maîtrisée…on se console comme on peu !

Mon coup de cœur ira évidemment à la bouteille du domaine Giachino : issu d’un millésime solaire ce beau vin à la fois gourmand et structuré a dominé sans peine cette « petite » sélection.
En terme de rapport Q/P c’est surement la cuvée de mondeuse de Bruno Lupin qui remporte la mise : une petite friandise à moins de 10 euros qui se sirote avec une facilité déconcertante...j'aime !

Après une très belle séance consacrée aux blancs savoyards, j’attendais cette série de rouges avec une certaine impatience même si je savais que j’allais avoir un peu plus de mal à m’enthousiasmer : il faut dire que les quelques bouteilles de vins rouges de Savoie dégustés jusqu’à ce jour ne m’avaient pas fait une grande impression…sauf peut-être les cuvées du Domaine de Vens le Haut…qui n’existe plus aujourd’hui, hélas !
Tout compte fait, je reste encore très mitigé face à ce vignoble qui nous régale avec des blancs magnifique mais dont la qualité des rouges reste encore très discutable…mais on regoûtera !

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