Périple savoyard 2018 : visite au domaine Jean-Charles Girard-Madoux à Chignin

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Montée vers le départ de la via ferrata du Roc du Vent et superbe vue sur le lac de Roselend…mais que la France est belle !

Après une sortie vinique estivale inédite mais très réussie en 2017, j’ai décidé de reconduire cette escapade montagnarde en 2018 mais avec un programme un peu plus modeste…n’oublions pas que j’ai intégré la catégorie « seniors » depuis quelques mois !
Ma tournée sportivo-vinique de 2018 ne comportera que 2 via ferrata (Curalla à Passy et Roc du Vent dans le Beaufortain) et 2 visites de domaines viticoles dans le vignoble chambérien : le Château de la Violette aux Marches et le domaine Jean-Charles Girard-Madoux à Chignin.
Hoppla, c’est parti !

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Le Mont Granier d’un côté…

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…et la Savoyarde de l’autre sont à l’origine de ces grands terroirs de ce vignoble de mpntagne.


 

Domaine Jean-Charles Girard-Madoux à Chignin

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C’est bien là !

Comme souvent je dois cette nouvelle adresse vinique en Savoie à l’ami François qui m’a soufflé le précieux conseil de Charles Gonet : « Il faut aller voir, Jean-Charles Girard-Maudoux, c’est un jeune vigneron très prometteur qui fait un travail remarquable sur Chignin ».
Après ces deux premières journées parfaitement réussies, j’avais à cœur de finir en beauté ce court séjour savoyard…donc, pas d’hésitation : cette dernière matinée avant mon voyage retour en Alsace va être entièrement dédiée à une visite chez ce vigneron de Chignin.

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Les toits de Chignin…

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…et les fameuses tours de Chignin.

Jean-Charles Girard-Maudoux a appris le métier en Bourgogne : B.T.S. viti-œno à Beaune et formation pratique au domaine Rion à Nuits Saint Georges.
De retour en Savoie, il a réussi à reprendre les vignes de son arrière-grand-père en les rachetant à un vigneron qui avait décidé de cesser son activité : c’est ainsi que les parcelles cédées en 1976 par le grand-père de Jean-Charles Girard-Madoux sont revenues dans le giron familial en 2006.

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L’entrée du domaine Girard-Madoux à Chignin

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L’accès très fleuri aux caves et au caveau…

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…et le chantier du nouveau cuvage au fond de la cour.

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3 cuves inox sont déjà en place dans la nouvelle structure…les autres sont encore en fonction dans l’ancienne cave.

A l’heure actuelle, le domaine exploite 6,5 hectares de vignes plantées sur les pentes abruptes du massif de La Savoyarde : avec des pentes de 30 à 60%, la plupart des parcelles ne sont pas mécanisables.

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Une grande partie des vignes du domaine se trouve autour de la maison près du cerisier (au centre de l’image) et montent jusqu’à la limite de la forêt.

Sur ses sols argilo-calcaires très caillouteux, les vignes du domaine Girard-Maudoux sont conduites en viticulture traditionnelle : l’objectif de s’orienter vers des pratiques biologiques est affirmé « mais le domaine est encore trop jeune pour pouvoir assumer une conversion ».
Pour l’heure Jean-Charles Girard-Madoux cultive 2 cépages blancs, la jacquère et le roussane, et 2 cépages rouges, le gamay et la mondeuse pour qui il avoue avoir un petit faible « c’est un cépage rustique qui peut générer de très beaux vins à condition de maîtriser sa vigueur et de le vendanger tardivement ».
Pour compléter sa collection de cépages montagnards, il a décidé de replanter une parcelle avec de la petite arvine : première récolte cette année...et, qui sait, une cuvée supplémentaire dans la gamme de l’année prochaine ?

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Le sol d’éboulis calcaires de Chignin.

Les vendanges se font exclusivement à la main et les raisins sont triés à la vigne avant d’être mis en caissettes – « pour garder les raisins entiers » – avant d’être convoyés directement à la cave.
Les vinifications sont faites dans la pure tradition savoyarde et les élevages se font essentiellement en cuves sauf pour une cuvée de chignin qui bénéficie d’un séjour d’affinage de 18 mois en pièces bourguignonnes.

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Une partie du cuvage dans la cave voûtée sous la maison de Jean-Charles…

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…et un second espace avec un parc de contenants variés.

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L’espace dégustation se trouve également sous la maison…

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…avec un bar qui attend le dégustateur.

On y va !!!

Vin de Savoie Chignin 2017 : nez vif et très stimulant avec de belles notes citronnées, matière assez légère avec un équilibre bien frais, finale tonique et saline.
(100% jacquère – élevage : cuves)
Cette première cuvée de jacquère très « punchy » en étonnera plus d’un par son énergie et sa très belle expression minérale.
Voilà un joli vin blanc qui répondra sans faillir à une fondue savoyarde ou à une belle assiette de charcuterie-crudités.

Vin de Savoie Chignin-Galante 2015 : nez raffiné et très charmeur sur le miel de montagne avec une fine touche résinée, matière équilibrée avec un joli gras en milieu de bouche, finale bien étirée avec une présence saline qui stimule la salivation.
(100% jacquère – élevage : 18 mois en fûts)
La seule cuvée qui bénéficie d’un élevage sous bois sort un peu de la ligne esthétique du domaine mais n’en reste pas moins une très belle réussite : le fût apporte un supplément de complexité et de raffinement dans la texture sans trop marquer le registre aromatique.
Déjà très bon aujourd’hui, ce vin au caractère gastronomique bien affirmé sera encore bien meilleur dans quelques années.

Vin de Savoie Chignin Bergeron 2017 : nez floral complexe er très délicat, matière ample, silhouette longiligne très racée, équilibre frais, finale digeste avec de beaux amers salivants.
(100% roussanne – élevage : cuves)
Réalisée à partir d’un assemblage de roussanes provenant de deux parcelles – l’une bien fraîche située en altitude sur Chignin (au dessus du cerisier) et l’autre très solaire sur Montmélian – cette cuvée à la fois généreuse et digeste est une réelle friandise qui se livre au dégustateur avec une très belle spontanéité. MIAM !

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Vin de Savoie Mondeuse 2017 : petite réduction à l’ouverture, palette encore très timide sur les fruits noirs et le poivre, matière ample et charnue avec une trame tannique très soyeuse, beau développement aromatique sur la cerise noire et les épices, finale longue et sapide.
(100% mondeuse – élevage : cuves)

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Jean-Charles Girard-Madoux récolte ses mondeuses en caissettes pour les vinifier en grappes entières (cuvaison entre 15 et 21 jours avec des remontages légers) avant de les élever quelques mois en cuve.
Le résultat final est un beau vin rouge à l’aromatique encore un peu troublée par sa mise récente (il y a un mois) mais avec une présence en bouche qui révèle un grand potentiel.
L’amateur impatient pourra profiter dès à présent de ce jus déjà bien gourmand mais je suis sûr que ce vin prendra une dimension supplémentaire après quelques années de garde.

Mademoiselle Bulle : nez floral très suave, souple et rond en bouche avec une mousse bien crémeuse, finale vive et stimulante.
(100% jacquère)

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Réalisée à partir de raisins de jacquère vendangés en 2016 « sur les belles parcelles du domaine et avec des maturités assez élevées » cette superbe bulle savoyarde (rejetée de l’AOC crémant à cause d’un modèle de pressoir non conforme) m’a vraiment séduit par sa présence à la fois généreuse et digeste en bouche : il y a de la douceur pour flatter les papilles et un joli rebond tonique en finale pour laisser le palais frais et dispos. MIAM !


Vous l’aurez deviné, Jean-Charles Girard-Maudoux est le genre de vigneron que j’apprécie particulièrement : il aime ces coteaux escarpés où la vigne est difficile à travailler et il connaît la valeur de ces terroirs montagnards qu’il cherche à nous faire apprécier à travers ses vins.
Comme tous ceux qui « font bon », Jean-Charles sait que le vin se fait avant tout à la vigne : ses différentes parcelles sont suivies de très près, les rendements sont maîtrisés et adaptés à chaque situation pour que les raisins arrivent à maturité optimale, les grappes sont bichonnées afin qu’elles arrivent au pressoir dans un état physique irréprochable.
De plus, cette année, il a décidé d’investir pour se doter d’espaces de travail plus fonctionnels qui lui permettront de gagner en confort et en efficacité dans toutes ses opérations en cave.

Ses vins blancs sont très purs avec des équilibres aériens et des expressions aromatiques d’une grande finesse : une bulle festive à souhait, un chignin alerte et gourmand, une cuvée Galante qui témoigne d’une belle maîtrise de l’élevage sous bois (ah, la formation bourguignonne !) et un chignin-bergeron vraiment époustouflant…bref un quatuor magistral !
En ce qui concerne les rouges, je n’ai pas goûté la cuvée de gamay (un peu pressé par le temps comme souvent…) mais cette mondeuse gourmande et délicatement minérale fut l’une des belles découvertes de cette tournée 2018 en terre savoyarde.

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Jean-Charles Girard-Madoux qui nous présente sa mondeuse.

Une fois n’est pas coutume, je vais attribuer un coup de cœur général et enthousiaste ce domaine que je suivrai avec beaucoup d’intérêt dans les années à venir.

Mille mercis à Jean-Charles Girard-Madoux pour son accueil.

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Design original et coloré pour la plaquette du domaine…moi j’aime bien !

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