Dégustation club AOC - Les "Vières".
Pour clore la saison 24/25 du club AOC nous avons choisi de quitter l’univers vinique pour aller faire un petit voyage dans le monde des brasseurs en nous intéressant à un type de bière très particulier : les « vières », un néologisme qui désigne une boisson originale élaborée par l’association de moûts de bière et de moûts de raisin.
La série du domaine Fischbach a été créée in extremis suite à un imprévu qui a empêché l’ami Jamie d’assurer la présentation de sa série de vins blancs de Toscane…histoire de faire une petite révision après notre visite à Traenheim du mois passé.
La série de « vières » a été composée et présentée par Fred qui a fait une sélection parmi les références proposées par la brasserie Gallia (Pantin).
Les « vières » ont été dégustées immédiatement après ouverture et servies étiquettes découvertes.
Comme d’habitude, l’évaluation individuelle de chaque bière se fera en se référant à la grille créée par Thierry Meyer avec les fameux « Beurk », « Bof », « Bien », « Très Bien » et « Excellent ».
Verres Spiegelau-Cremona 460ml
Soirée Club AOC du 13 juin 2025
La mise en bouche
Crémant de Limoux Bulle d’Oseur – Château Marco à Festes-et-Saint-André : nez très engageant avec des notes de fruits blancs frais sur un fond autolyse très élégant, bouche suave et gourmande stimulée par une bulle très fine, finale fraîche et salivante.
(mauzac + chenin + chardonnay)
J’ai découvert cette cuvée lors de ma visite au salon BIOTOP à Montpellier en 2024 et depuis, je la déguste très régulièrement avec très grand plaisir : c’est un crémant complexe et raffiné…et avec un niveau de buvabilité qui peut facilement créer une petite addiction. Je vous aurai prévenu !
Les « vières » Gallia, mariage d’amour ou union contre nature ?
Les « vières » de la brasserie Gallia sont réalisées en assemblant des jus de raisins provenant de domaines viticoles en BIO et moûts de bière composés d’orge et de blé maltés. Le mélange fermente sous l’action des levures indigènes du raisin.
Les « vières » sont élevées en barriques ou en jarres.
La brasserie Gallia produit une large gamme de « vières » déclinée en 4 couleurs : blanche, orange, rosée et rouge.
Acte I (vière blanche 2024) : nez discret avec des notes pêche blanche et de malt sur un fond levurien assez marqué, bouche fruitée et acidulée, bulle fine, finale désaltérante avec un sillage aromatique sur le fruit et les céréales.
(pinot gris + muscat + riesling – 9,2°)
Appréciation générale : BOF
Franc Jeu (vière rouge 2023) : nez peu avenant avec des notes de poivron et de céleri sur un fond terreux, bouche plus avenante avec un développement aromatique sur l’amaretto et les épices (cardamome notamment), mousse bien crémeuse, finale bien sapide.
(cabernet franc – 9,3°)
Appréciation générale : BIEN
La dégustation débute par un duo bicolore qui nous a entrainé dans un univers gustatif singulier avec une version rouge qui a été unanimement appréciée grâce à une présence très gourmande en bouche et une version blanche très tonique, que j’ai bien notée mais qui a davantage divisé notre assemblée.
Orange du Marchand (vière orange 2025) : nez complexe avec des notes d’agrumes frais et de malt sur un fond floral très élégant, bouche charnue et délicatement acidulée, bulle très fine, finale tendue avec un beau sillage citronné.
(gewurztraminer – 7,5°)
Appréciation générale : TRES BIEN
Acte II (vière orange 2024) : nez très élégant avec de belles fragrances de rose fraîche et de céréales, bouche consistante et mâchue avec une légère présence tannique, finale sapide avec une persistance acidulée et une légère martume.
(gewurztraminer + riesling – 8,6°)
Appréciation générale : BIEN
On poursuit notre session de découverte des « vières » avec deux versions orange qui ont fait une très belle impression, notamment la cuvée « Orange du Marchand » qui se place sur la troisième marche du podium du soir.
Voilà deux « vières » aromatiques et désaltérantes qui pourront convaincre un certain nombre d’amateurs fatigués par le conformisme des bières traditionnelles.
Acte III (vière rose 2024) : nez agréable avec des notes de fruits rouges acidulés sur un fond malté assez présent, bouche légère et désaltérante, finale fraiche marquée par une amertume persistante.
(merlot – 8,1°)
Appréciation générale : BIEN
Gamay dire Gamay (vière rouge 2023) : nez complexe et expressif avec des notes de cerise mûre, de shi také et d’humus, bouche suave et gourmande avec une bulle très fine et une belle fraîcheur finale.
(gamay – 7,2°)
Appréciation générale : TRES BIEN
La troisième doublette nous présente deux vières également fort agréables à déguster avec une version rosée au merlot un peu trop marquée par l’amertume et une première version rouge au gamay qui a séduit l’assemblée par sa grande complexité aromatique et présence en bouche qui a flatté nos papilles.
A Tort ou à Raisin (vière rose 2025) : nez ouvert et charmeur avec des notes d’abricot sec et d’épices douces sur un fond malté, bouche assez légère avec un équilibre très frais, finale acidulée et saline.
(merlot – 7,5°)
Appréciation générale : BIEN
Acte IV (vière rouge 2024) : nez peu expressif où on devine quelques nuances de fruits rouges, bouche fluette et insipide, finale austère avec une acidité agressive et des tanins astringents.
(pinot noir – 7,7°)
Appréciation générale : BOF
La série se poursuit avec deux vières qui révèlent des personnalités bien différentes : une cuvée rosée aérienne et facile d’accès et une cuvée rouge fermée à double tour, d’une rudesse rédhibitoire en bouche…on ne gagne pas à tous les coups !
Jean-Louis Merlot (vière rouge 2023) : nez raffiné et séduisant avec des notes de cerise accompagnées par des senteurs d’herbes aromatiques, bouche puissante, vineuse et bien rondouillarde (presque sucrée), finale longue et sapide avec un beau sillage fruité et vanillé.
(merlot – 10,5°)
Appréciation générale : TRES BIEN
Noir c’est Noir (vière rouge 2023) : nez intense mais peu avenant, mêlant des notes de cassis, de café et de pot de cornichon, bouche sèche et rustique avec une finale sur le chocolat amer et les céréales grillées.
(merlot – 12°)
Appréciation générale : BOF
Nous terminons cette série par deux vières également très différentes avec une superbe cuvée à base de merlot d’une puissance peu commune mais relativement facile à boire et une cuvée à base de pinot noir encore plus forte mais vraiment pas à son avantage ce soir…la meilleure et la (presque) pire pour conclure cette sélection vraiment ébouriffante.
Je ne suis pas un grand buveur de bière mais je suis toujours curieux de découvrir des interprétations originales de cette boisson dont le marché est archi-dominé par des produits sans intérêt fabriqués par des multinationales.
Après la session consacrée aux bières belges et celle consacrée aux bières artisanales, l’ami Fred nous a proposé une série de « vières » qui n’a pas manqué de susciter des débats.
Ce sont des breuvages originaux avec des expressions olfactives souvent surprenantes : les notes maltées attendues sont toujours là mais elles sont toujours accompagnées par d’autres arômes qu’on ne rencontre que très rarement dans le monde des bières.
Au niveau de la présence en bouche nous avons constaté des forces alcooliques souvent élevées, des mousses très légères (souvent évanescentes) et des saveurs hautes en couleurs qui n’ont constitué le critère essentiel pour situer le niveau de chaque cuvée.
Le podium de cette soirée : médaille d’or pour « Jean-Louis Merlot », médaille d’argent pour « Gamay dire Gamay » et médaille de bronze pour « Orange du Marchand ».
Bravo à Fred pour cette série très originale.
La jolie série du domaine Fischbach qui a complété notre soirée.
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