Vue du haut de la montagne de Liausson : le lac du Salagou, le mont Baudile et la pointe du Pic Saint Loup au loin…c’est beau le Languedoc !
Malgré cette météo de printemps qui m’inviterait plutôt à programmer un séjour de ski qu’une escapade vers les terres du sud, j’ai quand même décidé de repartir en direction du littoral méditerranéen pour avoir le plaisir de découvrir quelques nouvelles adresses viniques mais aussi – et surtout – de retrouver des amis chers avec qui je partage depuis de longues années le goût des bonnes choses de la vie.
Après ma descente nord-sud « tout schuss » de 2018, je vais reprendre mes bonnes habitudes en prévoyant une petite halte intermédiaire dans le vignoble des Côtes du Rhône septentrionales…et cette année ce sera à La Roche de Glun pour une première visite chez Christelle Betton.
Avant mes sorties languedociennes où je retrouverai mes amis Eric et Marie-Ange Supply ainsi que l’étonnant Julien Peyras, je vais passer une journée entre les Alpilles et la Sainte Victoire pour découvrir les vins du domaine Villa Minna.
Pour terminer en beauté ce nouveau périple sudiste, j’ai laissé « carte blanche » à l’ami Dany Jaffuel qui, après m’avoir appris à aimer les vins de Saint Chinian, a décidé de m’initier aux charmes des crus de Faugères en m’emmenant à la découverte de 3 domaines : le Château de La Liquière et les deux domaine de la famille Roque, Clovallon et Mas d’Alezon.
Hoppla c’est parti !
Domaine Julien Peyras à Paulhan
Après une première visite très intéressante l’année passée, j’ai eu envie de repartir une fois de plus en direction de Paulhan pour rencontrer Julien Peyras, un vigneron passionné qui ne transige pas avec ses convictions profondes et qui travaille dans le respect de ses terroirs pour élaborer des vins 100% naturels.
Je sais que cette nouvelle expérience avec ce vigneron atypique va encore me réserver son lot de surprises…mais j’aime ça !
Comme au printemps 2017, ma visite commence par une promenade dans le vignoble sur les hauteurs d’Aspiran où Julien Peyras vient d’acquérir un « ilôt de vignes de 3,8 hectares » idéalement situé dans un secteur où le domaine possède déjà de nombreuses parcelles.
Petit panorama sur les hauteurs d’Aspiran avec la silhouette du Pic Saint Loup au loin…
…et celle du Mont Baudile un peu plus près.
Situées sur de belles terrasses calcaires du Villafranchien, ces parcelles ont été travaillées de façon conventionnelle (avec pas mal de chimie) durant de longues années.
Afin de « nettoyer les sols et leur redonner de la vie » Julien Peyras y a semé des légumineuses mais il va falloir attendre encore quelques années avant que les raisins produits atteignent un niveau qualitatif suffisant pour entrer dans la cave du domaine.
Une vigne de cinsaults sur une nouvelle parcelle très caillouteuse…
…avec des pousses de légumineuses qui commencent à sortir entre les rangs
Une nouvelle parcelle de grenache…
…et une nouvelle parcelle de syrah avec des sols qui commencent à revivre.
Julien Peyras est confiant quant à l’avenir de ces belles parcelles, d’autant plus que la vigne répond de façon très satisfaisante à ses premières interventions : « j’ai l’impression que le retour à la vie des sols et des vignes se fait de façon plus rapide que prévue »…et c’est tant mieux !
Après cette escapade dans le vignoble nous revenons à Paulhan pour déguster quelques vins du dernier millésime.
Comme souvent, 2018 a été un millésime qui a réservé quelques surprises…des bonnes, comme ces belles récoltes sur les parcelles de cinsault et de syrah et des moins bonnes, comme ces attaques virulentes de mildiou qui ont durement frappé certains cépages : « Trois salves successives qui ont sérieusement impacté mes parcelles de carignan, de mourvèdre et de clairette » avec au bout du compte une récolte plutôt maigrichonne : « 9 hectolitres de jus sur plus de 14 hectares de surface…ça ne fait pas beaucoup ! ».
Pour l’heure il y a que 3 vins de 2018 en bouteille et leur mise date d’il y a 3 semaines…mais on goûte quand même !
Dégustation en plein-air sous le soleil de Paulhan
Vin de France Les Copains d’abord 2018 : nez net et bien expressif, palette complexe sur les fruits jaunes, la brioche toastée et la résine, bouche droite et franche, finale très saline, sillage très agréable sur le pamplemousse.
(1/3 clairette en pressurage direct + 1/3 grenache blanc et 1/3 roussanne pressés après 8 jours de macération)
Ce vin blanc qui succède à la cuvée « L’Ephémère » de 2017 se déguste déjà avec grand plaisir : l’aromatique est riche et complexe et la présence en bouche nous met en joie par son énergie très communicative. MIAM !
Vin de France Rose Bohême 2018 : nez un peu troublé, pas vraiment en place, bouche très gourmande avec de beaux arômes de fraise bien mûre, équilibre très tonique, finale salivante avec un petit grip tannique très stimulant.
(syrah et grenache sur terroir basaltique + grenache sur terroir calcaire).
Comme l’année passée, ce rosé surprend par l’intensité de sa couleur et la vinosité de son jus…c’est un vin pour la soif mais aussi pour la table où il pourra facilement remplacer un rouge léger et fruité.
Vin de France Gourmandise 2018 : nez discret mais perturbé, note d’encaustique assez prégnantes, bouche légère, texture fluide et glissante, finale fraîche et gouleyante.
(100% cinsault sur terroir argilo-calcaire).
Cette cuvée dont l’édition 2017 m’avait vraiment épaté, s’est un peu moins bien goûtée cette année. La qualité du jus est très prometteuse mais l’expression aromatique manque encore de netteté.
C’est un vin qui aura encore besoin de temps pour se faire...les fans de « Gourmandise » devront faire preuve de patience.
Syrah 2019 : nez ouvert et séduisant, notes de baies de cassis et de cacao sur un fond végétal très fin (feuille de figuier), matière consistante, équilibre frais avec une maille tannique fine mais structurante, finale bien tonique.
Prélevée sur cuve, cette syrah superbe de puissance et de complexité sera à coup sûr l’une des bouteilles marquantes de ce millésime chez Julien Peyras.
Vin de France Les Pétillantes 2018 : nez très charmeur, notes de pomme au four complétées par de fines nuances florales et végétales, bouche fraiche et gourmande, bulle fine et stimulante, amers salivante en finale.
(chardonnay + clairette).
Cette bouteille offerte par le vigneron est un pet’nat d’une irrésistible gourmandise et d’une buvabilité qu’on pourrait presque qualifier de « criminelle »…
Je n’ai dégusté ce vin qu’une fois de retour en Alsace et j’ai adoré…dommage qu’il n’en restait plus à vendre au domaine !
Comme je m’y attendais, cette nouvelle visite chez Julien Peyras a tenu toutes ses promesses : des moments d’échanges précieux sur notre passion commune.
Une longue promenade dans les vignes suivie par une petite séquence de dégustation de quelques vins toujours aussi surprenants…ce sont ces instants de partage et d’amitié qui donnent tout son sens à mon travail de picoleur itinérant.
Grâce à l’acquisition de nouvelles parcelles de vignes, Julien Peyras est en mesure de créer une véritable zone protégée (un îlot « vert » et « vertueux ») dans ce vignoble où la viticulture chimique conventionnelle est encore très (trop) répandue.
Même s’il est conscient qu’il va falloir pas mal de temps et de sueur pour mener à terme ce beau projet, ce vigneron possède la force de celui qui sait que ses convictions sont légitimes et que son combat est juste.
Si les cuvées dégustées l’année passée ont joué la carte de la séduction immédiate en révélant un caractère sociable et gourmand, les vins proposés aujourd’hui ont montré des profils un peu plus hétérogènes.
Après une cuvée de blanc 2018 vraiment « top » – peut-être meilleure encore que l’édition 2017 – la cuvée « Rose Bohème » et surtout la cuvée « Gourmandise » se sont goûtées plus difficilement.
Ceci dit, même si les expressions aromatiques peu avenantes de ces 2 cuvées ont un peu malmené nos sens, leurs jus de très belle facture m’ont fait penser que quelques mois de vieillissement sous verre permettront à ces vins de se poser et révéler leur talent qu’on ne peut que deviner à l’heure actuelle…patience et confiance !
La nouvelle mascotte du domaine Julien Peyras…adorable, non !
Mille mercis à Julien Peyras pour cette matinée dans les terres du sud.
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