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Dégustation club AOC - Carte blanche à Céline Metz
Comme chaque année le programme AOC prévoit une session délocalisée chez un vigneron alsacien : après une journée mémorable au domaine Schmitt à Orschwihr en 2018, nous avons décidé de maintenir cette forme d’organisation en demandant à Céline Metz de nous accueillir à Blienschwiller pour nous présenter son domaine, ses vignes et ses vins.
Hoppla, c’est parti !
Le groupe AOC dans la cour de la Cave de la Dîme.
Journée Club AOC du 18 mai 2019 à Blienschwiller
Il est 14h30 et notre groupe composé d’une douzaine d’amateurs de vin se retrouve dans la cour de la Cave de la Dîme où nous attendent Céline Metz et Jean-Michel – son conjoint et son partenaire dans la gestion du domaine – pour nous présenter le programme de notre après-midi tout en dégustant un verre de Pinot Noir Rosé 2018, un vin au fruité très charmeur, frais et gouleyant en bouche…une bombinette exceptionnelle de buvabilité qui n’aura pas de difficulté à faire l’unanimité autour d’une tablée estivale.
Voilà une visite qui commence bien !!!
Notre « comité d’accueil » du jour…on part sur de très bonnes bases !
Après une brève présentation de ce domaine familial que Céline et Jean-Michel ont décidé de reprendre en 2016, nous partons en direction des coteaux du Winzenberg pour une promenade dans les vignes.
Début de promenade en compagnie de Jean-Michel…
…et première halte près d’une vieille vigne de sylvaner (plus de 60 ans).
Cette petite pause dans les vignes nous permet de parler des pratiques viticoles mises en œuvre au domaine : enherbement, travail du sol et utilisation de préparations labellisées BIO pour les traitements…
Le domaine est en conversion BIO depuis cette année « mais nous n’avons pas eu besoin de changer nos pratiques puisque mon père était déjà très engagé dans cette filière éco-responsable à travers l’association Terra Vitis ».
Pour assurer la réhydratation de nos organismes après cette petite grimpette entre les rangs de sylvaner, Céline nous propose de déguster le vin qui est né dans cette parcelle.
Il s’agit du Sylvaner S 2017 : c’est un vin droit et sec mais très expressif avec une aromatique complexe sur l’herbe sèche, la poudre d’écorce et le citron frais sur un fond balsamique…un vrai sylvaner de terroir comme je les aime !
Dégustation du sylvaner «S » 2017 sur son lieu- de naissance…
…et Céline qui nous présente sa façon de concevoir son travail et ses vins.
Après quelques enjambées, nous faisons une nouvelle halte-dégustation près d’une vieille vigne de pinot noir située sur une parcelle qui verse au nord entre les 2 coteaux du Winzenberg.
Pinot Noir Vieille Vigne 2015 : réalisé à partir d’une vendange égrappée ce vin qui a bénéficié d’un élevage en foudre flatte nos papilles par sa matière opulente, son fruité suave et sa trame tannique très soyeuse. C’est un pinot noir très gourmand, travaillé avec beaucoup de subtilité pour garder de la fraîcheur et de la buvabilité.
La vigne de pinot noir et la vue sur le coteau nord du Winzenberg…la prochaine étape de notre promenade.
Notre petite randonnée dans les vignes nous mène au bas du coteau nord du Grand Cru Winzenberg où le domaine possède des parcelles de gewurztraminer et de pinot gris. C’est l’occasion pour Céline de nous parler de l’histoire et de la nature du terroir de ce Grand Cru qui doit une grande partie de sa reconnaissance au travail de son père Hubert Metz.
La vigne de gewurztraminer du domaine située sur le coteau nord du Winzenberg …
…et une nouvelle halte…
...pour parler du terroir du Winzenberg.
La dernière étape de notre promenade se situe en haut du coteau sud du Grand Cru où nous faisons une longue pause pour admirer le superbe panorama sur le vignoble et la vallée du Rhin et poursuivre notre dégustation en plein-air avec quelques cuvées nées sur le Winzenberg.
Montée sur le sommet du coteau sud du Winzenberg…
…où nous trouvons une table d’orientation taillée dans le granit.
La plaine d’Alsace avec la silhouette de la cathédrale de Strasbourg qui se détache à l’horizon.
Blienschwiller et son vignoble avec le coteau du Breitstein en arrière-plan.
Regroupement général autour d’une table…
...pour déguster quelques cuvées issues du Grand Cru.
Riesling Grand Cru Winzenberg 2014 : nez expressif et bien typé, notes de zeste d’agrume et de pierre chaude, attaque cinglante en bouche avec une ligne acide droite et incisive, matière ample et consistante, équilibre tonique, finale tendue avec un sillage fruité (pamplemousse) et une présence saline intense.
Riesling Grand Cru Winzenberg 2015 : nez plus discret mais avec une palette fruitée bien mûre, attaque nette et vive, jus généreux et gourmand, finale très minérale avec une structure acide/saline impressive et un petit grip tannique très stimulant.
Le riesling Winzenberg 2014 du domaine H. Metz.
Gewurztraminer Grand Cru Winzenberg 2016 : olfaction classique, exubérante et complexe sur les fleurs (rose et violette) et les épices, bouche généreuse mais parfaitement digeste, acidité fondue mais salinité bien marquée, finale longue et salivante avec un très beau sillage floral.
Le gewurztraminer Winzenberg 2016 du domaine H. Metz
Le retour vers Blienschwiller se fait par le coteau sud du Grand Cru où se trouve la vigne de riesling du domaine…direction la cave de la Dîme pour une petite visite des installations professionnelles.
La vigne de riesling Grand Cru du domaine H. Metz
Le groupe de retour dans les rues de Blienschwiller.
Pour récupérer de nos efforts nous nous retrouvons dans la fraîcheur de l’ancienne cave de la Dîme où Céline et Jean-Michel nous invitent à déguster les deux cuvées de crémant du domaine.
Regroupement dans la cave historique où les vignerons déposaient la Dîme…
…avec ses foudres centenaires posés sur des poutres datant probablement du début du 18° siècle
Crémant Blanc : nez discret et complexe, bouche élégante avec une mousse bien crémeuse, finale sapide et tendue.
(60% pinot blanc + 30% auxerrois + 10% riesling – élevage : 24 mois sur lattes – dosage : 0 g/l)
Crémant Rosé : nez discret, notes de petits fruits rouges (fraise, framboise) qui s’affirment progressivement en bouche, jus assez gourmand mais bulle un peu plus vive, finale tendue avec des amers très appétents.
(100% pinot noir – dosage : 5 à 6 g/l)
Avec cette cuvée blanche qui affirme un beau au profil gastronomique et une cuvée rosée un peu plus festive, ces deux jolis crémants révèlent des caractères différents mais bien complémentaires…voilà des bulles qu’on pourra faire pétiller à de nombreuses occasions !
Avant de nous rendre dans la grande salle de dégustation, nous visitons rapidement les autres espaces professionnels du domaine tout en écoutant Céline nous exposer les principes qui dirigent sa façon de vinifier et d’élever ses différentes cuvées.
Le cuvage inox du domaine…
…et son tableau de contrôle.
Les pièces bourguignonnes pour l’élevage de certaines cuvées.
Les crémants sur lattes
...et le stock bouteilles du domaine.
La table est prête…
…et le groupe est installé, la dégustation peut commencer
Pinot Noir Réserve de la Dîme 2016 : nez bien ouvert sur la fraise et les épices, bouche bien gourmande avec une chair souple et des tanins bien enrobés, finale légère et gouleyante.
Pinot Noir Barriques 2017 : olfaction agréable avec des notes de cerise et de noyau sur un fond boisé encore bien marqué, attaque vivre et franche, matière ample et concentrée, tanins veloutés, finale longue et sapide.
Avec le rosé d’accueil, la cuvée vieilles vignes dégustée lors de notre promenade et ces deux très belles bouteilles de rouge, nous avons fait le tour de la gamme des pinots noirs du domaine Metz.
C’est une offre complète et très qualitative qui propose un rosé d’été d’une parfaite gourmandise, une « Réserve de la Dîme » élevée en foudre, remarquable de finesse et de buvabilité, une cuvée « Vieilles Vignes » toujours très gourmande mais avec un caractère gastronomique évident et une cuvée « Barriques » pleine et racée, conçue pour supporter quelques années de garde.
Riesling Réserve de la Dîme 2017 : nez frais et ouvert sur le citron et les zestes d’agrumes, bouche longiligne très élégante, finale tonique.
Riesling Vieilles Vignes 2015 : nez séduisant sur les agrumes bien mûrs (orange, citron), bouche très agréable avec un jus dense et gourmand tenu par une acidité mûre mais bien tendue, finale énergique avec un beau sillage minéral sur la pierre à fusil.
Riesling Vieilles Vignes 2002 : nez évolué sur le miel et les fleurs blanches, bouche un peu vacillante avec une acidité souple qui peine à tenir la structure, texture relativement grasse mais finale assez fuyante.
A côté d’une cuvée Vieilles Vignes 2002 qui a encore des choses à dire mais qu’on sent vraiment en bout de course, les « jeunots » bombent le torse avec une « Réserve de la Dîme » 2017 charmeur et fringant et un superbe « Vieilles Vignes » 2015 plein d’énergie et de minéralité qui prend une option sérieuse pour entrer dans ma sélection de coups de cœur du jour.
Riesling Grand Cru Winzenberg 2001 : nez fin et complexe, notes de zestes d’agrumes sur un fond minéral très présent (silex, fumée), silhouette élégante, matière assez charnue mais avec une structure bien rectiligne, finale tendue et marquée par une belle présence saline.
Riesling Oberberg 1990 : nez très suave sur le sucre d’orge et la barbe à papa – il m’évoque le stand de friandise des « messti » de mon enfance – matière riche qui enrobe une acidité fine et centrée, très belle salinité en finale.
Cette dernière doublette de rieslings nés sur le Grand Cru (« Oberberg » est le nom cadastral du coteau sud du Winzenberg) nous rappelle une fois encore qu’un grand vin d’Alsace né sur un beau terroir sait se tenir dans le temps : le 2001 est superbe de complexité et de vivacité et le 1990 termine sa troisième décennie avec une tenue qui force le respect.
A gauche le riesling 2001 et à droite le riesling 1990…quelle belle doublette !
Pinot Blanc Pierre de Lune 2015 : nez discret, palette très raffinée sur la brioche et le pain grillé avec une petite touche poivrée en fond, matière charnue en bouche, toucher assez gras mais équilibre sec, finale très sapide.
Pinot Gris Réserve de la Dîme 2017 : nez engageant, notes d’acacia avec une fine touche végétale, bouche élégante avec un jus assez riche mais un équilibre qui reste bien sec.
Muscat Réserve de la Dîme 2016 : nez intense et flatteur sur la fleur de sureau, bouche assez opulente avec une chair gourmande équilibrée par une acidité vive et filante.
Née sur une parcelle de vieilles vignes (plantée en 1966), la cuvée de muscat, 100% ottonel, nous offre un festival aromatique tout en proposant un jus bien charnu en bouche…j’adore !
A côté de cette petite bombinette aromatique, les deux autres vins de cette triplette ont joué sur un registre différent en affirmant un caractère plus « sérieux » et un vrai potentiel gastronomique…notamment cette cuvée « Pierre de Lune » issue d’une vieille vigne de pinot blanc sur grès (70 ans) et élevée partiellement en barriques (40%). MIAM !
Gewurztraminer Réserve de la Dîme 2017 : nez frais et ouvert sur un registre bien épicé, bouche longiligne, équilibre bien sec, finale très digeste avec un long retour épicé.
Gewurztraminer Breitstein 2016 : nez discret et complexe sur les agrumes mûrs et les épices, matière ample avec une chair consistante, équilibre presque sec, finale appétante avec quelques amers minéraux très élégants.
Ces deux gewurztraminers bien marqués par les épices et avec des équilibres plutôt secs sont conçus pour la gastronomie : la « Réserve de la Dîme » accompagnera aisément des préparations exotiques pas trop pimentées alors que le vin du « Breistein » aura les épaules pour tenir tête à des mets plus relevés…et peut-être même à des fromages de caractère comme le munster.
Gewurztraminer Grand Cru Winzenberg 2002 : nez discret sur un registre fruité assez mûr, attaque vive en bouche avec une acidité encore très alerte, chair bien gourmande, finale très sapide avec une belle présence minérale.
Gewurztraminer Winzenberg 1991 : aromatique délicate sur la rose, matière longiligne en bouche, équilibre frais, finale digeste avec de beaux amers nobles.
Gewurztraminer Winzenberg 1987 : nez un peu déviant avec une touche mentholée rapidement dominée par des notes liégeuses assez disgracieuses, bouche droite, étirée par une acidité bien fraîche, finale peu avenante, toujours du lège !
Même si la bouteille de 1987 a été pénalisée par une déviance liégeuse liée probablement à un bouchage défectueux, ces 3 vins encore très fringants malgré leur âge respectable prouvent que le coteau du Winzenberg est en mesure de générer de grands gewurztraminers de garde…coup de cœur pour ce 91 étonnant de finesse et de fraîcheur après plus d’un quart de siècle au compteur. Bravo !
Pinot Gris Grand Cru Winzenberg 2016 : nez bien frais sur les fruits jaunes, attaque assez vive, acidité centrée et tendue qui tient un jus riche et gourmand, finale tonique et très digeste.
Si la dégustation des rieslings et des gewurztraminers a confirmé la belle complicité entre ces cépages et le terroir du Winzenberg, cette bouteille pleine de fruit et d’énergie nous prouve que le pinot gris peut également générer de très beaux vins sur ce Grand Cru.
Riesling Cuvée Saint Hubert V.T. 2015 : joli nez sur les agrumes mûrs, liqueur fruitée très suave équilibrée par une acidité vive et droite, finale digeste avec de fines nuances minérales.
Pinot Gris Grand Cru Winzenberg V.T. 2015 : nez ouvert et flatteur, notes de pop corn et de fruits jaunes frais, matière épaisse mais belles sapidité en bouche, long sillage aromatique sur les fruits mûrs et la fumée.
Gewurztraminer Grand Cru Winzenberg S.G.N. 2007 : nez intenses et complexe, notes de reine-claude et d’épices douces relevées par une fine pointe de volatile, bouche très généreuse avec un jus liquoreux qui enveloppe une acidité fine et centrée, finale longue et vibrante avec un très beau retour fruité et épicé.
En comptant toutes les bouteilles ouvertes depuis le début de notre visite, j’ai l’impression que nous ne sommes pas loin d’avoir fait le tour complet de la gamme du domaine…et la finale offerte par ces trois belles cuvées moelleuses est à la hauteur des attentes générées par cette série de belle facture : les jus sont riches, les aromatiques complexes et les présences acides/minérales fraîches et structurantes. C’est vraiment du beau travail !
Après cette longue dégustation, Céline nous invite à partager un dîner convivial autour de tartes à l’oignon et de pizzas suivies par un grand plateau de fromages de la maison Lorho…des petites gourmandises que nous accompagnons avec des vins servis précédemment et quelques autres bouteilles sorties de la cave du domaine.
Mais là, fini les notes…c’est la fête et on profite !
Céline au service du fromage
Quelques pépites débouchées pendant le repas.
Pour conclure :
Cette nouvelle session délocalisée du club AOC nous a permis de vivre une expérience mémorable en compagnie d’un couple de vignerons animés par une vraie passion pour leur métier et par un sens du partage peu commun…mille mercis à Céline et Jean-Michel d’avoir si bien organisé cette rencontre !
La promenade sur le Winzenberg rythmée par une série de dégustations in-situ nous a permis de comprendre un peu mieux la nature et la valeur de ce grand terroir granitique bas-rhinois. Ce fut pour moi une excellente occasion pour rafraîchir mes connaissances sur ce Grand Cru que j’ai étudié avec Céline et Hubert Metz il y a 4 ans…déjà !!!
Les vins de la gamme actuelle du domaine, dont nous avons dégusté pratiquement toutes les références, montrent un niveau qualitatif très homogène avec des cuvées d’entrée de gamme travaillées avec une grande précision et d’un très bon rapport Q/P.
La série de cuvées nées sur des lieux-dits ou issues de parcelles de vieilles vignes, recèle de vraies petites pépites comme le sylvaner S 2016 ou le riesling Vieilles Vignes 2015 alors que les bouteilles de Grand Cru séduisent par leur élégance et leur très belle trame minérale…des qualités qu’on retrouve sur les rieslings mais aussi sur les gewurztraminers et les pinots gris, même jeunes.
La série de pinots noirs interprétée en 4 versions, nous propose des vins toujours bien gourmands avec un Rosé et une Réserve de la Dîme plus simples mais très festifs et deux cuvées résolument plus ambitieuses et plus gastronomiques.
Les vins moelleux sont riches et structurés par des lignes acides qui leur garantissent un équilibre digeste ainsi qu’un beau potentiel de garde.
Les vieux vins du Winzenberg sortis de l’oenothèque familiale ont impressionné par leur pureté aromatique présence en bouche encore pleine d’énergie.
Vinifiées par Hubert Metz – le papa de Céline, toujours présent au domaine – ces très belles bouteilles confirment que le Grand Cru de Blienschwiller est capable de produire de très beaux vins de temps pour peu qu’ils soient travaillés avec passion et compétence…mais de ce côté-là, nous pouvons faire confiance à cette famille qui reste une valeur de référence dans ce village.
Un dernier toast proposé par Hubert Metz pour terminer cette belle journée…es gilt !
Pour lire d'autes commentaires sur les vins, je vous invite à aller sur le blog de Stéphane : CLIC.
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