Pèlerinage en Mâconnais et Bourgogne - Juillet 2025
Peu de temps après que je sois revenu de mon périple sudiste du mois de juin j’ai reçu un appel de Philippe Blanck (vigneron au domaine Paul Blanck à Kientzheim), qui me proposait de faire une petite tournée bourguignonne en compagnie de quelques amateurs de bonnes bouteilles.
Même si mon pèlerinage en terre burgonde est déjà prévu pour cet automne, je n’ai pas pu résister à l’envie de découvrir quelques nouvelles adresses viniques et de partager quelques moments de convivialité et de gourmandise avec Philippe et ses amis.
Au programme 5 domaines : Eric Forest à Vergisson, Antonin Guyon à Savigny-les-Beaune, Françoise et Denis Clair à Santenay, Antonin Cosnier à Pernand-Vergelesses et Forey Père & Fils à Vosne-Romanée.
Hoppla, c’est parti !

Première étape dans la Mâconnais avec une vue sur Vergisson et la roche de Solutré…magique !
Jour 2. : visite au domaine Antonin Cosnier à Pernand-Vergelesses

Notre deuxième journée dans le vignoble de la Côte de Beaune se termine à Pernand-Vergelesses chez Antonin Cosnier, un vigneron qui a repris des vignes familiales pour créer son domaine en 2018 après une formation en œnologie réalisée au Portugal…voilà un profil « atypique » qui va forcément susciter mon intérêt !

L’église de Pernand-Vergelesses voisine de la cave d’Antonin Cosnier
Antonin Cosnier s’est installé à Pernand-Vergelesses en 2018 en reprenant un hectare de vignes familiales, des parcelles qu’il a soigneusement sélectionnées et qu’il travaille essentiellement à la main.
Ses vins sont élaborés de façon artisanale dans la pure tradition bourguignonne.
Avec une superficie réduite, Antonin produit une série de cuvées confidentielles sur 4 appellations – Aligoté, Pernand-Vergelesses, Corton et Corton-Charlemagne – une production qu’il complète parfois par des achats de raisins chez des vignerons locaux
Nous commençons notre visite sous les voûtes de la cave du domaine pour goûter quelques vins en cours d’élevage

Antonin Cosnier qui nous accueille dans sa cave.

Prélèvement sur fût, contrôle la qualité…

…et service à la pipette, c’est parti pour la dégustation !
Pernand-Vergelesses 2024 : nez ouvert et expressif marqué par de fruits blancs et d’autolyse relevées par de fines touches fumées, bouche vibrante et très saline étirée par une acidité mûre et longue.
Pernand-Vergelesses 1er Cru En Caradeux 2024 : nez plus discret avec une palette d’une prometteuse complexité, bouche concentrée structurée par une solide charpente acide/saline, finale qui laisse deviner une belle présence minérale
Meursault Les Casse-Têtes 2024 : nez racé qui libère de fines notes citronnées et pierreuses, bouche pleine et finement acidulée, finale marquée par un boisé noble et portée par une longue salinité.
Corton-Charlemagne 2024 : nez intense marqué par des notes lardées/fumées sur un fond poudre à canon, bouche très dense et solidement construite, finale tonique avec une grande longueur aromatique.
Corton-Renardes 2024 : nez ouvert et engageant avec de belles notes de cerise burlat et de prune bien mûre sur un fond délicatement fumé, bouche puissante, concentrée et intensément aromatique, finale fraîche d’une longueur exceptionnelle.
Cette dégustation de vins en cours d’élevage nous prouve qu’Antonin a parfaitement déjoué les pièges de ce millésime compliqué pour nous proposer une série de cuvées de très belle tenue…avec comme seul point négatif la faiblesse des volumes disponibles (environ 2100 bouteilles).
La suite de la dégustation se déroule dans le petit caveau du domaine où nous allons découvrir quelques cuvées en bouteilles.

C’est parti pour la dégustation des vins en bouteilles
Pernand-Vergelesses 1er Cru Les Vergelesses 2023 : nez discret avec une palette un peu austère mais très classe sur le noyau, la racine et la terre humide, bouche concentrée et bien construite tenue par une maille tannique serrée mais bien mûrs, finale longue et sapide.
Pernand-Vergelesses 1er Cru Les Belles Filles 2023 : nez « explosif » qui développe des notes de crème de cassis et de groseille à maquereau, bouche juteuse, riche et profonde, finale bien gourmande rafraîchie par une longueur acidulée.

Pernand-Vergelesses 2022 : nez ouvert et avenant avec une palette fruitée complexe accompagnée par de fines touches épicées, bouche bien gourmande portée par une acidité large, finale fraîche et digeste avec une longue persistance épicée.

La dégustation de vins en bouteille démarre par une triplette de Pernand-Vergelesses rouges tout à fait dans la « ligne éditoriale » des cuvées goûtées sur fût : des vins purs et expressifs, charmeurs et gourmands mais parfaitement équilibrés…du beau travail !
Bourgogne Aligoté 2023 : nez discret mais d’une belle pureté, bouche dense et charnue avec un gras sensible, tenue par une acidité assez pointue, finale fraîche et salivante.

Elevée pour 2/3 en fûts et pour 1/3 en cuve, cette cuvée qui s’exprime avec une grande délicatesse, nous rappelle qu’un aligoté bien né et bien travaillé est capable de tenir sa place parmi les grands chardonnays bourguignons.
Pernand-Vergelesses La Morand 2022 : nez expressif et très complexe avec des notes florales (acacia, tilleul) accompagnées par une touche de poudre à canon sur un fond autolyse très délicat, bouche longiligne mais bien concentrée avec un équilibre très fringant, finale très digeste avec une belle longueur saline.
Pernand-Vergelesses La Morand 2023 : nez un peu plus simple mais où on retrouve les fleurs et l’autolyse, bouche opulente et gourmande avec un joli gras équilibrée en douceur par une acidité mûre et large, finale longue et intense avec une belle persistance épicée.

Les deux cuvées de chardonnay de La Morand partagent un vrai air de famille sur le plan aromatique même si le 2022 a eu le temps de complexifier sa palette.
En revanche, leurs présences en bouche portent la signature de leurs millésimes respectifs : élégance et sapidité pour le 2022, volume et concentration pour le 2023...cela étant ce sont deux grands vins qui n’ont probablement pas encore développé tout leur potentiel.
Corton Renardes 2023 : nez ouvert et complexe, bouche puissante avec une chair dense et bien gourmande qui enrobe voluptueusement une solide charpente acide/tannique, finale intense et tonique avec un long sillage épicé/fumé.
Corton Renardes 2022 : nez intense avec des notes de mûre confite sur un fond délicatement fumé/boisé, bouche ample et puissante mais avec un côté bien gourmand, finale très sapide avec une persistance fruitée et minérale d’une très grande longueur.
Corton Renardes 2021 : nez complexe et racé avec un fruité assez évolué accompagné par de belles notes de sous-bois et de cacao amers, bouche bien charnue avec des tanins un peu plus vifs, finale acidulée et très digeste soutenue par de beaux amers minéraux.

Ces trois grands crus remarquables de puissance et de complexité se goûtent de façon très différente à l’heure actuelle avec une cuvée 2023 encore sur la réserve mais pleine de générosité et promise à un grand avenir (je pense…), une cuvée 2022 déjà bien en place et terriblement séduisante et une cuvée 2021 marquée par le millésime, un vin que je ne laisserai pas vieillir trop longtemps mais qui pourra faire merveille à table dès maintenant.
Pernand-Vergelesses En Caradeux 2022 : nez très raffiné avec de belles notes florales sur un fond terpénique très délicat, bouche longiligne, très élégante avec un équilibre tonique, finale fraîche et salivante.
Pernand-Vergelesses En Caradeux 2023 : nez assez discret sur les agrumes mûrs et la craie, bouche puissante avec un jus assez riche équilibré par une acidité très large et une belle salinité, finale fraîche avec un long retour épicé et crayeux.
La dégustation se poursuit en blanc avec deux premiers crus de Pernand de très belle facture : à côté d’un 2023 en devenir, riche et très prometteur, le 2022 révèle un profil plus abouti en exprimant un caractère assez singulier avec une aromatique et une présence en bouches empreintes d’une forte minéralité.
Corton-Charlemagne 2022 : nez très discret avec un fruité très pur soutenu par des notes fumées/boisée assez sensibles, bouche puissante avec un jus dense et solidement construit, finale très sapide avec une persistance fruitée/vanillée/épicée d’une longueur incroyable.
Corton-Charlemagne 2023 : nez également très discret, bouche pleine et juteuse avec un centre volumineux et concentrée, une mâche épaisse et gourmande, une finale intense mais d’une grande fraîcheur.
La dégustation se termine en beauté par deux cuvées de Corton-Charlemagne, issues de deux parcelles sur le lieu-dit « En Charlemagne, véritables monolithes, imposants mais encore sur la retenue, ce sont des vins loin de leur phase de plénitude mais promis à un grand avenir.
Antonin Cosnier est un vigneron atypique qui a choisi de créer un domaine à taille humaine pour pouvoir suivre au plus près ses vignes et ses vins.
Il vinifie avec beaucoup de doigté des jus issus de quelques parcelles familiales choisies pour la qualité de leur terroir.
J’ai beaucoup apprécié la compagnie de ce vigneron et sa façon de concevoir son métier.
Ses vins sont précis et élégants avec des personnalités authentiques et des signatures minérales bien dessinées dès leur jeunesse.
La dégustation des cuvées en cours d’élevage nous a permis de constater qu’Antonin avait réussi à élaborer des vins très prometteurs en 2024 et la dégustation de quelques cuvées en bouteille nous a présentés une série de vins parfaitement construits avec des blancs purs et empreints d’une belle minéralité et des rouges profonds et charmeurs.
Merci à Antonin pour son accueil.
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