Petite visite hivernale au domaine Kreydenweiss
Profitant d’une petite embellie météo sur l’Alsace en ce début décembre bien triste, j’ai décidé d’aller prendre l’air du côté du piémont vosgien pour me promener dans mon vignoble favori. Comme j’avais encore quelques photos à faire du côté de Blienschwiller et une allocation vinique à retirer au domaine Kreydenweiss à Andlau, l’itinéraire de ma petite tournée vespérale s’est imposé à moi tout naturellement.
Hoppla, c’est parti !
Pour ma première étape – qui devait être très rapide – c’est Antoine Kreydenweiss qui me reçoit dans son caveau où il attend un groupe d’amateurs pour une petite séance de dégustation : « Ils viennent dans quelques minutes et si tu as le temps tu peux rester goûter une série de vins avec nous »…qui refuserait une telle invitation !
Riesling Andlau 2012 : nez franc et engageant sur les fruits blancs mûrs et la mirabelle, bouche svelte, très élégante avec une ligne acide souple et quelques fins amers en finale.
Né sur un terroir de sable gréseux près du village d’Andlau, ce riesling séduisant et facile d’accès laisse deviner en filigrane la fine trame minérale du grès. Joli travail !
Pinot Gris Lerchenberg 2013 : nez peu intense où on perçoit cependant une vraie complexité, bouche généreuse et très déliée avec un gras très charmeur mais l’équilibre est bien sec (moins de 4 g de SR), belle présence saline en finale.
Plus réservé que la cuvée 2012 dégustée récemment, ce Lerchenberg 2013 commence à ébaucher les contours de sa personnalité future : matière ample, toucher soyeux et belle expression minérale en finale…prometteur !
Pinot blanc La Fontaine aux Enfants 2013 : nez cristallin avec une palette discrète sur les fruits jaunes et la pierre chaude, matière bien gourmande en bouche avec un fruité qui s’affirme et une trame acide fine mais structurante, finale fraîche et salivante.
Sur cette parcelle granitique située au sommet du Kastelberg, Antoine Kreydenweiss a pris la bonne habitude de produire un pinot blanc d’exception : ample, juteux et profondément minéral…ce 2013 est un régal !
Clos du Val d’Eléon 2011 : nez d’une complexité inouïe, fleurs, pierre à feu, bâton de réglisse…, matière noble et racée en bouche, ample, gras mais parfaitement sec, finale très longue, sillage floral splendide.
Avec sa superbe expression aromatique et sa structure oblongue très élégante, cet assemblage né sur un coteau schisteux nous écarte un peu des sentiers battus alsaciens…en revanche il me semble évident que ce Clos nous fait entrer de plain-pied dans le monde des grands vins. MIAM !
Riesling Clos Rebberg 2012 : nez assez ouvert sur la pomme reinette avec un fumé très léger et petite pointe d’eau de vie, matière ample, acidité bien large qui se resserre progressivement pour devenir assez pointue en finale, sillage aromatique long, notes fumées et minérales.
Issu d’un un coteau schisteux très pentu ce riesling porte encore la marque aromatique du millésime 2012 tout en laissant apparaître cette très belle trame acide/saline que les grands terroirs de schistes peuvent engendrer. Voilà une cuvée qui s’offre à nous avec une belle spontanéité tout en ayant une vraie personnalité de vin de garde.
Riesling Grand Cru Kastelberg 2012 : nez discret, fruité délicat et profonde empreinte minérale, matière riche, concentrée, équilibre sec et salinité intense, finale longue, finement tannique et délicatement fumée.
Plutôt revêche lors de notre première rencontre au printemps dernier, beaucoup plus avenant lors de la journée de présentation des Grands Crus à Strasbourg, ce Kastelberg se montre aujourd’hui très à son avantage : expression noble et raffinée, matière racée, puissance contenue…le sauvageon semble vraiment s’être assagi !
« C’est sûrement du au fait que la bouteille a été ouverte il y a deux jours » nous précise Antoine…comme beaucoup de vins d’Alsace, les cuvées du domaine Kreydenweiss gagnent à être carafées avant le service. Pensez-y !
Riesling Grand Cru Kastelberg 2007 : nez riche et épanoui, miel de sapin, résine, herbes aromatiques, pierre à feu, matière généreuse, équilibre sec mais toucher bien gras, finale très longue avec un sillage minéral et fumé.
Même si la R.V.F. continue d’attribuer la paternité des vins du domaine à Marc Kreydenweiss (on copie-colle des articles et on édite sans faire l’effort de mettre à jour les données…), c’est bien Antoine qui s’occupe des vinifications depuis le millésime 2007. Dégusté dans sa phase de pleine maturité ce Grand Cru montre à quel point ce terroir unique peut apporter de la complexité et de la profondeur à un vin…une belle réussite pour des débuts plus que prometteurs !
Pour conclure :
- Cela fait maintenant 8 millésimes qu’Antoine Kreydenweiss a pris en main les rênes de ce domaine d’Andlau pour poursuivre l’œuvre initiée par son père. Avec des vignes en biodynamie depuis 1998 et un travail en cave naturel et traditionnel, réduisant les intrants au strict minimum, Antoine élabore des vins qui parlent la langue de leur terroir avec un accent marqué mais authentique.
- Ses vins sont si pleins de vie et d’énergie que certains d’entre eux demandent parfois un peu de patience et quelques égards pour se livrer. Il n’en reste pas moins que chaque bouteille qui sort de la cave des Kreydenweiss est conçue pour offrir une belle palette d’émotions gustatives à l’amateur de grands vins de terroir.
- Ma triplette gagnante du jour : Fontaine 2013, une friandise encore un peu sur la retenue mais pleine de belles promesses, Val d’Eléon 2011, personnalité atypique mais charme irrésistible, Kastelberg 2012, un monolithe minéral en train de se dresser…impressionnant !
- Merci à Antoine pour cette dégustation surprise.
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