Dégustation club AOC - Soirée grands vins : les bulles et les rouges

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Pour bien commencer cette année et célébrer le « dry january » à notre façon, notre club œnophile a décidé de programmer une série de bouteilles que le prix (entre 50 et 100 euros) place dans la famille des « vins de prestige »…une distinction dont nous allons essayer de tester la légitimité ce soir.
La série de bouteilles a été constituée par David et Martial avec des flacons prélevés dans leurs caves ou dans la cave d’autres membres du club et par quelques achats chez des cavistes.

Les vins tranquilles –blancs et rouges – ont été débouchés et transvasés dans des bouteilles neutres, les vins effervescents ont été mis sous chaussette et débouchés au moment du service.
Les dégustations et les évaluations sont faites à l’aveugle (sauf pour les deux organisateurs de la soirée).

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Les organisateurs préparent la soirée

Comme d’habitude, l’évaluation individuelle de chaque vin se fera en se référant à la grille créée par Thierry Meyer avec les fameux « Beurk », « Bof », « Bien », « Très Bien » et « Excellent ».

Verres Spiegelau-Cremona 460ml

Soirée Club AOC du 11 janvier 2025

Les bulles

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C’est l’ami Stefan qui nous offre l’apéritif

Champagne Spécial Cuvée-Brut – Domaine Bollinger à Aÿ : nez classique et séduisant avec des notes de fruits blancs mûrs et de brioche au beurre, bouche fraiche et gourmande stimulée par une bulle assez vive, finale bien salivante avec un joli sillage fruité et crayeux.
(60% pinot noir + 25% chardonnay + 15% pinot meunier
Cette mise en bouche offerte par notre « jazzman » préféré, nous a proposé une version classique et parfaitement maîtrisée d’un joli brut sans année.
C’est une cuvée de champagne séduisante et fédératrice qui a mis tout le monde dans d’excellentes dispositions pour apprécier la suite. Merci Stefan !

Champagne Papillon-Pinot Noir Brut Nature – Domaine Ruppert-Leroy à Essoyes : nez complexe, surprenant et somme toute peu avenant avec des notes lactées, végétales et boisées à l’ouverture, suivies par des arômes étranges de soupe au légumes, livèche et umami, bouche concentrée avec une très belle bulle, fine et vive, finale longue marquée par des amers et des nuances oxydatives.
(100% pinot noir)
Appréciation générale : BOF
Champagne Premier Cru Le Blanc de Bio – Domaine De Saint-Gall à Bergères-les-Vertus : nez très fin avec des notes de citron vert et de craie sur un fond floral très élégant, bouche très droite avec une bulle un peu plus grossière, finale fraîche et salivante marquée par une présence saline sensible et des amers un peu rustiques.
(100% chardonnay – 50% de 2021 et 50% de 2020)
Appréciation générale : TRES BIEN

A côté d’une cuvée du domaine Ruppert-Leroy qui nous a fait beaucoup parler sans nous convaincre pour autant, un champagne assez inclassable mais vraiment difficile à apprécier ce soir, la cuvée blanc de blancs du domaine De Saint Gall a été bien mieux accueillie…un style traditionnel et un léger dosage (5 g), la recette du succès !
A titre personnel, je n’ai été séduit ni par le premier que je n’ai absolument pas compris ni par le second que j’ai trouvé trop simple pour une cuvée haut de gamme.

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Les rouges

Clos de la Roche 2011 – Domaine Castagnier à Morey-Saint-Denis : nez marqué par des notes végétales très prégnantes (gentiane, racine…) qui écrasent littéralement les beaux arômes fruités/fumés/boisés qu’on aurait aimé sentir davantage, bouche dense et serrée avec un équilibre très droit et une texture très anguleuse, finale fraîche et toujours marquée par du végétal accompagné par une pointe minérale.
(élevage : 18 mois en pièces bourguignonnes)
Appréciation générale : BIEN
Clos Saint Denis 2011 – Domaine Castagnier à Morey-Saint-Denis : expression olfactive semblable à celle du Clos de la Roche, bouche longiligne et assez légère avec une structure plus déliée, finale sapide, presque gouleyante mais toujours dominée par des arômes végétaux.
(élevage : 18 mois en pièces bourguignonnes)
Appréciation générale : BIEN

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Je ne suis pas réputé pour mes talents de dégustateur à l’aveugle mais pour ces deux vins, la région et le millésime m’ont vraiment sauté au nez.
Avec des aromatiques « polluées » par des notes végétales assez disgracieuses et des présences en bouche qui manquent de charme – surtout pour le CDR – et de fond – surtout pour le CSD – je pense que ces deux vins ne méritaient vraiment pas leur statut de Grand Cru…ni le « BIEN » attribué par le groupe.
Désolé Jérôme, tu nous as habitué à bien mieux…pour moi ce sera un « BOF » et la confirmation que 2011 a vraiment été un millésime pourri en Bourgogne.


V.D.F. Château Le Puy-Barthélémy 2019 – Famille Amoreau à Saint-Cibard : nez un peu étrange avec des notes de tabac froid et d’épices sur un fond végétal assez marqué, bouche volumineuse et très juteuse, équilibre frais et digeste, finale puissante mais bien sapide avec un long sillage épicé.
(85% merlot + 15% cabernet-sauvignon – élevage : cuve béton)
Appréciation générale : BIEN
Côtes de Bourg Roc de Cambes 2014 – F. et E. Mitjaville à Bourg-sur-Gironde : nez très charmeur avec des notes de fruits noirs bien mûrs sur un fond fumé/vanillé délicat, bouche assez puissante qui développe un jus dense, structuré par une maille acide/tannique bien intégrée, finale longue et digeste avec un beau sillage fruité et épicé.
(merlot + cabernet franc – élevage : barriques de chêne neuves)
Appréciation générale : TRES BIEN

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On continue cette série de rouges avec deux cuvées venues d’un vignoble que j’ai déserté depuis bien des années et même si ces deux bouteilles ont réalisé des performances plutôt intéressantes ce soir, elles ne me feront pas revoir ma position sur la production bordelaise.
A côté d’un Roc de Cambes 2014, d’un classicisme parfait mais un peu ennuyeux au bout du compte, la cuvée Barthélémy 2019 du Château Le Puy a surpris (dérangé) tout le monde par son expression très originale au nez comme en bouche.
Bref, voilà deux vins vendus à près de 100 euros (prix caviste), à qui j’ai attribué un petit « BIEN »…et qui ne sont pas près de trouver une place dans ma cave.


Pic Saint Loup Guilhem Gaucelm 2018 – Ermitage du Pic Saint Loup à Saint-Matthieu-de Tréviers : nez ouvert et intense avec une palette sur les fruits noirs bien mûrs (cassis, mûre, cerise noire) et les épices orientales, bouche riche et puissante avec une chair consistante tenue par une maille tannique veloutée, finale longue et sapide malgré une petite pointe de chaleur.
(50% syrah + 50% grenache – élevage : barriques)
Appréciation générale : TRES BIEN
I.G.P. Saint-Guilhem-le-Désert Mas de Daumas Gassac 2018 – Famille Guibert à Aniane : nez complexe et racé avec des notes de d’herbes sèches et de tabac blond sur un fond crayeux/fumé très délicat, bouche très élégante avec une matière longiligne qui enrobe une trame acide/tannique bien fondue, finale fraîche et appétante avec une belle persistance mentholée et épicée.
(76% cabernet sauvignon + 6% cabernet franc + 5% merlot + 4% petit verdot + 3% pinot noir + 2% malbec + 4% variétés rares – élevage : barriques)
Appréciation générale : TRES BIEN

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Les deux bouteilles suivantes nous emmènent dans le sud avec un Daumas-Gassac d’une classe folle – je lui ai attribué un « EXCELLENT » sans hésiter – et une cuvée de Pic Saint Loup remarquable de puissance et de gourmandise…deux vins bien en place mais qui pourront encore se bonifier durant quelques années en cave.


Côte Rôtie Château d’Ampuis 2019 – Domaine Guigal à Ampuis : nez complexe et raffiné avec des notes de fruits noirs bien mûrs et d’épices sur un fond grillé/torréfié, bouche puissante et volumineuse soutenue par une base acide/tannique solide, texture bien soyeuse, finale longue et digeste avec un beau retour aromatique sur les herbes de garrigue et les épices relevées par de fines touches fumées.
(93% syrah + 7% viognier – élevage : fûts de chêne neufs)
Appréciation générale : EXCELLENT
Châteauneuf du Pape 2022 – Domaine Mayard à Châteauneuf-du-Pape : fruité pur et très avenant au nez (fraise, cerise bigarreau), bouche très élégante avec une structure plus longiligne mais toujours une belle concentration et un équilibre bien frais, finale très fringante avec une longue persistance fruitée et florale.
(grenache + cinsault + mourvèdre – élevage : fûts de chêne + cuves béton et inox)
Appréciation générale : EXCELLENT

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La série se termine avec deux vins magnifiques nés dans les vignobles rhodaniens : une cuvée de Côte Rôtie impressionnante de puissance et d’expressivité et une cuvée de Châteauneuf, dont la finesse et la buvabilité ont fait l’unanimité parmi les dégustateurs de ce soir…deux bouteilles remarquables qui prennent logiquement leur place sur les plus hautes marches de notre podium du jour.


Goûter les vins à l’aveugle est un exercice très difficile qui ne manque jamais de créer des surprises, bonnes ou mauvaises et la dégustation de ce soir n’a pas fait exception à cette règle : certes la note moyenne de cette série de bouteilles est très élevée – c’est la deuxième meilleure moyenne depuis que nous avons recommencé à évaluer les vins – mais au bout du compte, j’arrive de moins en moins à m’enthousiasmer pour ces vins qui, pour la plupart, proposent des rapports Q/P vraiment peu avantageux.

Les places sur le podium de la soirée sont monopolisées par les vins du sud avec le Côte Rôtie 2019 de Guigal sur la plus haute marche, le Châteauneuf 2022 à la deuxième place et le Daumas Gassac 2018 à la troisième place.
Ceci dit, si on considère le rapport Q/P c’est sans conteste le Daumas-Gassac qui remporte la palme. C’est un domaine que j’ai un peu délaissé après l’avoir visité à de nombreuses reprises…il va peut-être falloir que j’y refasse un petit tour lors de mes prochains périples sudistes !

Merci à Martial et David de nous avoir proposé cette jolie série.

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