Pèlerinage en Bourgogne 2014 - Domaine Nicolas Perrault

Mon premier séjour bourguignon date du début des années 80 et mon premier compte-rendu spécial « Bourgogne » a été publié sur le net en 2006 (sur le forum « degustateurs.com »)…bon sang, j’ai l’impression que le temps passe de plus en plus vite !
Avec quelques désistements pour raisons professionnelles notre groupe de pèlerins ne comptera que 3 fidèles en 2014, puisque seuls Martial et son épouse ont réussi à se libérer pour venir célébrer Bacchus au pays de Saint Vincent en ma compagnie.
A force de venir frapper aux portes des mêmes vignerons, j’ai fini par comparer cette tournée à un pèlerinage…d’ailleurs, avec le programme de cette année qui ne propose qu’une seule visite inédite parmi les 7 étapes prévues, le terme n’a jamais été aussi approprié !
Dans la liste des « connus et reconnus » nous trouverons Rebourgeon-Mure, Chicotot, Buisson-Charles, Nicolas Perrault, François Carillon et Marchand Frères, dans le rôle de la « découverte de l’année » il y aura le Domaine des Rois Mages à Rully.
Hoppla c’est parti !

Dsc 1679Nuages bas et pluie fine sur le vignoble de Rully très vert en cette fin d’été…l’image d’une Bourgogne qui attend le soleil avec impatience pour sauver un nouveau millésime bien compliqué...allez, on y croit !



Jour 1. : domaine Nicolas Perrault à Dezize les Maranges


Comme en 2013, la dernière étape de cette longue première journée bourguignonne nous emmène à Dezize les Maranges pour une nouvelle visite à Nicolas Perrault.
Ce jeune vigneron qui travaille comme chef de culture au Château de la Crée à Santenay, nous a impressionné l’année dernière en nous présentant la remarquable série de crus qu’il réalise sur 4 hectares de vignes entre Maranges et Santenay…il nous en fallait pas plus pour revenir le voir et découvrir son nouveau millésime.

Après un article élogieux dans le magazine « Bourgogne Aujourd’hui » Nicolas Perrault a été un peu débordé par une augmentation soudaine de la demande aussi s’empresse-t-il de nous prévenir qu’il n’a presque plus de vin à vendre mais qu’il se fera un plaisir de nous accueillir au domaine pour que nous puissions déguster les cuvées du millésime 2013…la classe !

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Sombre, voûtée, humide et fraîche…l’une des deux caves du domaine Nicolas Perrault, où les cuvées de 2013 s’affinent tranquillement.


Santenay 2013 : fruité toujours bien croquant au nez (le 2012 laissait la même impression), bouche très gourmande, finale fringante tendue par une fine ligne acidulée.
Voilà un Santenay qui ne se la raconte pas mais qui tient ses promesses : déjà très accessible mais avec un jus riche et bien structuré…un beau vin plaisir !

Maranges 1°Cru La Fussière 2013 : fruité pur, matière concentrée avec une trame tannique soyeuse, finale bien vive et délicatement épicée.
Avec son identité aromatique qui n’est pas encore dessinée avec précision mais un corps qui présente déjà des formes fort élégantes, ce Maranges est un vin d’esthète en gestation.

Maranges 1° Cru Le Clos Roussot 2013 : nez avec une expression fruitée assez proche de celle du Fussière, bouche plus virile avec une matière dense et un maillage tannique plus ferme, finale légèrement torréfiée avec quelques nuances végétales.
La vinification en vendange entière que Nicolas Perrault applique à ses meilleures cuvées marque encore un peu la structure et l’aromatique de ce Clos Roussot (issu à 50% de vendange entière) mais l’ensemble promet…il y a de la chair et de la charpente, tout pour construire un beau vin !

Maranges 1° Cru Le Clos des Roys 2013 : nez assez expressif avec des notes de fruits rouges et de torréfaction, jus riche et généreux, texture tannique serrée mais d’un abord agréable, finale longue et délicatement épicée.
Issu à 100% d’une vendange entière, le Clos des Roys se montre pourtant plus facile à approcher que le Clos Roussot. Déjà remarqué l’année passée pour la sensation d’harmonie qu’il dégageait (c’était un 2011) ce 1° Cru occupe sans conteste la place du séducteur dans la gamme de Nicolas Perrault. MIAM !

Maranges 1° Cru Le Clos des Loyères 2013 : nez très discret, presque mutique, bouche « sérieuse » avec une très belle charpente tannique et une matière pleine de sève et d’énergie, finale tendue qui révèles de superbes arômes de fraise des bois.
Egalement conçu à partir d’une vendange entière à 100%, ce Clos assume son statut de grand vin de garde : concentré et solidement tramé, il va exiger un peu de patience pour exprimer pleinement sa classe. Patience !


Pour finir la série de 2013, nous découvrons le Maranges blanc que nous n’avions pas pu déguster l’année passée :

Maranges 1°Cru La Fussière 2013 : nez expressif alliant notes de fruits exotiques et touche florales sur un fond finement boisé, matière juteuse tenue par une belle ligne acide droite et tendue.
Les blancs sont assez rares sur Maranges mais quand on goûte cette cuvée en cours d’élevage si joliment balancée et pleine de belles promesses, on ne peut que se dire que c’est bien dommage…MIAM !


Bon, il est presque 20 heures, nous avons déjà bien abusé de l’hospitalité de Nicolas Perrault…et il commence à se faire faim !
Allez, deux dernières lichées de crus de 2012 en guise d’apéritif ça ne se refuse pas :

Santenay 2012 : fruit rouge croquant au nez, beaucoup de charme en bouche avec une matière très soyeuse qui enrobe une belle charpente acide/tannique.
Elégant, séduisant, fruité et bien structuré ce Santenay accessible tant par son caractère que par son prix nous propose une expression déjà très aboutie d’un pinot noir bourguignon…il reste quelques bouteilles à vendre au domaine, dépêchez-vous !

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Maranges 1°Cru La Fussière 2013 : nez complexe et avenant, notes de citron, de menthe fraîche et de craie, matière assez opulente, jolie tension acide et finale fraîche qui laisse persister de belles notes de noisette.
Après quelques mois de bouteille, ce Maranges blanc prouve que le chardonnay se plaît sur ce coteau exposé au sud surtout lorsque c’est un vigneron comme Nicolas Perrault qui le travaille…lorsqu’on sait qu’il a effectué un stage de formation à Puligny chez François Carillon on comprend mieux !
En tous cas voilà un vin qui mérite sa place dans la cave de tout amateur de blancs bourguignons.


Pour ceux qui n’auraient pas lu mon article de l’été 2013, voici la bio express de ce vigneron :
« Après avoir quitté le domaine familial en 2004, Nicolas Perrault a décidé de revenir sur les terres de son enfance pour s’installer dans les locaux laissés libres par son père et y produire une série de cuvées qu’il signe de son nom.
Sur ces terroirs qui ont la réputation d’engendrer des vins demandant une longue garde pour patiner la rusticité de leurs trames tanniques, ce vigneron a choisi de faire mentir cette idée reçue : son travail à la vigne et en cave lui permet de réaliser une série de cuvées dont les solides charpentes sont enveloppées de matières mûres et généreuses ».

Pour 2013, les raisins ont muri très lentement et Nicolas Perrault a choisi d’attendre jusqu’au début du mois d’octobre pour vendanger : « une matière première de qualité mais des rendements faibles ».
Les jus en gestation dans leurs barriques sont assez généreux mais structurés par de belles charpentes tanniques et des acidités bien mûres qui affinent les silhouettes. Les identités liées aux terroirs se dessinent déjà avec beaucoup de netteté : élégance pour les « Fussière » en blanc comme en rouge, force contenue et réserve pour « Clos Roussots » et « Clos des Loyères », plénitude et charme pour « Clos des Roys »…un beau nuancier d’expressions viniques !
Pour être complet, il faut également citer le Santenay qui sur 2012 comme sur 2013 séduira son monde par sa gourmandise.

Avec son travail à temps plein au Château de la Crée, Nicolas Perrault avance doucement dans son projet personnel, mais ces premiers millésimes très réussis démontrent qu’il a choisi la bonne voie...voilà un vigneron dont on reparlera sûrement dans les années à venir !

Merci à Nicolas Perrault pour son accueil et bon vent pour la suite…

bourgogne-2012-0107.jpgComme les années passées notre point de chute pour le soir à Santenay : une adresse hautement recommandable pour son bon rapport Q/P et sa carte des vins qui fait vraiment la part belle aux crus du secteur (la photo date de 2012…cette année encore, froidure et pluie…et pas de terrasse !

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