Malgré une conjoncture de moins en moins favorable – avec la courbe d’évolution de mon salaire qui se décroche de plus en plus de celle de l’évolution du prix des vins – j’ai quand même décidé de reconduire pour une année de plus mon traditionnel pèlerinage en terre burgonde.
Cette promenade entre les vignobles du Beaujolais et de la Côte de Nuits, que je réalise depuis près de 30 ans, est durablement inscrite dans mon programme annuel et je ne veux pas penser au jour où je serai obligé d’abandonner cette bonne habitude…allez, on y va !
Comme toujours mon périple va me faire rencontrer quelques vignerons déjà bien connus et d’autres dont je vais visiter le domaine pour la première fois…histoire d’allonger encore un peu plus ma longue liste de belles adresses viniques dans cette région.
Le premier jour sera plutôt « bourguignon » avec deux haltes en Côte de Beaune, au domaine Buisson-Charles et au domaine Parigot, et une halte en Côte Châlonnaise, au domaine Tupinier-Bautista.
Pour les deux jours suivants je serai rejoint par mon ami Cyril l’ardèchois pour bourlinguer de concert entre Beaujolais et Mâconnais avec un programme bien chargé qui nous conduira chez Guenaël Jambon, au domaine de Forétal, au domaine des Marrans, au domaine de la Soufrandière et chez Nicolas Maillet.
Ma tournée 2017 se terminera par une dernière halte sur le chemin du retour au domaine Castagnier à Morey Saint Denis.
Hoppla, c’est parti !
Le vignoble du mâconnais en automne.
Jour 3 : visite au domaine Castagnier à Morey Saint Denis
La dernière étape de ma tournée bourguignonne 2017 se fera à Morey Saint Denis pour une visite expresse chez Jérôme Castagnier, histoire de chercher mes bouteilles du millésime 2015 réservées et de saluer un vigneron dont j’apprécie le travail depuis bien des années.
Je quitte l’ami Cyril, mon compagnon d’échappée ardèchois, pour remonter plein nord en direction de la Côte de Nuits.
Morey Saint Denis en automne.
Arrivé à Morey avec un peu d’avance, je prends le temps d’aller me promener dans les vignes qui dominent le village et admirer une dernière fois ces magnifiques paysages bourguignons sous les couleurs de l’automne.
Un clos peu connu de Morey situé au dessus du Clos des Lambrays…
…avec un sol très calcaire.
Celui-ci est un peu plus célèbre !
Le haut du Clos des Lambrays…
…et une vue plongeante sur le Clos de Tart.
Placée à la fin de ce long périple cette visite dans un domaine dont je suis l’évolution depuis 2009 ne devait pas être très longue – en fait je n’avais pas prévu de déguster des vins – mais quand Jérôme m’a proposé de goûter quelques Grands Crus de 2016, je n’ai pas hésité.
Le pressoir entouré par les cuves où les jus de 2016 terminent leur phase d’affinage.
Les vins de 2016 terminent leur phase d’élevage dans des cuves en attendant leur mise en bouteille.
Voyons si ce millésime que Jérôme Castagnier avait qualifié de « miraculé » l’année passée a tenu ses promesses.
Dégustation de vins prélevés sur cuves :
Charmes-Chambertin : nez expressif et précis sur les fruits noirs avec de petites notes torréfiées en fond, attaque douce et sensuelle en bouche, matière gourmande, belle profondeur, trame tannique caressante, finale longue et sapide.
Comme souvent chez Jérôme Castagnier, le Charmes Chambertin est un Grand Cru qui n’hésite pas à montrer son talent et son potentiel de séduction dès son plus jeune âge : le jus est voluptueux, l’élevage parfaitement fondu et la finale équilibrée et appétante nous laisse une belle impression de revenez-y. MIAM !
Le Charmes-Chambertin 2016
Clos Saint Denis : nez très discret où on devine une complexité naissante avec une fruité frais et de belles nuances minérales, attaque délicate, présence qui gagne progressivement en intensité et en amplitude, trame acide minérale très solide, tanins onctueux, finale longue et toujours bien minérale.
Un peu plus discret qu’à son habitude le Clos Saint Denis 2016 s’exprime avec une certaine timidité sur le plan aromatique mais révèle un jus parfaitement équilibré et une empreinte minérale très racée…la distinction pleine de retenue d’un Grand Cru sûr de sa force !
Clos de la Roche : olfaction agréable et épanouie sur les fruits noirs (cassis et mûre) et la mine de crayon, bouche ample avec une matière généreuse, texture veloutée et structure bien sphérique, finale longue et tonique, sillage fruité et minéral.
Avec un élevage dosé de façon très pertinente – « 40% de fûts neufs et 60% de fûts d’un vin » – ce Clos de la Roche donne déjà une belle impression de plénitude avec une expression aromatique séduisante, une chair dense et juteuse et une charpente acide/tannique parfaitement en place.
Déjà très bon aujourd’hui, ce vin est probablement parti pour titiller le sublime dans quelques années.
Clos de Vougeot : nez discret mais d’une grande finesse où on devine la présence de fragrances florales raffinées, bouche puissante avec une matière très concentrée mais encore un peu serrée, finale longue avec un retour aromatique complexe sur la violette, le bâton de réglisse et la mine de crayon.
Comme souvent, après avoir dégusté cette série de crus de très haute tenue, je me dis que le Clos de Vougeot va avoir du mal à justifier sa réputation de « grand parmi les grands » mais à chaque fois je me trouve face à un vin d’exception qui impressionne par sa profondeur et sa classe.
Millésime après millésime, Jérôme Castagnier arrive à tirer la quintessence de ces rangs idéalement placés dans le clos pour nous gratifier d’une cuvée de Grand Cru vraiment exceptionnelle. MIAM !
Le Clos de Vougeot 2016
Cette courte visite et cette dégustation impromptue de quelques grandes cuvées de 2016 a confirmé la réussite annoncée de ce millésime chez Jérôme Castagnier.
La qualité du travail de ce vigneron exigeant et perfectionniste se perçoit dans chaque cuvée qu’il produit : les vignes sont suivies avec une vigilance absolue, les vinifications sont d’une précision d’orfèvre et la finesse des élevages montre que Jérôme maîtrise parfaitement son parc à barriques. Chapeau bas, l'artiste !
Après avoir encavé 8 millésimes successifs de ce domaine, j’ai décidé de faire un break dans mes réservations sur 2016…autant dire qu’après cette courte dégustation, je le regrette amèrement car je pense que chez ce vigneron les 2016 seront au moins aussi grands que les 2015.
Il ne me reste plus qu’à espérer l’un ou l’autre désistement de dernière minute pour récupérer quelques bouteilles…
Merci à Jérôme Castagnier pour son accueil…
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