La cinquième édition de mon périple automnal en terre burgonde sera pour le moins originale car le programme de mes visites ne prévoit aucune halte en Côte d’Or. Bien sûr, je sais qu’une tournée dans le vignoble bourguignon sans la moindre petite étape dans son cœur historique relève pratiquement du sacrilège…mais j’assume !
C’est ainsi qu’en 2014 nous ferons un parcours inédit qui nous conduira aux confins (ou presque) de la Bourgogne géographique et vinique.
La première journée sera consacrée à une incursion dans le chablisien avec une visite au domaine Besson suivie par un nouveau passage au domaine Masse en côte châlonnaise.
La seconde journée nous emmènera encore un peu plus au sud, dans le Mâconnais (Le Manoir du Capucin et La Soufrandière) et dans le Beaujolais (Domaine des Marrans).
Hoppla, c’est parti !
Vue sur Chablis à partir du haut du Grand Cru Valmur.
Jour 1. : visite au domaine Besson à Chablis
La première étape va nous mener dans un vignoble dont je connais les vins depuis fort longtemps et dont j’ai pu goûter récemment l’ensemble de ses Grands Crus, mais que je n’avais encore jamais visité jusqu’ici...une lacune majeure dans mon CV d’œnophile qui va enfin être comblée aujourd’hui !
L’adresse du domaine Besson m’a été soufflée par Yves Cortey qui commercialise une partie de la gamme de ce domaine (ICI) et qui n’est jamais le dernier lorsqu’il s’agit de dénicher quelques pépites dans les vignobles français.
Le brouillard s’est enfin levé sur les Grands Crus : nous sommes au milieu de Valmur et on aperçoit Vaudésir au loin
Après quelques 400 kilomètres dans le brouillard, nous arrivons à Chablis toujours plongé dans une épaisse nappe de brume. Moi qui étais venu pour voir des vignes je suis servi…qu’à cela ne tienne, on va déjà aller à notre premier rendez-vous de la journée et attendre le ciel bleu en allant s’humecter le palais au domaine Besson.
Crée au début du siècle dernier cette exploitation dispose aujourd’hui d’un patrimoine viticole de 21 hectares et propose un choix de cuvées qui couvre les 4 appellations de Chablis (Petit Chablis, Chablis, Chablis 1°Cru et Chablis Grand Cru).
Sous l’œil vigilant d’Alain Besson, actuel propriétaire du domaine, Adrien, le fils, s’occupe des vignes et Camille, sa fille œnologue diplômée est en charge des vinifications.
C’est Camille Besson qui nous accueille et nous présente rapidement l’histoire de leur domaine familial avant de nous exposer leur façon de travailler.
Les vignes sont travaillées en culture raisonnée avec des labours réguliers : « Cela favorise l’enracinement en profondeur des pieds de vigne ».
Les vendanges sont mécaniques sur la plupart des parcelles du domaine : seules les vignes des Clos (0,15 HA) et la moitié des vignes sur Vaudésir (1,4 HA) sont vendangées à la main.
Les pressurages sont doux et les débourbages sont réalisés par flottation : « c’est un procédé qui permet de raccourcir le temps de contact des jus avec les particules indésirables ».
Les élevages se font uniquement en cuves inox thermorégulées : 10 à 12 mois pour le Petit Chablis et le Chablis, 18 mois pour les 1°Crus et les Grands Crus.
La gamme actuelle du domaine Besson compte 7 références, toutes encore disponibles et proposées à la dégustation…allons-y !
Première dégustation de la journée : Jean-Claude et un couple de californiens servis par Camille Besson.
Petit Chablis 2013 : nez délicat sur un registre floral charmeur avec une petite touche de coquille d’huître, attaque très vive, acidité droite assez virulente, notes de fruits blancs, finale franche, pas trop longue mais bien plus avenante.
Chablis 2012 : nez avec un fruité plus prononcé, finement mielllé et déjà bien minéral, bouche tonique et gourmande avec un joli sillage iodé en finale.
Le Petit Chablis surprend par le contraste entre une aromatique très engageante et une acidité qui semble encore un peu invasive en bouche en cette fin de matinée. Regoûté dès notre retour à Strasbourg, ce vin s’est montré nettement plus agréable : énergique et léger à la fois…un petit plaisir simple mais authentique !
Le Chablis joue la carte de l’élégance avec sa matière juteuse, longiligne et tendue par une acidité minérale de belle facture qui soutient une finale bien « claquante ». Belle bouteille
Chablis 1° Cru Vaillons 2012 : nez très engageant avec des notes de fruits blancs bien mûrs et une touche d’ananas frais, bouche agréable, fruité pur et acidité diplomate, finale qui révèle un sillage aromatique où on sent une minéralité discrete mais présente.
Chablis 1° Cru Montmains 2012 : nez dominé par une expression minérale intense (craie, coquille d’huître…), équilibre très droit en bouche, belle finale, notes pierreuses et légère sensation tannique.
Chablis 1° Cru Mont de Milieu 2012 : nez complexe, floral et minéral (silex, fumée), bouche ample, notes citronnées, finale qui révèle une minéralité très classieuse sur la pierre chaude et l’iode.
Vaillons conforme à sa réputation séduit dès son plus jeune âge mais la générosité de cette cuvée peut dérouter les puristes…moi je suis tombé sous le charme ! Montmains est un véritable monolithe minéral vraiment typé Chablis et Mont de Milieu propose une synthèse habile des deux précédents, un vin complet qui affirme déjà une vraie noblesse.
Voilà une très belle triplette qui nous offre trois expressions différentes des terroirs chablisiens.
Chablis Grand Cru Vaudésir 2011 : nez discret sur la noisette fraîche, le beurre et le mousseron, ample et droit en bouche, finale profonde, sillage aromatique sur le sous bois et la poudre de craie.
Chablis Grand Cru Les Clos 2010 : nez mûr, bien expressif sur un registre exotique et minéral, matière gourmande, très généreuse en bouche, finale intense, très saline et finement épicée.
Vaudésir qui dispose de la panoplie aromatique et structurelle du grand cru de Chablis est encore un peu jeune pour se livrer avec l’harmonie et la plénitude qu’on peut attendre d’un vin de ce niveau mais le potentiel est réel…Très prometteur !
La cuvée Les Clos est issue d’une petite parcelle (0,15 ares) située dans un secteur assez sec au centre du grand cru. En 2010 elle montre un caractère très mûr, un peu atypique pour la région : le visiteur américain, visiblement habitué à déguster des vins de Chablis, n’a pas trop compris, mais en ce qui me concerne j’ai été conquis. MIAM !!!
Le brouillard tenace qui a attendu la mi-journée pour se lever et nous laisser apprécier la beauté du vignoble chablisien a failli me gâcher ma première visite dans cette région. Mais après une visite convaincante au domaine Besson et quelques minutes mémorables dans les vignes des Grands Crus qui dominent Chablis m’ont laissé une si belle impression que je suis absolument sûr de revenir très prochainement me promener sur ces coteaux splendides qui bordent les rives du Serein…parole d’alsaco !
Des rangs de vignes sur Valmur avec une forte présence de cailloux calcaires.
En proposant des références dans les 4 appellations de Chablis, la gamme du domaine Besson permet à l’amateur de se faire une idée bien complète du style de vins qui naissent dans ce vignoble bourguignon.
Les différentes cuvées élevées avec soin dans la pure tradition chablisienne, sans passage en fûts, sont conçues par les Besson pour retranscrire avec le plus de sincérité le message minéral de ces terroirs calcaires ancestraux.
Le petit chablis et le chablis, toniques mais sociables, se livrent avec simplicité et gourmandise dès leur plus jeune âge…et en plus ils sont vendus à des prix fort raisonnables. Que demander de plus !
Les premiers crus qui affirment des personnalités bien circonscrites dès la naissance offrent une belle palette de nuances pour imaginer de beaux accords gastronomiques.
Les 2 Grands Crus sont peut-être les plus déroutants à l’heure actuelle : Vaudésir 2011 s’exprime de façon encore un peu confuse mais montre un potentiel impressionnant et Les Clos 2010 étonne par son exubérance quelque peu atypique. En enrobant sa puissante arête minérale d’une matière dodue et très gourmande ce vin se présente comme un grand séducteur sous le charme duquel je suis tombé sans résister…coup de cœur évident !
Ceci dit, dans cette série où aucune bouteille ne démérite je citerai également la cuvée de chablis, un petit délice avec un rapport Q/P exceptionnel.
Merci à Camille Besson pour son accueil
Une petite halte pour une vue sur Grenouilles juste avant de partir en direction de Beaune.
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