Pèlerinage Bourgogne/Beaujolais 2018 - Visite au domaine Cornu à Magny-les-Villers

En attendant la mise en place du prélèvement des impôts à la source et la réception d’une fiche de paye qui va probablement remettre en question cette escapade vinique instituée depuis plusieurs décennies, je profite une fois encore de mes congés d’automne pour aller vadrouiller du côté de la Bourgogne et du Beaujolais.

Cette année encore, mon parcours va me permettre de retrouver des vignerons que je fréquente depuis longtemps et d’autres que je vais avoir le plaisir de rencontrer pour la première fois…bref, c’est un pèlerinage classique avec ses haltes « obligatoires » et ses découvertes qui vont étoffer encore un peu plus mon carnet d’adresses viniques en terre burgonde.

Le premier jour me fera aller de la Côte de Beaune – pour mon indispensable étape au domaine Buisson-Charles – jusque dans le cœur du Beaujolais pour des visites dans deux domaines que je ne connais pas : le domaine de La Chaponne à Villié-Morgon et le domaine des Capréoles à Régnié-Durette.
La seconde journée sera mâconnaise et châlonnaise avec mon rendez-vous habituel à La Soufrandière et deux visites inédites : la première au domaine Sève à Solutré et la seconde au domaine Mouton à Givry.
Ma tournée 2018 se terminera en Côte d’Or avec un retour au domaine Chicotot à Nuits Saint Georges et ultime halte à Magny les Villers pour découvrir les vins du domaine Cornu.

Hoppla, c’est parti !

Une éclaircie bienvenue et un beau ciel bleu sur la roche de Solutré …magnifique non !

Jour 2 : visite au domaine Cornu à Magny les Villers

Ma virée bourguignonne de 2018 se finira par une visite inédite à Magny les Villers, un petit village situé sur la frontière entre la Côte de Beaune et la Côte de Nuits.
Cette ultime étape a été planifiée après une première rencontre avec Alexandre Cornu et ses vins lors du Salon de Strasbourg : les cuvées que j’ai pu goûter à cette occasion m’ont semblé vraiment intéressantes et cette nouvelle adresse a trouvé immédiatement sa place sur la liste des domaines à visiter prochainement…et aujourd’hui c’est chose faite !

Comme le ciel s’est un peu dégagé en cet après-midi d’automne, je décide de rejoindre Magny les Villers par le chemin des vignes en montant vers les hautes côtes par Pernand Vergelesses…histoire de me régaler une dernière fois en admirant ces beaux paysages bourguignons.

Le village de Pernand Vergelesses en automne.

Vignes sur les hautes côtes entre Pernand Vergelesses et Magny les Villers


Magny les Villers en automne.

Le domaine Cornu exploite 19 hectares de vignes pour produire une gamme de vins qui compte 14 appellations différentes.
Les vignes sont travaillées en lutte raisonnée : fumures organiques, utilisation mesurée de produits chimiques et entretien mécanique des sols.
Les vendanges se font lorsque les raisins sont arrivés à leur maturité optimale : en 2018 les vendanges ont eu lieu entre le 3 et le 17 septembre…« il ne fallait pas avoir peur d’attendre ».
Les chardonnays sont élevés en barriques avec 50% de bois neuf pour les appellations « villages » et de 8 à 10% pour les appellations régionales.
Les pinots noirs sont égrappés et élevés en barriques avec 100% de bois neuf pour les Grands Crus, 50% pour les 1°Crus, 30% pour les appellations communales et de 8 à 10% pour les appellations régionales.

La cave du domaine Cornu côté rouges…


…et côté blancs…pas de doute, il y a du vin en 2018 !

Le chai à barriques du domaine Cornu est bien garni : « 2018 a été un très beau millésime avec un hiver très pluvieux, une superbe floraison et un temps chaud et sec de fin mai jusqu’au vendanges »…mais pour l’heure ce sont les vins des millésimes précédents qui sont proposés à la dégustation.
En cette fin d’automne le tarif du domaine Cornu propose 16 références : 2 crémants, 5 vins blancs et 9 vins rouges.

Le coin dégustation aménagé dans le chai à barriques du domaine Cornu.

Au vu du temps qu’il me reste avant de reprendre la route pour regagner l’Alsace, je choisi de découvrir une petite sélection de 6 vins :

Hautes Côtes de Nuits 2017 : nez très flatteur, fruité mûr et boisé élégant, matière svelte et racée en bouche, finale vive et salivante
Née sur des vignes situées au nord du village de Magny les Villers, cette cuvée qui a été élevée durant 12 mois en fûts se goûte parfaitement bien malgré son jeune âge : le jus est gourmand et le boisé dosé avec une belle maîtrise…voilà une dégustation qui s’annonce très bien !

Hautes Côtes de Nuits 2016 : expression olfactive intense, palette fruitée mûre et complexe, bouche longiligne et suave, finale très tonique avec un sillage fruité persistant.
Ce pinot noir très charmeur commence la série de rouges en nous confirmant que les vins du domaine Cornu sont conçus pour jouer la carte de la gourmandise et de la buvabilité.
Voilà une petite friandise d’entrée de gamme qui se laisse boire avec une facilité déconcertante. MIAMMMM !

Pernand Vergelesses 2017 : nez très charmeur, palette fruitée riche et séduisante, jus ample et bien concentré en bouche, mâche tannique sensuelle, finale étirée par une ligne acide/minérale bien fraîche.
Issu principalement d’une vigne située sur le climat « Sur Herbeux » complétée par une petite parcelle sur le lieu-dit « Les Puis », ce très beau Pernand-Vergelesses rouge s’est livré  avec une grande spontanéité en flattant nos papilles par un jus dense, profond et parfaitement gourmand…irrésistible vous dis-je !

Première triplette du domaine Cornu.

Savigny les Beaune 2015 : nez très expressif – limite « explosif » – avec une palette sur les fruits rouges mûrs (framboise, fraise, cerise burlat), matière charnue et capiteuse en bouche mais équilibre qui reste bien frais, tanins très fondants, finale appétante avec un retour fruité très flatteur.
Réalisé à partir d’un assemblage de jus provenant de deux parcelles assez fraîches, l’une exposée au couchant sur le lieu-dit « Ez Connardises »et l’autre versant au nord sur le lieu-dit « Les Saucours », ce magnifique Savigny assume pleinement la richesse d’un millésime solaire grâce à une charpente acide puissante noble et structurante.
C’est un vin taillé pour la garde mais tellement bon actuellement que je crains que sa durée de vie dans ma cave soit très limitée. MIAM !

Ladoix 1°Cru Le Bois Roussot 2016 : nez discret, palette raffinée et complexe, notes de fruits rouges frais et d’épices douces sur un fond minéral déjà sensible (craie, plâtre), bouche généreuse mais parfaitement équilibrée, mâche tannique très soyeuse, finale sapide et bien tenue, long sillage fruité et épicé.
Ce Ladoix 1° Cru issu d’une parcelle située dans le bas de la colline de Corton (sous les Rognets) est un vin corsé et bien tramé, un peu comme ceux qui naissent plus haut dans les secteurs classés Grand Cru, mais révèle également le style d’un vigneron soucieux de produire des vins qui séduisent par leur caractère sociable et gourmand…j’aime beaucoup ce concept !

Corton Les Maréchaudes 2016 : nez subtil et complexe, palette fruité bien fraîche et notes minérales racées, dense et charnu en bouche, texture voluptueuse avec des tanins serrés mais bien enrobés, finale puissamment minérale, sillage fruité et réglissé d’une grande longueur.
Cette parcelle de vieilles vignes – « la moitié des pieds a plus de 60 ans » – située sur le versant sud sous les Bressandes, a donné naissance à une cuvée de Corton qui révèle sa force et sa classe avec une très belle franchise.
A l’image des autres vins du domaine Cornu, ce Grand Cru brille par son style ouvert et charmeur tout en révélant cette profondeur minérale qu’on aime retrouver chez des grands rouges bourguignons. MIAM !

La triplette qui termine la dégustation au domaine Cornu…


…et la bouteille de Grand Cru bien « habillée »

Cette petite visite à Magny-les-Villers m’a permis de découvrir ce domaine viticole familial qui produit une gamme de vins qui affirme une belle cohérence stylistique et un très beau niveau qualitatif.

Grâce à un travail soigné à la vigne comme en cave cette famille vigneronne établie depuis 4 générations dans ce village, élabore des vins qui expriment leur terroir avec une vraie sincérité tout en gardant un caractère souple et gourmand.
Les deux cuvées d’entrée de gamme dégustées ce jour sont de petites friandises conçues pour être sirotées dès maintenant mais qui ont une stature qui leur permettra de se tenir quelques belles années en cave.
Les appellations villages comme les crus plus prestigieux sont dans la même ligne esthétique : des matières concentrées et charpentées…mais aussi un pouvoir de séduction affirmé dès leur plus jeune âge.

Le Corton Maréchaudes 2016 dans la cave du domaine Cornu.

Ma virée en terre burgonde se terminera par un coup de cœur général pour le domaine Cornu qui nous présente une magnifique série de bouteilles proposées à des prix encore très raisonnables. Bravo et merci !

Dernière photo de la colline de Corton en automne 2018.