Dégustation club AOC - Vins des Dentelles

La session de février du club AOC nous invite une fois encore mettre le cap au sud pour faire deux haltes sur les coteaux ensoleillés des vignobles italiens et dans quelques villages autour du massif des Dentelles de Montmirail.
Nous goûterons donc :

- quelques vins blancs italiens originaux
- des rouges et des blancs nés autour des Dentelles.

C’est Cyril qui a profité d’un séjour au pied du Ventoux pour collecter les flacons rhodaniens et, comme d’habitude, c’est notre duo international François/Stefan qui a composé la série de vins italiens.

Les blancs ont été débouchés au moment du service et goûtés étiquettes découvertes.
Les rouges ont été débouchés deux heures avant leur dégustation et servis 2 par 2 à l’aveugle.

Verres Spiegelau Authentis 01


Soirée Club AOC du 3 février 2017 à La Wantzenau


En guise de mise en bouche :

Chardonnay 2014 – False Bay Vineyards à Cape Town : nez marqué par la réduction, notes fumées, puis fruité léger après aération, arômes de melon, bouche un peu brouillonne, acidité vive mais inconstante, rondeur en milieu de bouche et amertume finale.

Dsc 0357

Acheté par curiosité dans une grande surface, ce chardonnay sud-africain est un vin simple et plutôt facile d’accès qui ne résiste pourtant pas à une analyse organoleptique un peu approfondie : on identifie très rapidement de nombreuses lacunes dans sa structure et son expression.
Pour le prix (6,50 euros) on trouve quand même beaucoup mieux en Alsace !!!


 

Thème 2
Randonnée vinique autour des Dentelles de Montmirail


Vacqueyras Intuition 2014 – Alain Ignace à Beaumes de Venise : nez fin et mûr, notes de cerise rouge, matière souple et déliée en bouche, trame tannique soyeuse, finale fraîche et digeste.
(75% grenache + 20% syrah + 5% cinsault)
Vacqueyras Garrigues 2013 – Domaine Montirius à Sarians : nez complexe, notes d’olive noire, d’herbes de garrigue, fruité plus manifeste après oxygénation (petits fruits rouges), présence assez virile en bouche, acidité droite et tanins anguleux, finale sapide et minérale, sillage long sur l’eucalyptus.
(70% grenache + 30% syrah)

Dsc 0368

La première doublette de la série nous propose deux Vacqueyras avec une cuvée Intuition souple et gourmande et un Montirius plus viril mais plus complexe…des vins certes bien travaillés mais qui ne soulèvent pas vraiment l’enthousiasme.


Gigondas 2014 – Domaine Raspail-Ay à Gigondas : nez discret avec un fruité complexe, attaque en bouche sur la rondeur, matière épaisse mais belle suavité, tension plus marquée en finale, sillage aromatique persistant.
(grenache + mourvèdre dominants)
Gigondas 2011 – Domaine Raspail-Ay à Gigondas : nez mûr et bien expressif, palette plus évoluée, notes de fruits rouges confits et de miel de châtaigne, matière ronde et douce en bouche qui laisse pourtant une réelle impression de puissance, finale longue et intense.
(grenache + mourvèdre dominants)

Dsc 0369

Provenant d’un même domaine, les deux cuvées de Gigondas marquent une vraie rupture avec les deux précédentes : les jus sont plus denses et les structures vraiment plus solides.
Déjà bien ouvert et plutôt facile à approcher le 2011 semble arrivé à son plateau de maturité optimale alors que le 2014 semble paraît encore un peu trop jeune pour être apprécié à sa juste valeur…mais il est évident que ces deux vins en ont encore « sous la pédale ».


Beaumes de Venise Terres du Trias 2014 – SCA des Vignerons de Balma Venitia : nez bien mûr et très flatteurs, notes de fruits noirs et de pain d’épice, matière ample mais bien souple, sensation de moelleux en milieu de bouche, finale sapide et gourmande.
(grenache + syrah + mourvèdre)
Gigondas 1806 2014 – Domaine du Grapillon d’Or à Gigondas : nez un peu réduit à l’ouverture puis joli développement aromatique, notes de résine, de cyprès et d’épices douces, matière charnue avec une trame tannique finement patinée, finale plus minérale mais un peu trop rustique à mon goût.
(grenache + syrah)

Dsc 0370

Accessible et charmeuse la cuvée « Terres du Trias » cible probablement une clientèle plus large que le Gigondas du « Grapillon d’or » vinifié dans un esprit différent et élevé durant 12 mois en foudres : le premier exprime le fruit et le second le terroir…voilà deux visions très complémentaires du vin rouge sud-rhodanien.
Jolie doublette !


Gigondas Terre des Aînés 2006 – Domaine Montirius à Sarrians : nez ouvert mais pas trop flatteur, palette évoluée (fatiguée…) avec des arômes de sous-bois et de bâton de réglisse, matière dense, mâche tannique serrée, minéralité marquée, finale sèche et anguleuse.
(80% grenache + 20% mourvèdre)
Gigondas 2006 – Clos du Joncuas à Gigondas : nez complexe avec des arômes de pastèque et de fruits rouges confits sur un fond d’herbes de garrigue, matière svelte et bien équilibrée en bouche, finale qui se tend progressivement pour devenir très dure malgré un beau sillage aromatique.
(80% grenache + mourvèdre + syrah + cinsault)

Dsc 0371

Avec son aromatique évoluée, sa structure ferme et sa finale austère, le Montirius 2006 m’a un peu déçu…surtout lorsque je pense à ma visite au domaine où cette cuvée m’avait fait une bien meilleure impression (mais c’était un 2007).
Joncuas s’est montré plus sociable avec un très beau développement aromatique au nez et en bouche…il n’y a que la finale que je trouve bien trop sévère, ce qui m’a empêché de tomber complètement sous le charme. Dommage !


Vacqueyras La Tuilière 2014 – Alain Ignace à Beaumes de Vensise : nez séduisant, palette complexe, notes de pêche, de pomme golden bien mûre et de gomme d’acacia, matière souple et légère en bouche, arômes délicatement miellés, finale fraîche mais un peu courte.
(70% bourboulenc + divers cépages méridionaux)
Vacqueyras Ô pré de Juliette 2014 – Alain Ignace à Beaumes de Venise : nez agréable et raffiné, notes de pêche blanche, de sésame grillé et de fleurs, matière riche, grande suavité, finale fraîche et croquante, belle persistance aromatique fruitée.
(roussane + bourboulenc + viognier)

Dsc 0367

Très charmeurs avec des palettes olfactives complexes et gourmandes, bien typées « sud », mais vraiment étonnants par leurs équilibres frais et légers (qui font nettement plus « nord »), ces deux bouteilles de blancs ont été les bonnes surprises de cette série : réalisée à la demande d’un restaurateur local, La Tuilière est une cuvée « one shot » digeste et consensuelle alors que « Ô pré de Juliette » qui figure au tarif du domaine se montre plus profond et plus complet. Belle bouteille !

 

Le site des Dentelles de Montmirail fait partie de mes destinations fétiches lorsque je vais me promener dans les vignobles du sud : j’aime ces points de vue à couper le souffle, ces villages pittoresques, ces vignerons à l’accent chantant et ces vins à l’image des paysages qui les voient naître, doux et sauvages à la fois.
Ma liste de domaines à visiter s’allonge d’année en année au gré de mes périples viniques en compagnie de l’ami Cyril : La Ferme Saint Martin, Fontavin, Elodie, Balme, Jean David, Marcel Richaud, Montirius…et j’en oublie !

J’ai toujours beaucoup de plaisir à goûter les vins sur place et je me régale lorsque je débouche une de ces bouteilles chez moi pour accompagner un repas mais je dois bien avouer que les dégustations de ces crus méridionaux au sein de notre club AOC ne m’ont jamais vraiment convaincu : les blancs me semblent souvent un peu trop mous et les rouges trop durs…

Cette courte série proposée par Cyril – pas l’ardèchois mais le normand – n’a pas fait exception à la règle même si quelques bouteilles ont fait vraiment bonne impression comme le blanc « Ô pré de Juliette » d’Alain Ignace – un domaine que j’ai repéré pour mes futures pérégrinations dans le sud – et les Gigondas du domaine Raspail-Ay, deux bouteilles pleines de vitalité qui expriment leur caractère méridional avec beaucoup d’élégance.

Mille mercis à Cyril d’avoir partagé ses découvertes avec nous.

Dsc 3264
Ahhh…Les Dentelles !

Commentaires

  • TRUC
    • 1. TRUC Le 02/04/2017
    Puisque vous aimez ces paysages, je serais heureux de vous en faire découvrir les terroirs sous l'angle particulier de l'histoire géologique très complexe et passionnante de ces espaces. L'empreinte sur les vins est majeure...

    Georges TRUC Œnogéologue
    • pierre_radmacher
      • pierre_radmacherLe 03/04/2017
      Merci pour cette proposition qui m'intéresse au plus haut point. Je vais faire un périple sudiste la semaine prochaine mais je n'ai pas prévu d'étape autour du Ventoux (ce sera plutôt Languedoc) mais il n'est pas impossible que j'aille faire une visite dans les Dentelles cet été...Je vous tiendrai informé. Pierre

Ajouter un commentaire