Le village de Régnié-Durette dans les brumes de l’automne 2019
En cette fin d’octobre 2019, je vais faire ma dernière escapade automnale en Bourgogne en tant que fonctionnaire « actif » de l’Education Nationale tout en espérant que mon futur statut de retraité ne va pas m’obliger à bouleverser cette habitude car cette petite virée qui me conduit depuis plus de 30 ans des monts du Beaujolais jusqu’aux coteaux bourguignons, est devenue l’une de mes indispensables parenthèses gourmandes de l’année.
Comme d’habitude, mon parcours 2019 va me permettre de retrouver des vignerons que je fréquente depuis longtemps et d’autres que je vais avoir le plaisir de rencontrer pour la première fois…bref, c’est un pèlerinage classique avec ses haltes « obligatoires » et ses découvertes qui vont étoffer encore un peu plus mon carnet d’adresses viniques.
La première journée sera consacrée à la visite au « Salon des Artisans Vignerons du Mâconnais » qui se tient dans le château de Hurigny et qui regroupe quelques uns des plus grands noms du vignoble mâconnais
La seconde journée sera beaujolaise avec un retour au domaine des Capréoles à Régnié-Durette et une visite inédite dans un domaine situé quelques centaines de mètres plus loin, chez Antoine Sunier.
Ma tournée 2019 se terminera par une nouvelle halte en côte châlonnaise au domaine Tupinier-Bautista et par trois étapes en Côte d’Or avec l’incontournable dégustation au domaine Buisson-Charles à Meursault suivie par une visite inédite – il en faut quand-même l’une ou l’autre – à Nantoux au domaine Germain pour terminer en beauté par un passage « obligé » à Nuits Saint Georges au domaine Chicotot.
Hoppla, c’est parti !
Jour 2. : visite au domaine Antoine Sunier à Régnié-Durette
Après une courte pause méridienne au restaurant « La Robe Rouge » nous remontons vers le village de Régnié-Durette pour rendre visite à Antoine Sunier, un vigneron installé depuis 2014 dans un domaine situé à quelques pas de notre adresse du matin (le domaine des Capréoles).
C’est vrai que pour cette fois, je vais restreindre ma visite beaujolaise à un tout petit secteur mais après avoir bu un Régnié 2015 d’Antoine Sunier – c’était en 2016 au restaurant « Le Carafé » à Mâcon – l’ami Cyril et moi-même avions vraiment envie de d’apprendre à connaître un peu mieux ce vigneron et les vins qu’il produit.
C’est en 2014 qu’Antoine Sunier s’est installé à Régnié-Durette où il a pu reprendre un fermage sur des parcelles de vignes en appellation Régnié et Morgon.
A l’heure actuelle il cultive près de 4 hectares de vieilles vignes situées sur deux appellations beaujolaises : Régnié et Morgon.
A la vigne, il met en œuvre une viticulture biologique et en cave il privilégie un travail « à l’ancienne » : infusion lente (10 à 12 jours) d’une vendange entière avec peu de triturage des moûts, peu ou pas d’intrants œnologiques, utilisation de la gravité pour le transfert des jus, élevage des vins sur lies fines en cuve béton en en fûts anciens, mise en bouteilles sans filtration ni collage, sulfitage très léger à la mise (20 mg/l).
Rencontre avec Antoine Sunier dans sa cave.
Pour l’heure, Antoine Sunier commercialise 3 cuvées : un Morgon et deux Régnié…et si on goûtait tout ça !
On fait sauter les bouchons…la dégustation peut commencer.
Morgon 2018 : nez ouvert et charmeur notes de cerise noire et de noyau, bouche très gourmande, jus fruité très pur, texture légèrement grenue, finale fraîche et sapide avec un joli retour fruité.
Issu d’une parcelle de 1ha20, située sur un sol d’alluvions et travaillée en viticulture biologique depuis 2003, cette cuvée de morgon débordante de fruit et d’énergie est une petite pépite vinique qui séduit par sa gourmandise et sa buvabilité. MIAM !
Régnié 2018 : olfaction très raffinée avec une palette très guillerette sur les fruits rouges et les fleurs printanières, bouche très élégante, plus fraîche et plus longiligne que celle de la cuvée de Morgon, finale fraîche et très gourmande.
Réalisée à partir d’un assemblage de gamays provenant de 2 parcelles différentes – une parcelle granitique et une parcelle d’alluvions – cette première cuvée de Régnié a été élevée pour 2/3 en fûts et 1/3 en cuve béton pour lui donner à ce vin un caractère fringant et accessible qui le rend ce carrément irrésistible.
La cuvée qui nous a donné envie de découvrir le domaine Antoine Sunier était très attendue…mains nous n’avons pas été déçu. RE-MIAM !
Régnié Montmerond 2018 : expression aromatique ouverte et complexe, toujours sur un registre fruité et floral, bouche ample, structure très profonde, finale longue et tonique avec un sillage sur la cerise noire relevé par de légères touches fumées.
Née au niveau de la limite haute de l’appellation Régnié sur un sol peu profond de granit et de roches bleues, cette cuvée parcellaire a bénéficié d’un élevage de 8 mois sur lies fines dans des fûts anciens.
A l’heure actuelle, ce Régnié se montre un peu plus réservé que les deux autres vins de la gamme mais son potentiel se remarque dès à présent…voilà une bouteille qui fera parler d’elle dans les prochaines années !
Un morceau de roche bleue ramassée sur la parcelle de Montmerond
Pour terminer, Antoine nous propose de découvrir deux vins de 2019 en cours d’élevage.
Antoine Sunier qui prélève une pipette de Régnié de 2019.
Régnié 2019 : nez fermé dominé par des notes de réduction, jus concentré, équilibre digeste.
Morgon 2019 : nez plus ouvert avec un fruit déjà bien défini, bouche très gourmande qui donne déjà une belle impression de plénitude.
Les vins qui ont terminé leurs fermentations révèlent des matières juteuses concentrées et des équilibres déjà bien établis…et laissent entrevoir de très belles promesses pour ce nouveau millésime !
Le Morgon 2019 d’Antoine Sunier.
Cette visite que l’ami Cyril et moi-même attendions de faire depuis quelques années, nous a permis de faire la connaissance d’un vigneron sympathique qui travaille avec conviction et compétence pour produire quelques très belles cuvées sur les beaux terroirs de Régnié et de Morgon.
Dans cette gamme resserrée – elle ne comporte que 3 cuvées à l’heure actuelle – Antoine Sunier nous propose une version pure, profonde et gourmande de ces deux crus du Beaujolais.
Les vins du millésime 2018 sont déjà bien en place : assez loquaces sur le plan aromatique, ils révèlent des matières concentrées et texturées parfaitement tenues par des charpentes acides/minérales solides et cohérentes.
Les cuvées de Morgon et de Régnié sont de petites friandises tellement séduisantes qu’elles seront très difficiles à oublier très longtemps en cave alors que la cuvée parcellaire de Régnié manifeste de façon évidente un caractère de vin de garde.
Les deux vins de 2019 que j’ai goûté au début de leur phase d’élevage semblent s’inscrire dans la ligne esthétique et qualitative des 2018...d’ailleurs, j’ai bien envie d’aller vérifier tout ça l’année prochaine !
Une parcelle de vigne proche de la maison avec des gamays qui vont entrer dans la cuvée de Régnié
Merci à Antoine Sunier pour son accueil.
Ajouter un commentaire