Goûtons l'Ardèche

Vignes sous la roche de Sampzon

Notre département est une terre de vin depuis très longtemps. La partie septentrionale, en vallée du Rhône avec Saint Joseph et Cornas est connue et reconnue depuis pas mal de temps déjà avec des vignerons majeurs dans le monde du vin et des rouges à base exclusivement de syrah qui font référence pour le cépage dans le monde entier ainsi que des vins blancs sur St Joseph de grande qualité. La partie méridionale est plus en mal de reconnaissance même si des vignerons à l’instar du domaine Gallety font référence eux aussi depuis de nombreuses années. L’appellation « Côtes du Vivarais » n’a à mon sens que très peu d’intérêt tant la zone géographique est large et le nom si mal choisi même si elle a une identité réelle et une histoire ! Le poids historique des caves coopératives est encore important et des vieux cépages ont été arrachés au fil du temps pour malheureusement laisser la place au merlot et autres cépages qui n’ont très souvent que peu d’intérêt dans nos contrées. Les dernières années ont vu surtout des domaines s’implanter, dans un mode bio/nature sous l’impulsion de précurseurs comme Gérald Oustric ou Gilles Azzoni entre autres. Syrah grenache voire carignan mourvèdre et cinsault restent les cépages en rouge qui, selon le terroir vont bien se comporter. En blanc, c’est plus compliqué mais le viognier quand il est bien conduit et le chardonnay sur certains sols peuvent donner de jolis vins. Ce qui est certain c’est que notre paysage viticole est en train de changer avec une qualité qui ne cesse de progresser. J’ai donc tapé dans la cave afin de faire un petit tour d’horizon de notre production viticole.

Vin pétillants (pet’ nat) et rosé

VDF Mam’zelle bulle de la Ferme des Roumanes : je vous avais déjà parlé de la ferme des Roumanes (ICI) Sur cette cuvée, la prise de mousse est assez importante à l’ouverture et il faut laisser un peu de temps pour avoir une bulle plus légère, sur les agrumes avec pas mal de fraicheur et une légère touche gourmande.

VDF Fai Virar du Mas de l’Escarida : 2 cuvées rosées du même nom avec un pet’nat qui a une volatile assez élevée et une impression de sucrosité qui ne me conviennent pas et un rosé tranquille qui lui a fait notre bonheur tout l’été avec des arômes de raisins frais, d’agrumes, de fraise, d’épices douces, une bouche sans sucres résiduels mais néanmoins pleine de gourmandise et même de sensualité J’adooooore !!!

Vins blancs

VDF 2016 Chardonnay de la Ferme des Roumanes : un joli doré coule dans le verre, une touche de miel, de fleur blanche comme la fleur d’acacia et une touche de poivre blanc. Un vin plein, même assez glycériné mais avec une certaine tension en finale et une pointe saline qui le porte. C’est bien bon !

VDF 2016 La Mai Polida du Mas de l’Escarida : un viognier produit à près de 500m d’altitude qui combine minéralité, fraicheur, et une belle chaire qui évoque les fruits blancs comme la pêche. C’est diablement bon et l’on se laisse facilement resservir…et encore !

 
 
Vins rouges

VDF 2016 Mystère de Grégory Guillaume : ça renarde à l’ouverture…et cette réduction ( ?) ne va guère s’atténuer. Dommage car le jus de grenache est joli, on en devine des senteurs florales et épicées. Cette cuvée flirte avec le côté obscur des vins dits « naturels », une autre cuvée de syrah goûtée précédemment cette fois, était tombée dedans. A revoir…

VDF Syrah Groove (2014 ou 2015 ?) Ozil frangins et vignerons : j’avais gardé cette bouteille en cave et d’ailleurs Pierre était allé au domaine pour découvrir les vins des deux frères. (ICI et LA) Cette cuvée était délicieuse jeune, pleine de pep’s ! Il en reste encore avec de jolies notes de fruits noirs, de roncier, d’épices. Le jus est moins tonique qu’à sa naissance mais reste très séduisant et plein de vigueur. J’ai goûté d’autres cuvées du domaine depuis sans avoir le même plaisir…

St Joseph 2013 Nomade de Christophe Curtat : pas de doute, le nez est bien typée syrah septentrionale avec ce côté lardée et floral enrobé d’une touche de fruits noirs. Ce qui me gêne c’est cet élevage prégnant sur un millésime qui à mon sens, ne le permettait pas. Du coup, cela marque le vin avec de l’amertume, des notes de café, alors que le jus originel semble être plutôt agréable. Dommage car j’avais bien goûté d’autres vins du domaine dont un vin blanc de très bonne facture

Cornas 2007 Guillaume Gilles : conforme à l’idée que je me fais d’un cornas à la limite entre syrah nord et syrah sud et une touche sauvage inimitable. Pour le coup, sur cette cuvée dans ce millésime, on a une pointe mentholée qui donne au vin une impression de jeunesse, de fraîcheur très agréable. Il me reste une bouteille que je garderai pour la science mais les 2 bouteilles ouvertes récemment étaient à boire !

Côte du Rhône 2014 Paul domaine Saladin : je ne suis jamais allé au domaine mais j’ai goûté quelques cuvées. On est sur des senteurs de fraises un peu confiturées, du poivre. La texture est assez douce, les tanins polis. J’ai la sensation d’un peu de volatile mais sans trop. C’est un vin agréable mais qui ne me transporte encore une fois, pas vraiment.

VDF 2015 Zig Zag du domaine des Deux Terres : j’avais dégusté pas mal de vins de chez eux (CLIC) et cette cuvée me plait beaucoup sur ce millésime. Un nez parfumé, fruits noirs, herbes de Provence, avec une pointe de réglisse que l’on retrouve en bouche et qui lui donne une impression de fraîcheur. Il reste des tanins encore un peu accrocheurs et on devrait se régaler avec ce vin dans 2/3 ans encore.

VDF 2014 Chatus les Vins du Mouton Noir : de couleur très sombre, entre fruité et animalité, fruits cuits un peu confiturés. La bouche ne m’emballe pas, avec un manque d’ampleur et/ou de tonicité et qui confirme encore une fois mon peu de goût pour ce cépage. Ce vin a plu à certaines personnes à table, c’est donc un avis très personnel qui ne remet pas en cause les qualités même du vin.

Côte du Vivarais 2015 du domaine Gallety : j’ai gouté quasi une trentaine de millésime du domaine, 2015 est plutôt bien né. Fruits noirs, poivre, belle alliance entre syrah et grenache qui chacun amène leurs qualités. C’est super bien fait, plaisant pour la plupart des palais et les Gallety restent parmi les plus dignes représentants de nos vins d’Ardèche !

Côte du Rhône 2015 Khayyâm du domaine de Libian : j’ai essayé souvent de m’intéresser aux vins de ce domaine que je suis allé visiter. Mais il me manquait toujours un petit quelque chose pour me régaler. Cette cuvée dans ce millésime, c’est de la bombe de fruit, d’épices, avec une belle densité mais non dénué de fraîcheur avec une pointe réglissée que l’on retrouve sur le mourvèdre bien conduit. Il demande encore un peu de temps pour s’assouplir mais c’est déjà très très bon !

VDF 2016 « Du bout des doigts » du domaine des Vignaux : un pinot noir en Ardèche…goûtons voir comme dirait Odile ! C’est pas mal, sur le fruit, assez solaire mais sans lourdeur, sur la framboise avec une touche sucrée. Rien à voir avec un pinot de Bourgogne mais c’est assez bien fait.

Côteaux de l’Ardèche Nature domaine Mazel : je ne demanderai pas à Jérôme la composition du vin, variée,… mais il goûte très bien, un panier de petits fruits rouges avec une pointe épicée qui donne du relief à l’ensemble. C’est un vin facile d’accès et très agréable.

Voilà ce tout petit tour d’horizon fait cet été au gré des repas à la maison voire au restaurant. Le niveau des vins Ardéchois monte et les derniers millésimes sont plutôt bien nés dans l’ensemble. J’ai fait un tour géographique vaste car entre l’appellation St Joseph et Sanilhac ou sont nés les vins de l’Escarida, çà fait une drôle de trotte !  Les parties septentrionales et sudistes sont différentes, le domaine Gallety représente je trouve, un peu une synthèse entre les deux. Se dessinent deux écoles dans cette dégustation avec des vins que l’on dira classiques et des vins plus orientés vers une tendance bio nature. Je ne suis d’aucune chapelle, et peut aimer les vins des uns et des autres sans a priori. L’Ardèche est une terre faite de diversité par excellence et je trouve que la production vinique de notre département reflète assez bien son caractère et son identité.

Vignes dans la vallée de l’Ibie.

Cyril Amelin - septembre 2017