En attendant la mise en place du prélèvement des impôts à la source et la réception d’une fiche de paye qui va probablement remettre en question cette escapade vinique instituée depuis plusieurs décennies, je profite une fois encore de mes congés d’automne pour aller vadrouiller du côté de la Bourgogne et du Beaujolais.
Cette année encore, mon parcours va me permettre de retrouver des vignerons que je fréquente depuis longtemps et d’autres que je vais avoir le plaisir de rencontrer pour la première fois…bref, c’est un pèlerinage classique avec ses haltes « obligatoires » et ses découvertes qui vont étoffer encore un peu plus mon carnet d’adresses viniques en terre burgonde.
Le premier jour me fera aller de la Côte de Beaune – pour mon indispensable étape au domaine Buisson-Charles – jusque dans le cœur du Beaujolais pour des visites dans deux domaines que je ne connais pas : le domaine de La Chaponne à Villié-Morgon et le domaine des Capréoles à Régnié-Durette.
La seconde journée sera mâconnaise et châlonnaise avec mon rendez-vous habituel à La Soufrandière et deux visites inédites : la première au domaine Sève à Solutré et la seconde au domaine Mouton à Givry.
Ma tournée 2018 se terminera en Côte d’Or avec un retour au domaine Chicotot à Nuits Saint Georges et ultime halte à Magny les Villers pour découvrir les vins du domaine Cornu.
Hoppla, c’est parti !
Une éclaircie bienvenue et un beau ciel bleu sur la roche de Solutré …magnifique non !
Jour 1. : visite au domaine Buisson-Charles à Meursault
Cette année encore j’ai choisi de programmer la première étape de ma tournée bourguignonne rue de la Velle à Meursault pour rencontrer Catherine et Patrick Essa…j’aime bien commencer mon pèlerinage par une valeur sûre et dans ce registre le domaine Buisson-Charles s’impose toujours comme une évidence.
La maison Buisson-Charles en 2018 : le chantier de 2017 est terminé et l’extension pour le stockage bouteilles est opérationnelle.
La dégustation se passe comme d’habitude dans la cave du domaine mais cette année j’ai le plaisir de partager ces jolis instants viniques avec l’ami Yves Cortey, un collègue œnophile que j’ai plutôt l’habitude de croiser dans les vignobles du sud mais qui a décidé de remonter en Bourgogne pendant les vacances, histoire de saluer son « vieux » conseiller pédagogique mais surtout d’aller voir si ses vins sont toujours aussi bons.
La cave Buisson-Charles où séjournent les jus du millésime 2018
Comme les vins de 2017 terminent leur phase d’affinage en attendant la mise prévue pour le mois de mars prochain Patrick a pris soin de nous préparer une série de demi-bouteilles prélevées sur cuve.
Les échantillons 2017 sont prêts…
…et le maître des lieux nous sert la première tournée.
Aligoté Sous le Chemin : nez ouverte et charmeur, notes de chair de poire et de groseille blanche, matière ample avec un joli gras, finale bien tendue avec un fruité pur relevé par une touche de gingembre frais.
Je suis toujours aussi étonné et séduit par la qualité de cette cuvée « Sous le Chemin » que Patrick vinifie avec le même soin que ses grands Meursault…voilà un vin qu’il faut faire découvrir à tous ceux qui pensent encore qu’un aligoté est tout juste bon à servir de diluant pour crème de cassis. MIAM !
Meursault Vieilles Vignes : nez pur et discret, notes florales et pierreuses, jus riche et gourmand parfaitement tenu par une structure acide minérale très racée, finale étirée et bien salivante.
Meursault Vignes de 45 : expression olfactive très discrète, matière puissante et grande force minérale en bouche, finale très longue avec un sillage relevé par une présence d’amers très qualitatifs.
Meursault Tessons : nez discret, note de pierre frottée et de poudre de craie, présence en bouche qui allie charme et puissance, finale minérale et délicatement épicée.
Ces trois cuvées de Meursault qui brillent par un équilibre parfait malgré des matières riches et concentrées prouvent que Patrick a eu raison de faire confiance à ses vignes et à ses terroirs en laissant ses raisins arriver à pleine maturité avant de les rentrer en cave.
Certes les rendements sont faibles – 42 hl/ha pour le « Vieilles Vignes » et 35 hl/ha sur la parcelle des Pellans où se trouvent les « Vignes de 45 » – mais c’était le prix à payer pour arriver à ce niveau de qualité. Quelle triplette mes amis !!!
Yves et Patrick en grande discussion avec un verre de Meursault à la main…pas sûr qu’ils parlent des nouveaux programmes d’E.P.S. !
Puligny Montrachet 1°Cru Les Caillerets : nez élégant et assez flatteur avec de belles fragrances florales, matière longiligne structurée par une ligne acide tendue, finale vive et sapide avec des rémanences minérales sur la pierre à fusil.
Après une année d’absence cette cuvée née sur l’un des grands terroirs de Puligny, s’invite à nouveau dans la cave du domaine Buisson-Charles pour nous séduire avec son expression à la fois sensuelle et « classieuse »
Meursault 1° Cru Les Cras : légère touche grillée (réduction) à l’ouverture mais très beau fond aromatique sur les fruits blancs frais, ample et vineux en bouche, équilibre fin et délicat, finale agréable sur la pierre chaude et la résine.
Meursault 1° Cru Bouches Chères : nez ouvert et séduisant, bouquet floral fin et complexe, matière ample et légèrement granuleuse, structure sphérique mais équilibre bien sec, finale très digeste avec un joli sillage sur la noisette et la craie.
Meursault 1° Cru Les Charmes : nez complexe et engageant, notes fruitées (poire, pêche de vigne) et minérales (poudre de craie), matière très concentrée qui enrobe une acidité mûre mais structurante, finale puissante, présence minérale marquée.
Meursault 1° Cru Goutte d’Or : nez pur et très discret (comme souvent), notes florales et pierreuses (toujours ce côté « eau de roche »), matière dense et tendue pat une arête acide/minérale puissante, finale longue, fraîche et salivante.
Comme chaque année, le quatuor de stars du domaine Buisson-Charles nous offre un récital gustatif sans fausse note : ces jus mûrs et équilibrés sublimés par un élevage sous bois géré avec une grande maîtrise s’expriment dès aujourd’hui avec une spontanéité gourmande tout à fait exceptionnelle tout en montrant un potentiel de garde impressionnant.
Evoluant dans des niveaux qualitatifs superlatifs ces 4 vins commencent à esquisser les contours de leur personnalité à venir : un Cras fruité et profondément minéral, un Bouches-Chères consistant mais très suave, un Charmes souple et puissant et un Goutte d’Or pur et raffiné…J’adore !!!
La série de Meursaults 2016 du domaine Buisson-Charles.
Après cette belle sélection blanche, nous goûtons quelques cuvées rouges choisies dans une gamme qui s’étoffe année après année.
Bourgogne Hautes Coutures : nez frais et délicatement fruité (mûre, cassis), matière généreuses et bien gourmande en bouche, trame tannique soyeuse, finale très appétante.
Réalisée à partir d’un assemblage de raisins récoltés sur 3 parcelles situées sur le ban viticole de Meursault, cette cuvée qui a été travaillée en barriques avec 30% de bois neuf révèle un caractère très avenant et une belle buvabilité.
La force fruitée des jus de 2017 a permis à ce vin d’intégrer parfaitement son élevage sous bois…ça promet pour la suite !
Volnay 1° Cru Les Champans : expression aromatique d’une élégance folle, palette florale pure et complexe, matière très ample, belle profondeur, acidité mature et tanins fondants, finale élégante avec des rémanences florales persistantes.
Volnay 1° Cru Santenots : nez assez « perturbé » et pas trop engageant, notes de marc de raisin et fine touche de volatile, bouche bien mieux en place avec un jus concentré et une charpente acide/tannique de très grande classe.
A côté d’un Champans qui célèbre son arrivée dans la cave Buisson-Charles en nous gratifiant d’un véritable feu d’artifice pour nos papilles, le Santenots fait un peu grise mine en développant une palette aromatique pas très engageante tout en nous impressionnant quand même par la puissance de son jus.
Malgré leur jeunesse, ces deux Volnay ont déjà un caractère bien marqué – si j’osais, je dirais que Champans sera plutôt féminin et Santenots plutôt masculin…mais je ne veux pas déclencher de polémique sur le genre – en tous cas, ce qui est certain c’est que les deux seront de très grands vins.
Corton Clos du Roi : olfaction pure et très complexe mais encore une peu retenue, attaque franche mais très suave, matière ample et vinosité profonde, tanins serrés mais bien mûrs, finale longue puissante avec une salinité qui stimule la salivation.
Corton Bressandes : nez qui s’ouvre sur de légères nuances amylique mais très vire l’olfaction se purifie en révélant un fruité bien complexe, matière ample et charnue en bouche, structure très puissante, finale longue avec un beau sillage fruité et réglissé.
Le Corton-Clos du Roi qui est apparu dans la gamme du domaine l’année passé a été rejoint en 2017 par un Bressandes pour étoffer encore un peu plus l’offre vinique du domaine Buisson-Charles.
Pour l’heure, les deux vins s’expriment avec une certaine retenue tout en esquissant les contours de leur personnalité future : le Clos du Roi jouera sur un registre puissant et minéral alors que Bressandes s’orientera vers une expression plus opulente et probablement plus facilement accessible à court terme.
Chapelle Chambertin : olfaction très réservée qui laisse deviner une palette florale bien complexe, matière concentrée, structure puissante, équilibre viril avec une acidité tendue et une mâche tannique compacte, finale voluptueuse étirée par une belle tension minérale.
Cette nouvelle « grosse cylindrée » marque sa venue parmi les grands rouges vinifiés par Patrick en nous régalant pas son aromatique raffinée et par sa matière pleine de sève et d’énergie minérale.
Petite photo « primeur » des 3 nouveaux venus rouges dans la cave du domaine Buisson-Charles
Pour finir, Patrick nous propose de découvrir deux cuvées rouges du dernier millésime :
Volnay 1° Cru Santenots 2018 : olfaction fruitée bien gourmande, matière dense et charnue, trame tannique veloutée.
Pommard En Chiveau 2018 : nez profondément fruité relevé par une fine touche poivrée, attaque franche et tonique, milieu de bouche rond et suave mais finale assez virile.
Ces deux cuvées prélevées sur fûts sont de vraies friandises : les jus sont consistants et bien structurés tout en restant très flatteurs pour nos papilles.
Voilà un petit avant-goût de 2018 qui ne laisse aucun doute sur la qualité de ce millésime…que de jolis « MIAM » à venir !
Patrick au prélèvement…
…et au service du Santenots 2018.
Les années passent – de plus en plus vite, hélas – mais mes visites au domaine Buisson-Charles sont toujours aussi passionnantes.
Sous l’impulsion de l’infatigable Patrick Essa qui assume toujours ses deux métiers avec un enthousiasme sans faille, ce domaine se développe de façon spectaculaire avec des espaces professionnels qui s’agrandissent et une gamme de vins qui voit apparaître de nouvelles cuvées à chaque millésime.
Malgré une offre vinique de plus en plus conséquence, la qualité des vins signés Buisson-Charles reste « topissime » : à côté des superbes cuvées d’entrée de gamme travaillées avec la même exigence que les crus plus prestigieux, on peut se régaler avec une série de très grands vins de terroir qui s’imposent peu à peu comme des références dans la production vinique bourguignonne.
Même si mes attentes sont très élevées lorsque je déguste les vins de ce domaine, je remonte toujours de la cave de la rue de la Velle avec le même sentiment de plénitude et avec la certitude qu’une fois encore Patrick Essa a parfaitement réussi son nouveau millésime. Chapeau l’artiste !
Merci à Patrick et à Catherine pour leur accueil toujours aussi chaleureux.
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