Dégustation club AOC - Rouges du Pic Saint Loup
Après 2 réunions un peu particulières, la session AOC de février 2018 propose un programme plus habituel avec l’étude de 2 thèmes très différents :
- une découverte de l’Altenberg de Bergbieten à travers une petite verticale de rieslings
- une promenade autour du Pic Saint Loup avec quelques grands vins rouges
La série du Pic Saint Loup a été constituée avec des bouteilles collectées à l’occasion de mes derniers périples sudistes et avec quelques flacons fournis par Yves Cortey, l’un de mes guides dans les vignobles du Languedoc.
La série de rieslings provient de ma cave, de celle de Stéphane et de la réserve personnelle du domaine Mochel.
Tous les vins blancs ont été débouchés avant dégustation et servis 2 par 2 étiquettes découvertes.
Les vins rouges ont été débouchés 2 heures avant la dégustation et servis 2 par 2 étiquettes découvertes.
Verres Spiegelau Authentis 01
Soirée Club AOC du 2 février 2018 à La Wantzenau
En guise de mise en bouche, 2 bouteilles offertes par notre jazzman moldave et dégustées à l’aveugle.
Champagne Vintage 2008 – Piper-Heidsieck à Reims : nez assez jeune, notes d’herbe fraîche et de froment, matière très vineuse, mousse fine mais pas très persistante, finale racée avec une minéralité sensible et de beaux amers.
Pinot Gris 2016 – Domaine Lissner à Wolxheim : nez discret, notes de fruits jaunes et de pomme golden, attaque suave, matière généreuse stimulée par une présence de CO2 marquée, finale très saline avec une amertume un peu sévère.
Le champagne millésimé produit par une grande maison rémoise semble arrivé au sommet de sa courbe d’évolution en nous proposant une belle déclinaison d’arômes et des sensations minérales bien marquées mais la faible tenue de la bulle m’a un peu inquiété…
Le pinot gris des Schloegel, que j’ai découvert il y a quelques jours après un concert du Stefan Sirbu Trio, a interpelé tout le monde par son allure peu conventionnelle mais j’avoue que son amertume finale (que je n’avais pas perçue lors de la première dégustation) m’a un peu dérangé.
Thème 2 : les grands rouges du Pic Saint Loup vont-ils ensoleiller l’hiver alsacien ?
Pic Saint Loup Cynarah 2015 – Château de Cazeneuve à Lauret : nez ouvert et assez simple sur les fruits rouges, attaque souple en bouche, jus friand et gouleyant, finale légère et digeste, sillage délicatement épicé.
(45% cinsault + 40% syrah + 15% grenache – élevage : 9 mois en cuves inox)
Pic Saint Loup Les Calcaires 2015 – Château de Cazeneuve à Lauret : nez raffiné sur les fruits noirs, les herbes de garrigue et le bâton de réglisse, notes boisées très discrètes, matière dense avec une mâche tannique sensible mais bien mature, finale longue et tonique.
(45% syrah + 25% grenache + 20% cinsault + 10% carignan – élevage : 12 mois en cuves inox + 15 mois en cuves tronconiques)
La série commence par une doublette du château de Cazeneuve, deux vins qui sentent bon le soleil et qui nous transportent immédiatement dans l’ambiance de ce beau vignoble sudiste. Avec son encépagement dominé par le cinsault Cynarah s’exprime de façon très spontanée…c’est un vin de convivialité qui glisse en bouche avec une grande facilité mais qui manque de fond et de complexité.
La cuvée « Les Calcaires » montre un caractère plus racé et plus exigeant : le jus est concentré et l’élevage fin et précis s’intègre parfaitement en donnant un joli grain à la texture...belle bouteille !
Coteaux du Languedoc Les Garrigues 2014 – Domaine Clavel à Assas : nez discret, notes de fruits rouges (cerise, groseille) complétées par des senteurs de garrigue (cade, pin, romarin), matière longiligne, équilibre assez frais mais texture un peu austère avec une trame tannique très ferme qui donne un côté dur à la finale.
(55% syrah + 25% carignan + 20% grenache – élevage : 15 mois en cuves béton)
Pic Saint Loup Les Eclats 2014 – Domaine Mirabel à Brouzet les Quissac : palette fruitée discrète perturbée par des notes liégeuse, bouche longiligne et fluette, finale courte.
(syrah + grenache + mourvèdre + cinsault – élevage : 12 à 14 mois en fûts)
Notre promenade autour du Pic Saint Loup se poursuit par deux vins de 2014 qui ne se seront pas montrés sous leur meilleur jour ce soir.
La bouteille du domaine Mirabel était visiblement défectueuse : c’est un vin que j’ai très bien goûté lors de mon passage au domaine en 2016 et dont j’ai ouvert un flacon le lendemain pour retrouver les vraies belles sensations que génère la dégustation de cette grande cuvée : fruits noirs, garrigue, zan... et une bouche pleine d’énergie et de longueur.
Née sur les sols argilo-calcaires du terroir du Pic (même si elle ne revendique pas l’appellation), la cuvée Les Garrigues du domaine Clavel nous propose une interprétation plutôt rustique de ce cru languedocien…c’est un vin qui ne se goûte pas trop bien seul mais que je verrai bien à table en compagnie d’une pièce de bœuf grillée aux herbes de Provence.
Pic Saint Loup Château Fontanès 2014 – C. Rozier à Fontanès : nez très élégant, notes de fruits noirs et rouges (cassis, myrtille, groseille) sur un fond épicé et légèrement fumé, belle profondeur en bouche avec une matière riche et concentrée, texture veloutée, finale étirée et bien fraîche, sillage agréable sur la prune et les épices douces.
(syrah + grenache + mourvèdre + carignan + cinsault – élevage : cuves béton et barriques)
Pic Saint Loup L’Arbouse 2014 – Mas Bruguière à Valflaunès : complexe et généreux avec un fruité bien mûr relevé par de belles nuances épicées et minérales (pierre chaude, craie), matière pleine et charnue, équilibre tonique, finale digeste qui laisse persister de belles sensations minérales.
(55% syrah + 45% grenache – élevage : cuves béton pour le grenache, foudres pour la syrah)
Fontanès 2014 – le vin de Cyriaque Rozier, régisseur du Château La Roque – se goûte très bien aujourd’hui : il est charmeur au nez comme en bouche tout en flattant nos papilles avec son jus équilibré, très nappant et remarquablement bien structuré. MIAM !
La cuvée L’Arbouse du Mas Bruguière est peut-être le vin le plus minéral de la série mais j’ai l’impression que cette bouteille est encore loin de sa forme optimale…c’est une bouteille à garder encore quelques années en cave où à servir en compagnie d’un plat de viande mijoté.
Pic Saint Loup La Cupa 2012 – Château La Roque à Fontanès : réduction assez tenace à l’ouverture, mais l’aération permet l’expression d’une palette typée et complexe qui développe tour à tour des notes de pâte d’amande, d’épices douces et d’herbes de garrigue sur un fond finement boisé, matière concentrée, tanins fondants, équilibre dynamique, finale longue, étirée et rafraîchie par un beau sillage mentholé.
(65% syrah + 35% mourvèdre – élevage : 50% en foudres, 50% en demi-muids et en barriques)
Pic Saint Loup Guilhem Gaucelm 2012 – Ermitage du Pic Saint Loup à Saint Mathieu de Tréviers : nez ouvert et bien complexe, arômes floraux intenses suivis par des notes de fruits à noyau et d’épices orientales, jus dense et gourmand, équilibre frais, finale très sapide, sillage long sur la prune, l’amande et le noyau.
(50% syrah + 50% grenache – élevage : 24 à 30 mois en fûts de chêne).
Les deux cuvées de 2012 qui semblent entrées dans leur phase de maturité optimale nous rappellent que les grands Languedoc sont avant tout des vins de garde.
La Cupa a mis du temps à s’ouvrir mais nous a gratifiés d’un récital aromatique et gustatif assez tonitruant.
Le grand vin de l’Ermitage du Pic n’a pas manqué son rendez-vous en nous proposant une interprétation riche et virevoltante de cette appellation…une fois de plus, ma bouteille coup de cœur de cette région ne m’a pas déçu. MIAM !
Après de multiples allers-retours entre les vignobles alsaciens et languedociens, je ne sais toujours pas si c’est plus difficile de faire comprendre l’esthétique particulière des vins d’Alsace à des amateurs sudistes ou de réussir à faire apprécier la générosité des vins méridionaux à mes amis œnophiles du club AOC…et ce n’est pas cette série qui va m’apporter une réponse !
En effet, cette sélection de bouteilles de haute tenue a fait l’objet de bien des controverses autour de notre tablée de dégustateurs…mais il faut bien reconnaître que ces vins qui s’expriment avec une véhémence parfois déstabilisante se goûteraient certainement mieux à table en compagnie de plats qui fleurent bon les épices et les herbes aromatiques que seuls face à un crachoir…
Il n’en reste pas moins que la plupart des vins ont été bien accueillis et je dirai même que certaines bouteilles ont réussi à convaincre une grande partie des dégustateurs présents…tout n’est pas perdu !
En ce qui me concerne, j’ai retrouvé avec bonheur ces belles bouteilles que je ne peux pas déboucher sans penser aux vacances et à mes amis languedociens…vivement ce printemps pour que je reparte en vadrouille dans cette région !
Pour revenir vers des considérations plus objectives, je citerai les 3 vins qui se sont particulièrement distingués ce soir :
- Guilhem Gaucelm 12 – la classe et le raffinement
- Fontanès 14 – ouverture, complexe et gourmandise
- Les Calcaires 15 – prometteur et avec un beau rapport Q/P.
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