Pèlerinage en Bourgogne-Beaujolais 2014 - Domaine de la Soufrandière à Vinzelles


La cinquième édition de mon périple automnal en terre burgonde sera pour le moins originale car le programme de mes visites ne prévoit aucune halte en Côte d’Or. Bien sûr, je sais qu’une tournée dans le vignoble bourguignon sans la moindre petite étape dans son cœur historique relève pratiquement du sacrilège…mais j’assume !
C’est ainsi qu’en 2014 nous ferons un parcours inédit qui nous conduira aux confins (ou presque) de la Bourgogne géographique et vinique.
La première journée sera consacrée à une incursion dans le chablisien avec une visite au domaine Besson suivie par un nouveau passage au domaine Masse en côte châlonnaise.
La seconde journée nous emmènera encore un peu plus au sud, dans le Mâconnais (Le Manoir du Capucin et La Soufrandière) et dans le Beaujolais (Domaine des Marrans).

Hoppla, c’est parti !

1chablis vu de valmurVue sur Chablis à partir du haut du Grand Cru Valmur.

 

Jour 2. : visite au domaine de la Soufrandière à Vinzelles

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Mes calculs sont formels, 2013 est déjà le neuvième millésime que je déguste chez les frères Bret de Vinzelles...une fidélité quasi décennale qui s’explique facilement si on considère la constance avec laquelle ces vignerons nous régalent avec leur gamme de vins du mâconnais d’une qualité vraiment impeccable.
Durant ces années, j’ai eu le plaisir de suivre l’évolution de ce domaine avec la construction d’une grande cave et la restructuration des magnifiques bâtiments de la Soufrandière mais je ne me lasse pas d’aller rendre visite aux Brothers pour vivre une rencontre avec des hommes et des vins exceptionnels.
One again !!!

Arrivés au domaine en fin de matinée nous sommes accueillis par Jean-Philippe Bret, qui nous propose comme à chaque fois d’aller nous promener sur le magnifique coteau des Quarts…un peu pressés par le temps et soucieux de ne pas trop empiéter sur la pause méridienne des vignerons, nous déclinons l’invitation pour passer directement en cave et déguster quelques cuvées du millésime 2013.
Devant l’impressionnant alignement de bouteilles, Jean-Philippe nous demande de combien de temps nous disposons pour évaluer le nombre de cuvée qu’il va nous proposer…allez, une petite douzaine, ça devrait passer !

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…et en plus il en manque quelques unes !

Mâcon Uchizy La Martine : nez classique mais très séduisant sur le citron frais et la boîte de craie, en bouche, matière légère, équilibre aérien, touche minérale en finale.
Elevé en cuve à 90%, ce vin labellisé « biologique », très accessible et très gourmand mérite amplement le premier MIAM de la série.

Mâcon Chardonnay : subtile palette florale et finement miellée, matière ample avec un joli gras, structurée par une ligne acide citronnée, finale longue et bien minérale.
Comme le Mâcon Uchizy, cette seconde cuvée également labellisée « vin biologique » (il y en a de plus en plus au domaine Bret…qui s’en plaindrait !) montre une buvabilité exemplaire et un équilibre très abouti.

Viré Clessé La Verchère : fruit gourmand et élevage subtil au nez, matière fine et déliée, équilibre parfait, finale franche avec de délicats amers minéraux.
Dégusté comme un vin de garde lors des millésimes précédents ce Viré Clessé montre un charme plus immédiat sur 2013…mais la profondeur est toujours au rendez-vous. Label « vin biologique » comme les précédents.

Saint Véran Jully l’Ephémère : fin et complexe, notes de fleurs et de chair de poire fraîche, bouche large, matière juteuse, petite touche tannique très soyeuse, minéralité intense en finale.

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Provenant du coteau « Les Jully » situé sur le ban du village de Leynes, cette cuvée bien expressive et très joliment balancée est un « One shot » des Brothers (d’où le nom)…une raison de plus pour la considérer comme indispensable dans une cave d’amateur.

Pouilly Loché Les Mûres : nez fin, notes d’agrumes et d’épices, bouche longiligne, très élégante, zesté et finement boisé en finale.
Même si elle a été travaillée en bio depuis de longues années par Olivier Giroud (le vigneron, pas le footballeur !), cette parcelle située sur le terroir le plus qualitatif de Loché, vient d’être officiellement revendiquée en conversion pour être officiellement labellisée dans 3 ans.
Ouvert, bien fruité et déjà très harmonieux, ce vin nous ferait presque oublier qu’il est conçu pour la garde.

Pouilly Fuissé Terres de Vergisson : nez charmeur et raffiné, équilibre des saveurs parfait, très belle tension, finale fruitée et délicatement vanillée.
Un peu comme le vin précédent, ce Pouilly Fuissé possède une vrai identité de vin de garde mais se livre aujourd’hui avec une gourmandise si parfaite que l’amateur aura vraiment beaucoup de mal à l’oublier dans sa cave. Excellent !

Mâcon Vinzelles Le Clos de Grand Père : aromatique délicate, avec du fruit et une fine touche d’élevage, souple, charnu et soyeux en bouche, finale délicatement minérale.

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Comme nous l’explique Jean-Philippe, cette cuvée symbolise un peu l’histoire de leur domaine puisqu’elle naît sur une parcelle ayant appartenu aux grands-parents maternels avant d’être élaborée sur le site de la Soufrandière hérité des grands-parents paternels. La faiblesse des rendements de 2013 a obligé les frères Bret à travailler ce vin à 100% en barriques pour la première fois « Nous ne possédions pas de cuve inox assez petite pour traiter ce petit volume ».
Au final, la gourmandise est toujours au rendez-vous avec une petite touche de gras et d’onctuosité en plus…J’aime !

Pouilly Vinzelles : fruité épanoui, très engageant, chair juteuse, structure élégante, détendue et superbement bien équilibrée, finale fraîche et minérale.

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Les jeunes vignes du coteau des Quarts (33 à 50 ans quand même !) ont encore généré un vin d’une finesse absolue en 2013.
Plus encore que les autres années, son seul point faible sera la brièveté de sa durée de vie dans ma cave…j’ai arrêté d’essayer de résister. MIAM !!!

Pour compléter ce petit voyage gustatif parmi les vins de 2013, Jean-Philippe se rend dans un cuvier attenant exclusivement dédié à l’élevage des cuvées très haut de gamme du domaine, pour revenir vers nous avec 3 échantillons prélevés sur cuves inox :

Pouilly Fuissé En Carementrant : discret mais avec des nuances minérales qui se révèlent dès le premier nez, bouche perturbée par un léger perlant mais matière pleine et dense avec une finale longue et bien saline.
Les éléments constitutifs de cette cuvée possèdent une classe évidente mais on sent qu’il manque encore un peu de temps pour qu’une vraie synergie se réalise. Comme chaque année, cette vigne située sur un versant de la roche de Vergisson exposé plein sud, fera naître un des très grands vins du domaine.

Pouilly Vinzelles Les Quarts : robe légèrement trouble, nez très discret, un peu perturbé mais bouche d’une qualité exceptionnelle, puissance, densité, tension, intensité et longueur de l’expression minérale en finale…tout est là !
L’expression aromatique nous montre que la cuvée phare de la Soufrandière n’a que moyennement apprécié qu’on la dérange pendant sa gestation mais en bouche le verdict est indiscutable…cette bouteille atteindra des sommets qualitatifs.

Pouilly Vinzelles Les Quarts-Cuvée Millerandée : nez délicat, très pur, puissance hors norme en bouche, une matière riche et solidement structurée dont la majestueuse  beauté impose un respect absolu.
C’est la première année que ce vin conçu avec les baies millerandées des Quarts me laisse sans voix…pas de doute, avec cette bouteille on tutoie le niveau des plus grands blancs bourguignons !

Comme le domaine propose 4 cuvées de beaujolais sur 2013, nous ne résistons pas à finir cette belle série par deux verres de rouge :

Beaujolais-Leynes Glou de Jeff : jus très fruité (fruits rouges, grenadine), gouleyant, structure tannique présente mais bien souple, finale très glissante.
Ce vin biologique vinifié en vendange entière et sans soufre est une friandise beaujolaise élaborée par un vigneron ami des frères Bret, qui, pour la première fois de leur histoire, vendent une cuvée qu’ils n’ont pas au moins vinifiée…mais c’est pour une bonne cause et en plus la bouteille ne démérite vraiment pas dans la série !

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Le Glou et le Bien-venu…

Fleurie 2012 : aromatique discrète mais agréable et complexe, matière large, concentrée, tannins très fins, finale longue avec un sillage odorant sur la violette.
Avec sa matière concentrée et structurée ce Fleurie, se montre plus sérieux que le précédent tout en gardant un côté  avenant et charmeur typiquement beaujolais.

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…et le Fleurie et le Morgon de la gamme beaujolaise des Bret Brothers


Après l’achèvement des travaux au domaine de la Soufrandière, 2014 aurait pu être une année assez tranquille pour les frangins de Vinzelles…hélas il n’en fut rien !
En mai 2014, la famille Bret fut endeuillée par la disparition de Marc-Antoine, le plus jeune des frères qui avait rejoint l’équipe du domaine en 2009 pour partager cette belle aventure vinique avec ses deux ainés.
Bien évidemment, ce millésime 2013 est dédié à la mémoire de Marco…et je suis certain que j’aurai une petite pensée pour ce jeune vigneron à chaque fois que je déboucherai une bouteille de cette belle série.
Au niveau de la vigne 2014 fut également assez difficile mais au bout du compte, Jean-Philippe se montre très confiant pour ce nouveau millésime : un rendement moyen de 45 hl/ha sur le domaine et des jus très prometteurs…une petite lueur d’optimisme dans une année bien sombre !

Les vins de 2013 ont eu une enfance un peu capricieuse mais depuis leur mise en bouteille, ils ont évolué très favorablement et leur dégustation procure un plaisir évident aujourd’hui. Jean Philippe les voit comme des vins « avec un profil aromatique bien mûr qui fait penser aux 2009 et des lignes acides solidement tendues qui rappellent plutôt les 2010 ou les 2012 ».
Personnellement, j’ai ressenti une très belle homogénéité qualitative sur l’ensemble de la série et j’ai vraiment apprécié la spontanéité avec laquelle les différentes cuvées se livraient à nous. Ceci dit, il ne faut jamais oublier – mais c’est vraiment difficile ! – que ces vins si séduisants dès leur prime jeunesse, disposent d’un joli potentiel de garde : l’amateur patient trouvera sa récompense en lorsqu’il débouchera l’une au l’autre cuvée qui aura profité de quelques années de garde pour se patiner et exprimer plus profondément la valeur de ces grands terroirs du vignoble mâconnais.

Comme je le fais de temps en temps, je vais attribuer un coup de cœur général à l’ensemble de l’œuvre des Bret Brothers sur le millésime 2013.
Cependant, s’il fallait vraiment isoler deux flacons, je choisirai le Pouilly Vinzelles pour sa gourmandise absolue et la cuvée millerandée des Quarts qui titille la perfection des plus grands vins de Bourgogne : un vin plaisir et un vin de garde pour symboliser un travail absolument irréprochable…chapeau !

Mille mercis à Jean-Philippe pour cette nouvelle visite et bon courage aux frangins pour la suite…

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